Il n’y a pas de définition objective de la santé. Chacun réagit en fonction de ce qu’il est, de ce qu’il connaît, de ce qu’il se représente. La manière dont chacun se représente la (sa) santé dépend de son histoire personnelle, de sa situation sociale, de sa réalité de vie,…
Quand on aborde le thème de la santé avec un groupe, la première étape est de s’intéresser à ce que les participants pensent, à ce qu’ils se représentent de leur santé, ce qu’ils souhaiteraient améliorer dans leur situation, leur environnement,…
Faites, par exemple, un brainstorming à partir du mot «santé». Demandez aux participants d’y associer d’autres mots. Si vous travaillez avec des étudiants infirmiers, ils vous parleront plutôt d’hôpital, de médecin, de médicaments,… Si vous travaillez avec des enseignants, ils mettront probablement l’accent sur l’éducation, la famille, la jeunesse,… Chaque groupe a ainsi son bagage de représentations qu’il est utile de mettre en évidence pour montrer la relativité du concept de santé, les différences de points de vue. Ce temps à partager les représentations est utile, si pas indispensable; il permet d’entendre les attentes de chacun des participants et peut servir de base pour construire un projet commun. Les réponses apportées par votre groupe vous permettront d’aborder les représentations de ses membres. Nous vous proposons des exercices d’animation simples pour concrétiser cette démarche avec votre public.
Le bonhomme santé
Objectif
Exprimer les représentations de santé, aborder le concept de santé (positive, globale,…).
Consigne
‘Voici la silhouette d’un bonhomme; par collage, donnez-lui les caractéristiques d’une personne en santé selon vous.’
Matériel
Des feuilles A4 avec le dessin du profil (nombre en fonction des participants), des revues, des ciseaux, de la colle et éventuellement des marqueurs de couleur pour dessiner certains éléments.
Déroulement
1. Donner la consigne, expliquer le matériel et donner la durée de réalisation (10-15 minutes).
2. Demander à chacun des participants d’expliquer en quelques mots son bonhomme santé.
3. Dégager avec l’aide des participants les axes principaux mis en image et en mots par les participants: quels sont les éléments communs aux différents collages, y a-t-il des oppositions, des thèmes qui se retrouvent,…
4. Faire le lien avec le concept de santé.
Variantes
Suivant la consigne donnée, cette animation peut permettre de dégager des pistes d’actions prioritaires: ‘Dans notre classe, réaliser un collage représentant un enfant qui se sent en bonne santé’, en utilisant un profil bâtiment ‘Faites un collage pour représenter notre école en santé’,…
Il est également possible, dans un deuxième temps, de réaliser une version négative: un bonhomme en mauvaise santé… et de comparer les deux versions.
La santé, c’est…
Quand on parle santé, on pense au-delà de la santé physique: on y associe des notions de bien-être, d’équilibre, de bonheur,… C’est un concept positif, une recherche d’équilibre. La santé s’inscrit dans notre relation avec les autres, avec notre environnement.
Pour en savoir plus, nous vous conseillons de consulter le livre «Les représentations de santé des jeunes» André Lufin, Bruxelles, Croix-Rouge de Belgique, 1995.
Croix-Rouge de Belgique, Service éducation pour la santé, Place Brugmann 29, 1050 Bruxelles. Tél.: 02-349 55 07 .
Un exemple d’exploitation
Pour illustrer cette démarche, voici un exemple d’exploitation réalisé avec un groupe de jeunes animateurs de l’asbl Jeunesse & Santé. Cette asbl organise des camps et des plaines de jeux pour les enfants; ces activités sont encadrées par des animateurs bénévoles. Dans un atelier, l’objectif du travail de groupe était de dégager des pistes de réflexion et d’actions «santé» à mener dans le cadre des activités de Jeunesse & Santé.
Voici le déroulement de l’atelier dont la durée totale était de 2 heures.
Premier temps: «Quelles sont nos représentations de la santé?»
La méthode utilisée pour permettre à chacun de s’exprimer était la réalisation individuelle d’un bonhomme santé. Chaque participant a ensuite présenté son «œuvre d’art».
A l’analyse de ces réalisations, nous avons constaté (ce qui n’est pas une surprise) que la santé est devenue une notion qui dépasse le fait de ne pas être malade. On y voit des représentations qui touchent à des notions telles que la vie sociale et affective, l’aspect physique, le bien-être, la nourriture, la nature, la beauté, le sport, le sommeil,…
Deuxième temps: «Quels sont les facteurs qui influencent notre santé? Comment s’agencent-ils? »
Méthode utilisée: les animateurs se sont répartis en sous-groupes. Chacun de ces groupes avait plusieurs cartons, les mêmes dans chaque groupe. Sur chacun des cartons, on pouvait lire un mot: hérédité, milieu de vie, famille, soins de santé, environnement, habitudes de vie, estime de soi, âge, emploi, support social, revenus, loisirs, niveau scolaire, sexe,… Il y avait également un carton vierge que chaque groupe pouvait compléter comme il le souhaitait. En groupe, les animateurs devaient établir un ordre de priorité en classant les fiches en fonction de ce qui influence le plus leur santé et ce qui l’influence le moins. Toutes les fiches devaient être positionnées.
Chaque sous-groupe a ensuite expliqué aux autres le pourquoi des choix effectués. Cela a permis de mettre en lumière les facteurs qui influencent la santé et l’importance qu’on leur attribue. Ensuite, ensemble, nous avons évalué les facteurs sur lesquels l’asbl Jeunesse & Santé peut avoir une influence (estime de soi, support social, loisirs, habitudes de vie, soins de santé, environnement).
Troisième temps: «Un camp ou une plaine «en santé», ce serait…»
Le but de cette étape était de mettre en évidence des signes perceptibles, concrets indiquant que l’activité serait en santé. Voici les éléments qui ont été cités par les uns et les autres: dynamisme, alimentation, écoute, coopération, respect, jeux sur des valeurs santé, hygiène corporelle et vestimentaire, bonne alimentation, sommeil, pas de blessé, bâtiment avec bonne installation sanitaire, ordre et propreté, sport,…
Sur base d’exemples concrets apportés par chacun, nous avons établi notre ordre de priorité en tant qu’animateurs. Le voici:
1. Hygiène corporelle – Sécurité
2. Alimentation – Hygiène de vie
3. Sommeil – Attitude de l’animateur
4. Qualité de l’air et de l’environnement
5. Animation adaptée, projet d’animation
Mais si nous nous mettions à la place de l’enfant, à notre avis, quels seraient pour lui les éléments prioritaires d’un camp en santé?
1. Attitude de l’animateur, animation adaptée
2. Hygiène de vie, alimentation, hygiène corporelle
3. Sommeil
4. Qualité de l’air et de l’environnement
5. Sécurité
La différence de priorités entre les animateurs et les enfants tels que nous les imaginons, nous a interpellés. Elle rappelle la nécessité de tenir compte du point de vue, des représentations des différents acteurs ou groupes concernés lorsque nous préparons et animons nos séjours et plaines de jeux, lorsque nous voulons promouvoir la santé. Ca a l’air d’aller de soi, mais cela va encore mieux en le disant.
Bernadette Taeymans , formatrice en promotion de la santé, et Muriel Van Der Heyden , coordinatrice des projets de promotion de la santé à l’asbl Jeunesse et Santé.