Avril 2004 Par et al. P. DE SMET Damien FAVRESSE D. PIETTE Initiatives

Introduction

L’étude «Santé et bien-être des jeunes» est réalisée depuis 1985 par l’Unité de Promotion et d’Education Santé (ULB-PROMES) de l’Ecole de Santé Publique de l’Université Libre de Bruxelles.
Sept enquêtes ont été réalisées en Communauté française entre 1986 et 2002.
Elles ont pour but de fournir des données utiles pour la promotion de la santé des jeunes, tant pour la programmation des interventions que pour le développement des politiques, leur évaluation et l’allocation des ressources.
Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’étude internationale patronnée par le Bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé «HBSC», (Health Behaviour of School-aged Children). Cette même étude a été réalisée en 2001-2002 par 33 pays européens, le Canada et les USA.

Méthodologie

Les 7 enquêtes consécutives menées en Communauté française depuis 1986 se conforment au protocole international de la recherche multicentrique «Health Behaviour of School-aged Children».
En plus des thèmes abordés par le protocole international, des modules thématiques complémentaires spécifiques (drogues illicites, connaissances sur les modes de transmission du VIH, vie scolaire, etc.) ont été intégrés dès 1988.
Les enquêtes ont été réalisées en 1986, 1988, 1990, 1992, 1994, 1998 et 2002.
La population couverte est constituée des élèves scolarisés en Communauté française dans l’enseignement de plein exercice entre la cinquième année primaire et la sixième année secondaire (enseignement primaire: en 1990 puis à partir de 1994). L’enseignement spécial est malheureusement exclu de l’étude.
L’échantillon est de type aléatoire stratifié avec allocation proportionnelle à la taille. Il vise la représentativité, au niveau de la Communauté, pour les provinces, réseaux, niveaux et type d’enseignement (général, technique, professionnel).
L’échantillon complet 1986-2002 (tous âges et cycles) comprend 57.675 sujets.
La plupart des résultats présentés pour les enquêtes entre 1986 et 2002 (hors « Photographies actuelles 2002 ») concernent les élèves du cycle secondaire âgés respectivement de 13, 15 et 17 ans, ceci correspondant à un sous-échantillon de plus de 20.000 sujets.
A titre d’exemple, l’échantillon prélevé dans le cycle secondaire (tous âges) en 2002 comprend 10.512 sujets issus de 655 classes provenant de 90 écoles.
Le taux de réponse pour le cycle secondaire est de 68%.
La fraction d’échantillonnage pour 2002 est de 3,50% de la population scolaire concernée.
Le questionnaire validé tant au niveau local qu’au niveau international est auto-administré aux élèves selon une procédure standardisée assurant la confidentialité.
Pour chaque comportement, quatre types de graphiques peuvent être fournis:
évolution dans le temps (1986-2002) après standardisation pour l’âge, le sexe et le type d’enseignement. Ces graphiques présentent des prévalences (proportion de sujets qui adoptent le comportement étudié) communes aux filles et aux garçons pour chaque enquête après élimination des fluctuations potentielles liées à des différences de structure de l’échantillon (liée à la représentation dans les échantillons des sexes, de l’âge et de l’appartenance aux différents types d’enseignement);
analyse multivariée visant à l’identification des «prédicteurs» de ces comportements (y compris éventuellement le temps), et ceci indépendamment de l’effet d’autres facteurs potentiellement influents (comme l’âge, le sexe ou le type d’enseignement);
stratification par sexe , classe et type d’enseignement (2002): elle fournit une image détaillée de la prévalence d’un comportement dans tous les sous-groupes retenus;
– répartition détaillée des proportions de réponses aux différentes modalités de certaines questions (2002): elle fournit une image plus nuancée des réponses par rapport à l’approche dichotomisée (regroupement des réponses en 2 catégories via la définition d’un seuil) qui est utilisée dans les 3 types de présentation précités.

Principaux résultats

Nous avons abordé 6 grands domaines:
– le bien-être et la perception de la santé;
– la nutrition et la sédentarité;
– les conduites à risque;
– la vie affective et sexuelle et la prévention du sida;
– les jeunes et l’école;
– accidents, violence et traumatismes.
Ce qui suit est un résumé des principaux résultats.

Le bien

être et la perception de la santé

Les plaintes subjectives

Dans l’enquête «Santé et bien-être des jeunes» de 2002, 36% des jeunes ont déclaré au cours des 6 derniers mois au moins une plainte en relation avec un état physique de type maux de tête, ventre ou dos. De même, 39% se plaignent de nervosité et/ou d’insomnie témoignant d’un état de stress.
Chez les jeunes, le sexe est un prédicteur des plaintes physiques et de celles relatives au stress, les filles se plaignant plus fréquemment que les garçons.
En ce qui concerne la fatigue matinale, ce sont les jeunes de l’enseignement général qui s’en plaignent le plus, contrairement à la plupart des autres plaintes que l’on observe plus fréquemment chez les élèves de l’enseignement professionnel ou technique.
Les individus caractérisés par un statut socio-économique défavorisé sont plus nombreux que les individus ayant plus de revenus et/ou d’années d’éducation réussies à se plaindre de leur état de santé.

Le sentiment de bonheur

Nous constatons que la majorité des jeunes se perçoivent en bonne santé (93%) et ceci reste stable au cours des années. Si les jeunes eux-mêmes se perçoivent ainsi malgré un contexte souvent difficile, il pourrait sembler peu opportun de focaliser des actions de promotion de la santé sur cette population. Cependant, cette constatation est à mettre en relation avec un nombre important de jeunes qui, même s’ils se perçoivent en bonne santé, déclarent de nombreuses plaintes et ne se définissent pas comme étant heureux.
En effet, plus de 35% des jeunes présentent régulièrement au moins une plainte physique et près de 40% présentent un état de stress. Enfin, entre 15 et 20% des jeunes déclarent ne pas être (très) heureux.
Tout se passe comme si, pour un groupe de jeunes se déclarant en (très) bonne santé, il était normal d’être fatigué, déprimé, nerveux ou de souffrir d’insomnies à l’adolescence.

La confiance en soi

Les résultats montrent que les jeunes filles sont moins nombreuses que les garçons à avoir confiance en elles. Cette différence s’accentue avec l’âge.
Déjà à 11 ans, un jeune sur cinq n’a pas confiance en lui.
D’une manière générale, la situation se dégrade entre 1994 et 2002.

La consommation de médicaments

La proportion de jeunes consommant des médicaments reste élevée. C’est ainsi qu’en 2002, les jeunes déclarent avoir consommé durant le dernier mois un médicament contre le mal de tête (46%), contre le mal de ventre (32%) et contre la toux (30%). À cela, il convient d’ajouter les vitamines (30%), les médicaments contre la grippe ou le mal d’estomac (20%).
Depuis 1986, on observe une tendance à la stabilité et même à la diminution de consommation pour des médicaments «contre la nervosité» et contre l’insomnie (tous deux consommés par 7% des jeunes en 2002).
Le risque d’être grand consommateur est plus élevé chez les filles. On trouve également les grands consommateurs en plus grand nombre parmi les jeunes de l’enseignement technique et professionnel que parmi ceux de l’enseignement général.
Il y a plus de consommation de médicaments que de plaintes déclarées relatives aux mêmes symptômes.

La nutrition et la sédentarité

Les comportements alimentaires

L’étude «Santé et bien-être des jeunes» montre qu’actuellement en Communauté française, les jeunes scolarisés sont moins nombreux qu’en 1986 à manger régulièrement, c’est-à-dire au moins une fois par jour, des fruits et des légumes.
Trop de jeunes consomment très fréquemment des bonbons, des sucreries ou du chocolat, des hamburgers, des frites et du coca ou d’autres limonades sucrées.
Ces choix alimentaires sont associés au sexe, à l’âge ou à la classe et au type d’enseignement, en faveur des élèves de l’enseignement général.
Par ailleurs, 24% des filles et 20% des garçons ne prennent jamais de petit déjeuner les jours d’école.

Le statut pondéral

L’excès pondéral, surcharge et obésité, concerne 15% des jeunes. Près de 5% présentent par ailleurs un déficit pondéral.
On observe un gradient selon le type d’enseignement, en faveur des jeunes de l’enseignement général, et cela tant pour les filles que pour les garçons.

Les régimes amaigrissants

Plus de 15% des jeunes déclarent suivre un régime pour maigrir. Ce sont surtout les filles à partir de la deuxième secondaire qui adoptent ce comportement. En ce qui concerne les garçons, le pourcentage de ceux suivant un régime amaigrissant diminue avec le niveau scolaire et donc avec l’âge.

La sédentarité et le sport

Un jeune sur cinq regarde la télévision ou des vidéos au moins 4 heures par jour les jours d’école. Il n’y a pas de différence entre les filles et les garçons.
Les élèves les plus nombreux à regarder la télévision et les vidéos sont les plus jeunes ainsi que les élèves de l’enseignement technique ou professionnel.

<exergue>
Un nombre important de jeunes déclarent de nombreuses plaintes et ne se définissent pas comme étant heureux, même s’ils se perçoivent en bonne santé.
</exergue> On observe une association entre surcharge pondérale et les indicateurs de sédentarité.
Si la consommation de télévision est indépendante du sexe et diminue avec l’âge, il en est tout autrement pour l’utilisation des consoles de jeux électroniques et de l’ordinateur. En effet, c’est très majoritairement les garçons qui sont friands de ce type de loisir et les résultats montrent une tendance, chez ceux-ci, à utiliser ce type de jeux plus fréquemment avec l’âge. En 2002, 3,4% des filles et 11,4% des garçons peuvent être considérés comme «accros» des jeux ou de l’ordinateur, les élèves du général étant moins nombreux que les autres dans ce groupe.
63% des garçons et 36,5% des filles font du sport au moins trois fois par semaine. Ce sont les filles, les élèves les plus âgés et ceux de l’enseignement technique et professionnel qui sont les plus nombreux à ne jamais pratiquer un sport.

Les conduites à risque

La consommation de tabac

En ce début de siècle, la réduction du tabagisme chez les jeunes demeure toujours un défi de taille pour la santé publique.
Actuellement, les jeunes filles constituent tout autant que les garçons une cible d’intervention prioritaire.
Parmi les fumeurs, on observe une augmentation des «grands» fumeurs (plus de 20 cigarettes par semaine).
Les jeunes des enseignements professionnel et technique sont également une priorité dans un programme ayant des objectifs en matière de réduction des inégalités.
Il faut porter une attention particulière au passage entre le primaire et le secondaire et continuer les programmes de prévention primaire (diminution de la demande) dans le secondaire inférieur.
Enfin, il ne faut pas négliger le désir d’arrêter de fumer. En 4e secondaire par exemple, 76% des fumeurs désirent cesser de fumer!

La consommation d’alcool

La consommation régulière d’alcool est relativement stable au cours du temps. En 2002, 27% de ceux qui ont déjà bu de l’alcool sont considérés comme consommateurs hebdomadaires (soit environ 20% du total des jeunes de 13, 15 et 17 ans).
La tendance à l’augmentation du pourcentage des jeunes qui ont déjà bu jusqu’à l’ivresse est inquiétante. En terme de santé publique, ce n’est pas tant la consommation d’alcool en soi qui occasionne des problèmes que les risques que cette consommation abusive entraîne pour d’autres comportements tels que la conduite d’un véhicule, la violence ou les relations sexuelles non protégées et/ou non désirées. La réduction des risques de l’abus d’alcool doit s’intégrer dans tout contenu de programme de prévention.

Le cannabis

,

l’ecstasy et autres psychotropes

Les fréquences d’essai et de consommation régulière de cannabis de 13 à 17 ans confirment une certaine banalisation du phénomène et dans certains cas une augmentation de celui-ci.
Un quart des jeunes scolarisés ont déjà consommé du cannabis et 3% sont des consommateurs journaliers.
Cette banalisation est particulièrement sensible chez les garçons de l’enseignement professionnel où le niveau d’expérimentation dépasse les 60% et le pourcentage de consommateurs réguliers peut atteindre 20% dans certaines années scolaires.
Dans notre enquête, le taux de consommation de l’ecstasy reste stable et est relativement faible: l’ecstasy a été expérimenté en 2002 par 4% des jeunes enquêtés, 1% se déclarant consommateur régulier.
Plus de la moitié des filles et des garçons ne consomment pas de produits psychotropes licites ou illicites. Ils sont 7,8% des garçons et 3,5% des filles à consommer au moins 3 produits.

La vie affective et sexuelle et la prévention du sida

Les relations sexuelles

Parmi l’ensemble des élèves de 15 à 18 ans en 2002, 44% des jeunes ont déjà eu une relation sexuelle complète. Parmi ces derniers, 12% déclarent une relation sexuelle précoce (avant 14 ans).
Entre 1990 et 2002, les résultats sont restés relativement semblables en ce qui concerne le nombre de jeunes déclarant une relation sexuelle complète. Par contre, le pourcentage de jeunes ayant eu une relation sexuelle précoce a augmenté.
Parmi l’ensemble des élèves de 15 à 18 ans interrogés en 2002, 16% ont eu plus d’un partenaire sexuel.
L’ensemble de ces comportements est généralement observé plus fréquemment chez les jeunes les plus âgés, parmi les garçons et parmi les élèves de l’enseignement professionnel et technique.

L’utilisation du préservatif et de la pilule

,

la prévention du sida

Le nombre d’élèves sexuellement actifs ayant déjà vu et manipulé un préservatif ou utilisant toujours un préservatif lors de leurs relations sexuelles est en augmentation (respectivement de 90 à 96% entre 1990 et 2002 et de 39 à 57% entre 1994 et 2002).
Par contre, parmi les jeunes qui n’ont jamais eu de relations sexuelles, le pourcentage de ceux qui n’ont jamais vu ou manipulé un préservatif est en diminution ces dernières années (de 71 à 64% de 1990 à 2002).
Les connaissances des élèves en matière de transmission du VIH sont loin d’être correctes et pour certains modes de transmission, on observe également que la situation ne s’est pas améliorée ces dernières années (relation sans préservatif avec une personne qui n’a pas l’air malade; transmission par le moustique). La (fausse) croyance que le donneur de sang peut être infecté lors d’un don de sang est encore partagée par 12,4% des élèves de 15 à 18 ans alors que 21,5% d’entre eux ne se prononcent pas à ce sujet.
L’analyse des déterminants montre que l’âge, le sexe et les types d’enseignement sont des facteurs importants. Un effort pédagogique particulier devrait être fait en tenant compte de ces différences entre les populations adolescentes.

Les jeunes et l’école

Aimer l’école et être stressé par le travail scolaire

La moitié des élèves aime l’école et l’autre moitié ne l’aime pas ou pas du tout, alors qu’ils y passent ou sont sensés y passer plus de la moitié de leur temps d’éveil. Les filles sont plus nombreuses que les garçons à aimer l’école.
Si l’enthousiasme pour l’école est plus fréquemment cité parmi les jeunes de l’enseignement professionnel, c’est également parmi ceux-ci que l’on observe le plus de jeunes qui disent brosser les cours. Toutefois, à la fin de l’enseignement secondaire, près d’un jeune sur deux des trois types d’enseignement a brossé au moins une fois les cours durant les deux mois précédant l’enquête de 2002.
Le stress engendré par l’école s’observe plus chez les filles, les élèves plus âgés et ceux de l’enseignement général.

La violence à l’école

La violence telle que nous l’avons mesurée diminue entre 1994 et 2002.
Une majorité de filles (68%) et de garçons (55%) ne subissent pas de provocation de la part des autres élèves. Par contre, 4,1% des filles et 6,1% des garçons sont provoqués plusieurs fois par semaine.
On observe une relation entre le fait de ne pas aimer l’école, d’être victime de violence dans le cadre scolaire et le stress engendré par le travail scolaire.
Le sentiment fréquent de peur d’aller à l’école se retrouve chez 1,7% des filles et 2,3% des garçons.
1,1% des filles et 3,5% des garçons sont «parfois, souvent ou très souvent» victimes de racket.

Les accidents

,

la violence et les traumatismes

Accidents et traumatismes

Durant les douze mois précédant l’enquête de 2002, un tiers des élèves ont souffert d’un traumatisme ayant nécessité des soins.
Ce sont les garçons, les élèves les plus jeunes et ceux de l’enseignement technique et professionnel qui sont les plus touchés.
Les garçons subissent plus fréquemment un traumatisme dans le cadre d’une activité sportive extra-scolaire et les filles présentent la plus haute fréquence d’accidents à l’école.
Parmi les jeunes accidentés, 53% ont dû arrêter leurs activités pendant au moins un jour suite à ce traumatisme.
Le traumatisme le plus fréquemment rencontré est la foulure ou l’entorse. Près de 7% des élèves blessés ont souffert d’une commotion et près de 3% d’une morsure de chien.

Bagarres et armes

Entre 15 et 18 ans, près d’un garçon sur deux et près d’une fille sur quatre se sont battus au moins une fois durant les douze mois précédant l’enquête.
7% des filles et 28% des garçons de 15 à 18 ans déclarent posséder une arme. L’arme plus fréquente est le couteau ou le poignard. 1,5% des garçons du même groupe d’âge ont apporté une arme à feu à l’école le mois précédant l’enquête.

Constats et lignes de force

Différences entre filles et garçons

Comparés aux filles, les garçons s’illustrent plus négativement au niveau de l’adoption des conduites à risque: une alimentation plus déséquilibrée, une consommation plus excessive d’alcool, un usage plus fréquent de drogues illicites, un recours plus habituel à la violence physique et une fréquence d’accidents plus courante, etc.

<exergue>
Une lecture transversale des résultats renforce l’idée qu’il y a de multiples façons de vivre l’adolescence.
</exergue> Les filles, quant à elles, portent un regard plus négatif sur elles-mêmes tant sur un plan physique que sur un plan mental (sentiment d’être à plat, confiance en soi, sentiment de bonheur, maux de tête, maux de ventre, etc.). Cette perception de soi plus négative se reflète aussi dans certains de leurs comportements (régime, prise de médicaments, etc.).

Différences entre enseignements général

,

technique et professionnel

Les jeunes de l’enseignement professionnel présentent globalement un profil de santé et de bien-être plus médiocre que ceux de l’enseignement technique qui, eux-mêmes, partagent une situation moins bonne que les jeunes de l’enseignement général.
Ces différences doivent être rattachées aux disparités socio-économiques entre les jeunes tant au niveau de leur origine familiale que de leur devenir professionnel. La perception d’un avenir plus morose, par exemple, freinerait la possibilité de se projeter positivement dans le futur et provoquerait, par la même occasion, un relatif désintérêt à l’égard de conduites préventives.
Il est à noter tout de même que les jeunes issus de l’enseignement professionnel sont ceux qui apprécient le plus l’école et qui souffrent le moins de fatigue matinale.

Evolution dans le temps

Dans l’ensemble, les problèmes persistent ou ont une légère tendance à s’améliorer par rapport à 1986.
Depuis 1986, sur un plan plus spécifique, il y a une détérioration de la consommation de fruits et légumes, une augmentation des relations sexuelles précoces et une augmentation de la fatigue matinale.
Depuis le milieu des années 90, la confiance en soi et l’appréciation de l’école sont au plus bas, les fausses croyances sur les modes de transmission du sida réapparaissent, le port de la ceinture de sécurité en voiture diminue et l’usage du cannabis se répand.

Evolution à travers les âges

En général, la situation des jeunes se dégrade de la 5e primaire à la 6e secondaire. Habituellement, les résultats des filles et des garçons sont fort semblables à la fin de l’école primaire et divergent progressivement dans le secondaire qui voit l’apparition et l’accentuation des différences entre types d’enseignement. Il est à remarquer que ce sont les plus jeunes qui se déclarent davantage victimes de violences ou d’accidents et que le type d’aliments consommés (hamburgers, frites, boissons gazeuses, etc.) ainsi que l’usage de télévision se développent au début de l’adolescence.
Ces résultats sont à rattacher au fait que notre étude correspond globalement à la période de l’adolescence (autonomie grandissante, construction identitaire, expérimentation de nouvelles conduites, changements corporels, etc.) et nous donnent, au travers notamment des comportements précoces et réguliers, une bonne indication sur les conduites des adultes de demain.

Ecole

,

milieu de vie stratégique

L’école, qui rythme la vie de milliers de jeunes, se trouve de plus en plus dépréciée par les élèves. Il convient d’être vigilant à cette dépréciation en donnant la priorité à une école mieux adaptée aux attentes des jeunes. Cette adaptation passe notamment par une amélioration de la prise en considération des différentes facettes de l’institution scolaire (les méthodes pédagogiques, les relations professeur/élèves, la qualité des infrastructures scolaires, etc.) et par une meilleure participation des différents acteurs qui gravitent au sein et autour de l’école (éducation par les pairs, participation des parents à la vie scolaire, collaborations avec les acteurs de terrain). Enfin, la revalorisation symbolique et financière des enseignants, ainsi que la garantie de leur bien-être professionnel sont une base essentielle d’une école plus heureuse.

Styles de vie

Une lecture transversale des résultats renforce l’idée qu’il y a de multiples façons de vivre l’adolescence. Les garçons se comportent différemment des filles, les élèves de l’enseignement général sont confrontés à d’autres difficultés que ceux du professionnel, etc.
Les modes de vie adoptés par les jeunes sont influencés par une série de déterminants (comme le sexe, le niveau socio-économique, les relations familiales, le réseau amical, les caractéristiques environnementales, etc.) et par une série de caractéristiques individuelles (comme la confiance en soi, la faculté de se projeter dans l’avenir, l’aptitude à rechercher de l’aide, etc.), fondatrices de la liberté de choisir. Il convient de prendre en considération ces facteurs externes et internes à l’individu dans la mise en place des actions de promotion santé.
L’intérêt de l’approche de la santé par les styles de vie réside dans cette appréhension globale des comportements qui prend en considération le fait que les conduites puissent avoir une cohérence entre elles (comme la prise de risques divers par exemple) mais aussi que ces dernières soient déterminées par un ensemble d’éléments dont bien peu dépendent du système de soins.
Le Service communautaire de promotion de la santé SIPES de l’équipe ULB PROMES de l’Ecole de Santé Publique de l’ULB
Danielle Piette, Patrick de Smet, Damien Favresse, Florence Parent, Yves Coppieters, Christine Bazelmans, Charlotte Lonfils, Katty Renard, Laurence Kohn et Nathalie Da Costa Maya.

Les résultats complets sont repris dans une brochure en couleurs de plus de 100 pages qui présente en outre une étude sur les jeunes en décrochage scolaire, et une autre sur la prévention de l’asthme professionnel chez les jeunes. Edité en 5000 exemplaires, ce document est déjà largement diffusé dans le milieu scolaire et associatif. Il peut être obtenu gratuitement grâce au soutien de la Communauté française, au Centre local de promotion de la santé le plus proche de chez vous ou éventuellement auprès de Mme Ladmirant, ULB-PROMES, Route de Lennik 808 CP 596, 1070 Bruxelles, ou par courriel adressé à promes@ulb.ac.be.
La brochure est aussi accessible sur le site de [L=www.ulb.ac.be/esp/promes]PROMES[/L].
Enfin, des comparaisons internationales seront prochainement disponibles.