Le 6 mars, dernier, le Unilever Health Institute Belgium organisait à Wolubilis un symposium au titre appétissant: promouvoir des comportements sains, quels challenges à relever?
En une demi-journée, les organisateurs entendaient sensibiliser un public de professionnels et d’étudiants sur trois sujets: un état des lieux des facteurs de risque des maladies non contagieuses, les environnements favorables au changement au niveau collectif et les changements d’habitudes individuels.
Passons sur l’intervention absurde de la représentante de la firme Unilever elle-même, qui cita triomphalement des chiffres astronomiques de diminution de sucre, sel, acides gras trans et graisses saturées dans les produits maison: sans éléments de comparaison, cela ne veut strictement rien dire!
Nous retiendrons plutôt de cette matinée l’intervention très vivante de Caroline Bollars , une Belge qui travaille à l’OMS Europe, et qui souligna avec verve le poids des déterminants sociaux, économiques et culturels sur la bonne ou mauvaise santé, tout en se félicitant du grand nombre de pays européens qui, comme le nôtre, ont mis en place des plans nationaux nutrition et santé.
Autre présentation intéressante, celle de Chris Moris , le directeur de la Fédération de l’Industrie Alimentaire, qui fit un plaidoyer intelligent en faveur de l’engagement du secteur: appui à tous ses membres sensibles à leur responsabilité en la matière, et pas uniquement à l’écoute des poids lourds du secteur, comme Unilever, Nestlé ou Danone; mise en place et évaluation d’une charte d’engagement; amélioration de l’étiquetage, informations plus claires qu’avant sur les repères nutritionnels journaliers; progression du nombre des firmes qui reformulent au moins un de leurs produits dans le ‘bon’ sens (ce n’est pas énorme, mais c’est déjà mieux que rien!); activité du Fonds FEVIA géré par la Fondation Roi Baudouin; projet ‘Happy Body’…
Le professeur émérite Vinck pour sa part, spécialiste des changements de comportements, a fait quelques rappels utiles à ceux qui croient encore aujourd’hui (et il y en a!) aux vertus du ‘health belief model’, dont on sait pourtant qu’il est largement à côté de la plaque. Il s’est aussi livré à une analyse rapide des décisions du jury FEVIA, qui indique que plus de la moitié des projets ‘éducatifs’ concernant les habitudes alimentaires n’ont tout simplement pas le niveau.
L’amateur de bande dessinée aura aussi apprécié l’allusion réjouissante du Dr Patrice Gross (ça ne s’invente pas!), à une planche d’Achille Talon pour expliquer la notion de ‘restriction cognitive’ (1) qui fait échouer tant de tentatives d’amaigrissement.
Bref, une matinée variée à défaut d’être très innovante…
Christian De Bock (1) Ensemble des comportements alimentaires, des croyances, des interprétations et des cognitions concernant la nourriture et la façon de se nourrir, découlant d’une intention de maîtriser son poids par le contrôle mental du comportement alimentaire (d’après Apfeldorfer et Zermatti, 2009).