Mai 2001 Par C. BACHY M. LALOUX Locale Wallonie

Depuis plusieurs années déjà, la Coordination Sida Assuétudes et l’asbl Namur Entraide Sida développent des actions de prévention du sida à l’attention de la communauté africaine. A l’attention, oui, mais surtout avec et par cette communauté, gage d’une prévention adaptée et mieux entendue.
Un groupe de relais africains s‘est donc mis progressivement en place pour sensibiliser les membres de la communauté à Namur avec ce souci de faire des liens avec les pays d’origine fortement touchés par l’épidémie. Ce groupe comprend des commerçants, des jeunes, des papas, des mamans, etc. Il se réunit régulièrement dans les commerces africains de Namur pour réfléchir à la question du sida, pour s’informer et informer les autres, pour suivre une formation à la prévention par les pairs assurée par l’organisme communautaire Latitudes. Les motivations sont diverses, variables ou communes. Animées au départ par la Coordination Sida Assuétudes, ces réunions sont maintenant prises en charge par deux animateurs africains ayant une expérience de travail dans le domaine social. Ils sont encadrés par notre service.
La Journée mondiale du sida est l’aboutissement du travail effectué par le groupe et la Coordination durant l’année. Après l’organisation de la pièce de théâtre Comme des flèches en 1998, après la rédaction et la diffusion du journal «Sida, si on en parlait. La communauté africaine de Namur brise le tabou» par le groupe de relais en 1999, un concert de musique africaine a été organisé le samedi 27 janvier 2001.
La musique étant un mode de communication fort présent et apprécié dans les communautés africaines, il semblait important de la choisir comme vecteur de messages de prévention. Des relais africains se sont donc inscrits dans le projet, chacun à leur manière, en fonction de leurs motivations et de leurs compétences.

Ambiance et émotion…

Deux groupes de musiciens, constitués d’africains vivant en province de Namur, ont été sollicités pour se produire durant la soirée. Il s’agit de Na musica , groupe d’étudiants qui jouent ensemble depuis quelques années déjà et de Chic Shewa , artiste ayant écrit une chanson sur le sida et qui, à l’occasion du concert, a constitué un groupe de chanteurs et de danseurs. Au total, ils étaient une vingtaine d’artistes à se mobiliser contre le sida.
La soirée a été préparée avec les musiciens et d’autres relais. Un jeune dessinateur rwandais a ainsi réalisé l’affiche du concert. Trois personnes africaines de profil différent (un journaliste ivoirien, une commerçante camerounaise, une jeune fille d’origine congolaise) ont été choisies pour animer la soirée et permettre aux artistes de s’exprimer sur le sida. Il y eut de grands moments d’émotion, notamment lorsque Chic Shewa, avant d’entamer sa chanson sur le sida, confia au public qu’il chantait en souvenir de tous les amis qu’il avait perdus. Des particuliers ont également souhaité apporté leur témoignage durant la soirée.
La promotion de la soirée a été assurée par la Coordination mais surtout par le groupe de relais. Encore une fois, nous avons pu constater que le « bouche à oreille » au sein de la communauté est le meilleur moyen de sensibiliser le public à de telles actions. 550 personnes ont répondu oui au concert. Public mixte, certes, mais composé en grande partie de personnes africaines. Différentes associations étrangères se sont également mobilisées.
Des relais et des bénévoles ont assuré les différentes tâches afférentes à ce type d’organisation. A chaque ticket d’entrée et de boisson était associé la pochette de prévention de Latitudes, comprenant un préservatif et son lubrifiant : près de 2000 pochettes ont été distribuées. Nous avons vu des mères expliquant à leurs enfants ce que contenait la pochette. Quelques rares personnes seulement ont refusé de l’emporter.

…sans oublier prévention et solidarité

Si le premier objectif de la soirée était la sensibilisation à la prévention du sida et des maladies sexuellement transmissibles, le second, tout aussi important, concernait la solidarité avec les personnes contaminées par le virus du sida. Afin d’assurer une continuité de l’action en Afrique, nous avions choisi, en accord avec le groupe de relais, de soutenir l’association ALPI + de Kinshasa. Cette association, fondée par Maman Aline, elle-même séropositive, rassemble actuellement 1500 veuves séropositives. Elément nouveau, quelques hommes commencent à les rejoindre dans leurs actions. Ces personnes organisent la prise en charge psycho-médico-sociale des personnes contaminées. Elles travaillent en collaboration avec les structures médicales existantes. Elles développent également des campagnes de sensibilisation dans les écoles, sur les marchés,…
Quand on connaît l’énorme tabou régnant encore autour de cette maladie en Afrique, on peut dire que le travail réalisé par ALPI + est tout à fait remarquable et exceptionnel, d’autant que cette initiative a été imaginée et est gérée par des Africains qui ont décidé de se prendre en charge. Soutenir une telle association nous paraissait fondamental. Nous pensons en effet que ce sont des projets à long terme de ce type qui pourront faire changer les mentalités.
Pratiquement, la contribution de l’asbl Namur Entraide Sida et les dons reçus (de la Députation permanente de la Province de Namur, de commerçants africains, du Service Club Inner Wheel Namur Confluent et de l’Association des ressortissants congolais de Namur) ont permis de récolter un fonds de soutien pour ALPI +.
Enfin, afin d’assurer un suivi du projet, une équipe d’élèves en section « audiovisuel » encadrés par leurs professeurs ont filmé le concert. Un vidéogramme sera réalisé et utilisé ultérieurement comme outil de prévention.
Déjà les relais africains en prévention sida veulent organiser une prochaine manifestation pour continuer la sensibilisation du plus grand nombre. Le train est bien parti et roule vers d’autres horizons…Catherine Bachy et Michel Laloux , Coordination Sida Assuétudes
Adresse des auteurs: rue Château des Balances,3, bte 13, 5000 Namur, tél.: 081-721 621, e-mail: sida.toxicomanie@province.namur.be