Les firmes pharmaceutiques privilégient les actionnaires pour leurs informations sur les médicaments, plutôt que les agences publiques chargées de les réguler.
La Bourse contribue à une dérive insoutenable du prix des nouveaux médicaments. Mais son influence néfaste sur la santé ne s’arrête pas là.Aux États-Unis d’Amérique, l’agence du médicament a critiqué la firme Orexigen Therapeutics pour avoir adressé publiquement à l’autorité boursière du pays des résultats de l’analyse intermédiaire d’un essai clinique sur l’un de ses médicaments. Cette divulgation est de nature à compromettre la validité scientifique de l’essai exigé par l’agence.
En Allemagne, l’autorité chargée de l’évaluation des technologies de santé a reproché à la firme Chiesi d’avoir transmis à l’autorité boursière des Etats-Unis des informations sur l’un de ses médicaments (une thérapie génique). En effet, cette autorité a reçu ces informations, susceptibles de modifier sa décision, de l’autorité boursière étatsunienne et non de la firme.
Dans ces deux cas, une firme a informé en priorité les autorités boursières, et par là-même les opérateurs financiers, de données relatives à la balance bénéfices-risques d’un médicament.
Ces exemples montrent à nouveau le poids des intérêts financiers dans le domaine biomédical. C’est l’occasion de rappeler que les contrôles mis en place dans le domaine du médicament l’ont été en réaction à des catastrophes sanitaires. Ces avancées sont fragiles et parfois remises en cause frontalement. Patients, soignants et autorités sanitaires doivent défendre avec énergie les contrôles du marché du médicament par les autorités sanitaires, contre les appétits envahissants de ceux qui tirent tout ou partie de leurs revenus des opérations boursières.
Revue Prescrire n°384, octobre 2015