Septembre 2001 Dossier

A l’occasion de ‘2001, année de la santé mentale’, une enquête d’opinions a été réalisée sur l’image de la santé et de la maladie mentales, ainsi que de l’offre de soins auprès du grand public. En janvier 2001, 903 personnes de 20 à 70 ans ont été interrogées.
En voici quelques résultats.

Pour rester sain d’esprit, que faut-il faire?

Pour la plupart des répondants (67%), rester sain d’esprit est avant tout une question de volonté, de tournure d’esprit, de discipline, de philosophie de l’existence. Viennent ensuite l’hygiène de vie (56%), les contacts sociaux, les amis (42%), les activités physiques (37%).

Faire appel à des professionnels ou s’en sortir soi-même?

Première réaction, il faut en parler: à son entourage (54%), à son médecin (39%). Cependant, 3% des répondants estiment qu’il est préférable de n’en parler à personne!
Les avis sont partagés: faut-il résoudre seul ou faire appel à des professionnels et cela dépend fort du problème rencontré.
Par exemple, il vaut mieux faire appel à des professionnels dans des situations telles que : être anorexique, battre ses proches, être boulimique, consommer régulièrement de la drogue, être cleptomane, avoir des colères violentes sans pouvoir se contrôler, ne pas pouvoir se passer de sa dose de vin, de bière ou d’alcool chaque jour, être tout le temps agressif avec ses proches, avoir des périodes d’euphorie, suivies de périodes d’abattement complet, avoir des mouvements désordonnés, se laisser complètement aller, ne plus se laver ni se coiffer, être stressé au point de ne plus pouvoir faire ce qu’on doit convenablement.
Pour les personnes interrogées, il vaut mieux résoudre soi-même des problèmes tels que: parler tout seul, être agressif au volant de sa voiture, pleurer pour un oui ou un non, être apathique, sans pouvoir se secouer, ne rien faire de bon, avoir un souci maniaque de propreté, de désinfection, d’hygiène, oublier sans cesse des choses dans la vie quotidienne, ne pas se rappeler où on a mis un objet, ne pas se rappeler ce qu’on doit faire, être tout le temps découragé, ne rien envisager avec optimisme, broyer du noir.

Quels sont les problèmes qui font le plus peur?

Les deux problèmes qui viennent en tête sont la dépression (61%) et l’agressivité, la violence (53%).

Que faire pour éviter qu’un problème ne s’aggrave?

Tout d’abord en parler, rencontrer d’autres personnes, avoir une bonne hygiène de vie (du sommeil, du repos, de l’exercice physique). En parler à son médecin de famille et éventuellement consulter un psychologue, un spécialiste. Prendre des médicaments ne vient que plus tard.

Pourquoi a-t-on des problèmes psychologiques?

Les personnes interrogées citent essentiellement des situations de vie problématiques: des problèmes familiaux tout d’abord (divorce, séparation, disputes conjugales, enfance malheureuse,…), des problèmes d’argent et la solitude ensuite et des problèmes professionnels.
Les causes considérées comme occasionnelles ou rares sont l’hérédité, l’ennui, le manque de volonté, des difficultés d’ordre sexuel.
Les principales conséquences dans la vie quotidienne sont la détérioration des rapports avec le conjoint et la dépression.

Comment réagissent les proches?

Les personnes confrontées à un proche qui a des problèmes psychologiques sont prêtes à l’aider personnellement à surmonter ses difficultés, à l’écouter (81%). Ils sont prêts à le raisonner pour lui faire prendre conscience de ses difficultés et de la nécessité de faire quelque chose (78%), à lui conseiller fortement de voir un médecin (69%) ou à demander eux-mêmes conseil à un médecin pour pouvoir l’aider au mieux (61%).
Seulement 40% des personnes interrogées estiment que dans certains cas, il est important de prendre contact avec un centre spécialisé pour le faire soigner.
Mais face à une personne qui ne fait pas partie de ses proches, les personnes interrogées se sentent démunies: c’est l’incertitude quant au comportement à adopter, la méfiance, la peur. Elles considèrent que c’est l’affaire des professionnels.

Consultons-nous?

63% des personnes interrogées déclarent n’avoir jamais ressenti le besoin de consulter pour un problème psychologique. 26% ont consulté au moins une fois dans leur vie pour un tel problème. 9% déclarent y avoir songé mais y ont renoncé en définitive.

Besoin d’information, toujours!

Près de neuf personnes sur dix estiment que les gens ne sont pas suffisamment informés sur les problèmes psychologiques et mentaux: ni les symptômes, ni les causes, ni les conséquences, ni les thérapies ne sont suffisamment connus. Les thèmes les plus demandés sont la dépression, le stress, les difficultés de l’adolescence et de l’enfance.
Surprenant que la demande d’information porte sur ces thèmes: encore, aurait-on tendance à dire au vu du nombre d’articles paraissant dans les magazines féminins et autres. Cela peut sans doute se comprendre dans la mesure où se sont les problèmes qui font le plus peur et où chacun se sent potentiellement vulnérable. Dans notre société de performance, on arrête pas de dire ou d’entendre «je suis stressé, je suis déprimé». La question de l’information en la matière est plus celle d’une information juste et précise: quels symptômes nécessitent de consulter, quelle prise en charge est conseillée,…
Reste cependant dans cette enquête, une absente, c’est la psychose: peut-être est-ce lié à la formulation des questions qui portaient sur la santé mentale et non la maladie mentale mais il n’en reste pas moins qu’il y a un silence (un tabou) pas facile à vivre pour les proches et les personnes malades.
Il y a encore du travail en promotion de la santé en perspective mais aussi pour des associations telles que SIMILES (voir Education Santé n°154)!

Pour plus de renseignements, Fondation Julie Renson: tél. 02-538 94 76.