A tout moment, une chute peut se produire sans crier gare et les proches ne sont pas toujours présents. Le système de télé-assistance aide à résoudre cette situation angoissante et permet à de très nombreuses personnes âgées de vivre chez elles dans de bonnes conditions de sécurité. En effet, via ce système, la personne peut appeler à l’aide 24 heures sur 24 où qu’elle soit (maison et jardin) et signaler un malaise, une chute ou toute autre demande d’urgence. La centrale dont elle dépend se charge d’appeler les intervenants (famille, voisins, médecin, ambulance…) et reste en contact avec la personne en difficulté jusqu’à leur arrivée sur place.
L’asbl Permanence Soins à Domicile (P.S.D.) existe depuis 14 ans et compte près de 6500 affiliés au système de télé-assistance. Pour l’année 2004, plus de 63.000 appels ont été traités. Les appels pour cause de chute représentent 4,2% du total, la majorité des appels sont des essais du client (32,1%), des appels involontaires (22,3%) et des appels techniques (23,4%). Ce faible pourcentage signifie néanmoins que chaque année la centrale intervient dans plus de 2600 chutes à domicile, soit une moyenne de plus de 7 chutes par jour.
Cette expérience nous permet d’avoir un regard particulier sur cet événement, première cause d’accident domestique chez les personnes de plus de 65 ans.
Pour en savoir plus, nous avons mené une enquête téléphonique auprès d’un échantillon de nos affiliés ayant fait une chute. Voici quelques informations plus précises sur ce qui s’est passé pour eux.
Qui chute?
La moitié (50,2%) des personnes qui sont tombées ont entre 80 et 89 ans. Près d’une personne sur trois a entre 70 et 79 ans. Mais il y a également des personnes plus jeunes (2,8 % ont entre 50 et 59 ans) ou plus âgées (14,4% ont entre 90 et 99 ans et une personne de plus de 100 ans!).
En Belgique, la proportion homme/femme pour la population de 80 ans et plus est d’environ 25% d’hommes et 75% de femmes. Notre population d’affiliés quant à elle comprend 85,8% de femmes pour 14,2% d’hommes. Parmi les personnes enquêtées, nous avons trouvé un pourcentage légèrement plus important d’hommes par rapport aux femmes (soit 83,1% de femmes pour 16,9% d’hommes).
Est-ce un accident isolé ou plutôt répété?
Nos affiliés présentent peut-être un risque de chute plus important que la population en général car très souvent, une personne s’affilie à la télé-assistance parce qu’elle est déjà tombée. Parmi les personnes interviewées, 29,4% sont tombées dans le mois qui précède, 19,1% dans le trimestre et 16,8% dans l’année. Pour plus du quart de notre échantillon, nous ne disposons pas de cette information. Cela signifie que certaines personnes tombent très souvent.
Quand risque-t-on le plus de tomber?
La personne âgée tombe le plus souvent lors d’un déplacement pour une activité de la vie quotidienne: sortir du lit, se lever du fauteuil, aller d’une pièce à l’autre. Donc tous les moments de la journée où la personne se déplace peuvent être à risque.
En divisant la journée en 8 tranches horaire de 3 heures, nous remarquons que la période la plus calme est celle de minuit à 3 heures du matin. Les périodes où le risque de chute semble le plus important, sont la matinée (de 9 à 12h) et le début de soirée (de 18 à 21h).
Où risque-t-on le plus de tomber?
Le système de télé-assistance fonctionne uniquement au domicile de la personne et aux abords proches comme le jardin par exemple. La chute survient dans les pièces les plus fréquentées: la chambre, le salon, la cuisine.
Qui est intervenu pour aider la personne à se relever?
La famille intervient dans la majorité des situations (55,8%) mais aussi les voisins (31,5%). Le pourcentage relativement important d’intervention des pompiers (2,5%) est dû au fait que, lorsqu’aucun des intervenants renseignés par l’affilié n’est disponible, la centrale doit faire appel aux services de secours c’est-à-dire essentiellement aux pompiers. Les professionnels de santé et d’aide aux familles quant à eux interviennent rarement dans ces situations (3,1%).
Quelles sont les conséquences de la chute?
Heureusement, pour 51,8% des personnes ayant chuté, il n’y a pas de conséquence: «Tout va bien, je ne me suis pas fait mal…». Bref, la chute n’est qu’un souvenir parmi d’autres.
Mais cela signifie que pour l’autre moitié des personnes, la chute a provoqué des dégâts: quelques bleus ou bosses, des courbatures pour 21,6 %, des contusions un peu plus lourdes pour 12,3%, des blessures ou douleurs ayant nécessité la visite du médecin pour 7,4%, un passage à l’hôpital (pour une suture, une radio et parfois une fracture confirmée pour 4,4%) et enfin une hospitalisation pour 2,5%.
Ces chiffres témoignent du fait que pour une personne âgée, la chute reste un événement à haut risque. Même si la télé-assistance permet d’être très rapidement secouru, elle n’empêche ni de tomber ni de se faire mal… Et la chute entraîne souvent des douleurs et courbatures qui rendent la marche et les déplacements plus difficiles qu’avant,… et donc, qui augmentent le risque de chuter à nouveau!
Mais pourquoi ces personnes sont-elles tombées? Qu’en disent-elles?
38,5% incriminent un problème de santé (problèmes d’équilibre ou de circulation, problème de tension artérielle, genou défaillant…). 20,5% ne savent pas expliquer pourquoi elles sont tombées: «C’est arrivé comme ça, je me suis retrouvée par terre.»
14,3% disent avoir glissé: à cause d’un tapis, d’un parquet trop bien ciré, d’une chaussure mal ajustée.
5,2% parlent d’un obstacle comme un pavement inégal, le pied d’une chaise…
15,4% disent avoir pris des ‘risques’: «Le téléphone sonnait, j’ai voulu aller décrocher mais je me suis levée trop vite» ou encore «J’ai voulu ramasser mon journal par terre mais je n’ai plus su me redresser, je me suis laissé glisser».
3,1% parlent des effets de médicaments: «J’avais pris un cachet pour dormir, j’évite d’en prendre maintenant.»
La télé-assistance, une aide précieuse
Lors d’une chute, l’attente et l’inquiétude sont quasi inexistantes. En effet, le système de télé-assistance permet de rester aux côtés de la personne en difficulté jusqu’à l’arrivée de l’aide. Cette présence s’exprime par un petit mot d’encouragement, quelques questions pour rassurer et vérifier que la personne reste confiante et consciente. Si besoin, la centraliste peut appeler des secours en plus des intervenants: médecin traitant, service 100. Lors de notre enquête, les personnes (et leur entourage) étaient unanimement satisfaites de l’aide apportée par la télé-assistance.
En fait, ce système permet d’organiser un réseau d’aide essentiellement bénévole autour de chacun des 6500 affiliés. Imaginez-vous plus de 20.000 personnes appelables et prêtes à aider la personne si celle-ci est en difficulté. Quel réseau de solidarité discret mais impressionnant!
Et le rôle des professionnels du domicile?
Si les professionnels du domicile interviennent très rarement lors de la chute pour aider la personne à se relever, ils ont cependant un rôle primordial dans la prévention et le suivi. En effet, en rencontrant la personne dans son lieu de vie, le professionnel peut identifier ce qui risque de provoquer une chute, que cela concerne l’aménagement du lieu de vie, les problèmes de santé ou les comportements de la personne. Il peut alors aider la personne à limiter ces risques et lui faire connaître le système de télé-assistance.
Quand il y a chute et surtout chutes à répétition, c’est souvent l’indicateur d’un problème particulier: un problème de santé qui s’aggrave, une mauvaise adaptation de l’environnement… et l’intervenant à domicile doit alors intervenir plus précisément en informant le médecin traitant, en adaptant l’environnement… Régulièrement, nous renseignons ou nous prenons nous-mêmes contact avec des professionnels du domicile (assistants sociaux, infirmiers, médecins…) proches de la personne pour rechercher des solutions et aider au maintien à domicile.
Bernadette Taeymans , PSD
Cet article est déjà paru dans la revue Contact n° 103, avril-mai 2005.
Adresse de l’auteur: PSD, chée de Louvain 292, 5004 Bouge. Courriel: bernadette.taeymans@psd.skynet.be.
Témoignage de Mme J., 71 ans
C’était lundi soir, j’étais dans ma cuisine pour préparer mon souper. Et puis j’ai eu une ‘tourniole’ et je n’ai pas su me rattraper. J’ai été fort malade et c’est vrai que je suis plus fragile, je ne sais presque plus marcher. Heureusement que j’avais l’émetteur. J’ai appuyé dessus et tout de suite quelqu’un m’a appelée. J’ai pu dire que j’étais tombée et la personne de la centrale m’a demandé si ça allait. Elle m’a dit de ne pas m’inquiéter, elle allait appeler quelqu’un pour m’aider à me relever. Deux minutes plus tard, la personne de la centrale avait su joindre ma fille et elle me prévenait que celle-ci arrivait tout de suite. Régulièrement en attendant ma fille, la centraliste me demandait si ça allait, si je n’avais pas trop mal. Ma fille est arrivée et m’a aidée à me relever. Nous avons pu dire à la centraliste que tout allait bien, que tout était en ordre. Et nous nous sommes souhaité une bonne soirée!
C’est vrai qu’il y avait très longtemps que cela ne m’était plus arrivé de tomber, plus de 4 ans… Mais heureusement que j’avais mon émetteur sur moi; avec ça, je me sens rassurée, le moindre problème et je peux appeler à l’aide. En fait, je ne me sens jamais seule.
Témoignage de la fille de Mme B., 82 ans
C’était dimanche matin, maman était assise à table, dans la cuisine, elle prenait son petit déjeuner. Maman a voulu reculer sa chaise pour se lever et sortir de table mais la chaise a basculé et elle est tombée par terre. La centrale m’a appelée et je suis arrivée 20 minutes plus tard, le temps de m’habiller et d’arriver chez elle. Pendant ce temps-là, Maman n’a pas paniqué, elle a beaucoup apprécié que la personne de la centrale demande régulièrement de ses nouvelles en attendant que j’arrive.
Quand je suis arrivée, elle avait mal mais elle était tranquille, pas du tout angoissée. La personne de la centrale nous a demandé si tout allait bien, j’ai dit que j’avais pu aider maman à se mettre dans son fauteuil mais qu’elle avait fort mal au bras, la centraliste m’a proposé de contacter elle-même le médecin de maman, ce qu’elle a fait tout de suite. Elle m’a dit que le médecin était prévenu et qu’il allait venir le plus rapidement possible. Et puis elle nous a laissé pour répondre à d’autres appels. Le docteur est venu, il craignait une fracture et il nous a envoyées à l’hôpital pour faire une radio de contrôle. Malheureusement son bras était cassé. Mais quand j’y repense cela aurait pu être plus grave encore. J’étais venue lui rendre visite samedi et je ne pensais pas revenir avant lundi soir. Si elle n’avait pas eu la télé-assistance, elle serait restée par terre pendant plus de 30 heures!