Actif sur le front de la lutte anti-tabac et en tant que membre de la Coalition contre le tabac, l’Observatoire de la Santé du Hainaut regrette les décisions finalement adoptées par le Gouvernement.
«Nous sommes déçus car nous nous étions rendus aux ministères des Finances et de la Santé afin de sensibiliser les autorités. En Belgique, on compte pas moins de 7.000 morts par an dus au cancer du poumon et quelque 20.000 liés au tabagisme!», indique Pierre Bizel, expert à l’OSH et porte-parole de la coalition contre le tabac. «Ce taxshift, très souvent discuté, aura un effet moindre sur nos recettes fiscales mais un impact favorable pour l’industrie du tabac qui, au final, sera la grande gagnante».
En effet, si on a parlé de fixer un prix dissuasif au paquet de cigarettes, leur coût ne flambera finalement pas. Dans un communiqué rédigé conjointement par Pierre Bizel, Luk Joossens (Fondation contre le Cancer), Hedwig Verhaegen (Kom op tegen Kanker) et Stefaan Hendrickx (Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie en Ziektepreventie), la coalition explique que l’augmentation (fixée à 70 cents pour un paquet de cigarettes et à 1,85€ pour le tabac à rouler) étant répartie sur 3 ans, elle restera très basse par année. «C’est sans doute l’intention du gouvernement belge actuel comme des précédents. Leur raison étant qu’une trop large augmentation du prix mènerait à moins d’achat et cela, le gouvernement aimerait l’éviter».
Certes le prix du tabac à rouler montera, lui, de manière importante. Mais comparativement il restera trois fois moins cher qu’une cigarette ordinaire. Or pour que la mesure soit réellement efficace, il faudrait augmenter le prix du tabac à rouler d’au moins un euro, et celui du paquet de cigarettes de 50 cents, et ce chaque année…
Le grand gagnant? Le lobby du tabac!
De plus, l’État ne récolte finalement que 63% des fruits de cette augmentation sous forme de recettes fiscales. Les 37% restants tombent dans l’escarcelle des industries du tabac. «Rien que pour le secteur de la cigarette, le gouvernement offre, pour la période 2016-2018, plus de 200 millions d’euros à l’industrie du tabac», souligne la coalition. Cette politique n’est pas neuve, puisque voici 15 ans que le système fonctionne comme cela. ‘Grâce’ au taxshift, le bénéfice des industries du tabac sera encore plus important.
Toujours selon le communiqué, la politique fiscale mise en place pour les cigarettes est un fiasco : «elle fera diminuer très faiblement la consommation de cigarettes, donc la santé publique ne sera pas améliorée. Par contre, la position financière de l’industrie du tabac se renforcera et, cerise sur le gâteau, le gouvernement perdra au moins 200 millions de recettes fiscales».
Quelles solutions?
L’Organisation Mondiale de la Santé estime qu’il faut une augmentation du prix d’au moins 10% en une fois pour obtenir un réel effet dissuasif, voire diminuer effectivement la consommation de tabac et protéger notamment les jeunes des méfaits de la cigarette.
L’OSH s’inscrit dans la démarche de réglementation et de dénormalisation du tabac prônée par l’OMS, mais poursuit aussi ses efforts en matière d’information et d’éducation: éviter de commencer à fumer, encourager l’arrêt, promouvoir un environnement sans tabac en particulier en protégeant les plus faibles, les plus menacés. Éduquer et travailler sur la prévention restent des atouts majeurs en termes de santé publique…
Observatoire de la Santé du Hainaut, rue St Antoine 1, 7021 Havré. Tél.: 065 87 96 00. Courriel: observatoire.sante@hainaut.be