Le mois dernier, nous avons répercuté largement l’actualité ‘mammotest’, avec l’évaluation encourageante de la nouvelle campagne de communication de la Communauté française, et l’évaluation (un peu moins euphorique) de l’évolution de la couverture du programme dans les trois régions du pays après 3 tours complets.
Nous n’avons pas eu le loisir de rendre compte de la journée organisée par les Mutualités socialistes et les Femmes prévoyantes socialistes le 5 octobre. Réparons cette lacune.
Cet événement mobilisa plus de 120 personnes dans les locaux très confortables de l’Auditorium international (au centre de Bruxelles). La succession des exposés et les temps de questions-réponses furent confiés à Karin Rondia (rédactrice en chef du mensuel Équilibre ), autant dire que la colloque était dès le départ sur de bons rails…
En début de journée, Jean-Pascal Labille , Secrétaire général de l’UNMS, assura le programme du soutien actif de son organisation, rappelant que « pour la Mutualité socialiste , la question de l’opportunité de développer le programme est tranchée ».
Sur cette lancée pleine de détermination, la Ministre Fadila Laanan put se féliciter de la bonne visibilité de la communication de la Communauté française autour du programme (1).
Ensuite, Anne Vandenbroucke , coordinatrice du Centre de référence pour le dépistage du cancer du sein en Communauté française, rappela avec sa conviction habituelle les vertus du screening de masse par rapport au dépistage individuel dit ‘opportuniste’, soulignant que près de la moitié des nouveaux cas sont détectés auprès de la population féminine de 50 à 69 ans, et aussi que la double lecture des clichés permet de récupérer bon nombre de cancers qui échappent au premier lecteur. Elle précisa aussi que grâce à la numérisation du parc des appareils agréés, le délai de transmission du résultat au médecin référent (voie choisie du côté francophone) s’est fortement raccourci ces derniers mois.
Le directeur médical de Brumammo (Bruxelles), Jean-Benoît Burrion , décrivit les caractéristiques propres à la population bruxelloise, qui justifient une approche spécifique : forte densité, forte mobilité (12% des Bruxellois déménagent chaque année !), important cosmopolitisme, forte pauvreté. Il cita aussi (peut-être un peu rapidement en fonction des efforts consentis dans certaines communes ces dernières années) ‘ce qui ne marche pas’, et ce qui selon lui pourrait mieux fonctionner pour favoriser l’adhésion des Bruxelloises au programme.
Le Dr Valérie Fabri (Agence intermutualiste) aborda pour sa part deux aspects : l’évolution de la couverture au fil des ans depuis le démarrage du programme (2), et (après un lunch aussi convivial que délicieux) la campagne de feed-back des médecins dans le cadre du Conseil national de promotion de la qualité à l’INAMI, qui peut éclairer les praticiens quant à leurs résultats personnels comparés à ceux de leurs confrères.
Toujours à propos du rôle des médecins, le Dr Myriam Provost (Comité des médecins traitants au sein de la SSMG) décrivit le rôle du généraliste dans le programme, au départ d’un cas clinique exemplaire de la complexité des paramètres à prendre en considération, même pour un ‘simple’ dépistage. Une façon aussi de rappeler que ce sont les femmes qui sont au centre du programme !
Le tour d’horizon médical n’aurait pas été complet sans la présentation du rôle du radiologue, assurée par le Dr Luc Sergeant .
Heureusement, la journée n’était pas finie, et l’engagement concret de la Mutualité et des Femmes prévoyantes nous fut présenté sous plusieurs facettes. D’abord, une étude FPS-CRIOC sur les attitudes des femmes par rapport au dépistage. Parmi les résultats, Sarah Hibo (FPS) cita le chiffre astronomique de 93% des femmes affirmant avoir déjà fait un(e) mammotest/mammographie et une adhésion quasi double de la part des femmes ayant fait des études universitaires par rapport à celles qui n’ont pas dépassé le niveau fondamental. Autre constatation intéressante, parmi les motifs invoqués par celles qui ne se font pas dépister, viennent en tête le caractère supposé désagréable/douloureux de l’examen, le fait que ces femmes n’ont ‘rien remarqué d’anormal’, la crainte qu’ ‘on trouve quelque chose’, le fait qu’on ne leur a jamais proposé le dépistage, l’absence d’unité agréée près de chez elles, et la volonté de ‘ne pas savoir’… Interpellant.
Pierre Baldewyns (Service promotion santé UNMS), Sylvie Pinchart (Femmes prévoyantes) et Alice Lamandé (conseillère méthodologique) présentèrent enfin des pistes d’actions locales très concrètes pour les prochains mois et leur cadre théorique, pistes qui ont ceci d’original qu’elles pourront s’appuyer sur une analyse des données relatives aux affiliées récoltées au départ des quartiers statistiques, soit des petites unités relativement homogènes de 500 habitants, ainsi que le précisa le Dr Michel Boutsen , de la Direction études de l’UNMS. Comme quoi épidémiologie et animation locale peuvent parfois faire bon ménage !
Christian De Bock (1) Voir l’article ‘Les deux seins animés, ça marche?’ de Chantal Hoyois, Bernadette Taeymans et Patrick Trefois dans notre édition précédente.
(2) Voir l’article ‘Résultats de 6 ans de dépistage organisé du cancer du sein’ dans notre numéro précédent.