Janvier 2014 Par Carole FEULIEN Vu pour vous

Début septembre 2012, après quelques semaines de rodage pendant les vacances, Éducation Santé se lançait sur Facebook et Twitter. Un mois plus tard, la page comptait déjà 111 fans et le compte, 97 followers . Aujourd’hui, un peu plus d’un an après, ce sont 480 personnes qui suivent les actualités du secteur sur notre page et 650 tweetos (1) qui sont abonnés à notre compte, soit 40 à 50 nouveaux adhérents par mois. Des résultats plutôt encourageants…

Des profils variés… ou pas tant que ça…

Parmi nos 470 likers sur Facebook, 72% de femmes, un chiffre qui reflète assez bien la répartition des genres dans le secteur de la promotion de la santé. 20% sont âgés de 18 à 24 ans, 36% de 25 à 34 ans et 40% ont plus de 35 ans; la plupart vivent en Belgique. Comme pour la revue papier, on compte davantage de Wallons que de Bruxellois. Viennent ensuite quelques Français et Nord-Africains.

Nous avions pour ambition avec cette page de favoriser un réseautage national, voire international, des différents acteurs de la promotion de la santé et de toucher un nouveau public, plus large, en quelques clics. Cet objectif est atteint car notre page compte un grand nombre d’acteurs plus ou moins proches du secteur (documentalistes, acteurs de terrain, direction d’associations, infirmières…). Et l’international n’est pas en reste puisque pour notre compte Twitter, la majorité de nos followers sont des acteurs de la santé français. Ceux-ci nous suivent mais nous retweetent aussi ! Parmi eux, des acteurs du monde associatif, des médecins, des psychologues, des journalistes santé, des associations d’étudiants, des acteurs de formation ou des pédagogues par exemple.

La manière dont nous avons ‘recruté’ nos likers (mail aux travailleurs du secteur, annonce dans la revue et newsletter, échange de like entre pages…) et nos followers (retweets, #FF, abonnements…) et le fait de publier régulièrement des actualités diversifiées ne sont sans doute pas étrangers à ce petit succès. Nous avons pu constater que la page Facebook et le compte Twitter vivaient moins et engrangeaient moins de likers et de followers dès que diminuait la fréquence de publication.

Petit lexique de Facebook et Twitter

Facebook

(Fan) page : page spécifique créée dans le but de promouvoir quelque chose (une marque, un produit, un artiste…), à laquelle les personnes ayant un profil sur Facebook peuvent choisir d’adhérer.

Liker : personne adhérant à une (fan) page.

Journal : espace dédié à chaque utilisateur sur Facebook, regroupant toutes ses actions et publications. Vous pouvez autoriser vos likers à publier sur le journal de votre (fan) page.

Statut : message (généralement bref) que l’on publie sur sa (fan) page (ou son profil). S’exprimer sur Facebook se fait notamment via le statut. Ainsi, vous pouvez publier du texte, des liens, des photos, des vidéos… Chaque nouveau statut apparaîtra sur votre journal, et bien entendu, dans le fil d’actualités de vos likers.

Like : sous chaque publication, l’internaute a la possibilité de signifier qu’il en aime le contenu (c’est le désormais célèbre pouce levé). Cela permet de mesurer la popularité de la publication en question.

Commentaire : sous chaque publication, l’internaute a la possibilité, si cela a été autorisé par l’administrateur, de commenter la publication, d’émettre son avis, de poser une question… Ces commentaires sont visibles par tous, à moins que l’administrateur en ait décidé autrement.

Partage : sous chaque publication, il est possible de la partager. Cette fonctionnalité permet de republier le statut d’un ami, d’une (fan) page, pour le répercuter auprès de ses propres amis.

Twitter

Tweeto(s) : utilisateur(s) de Twitter.

Follower : utilisateur de Twitter abonné à votre compte, en français ‘suiveur’.

Tweet/tweeter : publication de maximum 140 caractères, publiée sur votre compte Twitter. Ce message est potentiellement visible par tous (par recherche par mots-clés par exemple). Il n’y a que les personnes qui sont abonnées à votre compte (vos followers ) qui recevront une notification sur leur compte, pour les avertir que vous avez publié quelque chose. Cela leur permet de suivre vos publications.

Retweet/retweeter (RT) : le retweet repose sur le principe du transfert de courriels. Le but est de faire suivre, partager avec tous ses contacts ( followers ), la publication de quelqu’un d’autre. Par exemple: «RT@pipsa_be: publication de Pipsa» signifie que je retweete cette publication de Pipsa pour la répercuter auprès de mes followers . Je lui donne ainsi plus de visibilité.

Mention (@) : attribut permettant de mentionner les autres utilisateurs (de les citer ou de leur adresser un message). Par exemple: «@pipsa_be: Merci de nous avoir retweeté!».

Hashtag (#) : marqueur couramment utilisé sur Internet, permettant de marquer un contenu avec un mot-clé. Il permet d’identifier la thématique d’un message. Par exemple, je tweeterai ‘Campagne de lutte contre l’#obésité sur www.mc.be. #adolescence #surpoids’. Les hashtags permettent notamment de trouver un contenu sur Twitter.
#FF (Follow Friday) : hashtag spécifique permettant, tous les vendredis, de mettre en évidence les personnes/comptes que l’on souhaite promouvoir. C’est une manière de les présenter à vos propres followers , ou de leur rendre hommage. Par exemple, nous devrions plus souvent mentionner les vendredis: «#FF @pipsa_be»…

Par ailleurs, il est à noter qu’en matière de recrutement, hormis pour le lancement, nous avons pris le pli de ne pas importuner nos likers à coups de messages privés (2), pouvant être ressentis comme invasifs. Ceux qui le souhaitent peuvent s’abonner à notre newsletter, mais nous les harcelons pas pour qu’ils le fassent.

Des objectifs ambitieux

L’un des objectifs que nous poursuivions avec cette page était de faire partie des premiers dans le secteur à se lancer et de devenir un nœud de réseautage des acteurs. C’est chose faite puisque notre page compte un grand nombre de partenaires et de noms bien connus en promotion de la santé en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Elle fait partie des rares pages du secteur dont le nombre de likers augmente chaque mois, pour le moment. Par ailleurs, nous avons déjà été contactés par plusieurs de nos collègues, intéressés de savoir comment nous gérions notre présence sur les réseaux sociaux, afin de se lancer eux-mêmes. Un bel encouragement donc.

Nous souhaitions aussi offrir un point de contact supplémentaire pour s’abonner à la revue. Nous n’avons pas encore beaucoup travaillé à cela. Gageons que ce sera davantage le cas lorsque nous pourrons, dans quelques mois si tout va bien, renvoyer les internautes vers un nouveau formulaire d’abonnement en ligne… sur un tout nouveau site ! Nous ne manquerons pas non plus de mettre plus en évidence notre newsletter, tout récemment relookée.

Nous voulions aussi profiter des réseaux sociaux pour diffuser largement des informations, initiatives et campagnes, profitant ainsi de la puissance du marketing viral, pour une fois au service d’une ‘juste cause’.

Les types de contenus que nous publions sont majoritairement des mises en avant d’initiatives (locales, communautaires, nationales…), d’événements ponctuels (formations, journées portes ouvertes…) ou des communiqués de presse (mutualités, Centre fédéral d’expertise des soins de santé…). Nous publions aussi parfois des photos d’événements ou des articles inédits, non publiés dans la revue papier. Sans oublier, bien sûr, l’annonce de la parution de chaque nouveau numéro et la mise en évidence de l’article phare du mois.

En cela, nous contribuons à visibiliser et promouvoir les actions des acteurs de la promotion de la santé. Ainsi, nous avons mis en avant environ 400 actions cette année via Facebook et tweeté 700 fois (3). Un pareil volume d’informations diffusées était tout simplement impossible du temps de la seule revue ‘papier’ !

Sur Facebook, si la portée des informations que nous publions est globalement bonne (une centaine de personnes par mois voient nos actualités et le même nombre clique pour en savoir plus), dès qu’il s’agit de se positionner ou de s’engager (aimer l’information, la partager ou la commenter), on retombe à une moyenne de 1 à 2 par mois seulement! Il en faudra donc plus pour faire bouger nos likers. Ces résultats ne sont pas pour autant insuffisants: d’après le Baromètre Agora Pulse (4), qui évalue les résultats moyens des pages Facebook en en analysant plus de 1200 comptant le même nombre de likers , la portée moyenne d’une page sur ses fans est de 22,9% alors que celle de la page d’Éducation Santé est un peu supérieure (24,2%).

Au niveau du taux de clics sur les publications, la moyenne se situe à 3,9%, notre page en est à 1,9%. L’engagement moyen (nombre de personnes ayant aimé, partagé, commenté ou cliqué sur une publication) est de 8%. Pour la page de la revue, nous ne sommes qu’à 4% de taux d’engagement. Nos likers seraient-ils donc un peu timides ?

Parmi les contenus qui plaisent, ce sont les statuts que nous publions (petites phrases courtes présentant très brièvement une information) qui rencontrent le plus de succès et ensuite les liens vers d’autres sites. Par contre, lorsqu’il s’agit de cliquer sur une publication, ce sont les photos (d’événements par exemple) qui remportent la palme.

Pas vraiment surprenant s’agissant de Facebook ! La publication ayant rencontré le plus de succès est ainsi le texte d’hommage de Chantal Leva à Roger Lonfils à l’occasion de sa retraite, qui a remporté pas moins de 21 mentions j’aime. Bravo Roger ! Quant à la publication la plus cliquée, il s’agit des photos de l’événement du 29 octobre dernier, co-organisé par Éducation Santé, le FARES et Question Santé, ‘Un peu d’animation, cela fait du bien !’, qui a accueilli à Bruxelles Alain Douiller pour la présentation de son livre ‘25 techniques d’animation en promotion de la santé’ (5). Preuve que nos collègues aiment recevoir des informations au plus proche d’eux.

Pour Twitter, Éducation Santé a son petit succès puisque son compte a été mentionné 123 fois depuis son lancement, et ses tweets ont été répercutés 199 fois. Nos tweets ont aussi été placés en favoris 39 fois. Les organismes nous mentionnant le plus sont nos collègues de Pipsa (@pipsa_be, merci à eux !), le Centre de documentation du Pôle Promotion de la Santé de la Sauvegarde du Nord en France (@InfodocPPS) et Dominique Noël (@NoelDominique), Présidente du Festival de la Communication Santé en France, qui fait partie de nos followers les plus influents puisqu’elle compte plus de 2500 followers elle-même…

Les publications les plus retweetées sont un communiqué de presse de la Mutualité chrétienne à propos de la campagne de sensibilisation sur les somnifères et les calmants du SPF Santé publique en janvier 2013 et un zoom sur un article de la revue portant sur les stratégies québécoises en matière de prévention du suicide (de notre correspondante au Canada, Pascale Dupuis ). On remarque qu’ensuite, ce sont les publications ayant trait aux enfants qui sont les plus répercutées (initiatives de l’association française Sparadrap, guide de la Fondation Roi Baudouin sur la pauvreté des enfants en Belgique, Journée sur la douleur de l’enfant à Paris, etc.).

Par contre, peu de nos publications comportent de hashtags. Cela est dû au fait que nos tweets sont générés automatiquement à partir de Facebook, où les hashtags ne sont pas nécessaires. Ainsi, nos tweets sont plus difficiles à trouver sur la twittosphère par des tweetos ne nous suivant pas encore. Un travail mériterait d’être entrepris spécifiquement sur Twitter afin de se faire connaître davantage (publications spécifiques à Twitter, multiplication des hashtags , travail de veille et de retweet , remerciements des followers lors d’un retweet …) mais le public français n’est cependant pas notre public prioritaire.

Des perspectives…

Ainsi, on peut dire que globalement, même si l’on pourrait travailler à augmenter le nombre de nos likers et followers et y investir du temps, la page Facebook et le compte Twitter d’Éducation Santé offrent déjà une belle vitrine aux acteurs du secteur, même si, côté Facebook tout au moins, un grand nombre de ses likers sont sans doute déjà des convaincus de la promotion de la santé.

Ceci étant, si elle permet de faire connaître les initiatives des uns aux autres, elle remplit déjà parfaitement la mission d’Éducation Santé: être un instrument d’information, de formation, d’échange et de contact destiné à tous les acteurs de la promotion de la santé en Belgique francophone. Il serait peut-être opportun, dans un second temps, de mener une réflexion sur la manière de toucher un autre public (enseignants, éducateurs de rue, parents, professionnels du monde médical et para-médical…) via ce canal. Par contre, sur Twitter, l’objectif est atteint. Notre compte rassemble un grand nombre de profils divers et variés, mais très peu de Belges. Pas étonnant quand on sait que les utilisateurs belges représentaient en 2012, selon Le Soir, seulement 0,28% de la twittosphère mondiale, contre 5 fois plus en France.

En matière d’interactivité, les objectifs visés sont loin d’être atteints, même si notre moyenne n’est pas si mauvaise par rapport à 1200 autres pages du même acabit. Nos likers s’expriment peu. Facebook mêle vie privée et vie professionnelle puisque c’est souvent avec un profil personnel que vous allez liker une page professionnelle. Ainsi, si la démarche d’ ‘aimer’ une publication semble simple, elle n’est pas anodine, elle demande de s’engager ‘dans la vraie vie’. Cela explique sans doute en partie ce manque (cette abstention?) de réactivité sur notre page. Nous aurons à cœur d’essayer de lever ce frein, pourquoi pas en vous sollicitant davantage via nos autres canaux, en vous demandant de réagir par des sondages, en vous invitant à des événements… À suivre !

Lorsque la revue aura lancé son nouveau site en 2014, il s’agira aussi de travailler plus avant sur la complémentarité des canaux. Espace ‘actus’ avec les dernières infos publiées sur Facebook ou les derniers retweets de nos followers, tout reste à faire. Un beau projet qui demandera de réfléchir plus sérieusement encore à une véritable stratégie de communication digitale.

Cela étant, nous sommes convaincus qu’il est essentiel que tous les acteurs du secteur de la promotion de la santé s’interrogent tout comme nous sur leur présence sur le Web et les réseaux sociaux. Même si les budgets sont déjà trop courts, on ne peut ignorer cette évolution vers le tout-numérique. À l’heure où 35% de la population mondiale utilise Internet (63% en Europe, 81% en Belgique!) (6), il convient de se pencher sur la question de la place de la prévention et de la promotion de la santé sur le Web et de définir un positionnement clair dans cette niche en y faisant bon usage de la proactivité et de la proximité qu’elle offre. Et pourquoi pas rêver d’une plate-forme commune à tous, un lieu de réseautage, d’échange, de diffusion ? À bon entendeur…

Promotion de la santé et Web 2.0? Parlons-en! (7)

En 2013, 20% de la population mondiale utilise les réseaux sociaux, ce qui représente 1,7 milliards de personnes connectées de par le monde. En Belgique, nous sommes 69% à en faire usage, nous connectant au moins une fois par jour.

La santé a elle aussi indubitablement investi le Web, transformant les modalités de transmission des savoirs. La recherche d’informations en santé est aujourd’hui faite d’allers-retours entre différentes sources (entourage, médecin, médias traditionnels, forums de discussions web…) qui doivent être considérées comme complémentaires. Face à cela, le secteur non-marchand, et plus spécifiquement celui de la promotion de la santé, s’interroge. Le phénomène du web social séduit, non sans amener son lot de questions. Quelles informations diffuser ? Dans quel but ? Peut-on viser des changements de comportement par ce biais ? Comment cibler nos publics ? Quelle confidentialité ? Comment attirer de nouveaux likers ? Faut-il développer des applications mobiles ? Ne risque-t-on pas de tomber dans le commercial ? Où s’arrêter ? Quel impact des publications en ligne ? Comment le mesurer ? Quelles personnes-ressources en la matière ? Quel temps et quel budget investir dans cette nouvelle forme de communication ? Et les inégalités dans tout ça ?

Les avis divergent. Certains parlent d’investissement fainéant, d’autres, d’énorme potentialité de participation citoyenne.

Ces questions ont déjà fait l’objet, à Modus Vivendi, en collaboration avec Question Santé, d’un ‘petit déjeuner des risques’, moment d’échange et de partage entre acteurs du secteur. Celui-ci a rencontré un vif succès puisqu’il a réuni une petite trentaine d’organismes ayant déjà expérimenté l’usage du Web, que ce soit avec une page Facebook, des applications mobiles, un chat ou des e-permanences par exemple. Chacun y a présenté son outil, ses limites, les difficultés rencontrées et les bénéfices qu’il en a retiré, sous le regard attentif d’un spécialiste du marketing viral, qui n’a pas manqué de donner un avis ou tout simplement des conseils éclairés aux personnes présentes, désireuses d’en apprendre plus.

Dans la même optique et dans le prolongement de cette matinée, Question Santé, forte de son expertise en communication et de son expérience en gestion de sites Internet, pages Facebook et autres médias numériques, se propose de rédiger une note de synthèse reprenant les grandes questions mises en exergue lors de cette matinée, de même que celles se posant en matière de présence numérique en promotion de la santé. L’asbl vous invitera bientôt à un premier moment plus large de débat et d’échange, avec l’ensemble du secteur, dans le courant du premier trimestre 2014.

Pour en savoir plus ou pour partager une expérience lors de cet événement, n’hésitez pas à contacter Question Santé, par téléphone au 02 512 41 74 ou par mail, puisque le sujet s’y prête bien, à info@questionsante.org.

(1) Chiffres au 20/11/13
(2) Une page Facebook, contrairement à un profil, ne permet pas de s’adresser directement à ses likers par message privé, et c’est tant mieux.
(3) Certains tweets ne sont pas des informations à proprement parler, mais de simples interactions avec nos followers (messages de bienvenue, retweets, #FF…).
(4) Agora Pulse est un CRM (Customer Relationship Management) pour Facebook, permettant entre autres, de gérer sa page et d’avoir un suivi complet de son activité (statistiques, mesures de performance …).
(5) Voir l’article de Christian De Bock , ‘Un peu d’animation en Fédération Wallonie-Bruxelles’, Éducation Santé n° 295, décembre 2013, p. 8 à 10, http://www.educationsante.be/es/article.php?id=1636
(6) Chiffres de juin 2012, d’après internetworldstats.com.
(7) Texte de Laurence Lefever et Carole Feulien , Question Santé asbl.