Septembre 2016 Par Cabinet de la Ministre JODOGNE Initiatives

L’asbl Ulysse, pour la reconstruction psychique des réfugiés

Suite à la publication de l’article de Marie Dauvrin, Julie Gysen et Vincent Lorant ‘L’accès aux soins pour les personnes sans-papiers: un chemin parsemé d’embûches’ dans le numéro 324 d’Éducation Santé, Cécile Jodogne, Ministre de la Santé des francophones bruxellois, nous signale que sur sa proposition, le Gouvernement francophone bruxellois, vient de débloquer 128.491 euros sur base annuelle pour améliorer la prise en charge des réfugiés en matière de santé mentale.

Cette mesure intervient dans un cadre général de soutien à la santé mentale et à la reconstruction psychique des réfugiés. Ainsi, l’an passé, le réseau Ulysse avait déjà vu ses subventions augmenter afin de lui permettre de développer des formations pour les professionnels de la santé travaillant avec le public migratoire.

La Ministre a déclaré ceci à ce sujet: «améliorer l’accès des réfugiés à un soutien spécifique en santé mentale est fondamental. Il ne s’agit pas seulement de soigner et de donner un toit aux réfugiés qui arrivent à Bruxelles, mais également de leur offrir un soutien psychologique pour se remettre des épreuves qu’ils ont vécues sur le chemin de l’exil».

Le service de santé mentale Ulysse travaille depuis de nombreuses années la problématique de la reconstruction psychique des réfugiés. Cette asbl a été créée en 2001 pour développer des initiatives destinées à favoriser l’accès à l’aide en santé mentale pour les personnes exilées. Elle est un lieu d’accueil, d’écoute, et de prise en charge de la souffrance de la personne ou de la famille qui subissent l’exil.

Ulysse travaille en partenariat avec trois services de santé mentale (le SSM de Saint-Gilles, le SSM Le Méridien et le SSM l’Adret) depuis 2004, ainsi qu’avec Fedasil depuis 2006.

L’action d’Ulysse est soutenue par la Commission communautaire française depuis 2002. En 2009, l’association a été agréée comme service de santé mentale pour les missions «d’accueil, de diagnostic, de traitement et de prévention. Le service développe un projet spécifique qui consiste à ouvrir l’accessibilité de l’aide en santé mentale à une catégorie de personnes en situation d’exil et d’expatriation contrainte. Ulysse reçoit toutes les personnes et toutes les familles fragilisées psychiquement par l’exil; par ce fait, son offre est généraliste» (arrêté 2009/1498).

Le travail du SSM Ulysse permet de favoriser un travail d’affiliation aux différents groupes d’appartenances permettant de reconstruire une identité partageable, de travailler une réinscription du sujet dans une histoire individuelle et collective, signant symboliquement la fin ou l’atténuation d’un exil qui est aussi psychique.

Le service de santé mentale est aussi interpellé par les acteurs du réseau d’accueil pour des situations de détresse psychique toujours plus aiguë.

L’association est également promoteur du Réseau Santé mentale en Exil depuis 2008. Ce réseau poursuit plusieurs objectifs et notamment: favoriser la mise en place d’un accueil et d’un accompagnement des personnes en précarité de droit au séjour qui tient compte du contexte particulièrement fragilisant que représente l’arrivée en terre d’exil plus particulièrement en matière de santé mentale; faciliter l’accès aux services et initiatives de prévention, d’accompagnement, de remédiation et de soins, notamment en matière de santé mentale pour ce public-cible…

Les migrations croisent les questions de santé mentale

La santé mentale est liée à des valeurs individuelles et collectives. Elle est influencée par des conditions économiques, sociales, culturelles, environnementales et politiques. Certains facteurs contextuels constituent des obstacles à la santé mentale et à l’adaptation réciproque de l’individu et des groupes à leur milieu. La santé mentale est donc en constante interaction avec l’environnement et le parcours de vie d’un individu.

L’exil est motivé par une expérience et un vécu violents et traumatiques. Le parcours d’exil est lui-même de l’ordre de l’épreuve avec des pertes matérielles, affectives et symboliques. Les populations concernées sont confrontées à une série de tableaux cliniques cumulant deuils, traumatismes, déracinement, précarité sociale, perte d’identité due au déracinement géographique et au manque de repères culturels et affectifs.Toutes les marques d’intégration familiale, sociale, culturelle et économique sont inexistantes à l’arrivée en Belgique. L’exilé va devoir accepter ce vide et la nécessité de reconstruction. À la douleur de la fuite s’ajoute alors l’acceptation de l’état de vulnérabilité et de besoin d’aide, d’autant plus difficile à accepter qu’elle se joue dans une culture et bien souvent une langue inconnues.

Les exilés vivent un triple traumatisme: le traumatisme pré‐migratoire, les effets potentiellement traumatiques de la migration elle‐même et le traumatisme découlant du risque de déni de leur vécu par le pays d’accueil.

Pour rappel, en 2015, l’Office des étrangers a enregistré 35.476 demandes d’asile, soit 106,1 % de plus qu’en 2014. La plupart des demandeurs d’asile proviennent de zones où sévissent des conflits. Les principaux pays d’origine sont l’Irak (21,8% des demandeurs), la Syrie (21,3%) et l’Afghanistan (20%).