Un accord de coopération dit de ‘synergies statistiques’ a été conclu entre les acteurs produisant des analyses sur les compétences de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un premier cahier thématique vient de sortir, fruit d’une étroite collaboration entre l’Observatoire wallon de la Santé et la Direction générale de la Santé du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce travail a été réalisé par l’École de Santé publique de l’ULB. En voici un bref résumé.
Indicateurs de résultat, facteurs de risque et taux de couverture des politiques menées
Ce tableau de bord aborde la problématique de la santé des enfants en Wallonie et dans la Fédération Wallonie-Bruxelles à travers l’analyse de 19 thématiques. Celles-ci dressent un état des lieux de la situation à partir d’indicateurs de résultat (effets sur la santé), de facteurs de risque et de taux de couverture des politiques menées.
La grande majorité de ces thématiques se fonde ainsi sur la détection dans la population globale des pathologies et/ou atteintes à certaines dimensions de la santé de l’enfant : prématurité et autres indicateurs autour de la naissance (thématique 1), obésité et surpoids (5), dépistage de la surdité néonatale (10), dépistages visuels (11), dépistage des maladies métaboliques et congénitales (12), polycaries et indices CAO pour la santé bucco-dentaire (13), bien-être (15), maltraitance (16), cancers (17), handicap (18) et mortalité (19). Il est notable de constater que parmi ces indicateurs «de résultat», seul l’un d’entre eux, le bien-être, porte sur une mesure positive de l’état de santé des enfants.
D’autre part, le caractère profondément sectorialisé des politiques menées et des acteurs de la santé, correspondant le plus souvent à l’organisation en spécialités médicales, ne facilite guère l’émergence de tels indicateurs visant une approche globale de la santé.
D’autres thématiques sont centrées sur des facteurs de risque pour la santé des enfants. Certains de ces facteurs ont trait aux pratiques susceptibles d’influencer la santé des enfants : alimentation (2), alcool et tabac (3), activité physique (4), usage des multimédias (6). Ce rapport est également l’occasion d’insister sur l’importance de données contextuelles telles que l’environnement familial (8) et l’environnement physique, socio-économique dans lequel évoluent les enfants (7), qui sont des déterminants importants pouvant générer des inégalités de santé et qui pourraient être considérés comme des marqueurs de l’efficacité des politiques menées.
Enfin, certaines thématiques mobilisent des indicateurs évaluant les politiques menées, lesquelles sont le plus souvent estimées à l’aune du taux de couverture des actions de sensibilisation et/ou de détection entreprises : accueil de l’enfant (9), dépistage de la surdité (10) et dépistage visuel (11), contacts avec un dentiste au cours des 5 dernières années (12), vaccination (14).
Compte tenu du caractère multifactoriel de ces problématiques, il est en effet malaisé d’établir un lien direct entre ces politiques (et a fortiori de discriminer leurs effets respectifs) et certains indicateurs de résultat tels que la diminution de près de 50% en 10 ans de la mortalité pour les classes d’âge supérieures à 5 ans.
Les comparaisons internationales comportent des limites importantes (disponibilité et variété des indicateurs et définitions, échelles de comparaison, méthodes de récolte des données, etc.) et il faut donc les considérer avec précaution. Nonobstant ces réserves, au regard des éléments de comparaison recueillis, la Belgique francophone se positionne plutôt honorablement sur certains aspects comme dans le chapitre de l’alimentation (consommation de fruits et de légumes). Pour d’autres, comme les données de surpoids par exemple, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Wallonie occupent une position proche de la moyenne des pays voisins. En matière d’activité physique quotidienne des progrès sont encore à réaliser et appellent sans doute à une attention particulière des acteurs concernés. Certains indicateurs placent la Fédération Wallonie-Bruxelles dans une position intermédiaire dans un gradient nord-sud : le taux d’allaitement maternel par exemple en Fédération Wallonie-Bruxelles est meilleur qu’en France mais moins bon que dans les pays nordiques.
Variété des acteurs, des types et des degrés de synergie rencontrés
La santé des enfants mobilise un grand nombre et une grande variété d’acteurs à des titres et degrés divers. L’action publique en la matière implique en effet selon les thématiques des administrations publiques (INAMI, ADEPS, Bruxelles Environnement, SAJ et SPJ, etc.), des agences parapubliques (ONE, APAQ-W, AWIPH), des mutuelles, des organisations du secteur associatif, des écoles, des CPMS et SPSE, des hôpitaux) et/ou des professionnels indépendants de la santé et de l’intervention médicosociale (pédiatres, etc.).
Les interventions des agences et acteurs «privés» sont fortement sectorialisées et encadrées par les pouvoirs publics qui leur ont délégué historiquement des missions d’intérêt public, mais une part significative d’actions et de démarches de coordination est laissée à l’initiative des parties prenantes. Ces dernières agissent à différentes échelles allant du très local (échelle d’une commune ou d’un quartier) au fédéral, voire à l’international (voir le programme «Child in the City»).
Les modes de coordination entre acteurs sont également très différents d’une thématique à l’autre, révélant des degrés de synergie allant d’une simple juxtaposition d’initiatives ponctuelles localisées à de véritables actions concertées, en passant par le partage d’information et la mobilisation d’outils et de langages communs.
En matière de consommation d’alcool et de tabac, les auteurs ont relevé un grand nombre d’initiatives ponctuelles menées par les Services de Promotion de la Santé à l’École et les écoles elles-mêmes sans que l’on puisse parler d’une réelle politique de prévention. De même, le dépistage des maladies métaboliques et congénitales souffre d’un manque d’actualisation du cadre légal et de clarté du programme politique adopté à leur égard. Les informations disponibles reposent par conséquent uniquement sur le partage d’informations sur base volontaire.
Certains acteurs ont par contre mené des collaborations afin de développer des bases de données exhaustives autour d’une problématique déterminée (par exemple les données concernant l’état de santé et la mortalité du nourrisson récoltées par l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles). D’autres domaines appellent à une réactivation des coordinations passées pour permettre une mise à jour de données, comme en matière de santé bucco-dentaire. Par ailleurs, lorsque des modes de collecte des données préexistent – comme dans le cas des données médicales scolaires relatives au dépistage visuel récoltées par les Services de Promotion de la Santé à l’École – l’intégration de celles-ci au sein d’un véritable système d’information sanitaire est parfois possible moyennant la standardisation des paramètres.
Dans certains cas, on constate qu’une bonne collaboration entre différents niveaux de pouvoir a été mise en place, mais que certains maillons de la chaîne d’action doivent encore être développés : alors que le dépistage néonatal de la surdité repose sur la bonne collaboration de l’INAMI, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et des Régions, on peut souhaiter l’adoption d’une réglementation ou convention reliant cette phase de détection à la prise en charge des usagers par les organismes compétents.
Sentiment de bien-être en 5e et 6e primaire
68,6 % des enfants estiment avoir une ‘bonne’ ou ‘excellente’ vie
84% se déclarent (très) heureux
50% trouvent qu’il est facile de communiquer avec les deux parents
Données HBSC 2010 pour la Fédération Wallonie-Bruxelles
D’autres acteurs ont développé une communauté d’intérêts et de langage menant à des campagnes concertées d’information et de sensibilisation comme l’illustre le cas de la campagne «Manger Bouger». Cette communauté de langage et d’action mériterait sans doute encore d’être encouragée en matière d’alimentation où coexistent de nombreux programmes, le plus souvent complémentaires mais dont la congruence des messages n’est pas assurée.
Recommandations
Différents modes et niveaux de coordination existent donc en matière de santé de l’enfant. Il importe pour chacune des thématiques analysées de rapporter ces pratiques aux objectifs poursuivis, dans une recherche du niveau le plus pertinent d’action publique. Si l’adaptation des messages délivrés et des actions entreprises aux particularités des publics visés peut justifier dans certains cas une forte décentralisation de la décision ou de l’application, d’autres finalités (la mise en place d’un système d’information sanitaire ou l’éradication d’une maladie par exemple) justifient un haut degré de concertation et de coordination. Différents outils sont mobilisés ou mériteraient d’être développés par les acteurs à cette fin : la contractualisation, la réglementation (de la convention à la législation), l’informatisation des données, les accords financiers, etc. Il semble que certains instruments, tels que la réalisation d’un «annuaire» des organismes et services concernés par une problématique, pourraient être également utilement élaborés et mis à disposition des différentes catégories d’acteurs.
Enfin, il paraît important d’insister sur le développement de mesures positives et globales de l’état de santé des enfants qui prennent en compte les facteurs psycho-sociaux et les éléments contextuels (milieu social, composition familiale, milieu de vie) influençant leur bien-être.
Synergies en santé, Cahier enfance, brochure de 52 pages disponible à l’IWEPS, Route de Louvain-la-Neuve 2 , 5001 Belgrade. Tél.: 081 46 84 11.
Ce document est téléchargeable sur les sites http://www.sante.cfwb.be, http://www.socialsante.wallonie.be et http://www.iweps.be.
Coordonnées des partenaires
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