Mars 2011 Par Christian DE BOCK Initiatives

En 2009, une campagne visant une diminution de la consommation de sel a été menée dans le cadre du Plan national nutrition et santé belge (1).
Le CRIOC a été chargé du post-test de cette initiative. Cela a été fait au moyen d’une enquête téléphonique auprès de 620 personnes âgées de 18 ans et plus résidant en Belgique.

Un bilan en demi-teinte

Peu de gens connaissent le repère nutritionnel (6 grammes par jour, et l’OMS parle même de 5 g), la plupart de répondants pensant même que la dose journalière à ne pas dépasser est de 12 g…
Si les gens se souviennent plus ou moins de messages relatifs à l’alimentation ou l’activité physique, il y en a très peu (2%) qui évoquent spontanément la question du sel (par comparaison, 46 % évoquent la recommandation de manger tous les jours des fruits et légumes).
Le souvenir ‘aidé’ donne quand même 29 % de personnes ayant vu, lu ou entendu une info, et 15 % identifiant la limite de 6 grammes par jour.

Identification des recommandations

Pas mal de consommateurs se sentent quand même concernés, et envisagent de suivre certains conseils, ou le font déjà.

Conseil

Connu(%) Suivi (%)
En faisant les courses, je lis les étiquettes pour connaître le taux de sel 27 16
Pour réduire ma consommation de sel, je mange plus de fruits, de légumes et de pommes de terre 50 48
Pour réduire ma consommation de sel, j’assaisonne différemment 52 48
Pour réduire ma consommation, je prends un petit déjeuner à faible teneur en sel 56 56
Pour réduire ma consommation, je choisis des aliments moins salés 62 59
Pour réduire ma consommation, je limite le ‘fast-food’ 77 71
Pour réduire ma consommation, j’évite la salière 57 32
Je remplace le sel par le sel iodé 32 23

Le gadget de la campagne, le ‘salinomètre’, est très peu connu, 1% des répondants seulement arrivant à le décrire correctement. Le site http://www.stoplesel.be est tout aussi confidentiel (4% le connaissent).

En conclusion, la faible connaissance de départ sur le repère ‘sel’ justifie sans aucun doute une campagne, mais les outils utilisés (site, brochure d’info, salinomètre) ne permettent pas d’espérer (et de loin), l’impact d’une vraie campagne médiatique. Un membre du comité d’experts directeur du PNNS, quelque peu iconoclaste, n’a pas hésité à déplorer que la communication se soit axée sur ‘moins de sel’ plutôt que sur ‘plus de goût’…
Au rayon plus positif, quand le message est connu, il est bien intégré, voire suivi d’effet en termes de réduction de la consommation. L’incitation au changement est donc bien réelle.
Cela dit, comme le rappelle Test Santé dans sa livraison de février-mars 2011, le consommateur belge, qui n’est responsable que de 15% des 10 à 11 grammes de sel qu’il avale chaque jour, doit plutôt compter sur une pression des autorités européennes incitant les fabricants à modifier la formulation de leurs plats préparés et autres charcuteries, fromages ou conserves… Un fameux défi pour les prochaines années !
Christian De Bock , d’après le document «Post-test de la campagne ’sel’» du CRIOC
(1) Voir C. De Bock, ’Stop le sel! Une campagne pour la réduction de notre consommation de sel’ , Éducation Santé n° 247, juillet-août 2009.