Septembre 2004 Locale Wallonie

Le samedi 10 octobre 2003, «Multicité» concentrait une véritable «ville dans la ville», sur la Place d’Armes de Namur. Comme chaque année, cette grand-messe des services et associations à vocation sociale était organisée par la Ville de Namur. Avec, en filigrane, le but de faire sortir toutes ces infrastructures dans la rue, à la rencontre du citoyen.
Parmi le dédale des chapiteaux, la Coordination Sida Assuétudes de la Province de Namur avait, elle aussi, pris ses quartiers. Cette année, c’est une thématique très précise que l’équipe pluridisciplinaire avait voulu aborder: le sujet délicat des relations sexuelles qui concernent notamment les personnes déficientes intellectuelles. Avec, comme le veut la vocation de la Coordination, une prise en compte de la prévention du sida et des maladies sexuellement transmissibles.
De nombreux partenaires avaient collaboré à la mise en œuvre de ce lieu d’accueil. L’Association socialiste de la personne handicapée (ASPH), l’Asbl «Surprise et silence», le Centre de planning familial des Femmes prévoyantes socialistes de Namur, Couvin et Dinant ainsi que les Centres de planning «Willy Peers» et «Le blé en herbe» ont participé au projet.
Autres acteurs essentiels de l’initiative, le Mouvement «Personnes d’abord» et son antenne namuroise étaient de la fête.

L’arbre du dialogue

A mille lieues de la version classique du stand «passif», la Coordination et ses partenaires avaient opté pour une formule plutôt originale. A son entrée dans le chapiteau, le visiteur était invité à cueillir un fruit très particulier sur un arbre symbolique. Il s’agissait d’un message écrit par une personne mentalement déficiente, à propos de sa sexualité, de sa vie affective ou de la parentalité. Après l’avoir lu, le participant avait la possibilité de réagir par écrit, et d’accrocher ce nouveau «fruit» au pommier.
La pomme, tout un symbole: ce fruit contient des pépins, à l’image des difficultés que peuvent rencontrer les personnes intellectuellement déficientes. Mais ces mêmes pépins constituent aussi des germes d’avenir…
On l’aura compris, la philosophie majeure de ce petit parcours était d’instaurer un dialogue entre le public et les personnes concernées. Sur place, plusieurs membres du Mouvement «Personnes d’abord» étaient présentes. Elles ont évoqué sans tabou les réalités du quotidien.
A commencer par Cathy Bonhomme , la sympathique présidente du Mouvement : « Vous savez , l’expérience m’a montré que les gens n’imaginent pas toujours que nous soyons en mesure de nous poser les bonnes questions sur notre sexualité , déclarait-elle. Ils ne conçoivent pas que nous prenions la parole , encore moins que nous gérions notre sexualité nous mêmes , en personnes responsables . Notre but ici comme le reste du temps est d’expliciter notre façon de voir les choses . Fait révélateur : même les parents de personnes déficientes n’imaginent pas que leurs enfants ont une sexualité

Un sujet encore tabou en institutions

Au vu de ces témoignages, une réalité s’imposait: les personnes placées en institution ont difficilement accès à cette démarche d’information et d’ouverture. Dans ce milieu, force est de constater que le sujet reste tabou, car il fait peur. Dès lors, vaut-il mieux occulter les réalités sexuelles vécues par les personnes ou, au contraire, les informer afin de les voir devenir des acteurs responsables? Le Mouvement «Personnes d’abord» penche pour la seconde voie…
Parents, professionnels de l’encadrement des personnes déficientes: tous ces acteurs devraient, au sens du Mouvement, recevoir une information précise sur le sujet.
A côté de cette dimension de rencontre, le chapiteau de la Coordination et de ses partenaires proposait un autre angle de vue, grâce à deux expositions de photographies. L’Asbl «Surprise et silence» proposait de découvrir les images de personnes mentalement déficientes en train de danser lors de l’un des derniers spectacles de l’association. En complément, une personne sourde dévoilait ses clichés, par le biais d’un axe très particulier: le regard porté sur la femme par une personne frappée de surdité. Une autre forme de sensibilité qui, elle aussi, a interpellé le public de passage.
Le stand de Multicité aura certes contribué à casser des idées reçues, tout en permettant aux visiteurs d’ouvrir les yeux sur des réalités sociales méconnues. Outre les témoignages poignants des animateurs, l’infrastructure aura aussi permis d’identifier clairement les personnes et associations ressources en la matière. Sur place, les centres de planning familial ont informé le public soucieux d’en savoir plus.
Coordination sida assuétudes Namur
Adresse: rue Château des Balances 3/13, 5000 Namur. Tél.: 081 721 621. Courriel: sida.toxicomanie@province.namur.be.