Septembre 2003 Tribune

Voici la lettre que M.Lafontaine de Herstal, nous a adressée le 10 juin dernier.
Je réagis à votre publication (ES de juin, n°180) concernant le tabagisme.
Esclave de ce fléau pendant une bonne vingtaine d’années, je m’en suis libéré vers la cinquantaine.
Fonctionnaire au Fonds des maladies professionnelles, j’ai été notamment chargé du dépouillement des revues médicales et particulièrement bien placé pour constater que le tabac était mis en cause non seulement pour le cancer du poumon mais pour bien d’autres maladies telles que l’infarctus du myocarde, les malformations congénitales, etc.
Plus tard, j’ai été affecté au service juridique traitant des procédures intentées par les veuves de malades silicotiques dont le Fonds refusait l’indemnisation au motif que le décès n’était pas dû à la mine mais bien au tabagisme des victimes.
La plupart de ces décisions de rejet étaient confirmées par les tribunaux et cours du travail.
Ajoutons que bon nombre d’ouvriers roulent leurs cigarettes avec des doigts souillés de métaux lourds. Autre aspect du problème, l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Je pense surtout à ces salles sportives ou paroissiales ou, au retour de funérailles d’un grand-père mort d’une longue et pénible maladie, on allaite les bébés entre deux Marlboro!
La meilleure excuse est que les responsables de ces locaux n’apposent pas le signal prévu par l’A.R. de 1990. Il est vrai qu’à ce propos, il n’est fait aucune mention d’obligation ni de sanction et que le contrôle est pratiquement nul.
On n’a jamais fumé dans les églises, les grands magasins ou les cinémas mais on continue à le faire dans les cafés, les salons de coiffure et même les pharmacies!
Enfin, si l’on compare toujours les recettes fiscales au coût des soins de santé, on ne dit pas assez que le gros impact financier du tabagisme est le non-payement des pensions à tous ceux qui ont été assassinés à la nouvelle arme blanche avant même d’avoir atteint l’âge de la retraite et s’il y a peu de fumeurs parmi les plus de septante ans, c’est que la plupart n’ont jamais fumé ou ont arrêté à temps!
On ne résoudra rien à coups d’interdictions ou de sanctions. Je ne combats pas les fumeurs, je les plains mais je voudrais surtout leur faire partager le bonheur qu’on éprouve quand on apprécie à nouveau la saveur d’un fruit, le parfum d’une fleur ou le plaisir d’embrasser un enfant sans qu’il vous repousse en disant ‘tu pues!’.
A l’approche des 80 ans, le témoignage d’un rescapé peut être utile…