Novembre 2018 Par A-M VANSNICK C DR. MASSOT Observatoire de la Santé du Hainaut Données

Enquête sur l’activité physique et la sédentarité des jeunes du Hainaut

En mai dernier, l’Observatoire de la Santé du Hainaut (OSH) a dévoilé les résultats d’une enquête menée en 2012-2014 sur l’activité physique et la sédentarité des jeunes. Cette enquête a été réalisée auprès de1 669 jeunes de l’enseignement primaire et secondaire « Regard sur la santé des jeunes – Santé en Hainaut n°13 ». Elle analyse les évolutions dans le temps et propose des pistes de réflexion et des outils de promotion de la santé à ce sujet.

L’enquête en quelques mots…

L’activité physique contribue à l’état de santé général et au bien-être physique, mental et social des individus (OMS, 2013)Note bas de page. Elle intervient dans la lutte contre les maladies chroniques (diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, cancers…). En parallèle, la sédentarité a un effet délétère sur la santé que ne contrebalancent pas totalement les bienfaits d’une éventuelle activité physique. Il s’agit là d’un enjeu majeur de santé publique pour les années à venir. Le manque d’activité physique et de trop longues périodes de sédentarité représentent une des premières causes de maladie et de handicap dans les pays occidentaux.L’enquête a été menée en collaboration avec le réseau des Centres de Santé Scolaire Vigies (CSSV). Celui-ci est composé de services de Promotion de la Santé à l’école (PSE). Cette dernière décrit la situation tant au niveau de l’école que dans les temps extrascolaires (au foyer ou en dehors).Divers facteurs sont analysés : l’influence de l’entourage ainsi que le lien avec l’environnement physique (infrastructures scolaires, équipements sportifs, aménagements favorisant ou non les déplacements actifs à pied ou à vélo).Dans le cadre de cette enquête, l’OSH a organisé des tests d’aptitude physique inspirés de ceux utilisés par l’Administration de l’Éducation Physique et des Sports (ADEPS) (Heyters, Marique, 2013)Note bas de page. Ces tests auprès d’Hainuyers de 15 à 17 ans ont aidé à évaluer leurs capacités physiques. Ils ont aussi mis en lumière l’ensemble des facteurs influençant les aptitudes physiques de ces jeunes.L’étude a permis de constater que, globalement, les jeunes pratiquent trop peu d’activité physique et accumulent de longues périodes de sédentarité (longues heures en position assise devant les écrans…).L’étude met en avant les liens entre les inégalités sociales de santé en matière de pratique de l’activité physique (et d’accès aux infrastructures sportives) et la santé des jeunes Hainuyers. En effet, lorsque la situation socio-économique dans laquelle les jeunes évoluent est relativement défavorable, alors les jeunes tendent à avoir des comportements davantage sédentaires et néfastes pour leur santé (tabagisme…).Face à ces constats, la littérature et des éléments de l’enquête proposent des pistes d’actions qui peuvent améliorer la situation, à la fois économiquement et en termes de santé de la population.

Comment intervenir ?

Afin de mener des actions de promotion de l’activité physique efficace et inclusive, cinq pistes d’action ont été développées par l’OSH. L’objectif est d’encourager décideurs, professionnels, citoyens à agir pour promouvoir l’activité physique des jeunes et lutter contre la sédentarité.L’étude souligne que le niveau d’activité physique reste faible pour la plupart des jeunes malgré une légère amélioration chez les filles. En effet, un jeune sur 5 (21 %) déclare n’avoir effectué aucune séance d’activité physique d’au moins 30 minutes d’affilée la semaine précédant l’enquête. Pourtant, en 2014, 51 % des jeunes signalent faire partie d’un club sportif.Cependant, cette proportion diminue avec l’âge. Un certain nombre d’adolescents abandonnent leur sport favori parce que l’activité de leur club est trop orientée vers la compétition. L’étude a également mis en relation l’importance de la présence de clubs sportifs partenaires de l’école. De fait, les élèves sont plus actifs lorsque leur école partage ses infrastructures avec des clubs. Pour maintenir ces jeunes physiquement actifs, il est important de repenser l’offre sportive et ses finalités : développer le sport pour tous dès le plus jeune âge plutôt que favoriser l’émergence d’une élite prestigieuse, mais minoritaire. L’ensemble des parties prenantes (école, clubs, parents, professionnels de la santé…) peuvent œuvrer collectivement à la réorientation des services et à la création d’actions collectives en faveur de l’activité physique.L’étude a également permis de souligner le rôle déterminant de l’entourage immédiat des jeunes dans leur niveau d’activité physique et de sédentarité. La pratique d’activité physique augmente avec les encouragements qu’ils reçoivent de leurs parents et a fortiori la pratique sportive de ces derniers. Les encouragements du médecin généraliste y contribuent également. Les jeunes sont également plus actifs en dehors de l’école lorsqu’ils sont entourés d’amis. Dès lors utiliser leur environnement immédiat (parents, médecins, professionnels de la santé, amis…) représente un levier d’action pour intervenir. C’est en développant des environnements favorables (espaces publics des villes et communes, écoles et infrastructures) à l’activité physique et en les rendant plus accessibles que les enfants et les adolescents amélioreront leur comportement de santé.L’attrait pour le cours d’éducation physique dispensé dans les écoles est en lien avec le niveau d’activité physique. En effet, les jeunes pour qui ce cours est exercé avec plaisir se montrent plus actifs en dehors de l’école. Or, un certain nombre d’écoles ne disposent pas d’infrastructures adéquates pour le cours d’éducation physique. En effet, 19 écoles secondaires sur 34 interrogées se plaignent de ne pas avoir suffisamment de salles pour organiser leurs cours. Améliorer l’infrastructure, rendre ce cours plus attrayant et lutter contre les dispenses trop fréquentes sont d’autres voies pour favoriser l’activité physique. Les élèves fréquentant l’enseignement de qualification se trouvent fréquemment dans une situation moins favorable et il importe que des efforts plus importants soient consentis dans ces écoles.Pour aller à l’école, les jeunes sont peu actifs. Moins d’un enfant sur 4 (23 %) de 11 ans se rend à pied et/ou à vélo à l’école et cette proportion diminue à 11 % chez les adolescents de 13 ans et à 14 % chez les 16 ans. L’aménagement du territoire incite aux déplacements actifs dans un cadre sécurisé et accessibles à tout un chacun.ImageParallèlement, le temps de loisirs sédentaires passé face aux écrans (de télévision, d’ordinateur, de console de jeux ou de téléphone…) continue d’augmenter. Entre 2004 et 2014, alors que le temps passé devant la télévision est resté relativement stable, la proportion de jeunes tous âges confondus qui consacrent quotidiennement 4 heures et plus à l’ordinateur ou la console de jeux les jours sans école a augmenté. Ces proportions passent de 15 % à 27 % pour les 11 ans et de 30 % à environ 55 % pour les 13 et 16 ans. Pas moins de 86 % des 11 ans et 98 % des 13 et 16 ans surfent sur internet, majoritairement, pour des activités audiovisuelles (vidéos, musique…) ou les réseaux sociaux (Facebook, Snapchat, Instagram…). Seuls 66 % des jeunes sont informés par leurs parents des dangers d’internet et 45 % déclarent que leurs parents s’intéressent à leurs activités sur le net. Dès lors, il convient de sensibiliser les jeunes et leur entourage (familles, amis…) aux effets néfastes des loisirs sédentaires tout en promouvant les activités sportives ou physiques.Globalement, un niveau d’activité physique ou sportive élevé est associé à des comportements favorables à la santé : un régime alimentaire équilibré, une absence de consommation de tabac chez les aînés, un sommeil suffisant et réparateur. Les jeunes plus sédentaires (avec un niveau d’activité physique ou sportive plus faible) ont quant à eux un régime alimentaire moins équilibré, s’orientent plus facilement vers des consommations plus ou moins régulières de tabac ou d’alcool mais souffrent également d’une insuffisance de sommeil.Enfin, l’enquête montre que les inégalités sociales de santé sont des obstacles à l’activité physique en général. Plus leur situation socio-économique est défavorable, plus leur niveau d’activité physique diminue et plus leur sédentarité augmente. La lutte contre les inégalités sociales est un élément important pour améliorer la santé des populations.

Que retenir ?

À l’issue de cette étude, il apparaît que le niveau d’activité physique reste faible chez les plupart des jeunes malgré une légère amélioration chez les filles. Parallèlement, le temps de loisirs sédentaires passé devant les écrans (de télévision, d’ordinateur, de console de jeux ou de téléphone…) continue d’augmenter.La santé des jeunes est une responsabilité collective et pas seulement une responsabilité individuelle. Il est possible à tout niveau de contribuer à son amélioration générale.Le niveau bas d’activité physique et la sédentarité croissante représentent un défi majeur pour la société actuelle, mais les moyens d’intervention existent et doivent inciter à passer à l’action.

Retrouvez les résultats de l’enquête dans une synthèse et une version intégrale sur notre site http://observatoiresante.hainaut.be

Organisation mondiale de la Santé (OMS). La sédentarité : un problème de santé publique mondial. OMS. 2013.

Heyters C, Marique T. Le Baromètre de la condition physique des jeunes de 2 à 18 ans. Avec la collaboration de Université libre de Bruxelles – Université catholique de Louvain. ADEPS – Fédération Wallonie-Bruxelles. Direction générale du sport, éd. 2013. Consultable sur : http://www.sport-adeps.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash= 540858e3ed4822e093a3433ded608e4771d51bd8&file=fileadmin/sites/adeps/upload/adeps_ super_editor/adeps_editor/images/articles/Amelie/Barometre_de_la_condition_ physique_2013.pdf