Septembre 2012 Par Christian DE BOCK Vu pour vous

Dès ce mois de septembre, notre mensuel renforcera sa présence sur Internet. Notre site http://www.educationsante.be continue son petit bonhomme de chemin, bien entendu (1). Il sera complété dorénavant par une page Facebook et un compte Twitter. Carole Feulien, collaboratrice de la revue depuis 2005, en charge aujourd’hui du développement sur les réseaux sociaux et Simon Trappeniers, collaborateur occasionnel d’ Éducation Santé nous en disent plus.

ES : Pourquoi créer une page Facebook et un compte Twitter Éducation Santé en 2012 ?

Carole Feulien : Tout simplement parce qu’il ne nous semblait plus possible de faire autrement et de continuer à snober les réseaux sociaux, qui sont maintenant devenus incontournables. Quelques chiffres sur la situation fin 2011 vous éclaireront : près de 70% de la population belge en ligne utilise les réseaux sociaux; Facebook est le 3e site le plus consulté sur le net; il y a plus de 4 000 000 d’utilisateurs de Facebook en Belgique, soit près de 40 % de la population; 23% des fanpages sont vraiment suivies, et ont plus de 1000 fans; 43 % des inscrits sont francophones. Et ces chiffres sont sûrement dépassés aujourd’hui ! En ce qui concerne Twitter , début 2012, le réseau comptait pas moins de 465 millions de comptes et 175 millions de tweets (2) par jour !

Le projet de page Facebook et de compte Twitter d’ Éducation Santé s’intègre dans le développement actuel des réseaux sociaux (web 2.0) et entend répondre à l’évolution des habitudes d’utilisation de l’écrit, principalement de la part des nouvelles générations mais pas exclusivement: les études montrent qu’au-delà de ce qu’on appelle la génération Y(3), la population entre 23 et 42 ans est actuellement très présente et active sur les réseaux sociaux. La moyenne d’âge des utilisateurs se situe à 31 ans, ce qui contredit le cliché du média des adolescents en recherche d’identité et de reconnaissance !

Simon Trappeniers : Avec 2 milliards d’internautes dans le monde (contre seulement 250 millions en l’an 2000, c’est dire l’importance que la toile a pris dans le quotidien des gens en une dizaine d’années seulement), nous sommes définitivement dans l’ère numérique. Éducation Santé, en tant que publication reconnue par les professionnels de la promotion de la santé francophone ne pouvait rester en dehors du monde du web social (web 2.0), il se devait de définir un positionnement clair dans cette niche en y faisant un bon usage de la proactivité et de la proximité.

ES : Pourquoi avoir attendu si longtemps alors ?

C. F. : Tout est relatif : le secteur non-marchand dans son ensemble est frileux en la matière, et celui de la prévention semble encore plus réticent. En proposant sa page Facebook et son compte Twitter aujourd’hui, Éducation Santé s’installe dans un paysage assez clairsemé pour le moment.

Facebook et Twitter en quelques chiffres

Qui donnent le tournis !
Facebook
800 millions d’utilisateurs actifs par mois.
483 millions d’utilisateurs très actifs par jour.
100 milliards de connexions entre amis fin 2011.
7 millions d’applications ou de sites web intégrés.
300 millions de photos téléchargées chaque jour.
668 millions de dollars de bénéfice net sur un chiffre d’affaires de 3,7 milliards (4).
2,7 milliards de ‘J’aime’ et de commentaires chaque jour.
40% des Belges sont inscrits, pour seulement 28% des Allemands et 6% des Japonais.
Source : Le Nouvel Observateur du 3 mai 2012 et Le Soir du 8 août 2012
Twitter
3 ans, 2 mois et 1 jour : le temps qu’il a fallu pour envoyer le premier milliard de tweets,
1 semaine : le temps qu’il faut aujourd’hui pour envoyer un milliard de tweets.
50 millions : la moyenne du nombre de tweets envoyés chaque jour, en 2010 ; 140 millions : la moyenne du nombre de tweets envoyés chaque jour, en 2011.
177 millions : le nombre record de tweets envoyés en un jour.
456: le nombre de tweets par second (TPS) envoyés lors de la mort de Michael Jackson le 25/06/09
460000 : la moyenne des comptes créés chaque jour.
182% : le taux de croissance du nombre d’utilisateurs sur mobile en un an.
Source : Twitter , 2011

Une autre raison tient à des contraintes purement matérielles : la revue fonctionne avec un budget fermé, dont la majeure partie est indispensable pour fournir tous les mois la revue imprimée à ses 2000 abonnés.
Il a déjà fallu faire preuve d’imagination pour développer http://www.educationsante.be, le site archive qui propose gratuitement tous les articles publiés depuis une bonne dizaine d’année, soit 1500 références augmentées chaque mois. Cela ne marche pas trop mal : après quelques années de progression régulière, le site est maintenant visité par plus de 15.000 personnes chaque mois. Nous appliquerons les mêmes recettes de ‘bonne gestion’ à la page Facebook et au compte Twitter, et nous nous débrouillerons avec les moyens que la Fédération Wallonie-Bruxelles met à notre disposition. Le site ne générera bien entendu aucun revenu publicitaire. Ce serait contraire à nos valeurs.

ES : En se lançant sur les réseaux sociaux, la revue n’obéit-elle pas à un effet de mode ?

S. T. : L’utilisation des réseaux sociaux n’est plus du tout marginale. Les chiffres montrent que les internautes souhaitent de plus en plus être acteurs de l’information, et plus seulement consommateurs. Ce n’est pas un phénomène de mode, mais bien une évolution fondamentale des comportements dans notre société en pleine mutation: chacun a intégré le fait de recevoir une info «poussée» ou «à la carte» et de pouvoir commenter, partager, poser des questions, etc. En quelques mots: choisir les infos qu’il souhaite recevoir et interagir avec les producteurs des infos et les autres ‘récepteurs’. Éducation Santé ne peut rester sourd à cette évolution et à cette demande.
Le mouvement d’ouverture est inévitable: il faut donc l’accompagner et non le combattre ou l’ignorer. Plus tôt les acteurs de la prévention investiront le web social, mieux ils en comprendront le fonctionnement, la culture et les modes d’interaction, et mieux ils seront préparés à s’adapter aux changements et évolutions à venir. Sans oublier que Facebook et Twitter sont des outils géniaux pour soutenir le plaidoyer tellement nécessaire en faveur de la promotion de la santé dans un environnement où triomphe toujours le tout au curatif !

C’est particulièrement important pour une publication comme la nôtre. Qui dit que la revue sera encore imprimée dans deux ou trois ans? L’évolution récente de la presse quotidienne, confrontée à des difficultés qui vont jusqu’à mettre en question sa survie dans certains cas confirme ces bouleversements radicaux.

ES : Soyons concrets. Pouvez-vous nous préciser son contenu éditorial ?

C. F.: Vous y trouverez pas mal de choses : le sommaire du numéro actuel, cela va de soi, ainsi que l’annonce du contenu du numéro suivant ; des articles émanant de la publication seront mis en évidence à chaque parution; un agenda mensuel reprendra certains événements du mois, mais aussi des événements particuliers mis en avant via publication sur le ‘mur’, l’avantage de ce canal étant de pouvoir ‘rappeler’ un événement en fonction de l’actualité et de visibiliser les personnes qui y seront présentes; des appels à collaborer activement à la revue sous forme d’articles de fond ou d’opinions plus courtes; des appels aux internautes à donner leur avis (sur une couverture, un sujet d’actualité, une thématique pour un futur numéro…); de petits sondages d’opinion express (sans en abuser, ils ont souvent un côté ‘micro-trottoir’ gadget sans beaucoup d’intérêt); l’annonce des événements organisés par Éducation Santé et ses amis (colloques, conférences, procédures de réabonnement, évaluation…); des photos prises lors de colloques et séminaires pourront aussi être publiées; des vidéos – nous pensons aux campagnes labellisées Fédération Wallonie Bruxelles – pourront être vues via la page également; il y aura des présentations et liens vers d’autres sites, des résumés et liens vers des articles ou dossiers en ligne de partenaires de la revue et d’autres choses encore.

ES : Qu’est-ce que ces pages virtuelles apporteront de plus que le mensuel imprimé et le site actuel ?

C. F. : Elles permettront de consolider la présence de la revue dans le paysage francophone de la prévention : renforcement de sa position de référent en matière de promotion de la santé au sein de la Fédération; renforcement de sa politique éditoriale par une stratégie multi-canaux; constitution du noyau de réseautage des acteurs qui créeront plus tard leur propre page.
Elles contribueront aussi à développer l’identité numérique d’ Éducation Santé en faisant transparaître le côté accessible de la revue et en positionnant la revue comme ouverte aux jeunes adultes engagés dans la prévention.
Nous espérons aussi que la puissance de Facebook et de Twitter nous permettra de générer du trafic vers le site http://www.educationsante.be et vers d’autres sites ‘amis’.

D’autres bénéfices sont encore espérés : offrir un point de contact supplémentaire pour s’abonner à la revue, notamment via le site; favoriser un réseautage national (voire international) des différents acteurs de la promotion de la santé; contribuer à rendre plus visibles et promouvoir les actions et les initiatives des acteurs de la promotion de la santé; profiter du réseau social pour diffuser largement des informations, initiatives, campagnes (pour une fois, c’est bien notre tour, utiliser le marketing viral pour une bonne cause…); optimiser les contacts via les actualités d’Éducation Santé pour les abonnés mais aussi via l’utilisation de la messagerie associée à chaque profil des abonnés puisque l’on sait par exemple que Facebook supplante maintenant les messageries traditionnelles en termes de volume de contenu partagé; promouvoir le pouvoir organisateur (Mutualité chrétienne), le financeur public (Fédération Wallonie Bruxelles) d’ Éducation Santé et ses partenaires privilégiés.

Et la liste est loin d’être exhaustive. L’avantage majeur par rapport au site et à la revue imprimée réside dans la rapidité de la diffusion de l’information et aussi dans l’interactivité immédiate, inimaginable autrement. Il est à noter que la page Facebook et le compte Twitter seront complémentaires à la revue et au site et non concurrents! On n’y trouvera pas tous les articles que nous publions chaque mois, ni la base de données de 1500 articles qui constitue le cœur du site http://www.educationsante.be.

ES : Vous visez quel public précisément ?

C. F.: Comme je l’ai déjà évoqué plus haut, nous souhaitons étendre notre impact au-delà du périmètre de diffusion du magazine imprimé. Déjà aujourd’hui, il y a plus de contacts avec la revue par l’intermédiaire de son site que par la diffusion de sa version ‘papier’ ou électronique (lettre d’information paraissant chaque mois quelques jours avant l’envoi aux abonnés).
Un certain nombre d’acteurs en promotion de la santé ont déjà pu être identifiés sur les réseaux sociaux et pourront d’emblée être ‘invités’ via l’application Facebook à rejoindre la page d’ Éducation Santé , ou seront approchés via Twitter .
Les abonnés pourront y être invités aussi, via d’autres canaux de communication. Enfin, un public plus large pourra, s’il le souhaite, devenir fan de la page ou abonné à nos tweets.

ES : Ce projet n’est-il pas discriminatoire pour les non-utilisateurs de Facebook/ Twitter ?

S.T.: Toutes les précautions seront prises pour que ce ne le soit pas. En effet, une bonne partie des informations publiées sur la page peuvent se retrouver par ailleurs (et d’abord dans la revue et sur le site de la revue et ensuite sur d’autres sources d’informations extérieures à Éducation Santé ). C’est toute la force du multi-canal : les ‘lecteurs’ ont la possibilité d’accéder à une même information via le ou les canaux de communication qui leur conviennent le mieux. Certaines personnes ne fréquentent pas le site, mais se trouvent sur les réseaux sociaux: pourquoi se priver de pouvoir mettre en évidence une info, de faire un rappel concernant un événement, de proposer de la veille active? L’idée est d’aller chercher les utilisateurs là où ils se trouvent. De plus, les gens l’ignorent souvent, techniquement, les pages Facebook et les tweets sont accessibles pour consultation à tout le monde, même à ceux qui ne sont pas inscrits sur ces réseaux. Toutes les publications (articles, photos, événements) sont visibles sans inscription, mais il faut avoir bien entendu un profil pour laisser des commentaires ou réagir.

ES : Je me fais maintenant l’avocat du diable. Les réseaux sociaux, c’est pour s’amuser, pas pour travailler ! Votre page s’adresse avant tout à des professionnels, et beaucoup d’entreprises sont réticentes à l’idée que leur personnel ait la possibilité de consulter les réseaux sociaux pendant les heures de bureau. Que leur répondez-vous ?

S.T.: Les utilisations des réseaux sociaux sont multiples. Il y a bien sûr une utilisation purement ‘sociale’, récréative, qui est la plus connue. Mais les entreprises investissent également de plus en plus le web social à des fins de notoriété, de communication, de marketing…
Et pourquoi pas pour la promotion de la santé ? C’est ce que nous voulons faire: expérimenter ce nouveau canal de communication pour aller à la rencontre des professionnels et des ‘futurs’ pros, et même d’un public plus large. Éducation Santé a certainement une place à prendre dans ce paysage numérique.

Il faut savoir que d’autres utilisations des réseaux sociaux existent: à des fins pédagogiques, de veille, de networking, etc. Les frontières entre utilisations ‘récréative’ et ‘sérieuse’ d’Internet sont de plus en plus floues. Pensons aux serious games , qui allient objectif pédagogique et aspect ludique.
Enfin, la possibilité de publier du contenu multimédia (sur Facebook ) constitue également un argument positif pour utiliser cette plate-forme. Impossible d’avoir la même souplesse sur le site de la revue sans des investissements humains et financiers qu’elle ne peut pas se permettre.

ES : N’importe qui pourra s’exprimer sur la page ou adresser des tweets à la revue ? Allez-vous exercer un contrôle préalable sur les contenus et commentaires proposés par les internautes? Dans le cas contraire, ne craignez-vous pas des dérapages, assez fréquents sur la toile ?

C.F.: Notre page Facebook et notre compte Twitter possède plusieurs administrateurs, qui ont des droits étendus. Ceux-ci peuvent définir ce qui est permis ou non: poster une vidéo, des photos, commenter le mur, contribuer à un forum de discussion, etc.
Cela permet d’éviter tout ‘dérapage’ éventuel. En outre, nous avons placé en tête de la page un code de bonne conduite que les contributeurs s’engagent à respecter dans leurs commentaires et apports divers. Au départ, nous jouerons franchement le jeu, on verra rapidement s’il faut corriger le tir !

ES : Reste une question. Comment dois-je faire si je veux devenir ‘fan’ d’Éducation Santé ou suivre ses tweets ?

C.F.: C’est tout simple, il vous suffit d’aller voir sur http://www.facebook.com/revueeducationsante. Que vous soyez ou non membres de la communauté Facebook, vous pourrez juger vous-mêmes de l’intérêt de notre initiative. Pour Twitter, c’est sur twitter.com/EducationSante que vous pourrez nous suivre.
Venez nombreux, vous ne le regretterez pas !

Propos recueillis par Christian De Bock

(1) Nous lui ferons subir une refonte complète prochainement.
(2) Un tweet désigne un message court (140 caractères maximum) envoyé via Twitter.
(3) Pour faire simple, il s’agit de la génération qui est née avec le développement massif de l’informatique à partir des années 80.
(4) Ces beaux chiffres n’ont pas empêché l’action Facebook de perdre près de la moitié de sa valeur trois mois après son introduction en bourse…