A l’occasion de ses 40 ans d’existence, le Centre Antipoisons vient de faire le point sur les services qu’il rend au jour le jour.
Enormément d’appels
Combien le Centre reçoit-il d’appels? Le téléphone sonne 140 fois par jour en moyenne au 070 245 245. Le nombre d’appels par mois fluctue entre 4 et 5.000.Tous les appels sont pris en charge par un médecin. L’équipe compte actuellement 13 médecins qui se relaient pour assurer un service 24h sur 24. L’accès au numéro d’urgence est gratuit: en effet, l’Arrêté royal du 9 octobre 2002 (M.B. 7/11/2002) impose aux opérateurs d’assurer à leurs abonnés l’accès gratuit aux services d’urgence.
Qui peut faire appel au Centre Antipoisons?
Le Centre est accessible au public comme aux professionnels de santé. Ce n’est pas le cas partout en Europe: aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, les centres équivalents ne répondent pas aux appels du public.
Cette accessibilité est un atout important: donner des premiers soins corrects au moment de l’accident, évaluer l’importance de l’exposition pour laisser au domicile les cas bénins et orienter très vite vers l’hôpital les cas graves contribue à améliorer la prise en charge des patients intoxiqués.
Les missions du Centre Antipoisons
Assurer une permanence médicale d’information toxicologique en urgence.
Gérer une documentation sur les toxiques.
Faciliter l’accès aux antidotes et autres médicaments spécifiques.
Recevoir la composition des préparations dangereuses et des cosmétiques mis sur le marché en Belgique.
Assurer une mission de toxicovigilance.
Tenir un registre des intoxications au CO, première cause de mort accidentelle en Belgique.
Par ailleurs, la réponse au public donne de précieuses indications sur la manière dont les accidents surviennent et les produits en cause. Le Centre peut ainsi détecter des problèmes liés à la présentation des produits, à un étiquetage peu clair, à une notice mal conçue, à une toxicité inattendue. Ce travail de toxicovigilance est une fonction importante pour les centres antipoisons.
Actuellement, trois quarts des appels proviennent du public. Huit appels sur dix sont des appels urgents, suite à un contact avec un ou plusieurs produits.
Qui sont les victimes?
La moitié des accidents concernent des enfants. Le principal groupe à risque est celui des moins de 4 ans. Les jeunes enfants passent par une période au cours de laquelle ils explorent leur environnement en portant tout à la bouche. Les parents de jeunes enfants savent à quel point cette période demande une vigilance de tous les instants.
Quels sont les produits en cause?
D’une manière générale, plus un produit circule, plus la probabilité de contact est grande.
Les appels les plus fréquents concernent donc des produits d’usage courant. On ne sera pas surpris de voir arriver médicaments et produits ménagers en tête des agents en cause dans les appels. Ces produits sont présents dans toutes les familles et occasionnent le plus grand nombre d’accidents. Les appels les plus fréquents ne sont heureusement pas les plus graves.
Médicaments | 41,66% |
Produits ménagers | 30,49% |
Plantes/champignons | 5,72% |
Produits phytosanitaires | 4,82% |
Cosmétiques | 4,56% |
Aliments | 3,42% |
Animaux | 1,66% |
Divers | 7,47% |
Non précisé | 0,19% |
Quels sont les produits les plus dangereux?
S’il est souvent victime de sa curiosité, le jeune enfant avale rarement des quantités importantes de produit et beaucoup d’accidents sont heureusement bénins. Il faut malgré tout savoir qu’il existe des produits d’usage courant dangereux en petite quantité. Il est impossible de les citer tous.
Parmi les produits d’entretien, il faut être particulièrement vigilant avec les produits caustiques . Ces produits provoquent des brûlures en cas de projection dans l’œil ou sur la peau et des lésions internes s’ils sont avalés. En pratique, dans la vie courante, on trouve dans cette catégorie des produits de droguerie comme l’esprit de sel, la soude caustique, l’acide sulfurique, et aussi des produits d’entretien, les déboucheurs de canalisation principalement, certains nettoyants dégraissant pour four, grill et hotte…
L’étiquette des produits corrosifs doit porter un symbole de danger noir sur fond orange. La signification de ce symbole n’est malheureusement pas connue de tous. Ce symbole représente deux éprouvettes d’où s’écoule un liquide endommageant une surface de travail et une main.
Autre catégorie de produit dangereux en petite quantité, les produits contenant des distillats de pétrole . En cas d’ingestion accidentelle, il peut arriver que suite à un vomissement, quelques gouttes de produit soient avalées de travers et pénètrent dans les poumons, entraînant une pneumonie chimique. On retrouve des dérivés pétroliers dans beaucoup de produits d’entretien ou de bricolage L’essence, le white spirit, de nombreux vernis et peintures, les rénovateurs pour meubles, l’huile pour lampe, les allume-feu liquides se retrouvent dans cette catégorie.
Comment repérer les produits à risque d’aspiration dans les poumons? Il n’existe pas de symbole spécifique. L’étiquette portera une croix de Saint André avec la mention nocif, symbole qui se retrouve sur de très nombreuses préparations. C’est une phrase sur l’étiquette qui doit spécifier ce risque particulier: il s agit de la phrase ‘Nocif: peut provoquer une atteinte des poumons en cas d’ingestion’. Il faut donc lire toute l’étiquette pour être informé.
Le méthanol et l’ éthylène glycol sont des toxiques redoutables en faible quantité. A l’approche de l’hiver il faut rappeler que la plupart des antigels contiennent de l’éthylène glycol.
Le méthanol est un combustible courant pour les réchauds à fondue. Une gorgée d’un de ces produits suffit à entraîner une intoxication grave. Il faut particulièrement veiller à les garder hors de portée des enfants.
Comment se produisent les accidents?
La plupart des appels concernent des accidents. Les tentatives de suicide représentent 11% des appels environ.
Chez l’enfant, beaucoup d’accidents surviennent lorsque le produit est en cours d’utilisation: un bref moment d’inattention de l’adulte interrompu par le téléphone, un autre enfant qui pleure, un coup de sonnette suffisent à l’enfant pour s’emparer du flacon laissé ouvert.
L’enfant qui commence à se déplacer trouve à sa portée des plantes d’appartement, un cendrier rempli de mégots, une lampe à huile sur une table basse, des verres contenant un fond d’alcool, un pinceau trempant dans du white spirit, un désodorisant d’ambiance, toutes choses qu’il aura vite fait de porter à la bouche.
L’exploration d’un sac à main peut aussi conduire à la découverte d’une boîte à pilule ou d’un paquet de cigarette par exemple.
Certaines circonstances sont propices aux accidents: l’enfant que l’on couche dans une chambre d’adulte pour y faire la sieste pourra au réveil explorer la table de nuit et y trouver somnifères, pilule contraceptive ou d’autres médicaments.
Chez l’adulte les accidents sont plutôt liés à une erreur de manipulation d’un produit: utilisation d’un produit caustique sans gant ni lunettes de protection, travail prolongé avec des solvants dans un espace non ventilé, mélange d’eau de javel et d’acide avec dégagement de chlore pour citer les exemples les plus courants. Les produits transvasés dans des contenants alimentaires (bouteilles, verres…) sont sources d’accident tant chez l’enfant que chez l’adulte.
Plus de deux mille appels par an sont en rapport avec une erreur thérapeutique, c’est-à-dire une erreur dans l’administration d’un médicament. Il s’agit principalement d’erreurs de produit et de surdosages. Ces appels sont régulièrement examinés pour dégager d’éventuelles mesures de prévention.
Quelle est la gravité des accidents?
Beaucoup d’accidents sont heureusement bénins et peuvent être soignés à la maison. Pour les appels venant du public, 40% environ nécessitent une intervention médicale, 24% des cas sont renvoyés à un médecin, 16% sont orientés d’emblée vers l’hôpital.
Centre Antipoisons, c/o Hôpital Central de la Base Reine Astrid, rue Bruyn, 1120 Bruxelles. Internet: http://www.poisoncentre.be
D’après la farde de presse du Centre Antipoisons