Un appel à l’action de l’Union internationale de promotion de la santé et d’éducation pour la santé (UIPES), et du Réseau francophone international de promotion de la santé (RÉFIPS)
« On sait que les maladies non – transmissibles sont la résultante de facteurs de risque , de causes , et de causes de ces causes , associés , qui surviennent dans des contextes sociaux extrêmement variés et compliqués à comprendre . Elles présentent un ensemble de caractéristiques que le champ de la promotion de la santé a depuis longtemps identifiées , comprises et essayé d’aborder , avec peu de ressources , des moyens limités et peu de soutien de la part des autorités gouvernementales et des agences internationales , partout dans le monde .» (Mc Queen, 2011) (1)
Pour faire face à la crise mondiale des maladies non-transmissibles, l’UIPES et le RéFIPS demandent
1. Un rôle élargi et renforcé de la promotion de la santé.
Une approche globale de promotion de la santé comprend des actions qui visent à renforcer les compétences et capacités des individus à améliorer leur santé à côté d’actions visant à changer les conditions économiques, environnementales et sociales qui ont un impact sur la santé. Cela est particulièrement important dans les pays à faible et moyen revenu où la promotion de la santé peut contribuer à la fois à améliorer la santé mais aussi le développement durable, l’équité et la justice sociale. Cela est valable bien sûr dans les pays à haut revenu où le fossé des inégalités est en train de s’élargir.
2. Des actions coordonnées ayant un impact sur les déterminants de l’épidémie des maladies non-transmissibles dans toutes les populations.
Toutes les stratégies de lutte contre les maladies non-transmissibles, pour être efficaces, doivent aller au-delà des approches par les modes de vie et aborder les déterminants comme l’éducation, l’emploi, le logement, le revenu, l’accès aux soins, et le manque d’accès à des approches de promotion de la santé qui ont fait la preuve de leur efficacité. Nous demandons que des actions sur les leviers structurels de la répartition inéquitable du pouvoir, de l’argent et des ressources, et des droits humains, et en soutien aux Objectifs du Millénaire pour le Développement, soient mises en place.
3. Des systèmes de santé qui redirigent les ressources en faveur de la promotion de la santé et de la prévention des maladies non-transmissibles et fassent de la promotion de la santé une priorité et une fonction essentielle des départements ou ministères de la santé.
La promotion de la santé a besoin pour se développer d’un financement explicite et solide. Dans cet engagement, les systèmes de santé doivent investir dans la recherche sur les preuves de l’efficacité et du coût-efficacité des politiques et interventions de promotion de la santé, et faciliter l’émergence d’un nouveau paradigme qui conjugue et articule recherche-politique-pratique permettant l’échange et l’application des connaissances.
4. Un engagement accru avec les secteurs qui ne font pas directement partie du champ de la santé et avec lesquels on pourrait beaucoup mieux faire avancer des politiques économiques, sociales et environnementales comme solutions aux maladies non-transmissibles.
« Le système de santé hérite des problèmes résultant de l’épidémie des maladies chroniques et doit les traiter. Cela étant, il n’a pas les moyens d’aborder les causes de ces problèmes car les réponses ne sont pas d’ordre médical ou clinique mais d’ordre social et environnemental.» (Kickbush, 2010) (2)
5. Un investissement accru dans la formation de ressources humaines en promotion de la santé, placées à des postes importants et dotées de compétences essentielles pour mettre en œuvre les connaissances, les politiques et les pratiques dont on dispose actuellement.
L’UIPES a développé un consensus autour des domaines de compétences essentielles en promotion de la santé. Ces compétences doivent façonner une offre accrue de spécialistes en promotion de la santé.
6. La prise en considération de trois domaines essentiels, à savoir la nutrition, l’activité physique et le contrôle du tabac et un accord sur des indicateurs solides dans ces trois domaines. Une véritable action de promotion de la santé sur la nutrition, l’activité physique et le contrôle du tabac peut avoir un énorme impact sur la réduction du fardeau des maladies non-transmissibles dans l’ensemble de la population.
L’UIPES et le RéFIPS reconnaissent que la réduction des maladies non-transmissibles demande de se concentrer sur plusieurs domaines. Cela comprend le contrôle du tabac, l’amélioration de l’approvisionnement et du système alimentaires, des environnements favorables à l’activité physique, la réduction de l’abus d’alcool, et la distribution de technologies et de médicaments essentiels à un coût abordable. Toutes ces composantes sont importantes, mais si les principaux facteurs de risque (tabac, sédentarité, mauvaise alimentation) étaient éliminés, une large proportion des maladies cardiaques, des accidents vasculaires, des diabètes de type 2 et des cancers pourraient être prévenus, ce qui permettrait de sauver des millions de personnes d’une mort prématurée.
7. Que l’on se focalise sur l’équité entre les pays et à l’intérieur même de ceux-ci et que l’on fasse tout particulièrement attention aux besoins des groupes défavorisés.
Les facteurs de risque s’accumulent dans les populations et communautés défavorisées, et ce sont souvent les personnes de ces communautés qui ont le plus mauvais accès aux services de santé, aux environnements favorables à la santé et aux programmes de promotion de la santé.
L’UIPES et le RéFIPS sont particulièrement intéressés à relever avec succès le défi et la problématique complexe des maladies non-transmissibles et désirent vivement soutenir le rôle important de la promotion de la santé à l’échelle mondiale pour changer l’environnement actuel de sorte qu’il soit favorable à la prévention de ces maladies. Ils ont un rôle et une responsabilité importants pour conseiller et influencer des résultats. Ces deux organisations ont un réseau et des groupes de travail spécifiques d’experts et d’institutions reconnus, et une forte présence dans toutes les régions du monde. Elles sont désireuses et capables d’apporter leur contribution et une solide expérience et expertise unique en promotion de la santé, et de jouer un rôle essentiel en apportant des conseils sur l’efficacité de la promotion de la santé et en mobilisant leurs membres pour mettre en œuvre une stratégie de lutte contre les maladies non-transmissibles. (1) McQueen D. (2011) Un défi pour la promotion de la santé. Global Health Promotion, 18
(2) Kickbush I.(2010) L’intégration de la santé dans toutes les politiques: Adelaïde 2010, Ministère de la Santé d’Australie méridionale