Chaque automne, nous avons droit a une campagne de promotion des vaccins visant les personnes âgées de plus de 60 ans. Depuis une quinzaine d’années que cela dure, le message a évolué: hier, il était vivement recommandé de se faire vacciner contre la grippe. Aujourd’hui, le conseil est de faire avec son médecin un bilan annuel concernant la protection contre la grippe, le pneumocoque, la diphtérie et le tétanos.
La campagne, bien rôdée, implique pas moins de sept partenaires pour le sud du pays: l’Association pharmaceutique belge, l’Office des pharmacies coopérantes de Belgique, Provac, Question Santé, la Société scientifique de médecine générale, le Journal du médecin et la Communauté française Wallonie-Bruxelles. Le tout avec la collaboration discrète de trois producteurs de vaccin, Aventis Pasteur MSD, Glaxo Smith Kline et Solvay Pharma.
Meilleure visibilité à Bruxelles et en Wallonie
La campagne 2002 a été évaluée en décembre au moyen d’une enquête téléphonique auprès de 500 personnes représentatives de la population nationale âgée de 60 ans et plus.
Le soutien de la Communauté française, qui octroie du temps d’antenne gratuit à la campagne en radio et en télévision a un impact évident sur la sensibilisation du public: 69% des personnes interrogées à Bruxelles et en Wallonie ont entendu des conseils pour la vaccination, contre seulement 40% en Flandre.
A la question ‘Selon vous, contre quelles maladies est-il important que l’on soit vacciné à 60 ans et plus?’, la grippe est citée par trois quarts des répondants, le pneumocoque par 17% en Communauté française (11% en Flandre), et le tétanos par seulement 11% à Bruxelles et en Wallonie (9% en Flandre). Ces derniers chiffres sont très faibles, sachant que cette vaccination est recommandée depuis plus d’un demi-siècle. Mais ils sont cohérents avec les études qui montrent une mauvaise protection vaccinale des personnes âgées partout dans les pays développés.
Enfin, quelques chiffres plus encourageants quant à la vaccination effective des seniors, compte tenu du fait que pour le pneumocoque un rappel est conseillé tous les 5 ans, et tous les 10 ans pour le tétanos.
Vous êtes-vous fait vacciner cet automne contre
Communauté française | Flandre | |
grippe | 65 | 62 |
pneumocoque | 20 | 13 |
tétanos | 8 | 18 |
Source: INRA Marketing Unit, décembre 2002
Les cordonniers mal chaussés
Le Prof . Van Ranst , virologue à l’UZ Leuven, a présenté les résultats d’une enquête auprès de 1097 personnes travaillant dans 21 maisons de repos et de soins à Turnhout et Mechelen. Il est bien connu que les professionnels de santé en contact quotidien avec une population âgée et fragile devraient se faire vacciner contre la grippe chaque année, non seulement pour ne pas être malades, mais aussi pour ne pas contaminer des résidents pour qui la maladie peut être fatale.
Qu’en est-il dans la réalité?
Seulement 1 membre du personnel sur 5 se fait vacciner, et ce pourcentage est paradoxalement plus faible encore parmi les gens en contact quotidien avec les patients (19,6%) que parmi les autres travailleurs de ces institutions (27,5%). Dans les MRS qui proposent la vaccination gratuite, 28,9% du personnel se fait vacciner pour seulement 6,8% des collaborateurs des MRS ne prévoyant rien.
Le pire pour la fin: 62% des personnes interrogées croient que le vaccin peut entraîner la maladie!
Unanimité de façade
Le Dr Trefois (Question Santé) rappelle que la vaccination contre la grippe a fait un sacré chemin depuis 1989, puisque les ventes en pharmacie sont passées de 600.000 doses à l’époque à environ 2.000.000 de doses l’an passé.
De quoi réjouir ceux qui croient aux vertus incontestables de cet acte préventif, mais aussi les producteurs du vaccin, qui observent une belle progression du marché dans notre pays. A ce propos, j’ai surpris avant la conférence de presse une conversation intéressante entre les trois représentants des firmes concernées. Deux d’entre eux ont pris le troisième à partie en se plaignant de ce que ses délégués médicaux vantent les mérites de son vaccin auprès du corps médical en dénigrant les leurs. Ambiance, ambiance… Comme quoi derrière l’engagement ‘citoyen’ de façade, il y a toujours la même concurrence féroce où les coups bas ne sont pas interdits!
Christian De Bock