Septembre 2013 Par F. LAANAN Initiatives

La Ministre de la Culture, de l’Audiovisuel, de la Santé et de l’Égalité des chances, a fait le point sur les initiatives qu’elle soutient en matière d’attitudes saines à l’occasion de la journée européenne contre l’obésité du 24 mai dernier. Voici de larges extraits de son intervention (les titres sont de la rédaction).

Données et actions en milieu scolaire

Les résultats de la dernière enquête sur les comportements de santé des jeunes en âge scolaire, couramment dénommée ‘HBSC’ (Health Behaviour of School-aged Children), ont été publiés et diffusés au mois de mars (1). Il s’agit d’une source d’information très intéressante notamment parce qu’elle est réalisée régulièrement depuis l’année 1986 et qu’elle est effectuée dans de nombreux pays. Elle permet donc une analyse dans le temps et dans l’espace.
Sur les plans de l’alimentation, de la surcharge pondérale et de l’image de soi, trois critères de préoccupation dans ma politique de promotion des attitudes saines, les résultats de l’enquête montrent que les jeunes sont plus enclins à manger quotidiennement des fruits et des légumes. Au niveau international, les adolescents en Fédération Wallonie-Bruxelles font partie des plus grands consommateurs de fruits et de légumes.

En 2010, un jeune sur sept présente une surcharge pondérale. Cette proportion, qui reste relativement stable depuis 1994, est inférieure à la moyenne des autres pays participants à l’étude HBSC, aussi bien parmi les jeunes de 11 ans que parmi ceux de 13 et de 15 ans.

L’image de soi varie en fonction du statut pondéral. La proportion de jeunes qui se trouvent ‘comme il faut’ est plus élevée parmi les jeunes qui ne sont pas en surpoids et ce tant chez les garçons que chez les filles. Toutefois, on observe que les adolescentes portent un regard plus critique sur leur propre corps que les garçons. En effet, 40,8% des adolescentes qui ne sont pas en surpoids se considèrent comme ‘un peu ou beaucoup trop grosses’ et 48,5% se trouvent ‘comme il faut’, alors que chez les garçons ils sont respectivement 17,1% et 59,8%.

Bien qu’il reste encore du pain sur la planche, ces résultats traduisent une situation moins catastrophique que celle qui est souvent décrite par les médias. Ils traduisent les efforts de tous les opérateurs et de tous les professionnels de la santé, à l’origine de cette stabilisation.

La problématique de l’obésité et sa prise en compte dans les politiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’est pas nouvelle. De nombreuses initiatives ont vu le jour ces dix dernières années. Je pense notamment aux travaux sur les distributeurs de soda, le programme ‘lait’ ou ‘fruit’, les actions ‘soupe’ à l’école, les fontaines à eau, l’augmentation du nombre d’heures d’activités physiques, les projets menés par les écoles elles-mêmes.

Plus récemment, en collaboration avec l’État fédéral et mes collègues de l’Enseignement et de l’Enfance, j’ai mis à disposition un Cahier spécial des charges de référence en matière d’alimentation saine et savoureuse pour les écoles et les centres de vacances (2).

Actuellement, je peux vous donner quelques éléments relatifs aux formations proposées pour accompagner son utilisation.

Douze modules de trois journées de formation ont été réalisés, ce qui représente 98 personnes de 60 institutions différentes. Ces personnes sont essentiellement des cuisiniers, des comptables et des économes. Les écoles sont les institutions les plus demandeuses mais on trouve aussi des centres sportifs, des internats, des centres de vacances, une crèche, un pouvoir organisateur provincial, un fournisseur et deux asbl actives en matière de prévention. Au niveau géographique, il y a clairement une demande plus importante dans les provinces du Hainaut et de Liège.

Seize accompagnements individuels sont prévus pour cette année. Il s’agit d’accompagnements personnalisés qui visent à répondre aux besoins particuliers des établissements. Ils ont pour but d’apporter une compréhension technique des principes nutritionnels, un soutien pour une adaptation éventuelle du cahier spécial des charges, une aide pour évaluer les offres des soumissionnaires. À ce jour, onze structures ont formulé une demande.

Par rapport à une diffusion plus large du cahier spécial des charges, je suis évidemment favorable à ce qu’il soit utilisé par un maximum de structures collectives qui accueillent des enfants et des jeunes.

Si ma collègue en charge de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse souhaite une diffusion du cahier spécial des charges dans les structures relevant de ses compétences, je l’adapterai pour prendre en compte l’ensemble des repas journaliers qui sont servis dans les structures d’aide à la jeunesse.

Toutefois, j’insiste sur la nécessité de le promouvoir et de prendre des mesures afin qu’il soit utilisé comme une référence pour les collectivités concernées. Ceci étant, mon administration a diffusé le cahier des charges auprès de la direction générale du sport en charge des centres sportifs de l’ADEPS, et auprès de la direction générale de l’Aide à la Jeunesse, en charge notamment des institutions de protection de la jeunesse et de différents centres d’accueil et d’hébergement.

De nombreuses autres initiatives

En matière d’initiatives récentes, je citerai aussi l’appel à projets communaux de promotion de la santé qui a permis, sur une période de trois années, de subventionner le nombre impressionnant de 102 projets relatifs à l’alimentation saine, thématique de santé que j’estime prioritaire. Ceci montre l’intérêt et les besoins en la matière.

Ensuite, je soutiens plusieurs opérateurs spécialisés.

  • Le projet de l’asbl ‘CORDES’ (Coordination Éducation Santé asbl) produit et diffuse des outils pédagogiques dans les écoles afin de promouvoir une alimentation équilibrée.
  • Le projet de l’asbl ‘Promotion santé et médecine générale’ a pour objectif de développer une approche préventive chez les médecins généralistes. Ce travail préventif est axé notamment sur le dépistage des facteurs de risque comme le diabète, l’obésité et l’hypertension.
  • L’asbl ‘Cultures & Santé’ effectue, quant à elle, un travail de promotion de la santé avec des publics précarisés.
  • Le ‘Réseau Santé Diabète’ au sein des Marolles développe une approche pluridisciplinaire de cette problématique, également mise en évidence dans le travail de la Maison médicale Galilée.
  • Je soutiens également la campagne de sensibilisation ‘0-5-30 (3), une combinaison gagnante pour votre santé’ de l’Association des provinces wallonnes dans le cadre des espaces gratuits radiodiffusés réservés à des messages de promotion de la santé.

Je souhaite aussi rappeler le rôle des services PSE et des centres PMS de la Fédération Wallonie-Bruxelles en matière de promotion de la santé et plus particulièrement de dépistage du surpoids. À chaque bilan de santé, l’enfant est pesé et mesuré. Lorsqu’un problème de surpoids est détecté, la médecine scolaire en informe les parents. Les services PSE développent également des projets de promotion des attitudes saines dans les établissements scolaires via notamment les projets de service.

Il est certain que prévenir le surpoids est une stratégie pertinente quand on connaît les difficultés rencontrées pour réduire le poids chez des personnes obèses. Cependant, des auteurs soulignent que la réduction des discriminations liées au poids est tout aussi importante que la réduction de l’indice de masse corporelle. En effet, ils soulignent que les effets néfastes des stigmatisations de l’enfant pourraient sans doute s’avérer aussi délétères pour son bien-être que son excès de poids.

En juin 2012, l’asbl Question Santé que je finance sur un budget de promotion de la santé mais aussi sur un budget d’éducation permanente, a lancé la campagne ‘Voyons large’ de sensibilisation contre la discrimination liée au surpoids. Cette campagne, en partenariat avec le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, a pour but d’attirer l’attention sur la stigmatisation et la discrimination liées à la corpulence et de lutter ainsi contre les préjugés et les stéréotypes négatifs qui sont véhiculés sur les personnes rondes. Cette campagne est prolongée et amplifiée cette année. Elle peut être consultée sur le site http://www.voyonslarge.be.

Dans le cadre de mes compétences audiovisuelles, j’accorde une place importante à l’éducation aux médias. En effet, la publicité occupe une place importante dans notre vie quotidienne. Elle évolue constamment, utilisant notamment les nouvelles technologies. Il est donc indispensable de décoder les stratégies publicitaires et de former les jeunes à en faire l’analyse. C’est pourquoi, le Conseil de l’éducation aux médias a publié un document pédagogique pour les enseignants, en collaboration avec le centre de ressources Média Animation intitulé ‘Comprendre la publicité’. Il a pour objectif l’acquisition et la maîtrise d’outils d’analyse permettant aux élèves de développer un regard critique sur les messages publicitaires.

Je citerai aussi l’organisation du symposium du 3 mai dernier organisé par l’Académie Royale de Médecine de Belgique sur le thème de l’excès de poids chez l’enfant. Les exposés concernaient essentiellement des aspects de prise en charge du surpoids sur le plan thérapeutique. Les orateurs ont rappelé combien il est primordial d’adopter une approche multifactorielle prenant en compte l’ensemble des déterminants physiques et psychologiques du patient lors des traitements. Ils ont également souligné qu’il est indispensable de mobiliser l’ensemble du noyau familial entourant l’enfant lors de la prise en charge de l’obésité.

Il ne me semble pas pertinent de vouloir coordonner l’ensemble des initiatives qui sont prises. Je pense qu’il est intéressant que des initiatives puissent voir le jour spontanément et répondre à des préoccupations locales, nourrir des réflexions et des pratiques. Ceci ne signifie pas pour autant qu’aucune concertation n’est nécessaire. Lorsqu’elle s’avère utile, au sein d’un même Gouvernement ou entre les différents Gouvernements, les dispositifs de concertation sont activés. Cela a été le cas pour la production et la diffusion du cahier spécial des charges ‘Alimentation saine et savoureuse’ ou pour le Plan national nutrition santé (PNNS) qui a fait l’objet de plusieurs examens en Conférence interministérielle de santé publique puisque, comme vous le savez, l’accord de réforme institutionnelle prévoit qu’il soit transféré aux Communautés.

Conclusion

L’approche en promotion de la santé prend en considération l’ensemble des déterminants sociaux, économiques, de formation, pour agir sur la santé et plus particulièrement sur les inégalités sociales de santé.

Ainsi, les opérateurs de promotion de la santé visent à améliorer les aptitudes individuelles, les connaissances, l’esprit critique, le développement de compétences et un certain changement d’environnement. C’est un travail difficile et de longue haleine à développer au quotidien.

L’ensemble des projets que je viens de citer montre combien j’accorde de l’importance à la problématique des attitudes saines et que les actions qui sont menées s’adressent à un public cible bien plus large que les enfants et les jeunes.

Quant à savoir si toutes les initiatives que je soutiens sont suffisantes, il est certain que je préfèrerais pouvoir les multiplier. Mais vous connaissez comme moi le contexte budgétaire…

(1) Éducation Santé y reviendra très prochainement.
(2) Voir C. De Bock, ‘Que mange-t-on ce midi à la cantine scolaire?’, Éducation Santé n° 285, pages 10 et 11.
(3) Voir l’article de Luc Berghmans ‘0-5-30, trois chiffres à retenir pour votre santé’, Éducation Santé n° 290, juin 2013, pages 17 et 18.