Septembre 2006 Par Christian DE BOCK Tribune

Depuis longtemps, de nombreuses compagnies d’assurances pratiquent des tarifs d’assurance-vie différents selon que leurs clients fument ou non.
Récemment, en France, deux assureurs ont été plus loin en favorisant les clients qui consomment des produits alimentaires baissant le taux de cholestérol (1).
Chez nous, un assureur diminue depuis quelques mois la prime de ceux de ses clients dont l’indice de masse corporelle est situé entre 19 et 25.
La firme fait montre d’une logique inattaquable: accorder le juste tarif pour le juste risque, segmenter le marché pour donner un avantage aux ‘bons risques’ et faire payer plus cher les ‘mauvais risques’.
Rien de plus normal dans une société d’individus irresponsables de leur consommation frénétique, mais très responsables de leur bonne ou mauvaise santé (2).
Ce qui me chiffonne un peu ici, c’est la frilosité de ces firmes, qui auraient intérêt à pousser cette logique bien plus loin.
Exclure les personnes jugées trop vieilles en augmentant leurs primes de façon à les faire renoncer à leur couverture vie, ok, c’est banal.
Ne pas fumer, c’est bien; consommer des ‘yaourts aux stérols’ chers et remboursés par la mutuelle (pardon, je veux dire par l’assureur privé), c’est bien aussi; pénaliser les ‘gros pleins de soupe’ (et de choses moins recommandables), ce n’est pas mal non plus, mais il y a moyen de faire mieux.
Faire payer aux hommes des primes plus élevées qu’aux femmes, c’est de bonne guerre, mais franchement insuffisant. Pourquoi ne pas réserver les polices exclusivement aux femmes, on écarte ainsi d’un seul coup environ 50% de moins bons risques!
En écartant d’abord les hommes, puis les femmes trop âgées, les femmes qui fument, les femmes trop rondes, ou celles qui ont eu des enfants, ou celles qui n’en ont pas eus, on obtient le résultat parfait: des conditions d’affiliation qui excluent 100% des clients potentiels. Plus le moindre sinistre à provisionner!
Vous me direz qu’en contrepartie, il n’y aura plus non plus la moindre prime à encaisser, mais c’est un détail mesquin comparé au vertige d’avoir atteint le risque zéro grâce à une saine utilisation du principe de précaution.
Génial, non?
Christian De Bock
Si vous voulez prendre la parole à cette tribune, adressez-moi vos propositions (2500 signes maximum) à christian.debock@mc.be. (1) En croyant à l’hypothèse non prouvée qu’une baisse modeste du taux de cholestérol a un effet positif sur le risque cardio-vasculaire. Une mutualité belge vient de leur emboîter le pas en août 2006: rassurez-vous, ce n’est ni la chrétienne, ni la socialiste!
(2) Voir l’essai de Christian Léonard, ‘Croissance contre santé’ , présenté dans le numéro 212.