La protection des jeunes est particulièrement défaillante!
La journée mondiale sans tabac a donné l’occasion à la Coalition nationale contre le tabac de juger sévèrement la politique de la Belgique en la matière.
Huit mois après sa prise de fonction, le bilan du gouvernement fédéral est particulièrement médiocre en ce qui concerne sa politique de lutte contre le tabac. En effet, rien n’est fait pour décourager le tabagisme: la protection des jeunes est minimaliste et les mesures visant à décourager l’usage du tabac sont tout bonnement absentes.
Depuis octobre 2014, le gouvernement et les partis de la coalition au pouvoir n’ont pas augmenté les taxes sur les cigarettes; la taxation du tabac à rouler a trop faiblement augmenté; le débat sur l’adoption du paquet neutre a été refusé par le rejet des audiences au Sénat sur ce sujet et aucune initiative n’a été prise pour décourager l’usage du tabac, maintenant ou pour les années à venir.
Selon la dernière Enquête nationale de santé, 1 Belge sur 4 fume encore. Le nombre de fumeurs a certes diminué pendant une longue période, mais cette tendance n’est plus d’actualité aujourd’hui. Depuis 2008, le nombre de fumeur n’a diminué que de 2%. Cette baisse est plus faible que prévu et nécessite d’engager des efforts supplémentaires dans la lutte contre l’usage du tabac. Le tabagisme des femmes jeunes continue d’augmenter, il s’agit là d’un phénomène émergent.
Par ailleurs, le tabagisme est fortement lié à la situation socio-économique. Ainsi, selon l’enquête, le tabagisme est plutôt une habitude de personnes et de milieux sociaux n’ayant pas bénéficié d’un enseignement supérieur. De ce fait, le tabac crée et renforce les inégalités de santé entre les différents groupes sociaux de notre société.
Les jeunes insuffisamment protégés
Notre pays agit trop peu en vue de protéger les jeunes de la fumée de tabac et de la dépendance au tabac. Du reste, ceux qui veulent résister à la tentation de fumer doivent être particulièrement déterminés. De fait, dans l’enseignement secondaire professionnel, 1 jeune sur 3 fume. De même, en Belgique, les produits du tabac sont relativement bon marché en raison d’une faible politique de prix et de taxation.
Le tabac à rouler est d’ailleurs le moins cher de tous. Accessibles en divers lieux de vente, les cigarettes manufacturées et le tabac à rouler font encore l’objet de publicités, souvent aux côtés de friandises et de magazines. Ainsi, dans notre pays, la publicité pour le tabac est encore et toujours exposée sur des lieux stratégiques: à l’intérieur et à l’extérieur des kiosques à journaux, l’industrie du tabac continue de faire la promotion de ses produits.
Ce qui manque à notre pays c’est une approche cohérente et efficace composée de diverses mesures se renforçant mutuellement. La Belgique est à la traîne par rapport aux mesures positives mises en oeuvre dans les pays voisins.
Cinq mesures pour sauver des vies
Dans le cadre de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai dernier, les organisations membres de la Coalition nationale contre le tabac ont demandé instamment au gouvernement de s’atteler enfin à la lutte contre le tabagisme. En outre, à l’occasion de la transposition de la Directive européenne 2014/40/UE sur les produits du tabac en mai 2016, elles prônent aussi la prise des mesures suivantes:
- Après l’Irlande, la Finlande, la Suède, l’Italie, l’Estonie, Chypre, Malte, l’Islande, la Norvège, la Bulgarie, la Croatie et l’Ukraine: l’interdiction totale de la publicité pour le tabac dans et sur la devanture des points de vente.
- Après l’Islande, la Norvège, l’Irlande, la Finlande, le Royaume-Uni, la Hongrie, la Croatie et l’Ukraine: l’interdiction de présentation des produits du tabac de manière visible dans les points de vente.
- Après l’Australie, l’Irlande, le Royaume-Uni et la France: l’introduction du paquet neutre pour les produits du tabac (à savoir sans logos ou couleurs attrayantes).
- L’augmentation significative du prix du tabac à rouler d’au moins 1€ et du prix des cigarettes manufacturées d’au moins 0,50€ en 2015.
- Après la France, le Royaume-Uni et l’Irlande: l’introduction d’une loi renforçant la protection des enfants en voiture par une interdiction de fumer pendant le transport de ces derniers.
En somme, la Coalition nationale contre le tabac demande de renverser la tendance et de faire de la protection de la santé de tous une priorité.
Chaque année, en Belgique, de 14 à 15 000 personnes meurent des suites du tabagisme. De même, le nombre de femmes victimes du cancer du poumon augmente. En 2011, 6710 personnes sont décédées d’un cancer du poumon en Belgique, dont 4868 hommes et 1842 femmes.
Coalition nationale contre le tabac
La Coalition nationale contre le tabac répond au souhait de l’Europe Contre le Cancer que les coalitions nationales des États membres de l’Union européenne réalisent une stratégie internationale de prévention du tabagisme. Elle a donc comme objectif de traduire une stratégie internationale de prévention du tabagisme au niveau de la situation belge et d’en stimuler la réalisation dans notre pays.
La Coalition est, actuellement, la seule association regroupant des organismes actifs et représentatifs, dans le domaine du tabagisme, des trois communautés linguistiques de notre pays. De la sorte, la Journée mondiale sans tabac annuelle bénéficie d’une visibilité médiatique concertée, cohérente et fédérale.
Les membres de la Coalition nationale contre le tabac sont: Fondation contre le Cancer, Association pharmaceutique belge (APB), Arbeitsgemeinschaft Für Suchtvorbeugung und Lebenbewältigung (ASL), Ligue cardiologique belge, Fonds des Affections Respiratoires (FARES), Kom op tegen Kanker (KOTK), Observatoire de la Santé du Hainaut (OSH), Service d’Étude et de Prévention du Tabagisme (SEPT), Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG), Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie en Ziektepreventie (VIGeZ), Vlaamse Vereniging voor Respiratoire Gezondheidszorg en Tuberculosebestrijding (VRGT).
En 2015, la coalition est présidée par la Fondation contre le Cancer.Adresse: Coalition nationale contre le tabac, chée de Louvain 479, 1030 Bruxelles. Tél.: 02 736 99 99.