Région Europe, le 08 décembre 2021 – Une nouvelle publication de l’OMS indique que seulement 14 États membres de la Région européenne de l’OMS interdisent le marketing de l’alcool sur Internet et sur les plateformes des médias sociaux. Ce rapport, « Digital marketing of alcohol: challenges and policy options for better health in the WHO European Region » [Marketing numérique de l’alcool : problématiques et options stratégiques pour une meilleure santé dans la Région européenne de l’OMS], décrit l’écosystème numérique en évolution employé pour la promotion de la consommation d’alcool, et souligne les risques sanitaires qui y sont associés.
La Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant proclame le droit à la santé. Ce nouveau rapport indique clairement que pour respecter ce droit, il faut notamment protéger les enfants contre l’invasion non sollicitée de leurs espaces sociaux numériques par des sociétés qui font la promotion de la consommation d’alcool, normalisent une culture de la boisson dès un très jeune âge, ce qui les expose à des risques.
La publication présente une série d’options stratégiques pour examen. Elle souligne la nécessité d’une stratégie globale et complète, avec des dispositions juridiques suffisamment strictes pour assurer la protection non seulement des enfants, mais aussi de toutes les personnes qui risquent de présenter des troubles liés à l’usage de substances psychoactives, quel que soit le lieu d’implantation des entreprises et l’endroit où l’on accède au contenu.
Habitudes de consommation d’alcool et marketing numérique
Dans toute la Région, beaucoup de personnes, surtout des enfants et des jeunes, passent de plus en plus de temps libre sur les espaces en ligne/numériques, une tendance accélérée par la COVID-19. Les nouvelles technologies présentent des avantages, mais aussi de nouveaux risques, dont une exposition à un marketing pour l’alcool. Nous savons que cette exposition peut entraîner une consommation précoce d’alcool, et induire de dangereuses habitudes.
Selon les prévisions, le montant total des dépenses consacrées à la publicité numérique devrait atteindre 600 milliards d’USD en 2025, ce qui représente 60 % des dépenses totales pour la publicité, et les dépenses pour la publicité mobile devraient s’élever à 360 milliards d’USD.
Des 6 Régions de l’OMS, la Région européenne est celle qui enregistre la consommation d’alcool totale la plus importante, à l’origine d’environ 1 million de décès par an. Proportionnellement, les dommages causés par l’alcool chez les groupes d’âge jeunes sont plus conséquents, puisque l’alcool provoque 1 décès sur 4 chez les personnes âgées de 20 à 24 ans.
Selon un nouveau rapport de l’OMS, moins de la moitié des États membres européens ont indiqué s’ils interdisent le marketing de l’alcool sur Internet, et plus précisément sur les plateformes des médias sociaux. Seulement 14 d’entre eux ont déclaré avoir introduit ce type d’interdiction.
Tout comme c’est le cas avec le tabac, il faut une stratégie globale et complète pour limiter le marketing numérique de l’alcool.
La grande majorité des publicités pour l’alcool en ligne sont cachées
Les enfants et les jeunes, surtout, sont susceptibles de voir leurs espaces sociaux envahis par une communication faisant la promotion de la consommation d’alcool, présentant celle-ci comme normale dans tous les contextes sociaux et la mettant en lien avec le développement d’une identité adulte.
« Dans toute la Région européenne de l’OMS, les politiques actuelles ne suffisent pas pour protéger la population contre les nouveaux formats du marketing de l’alcool », explique le docteur Carina Ferreira-Borges, directrice par intérim de la division Maladies non transmissibles et cheffe du programme Alcool et drogues illicites à l’OMS/Europe.
« Lorsqu’il y a des systèmes de vérification de l’âge, ils sont généralement inadéquats pour protéger les mineurs d’une exposition au marketing de l’alcool. Le fait que la plus grande part de la publicité pour l’alcool en ligne est cachée, dans le sens où elle n’est visible que pour le consommateur auquel elle est destinée, est une difficulté pour les décideurs, et requiert donc de nouveaux mécanismes et une nouvelle stratégie. »
Comment améliorer les politiques des pays
Imposer des restrictions au marketing de l’alcool est recommandé par l’OMS comme l’un des « meilleurs achats », c’est-à-dire une politique efficace et rentable pour faire reculer la consommation d’alcool et limiter les dommages provoqués.
Le nouveau rapport de l’OMS, établi avec le soutien du gouvernement néerlandais, précise clairement que la protection contre une exploitation de la vie sociale en ligne est essentielle dans ce contexte. Il avance un certain nombre d’options stratégiques, notamment :
- des systèmes de vérification de l’âge pour accéder aux plateformes numériques ;
- un signalement bien apparent des publicités dans les posts des médias sociaux ;
- le recours à des méthodes basées sur des algorithmes pour les noms de marques en rapport avec l’alcool, afin de bloquer l’accès ;
- des sanctions, rigoureusement appliquées, contre les activités inappropriées.
Libérer la Région des dommages dus à l’alcool
Le Conseil consultatif du directeur régional de l’OMS pour l’Europe sur l’innovation pour les maladies non transmissibles a l’intention d’inspirer des mesures visant la mise en œuvre de l’actuel Plan d’action pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles dans la Région européenne de l’OMS 2016-2025, dans le but d’atteindre des résultats concrets pour 2025.
Ce Conseil a adopté une initiative distinctive afin de donner la priorité aux mesures qui protégeront les enfants et les jeunes gens d’une exposition à des produits mauvais pour la santé, dont l’alcool, dans des contextes numériques.
Tout ceci dans le cadre du Programme de travail européen 2020-2025 – « Une unité d’action pour une meilleure santé en Europe » et son initiative phare « Autonomisation par la santé numérique ».
Notre vision est celle d’une Région européenne de l’OMS où chacun a les moyens d’être en meilleure santé et dispose de toutes les chances de mener une vie épanouissante, en échappant aux ravages de l’alcool.