«Adapter les stratégies pour faire face aux inégalités devant la santé » est le premier des principes d’action prioritaires fixés par le Programme quinquennal de promotion de la santé 2004-2008 (1).
Pour renforcer cette affirmation, la réduction des inégalités devant la santé est la clé du Plan communautaire opérationnel 2008-2009 (2). En référence au rapport de la Fondation Roi Baudouin (3), il y est précisé que « les personnes défavorisées ( difficultés économiques , psychosociales …) sont davantage confrontées à la maladie que d’autres . Mis à part quelques très rares exceptions , les gradients sociaux de santé se retrouvent pour chaque problématique de santé , et sont visibles tant en termes de mortalité ( dont par exemple l’espérance de vie ) que de morbidité ( santé physique mais aussi santé mentale et bien – être ).»
Le Conseil supérieur de promotion de la santé réaffirme avec force que la réduction des inégalités sociales de santé constitue un défi prioritaire pour le secteur de la promotion de la santé. Pour relever ce défi, il tient à appuyer certaines recommandations auprès des décideurs, en complément de la note réalisée par le groupe de travail présentée en annexe.
Préalables et déterminants
Une ‘ bonne santé’ exige un certain nombre de conditions préalables . L’individu doit pouvoir s’appuyer sur des ressources de base, notamment: se loger, accéder à l’éducation, se nourrir convenablement, disposer d’un certain revenu, bénéficier d’un écosystème stable, avoir droit à la justice sociale et à un traitement équitable. Tels sont les préalables indispensables à toute amélioration de la santé, énoncés déjà en 1986 dans la Charte d’Ottawa, et toujours d’une actualité brûlante aujourd’hui en 2011.
Tenant compte du fait que la plupart des déterminants des inégalités sociales de santé se situent en dehors du champ d’action de cette dernière, le Conseil plaide en faveur de l’implication active des autres secteurs (notamment l’éducation, le logement, l’emploi…) dans le développement d’interventions utiles à la réduction des inégalités sociales de santé. Il importe donc d’interpeller les autres compétences communautaires et les autres niveaux de pouvoir afin d’inscrire la réduction des inégalités sociales de santé dans les politiques.
À cet effet, la Conférence interministérielle ou d’autres lieux réunissant différentes compétences et niveaux de pouvoir méritent d’être mobilisés. Cette implication pourrait prendre la forme d’une Charte dont le secteur de la promotion de la santé serait porteur, à élaborer en concertation avec des intervenants d’autres secteurs.
Offre universelle
Le Conseil attire l’attention sur la nécessité de maintenir voire de développer une offre universelle orientée vers la prévention , l’éducation pour la santé et la promotion de la santé . Cette offre doit donc être proposée à l’ensemble de la population et non pas viser uniquement les plus précarisés. C’est en maintenant une offre universelle qu’on pourra agir réellement sur le gradient social. Certains services comme par exemple les consultations de l’ONE et les services de promotion de la santé à l’école contribuent à garantir une offre universelle. Ces choix politiques doivent être maintenus, voire renforcés.
Stratégies spécifiques
Assurer l’universalité de l’offre ne peut cependant suffire à réduire durablement les inégalités sociales de santé.
Il importe de développer simultanément des stratégies spécifiques permettant à toutes les populations d’agir sur leur santé et de bénéficier sans discrimination des offres de santé. C’est tout le sens des caractéristiques de l’intervention spécifique des professionnels de promotion de la santé, dont les maîtres mots sont empowerment, plaidoyer, participation des communautés locales, réorientation des services, action sur les milieux de vie.
Le Conseil estime indispensable d’octroyer des ressources suffisantes et stables au secteur de la promotion de la santé, pour lui permettre de déployer avec un maximum d’efficacité les stratégies de promotion de la santé. Des projets limités dans le temps et dans les ressources ne peuvent suffire. Il est important d’élargir l’offre de promotion de la santé pour la rendre plus universelle et d’en assurer la continuité, ce qui implique un renforcement des moyens alloués.
Renforcer les compétences
Le Conseil insiste enfin sur la nécessité de renforcer les compétences des professionnels en matière de réduction des inégalités sociales de santé .
Cela concerne non seulement les professionnels de la santé, mais aussi ceux d’autres secteurs comme le logement, le secteur socioculturel, l’enseignement et l’emploi.
Il est essentiel de développer des formations sur le long terme en veillant à ce que ces formations soient adaptées à chaque niveau d’intervention. Ceci peut se faire notamment par le biais de la formation continuée. À cet effet, le Conseil préconise de mettre en place un référentiel commun sur les inégalités sociales de santé en Communauté française, de définir les besoins de formation selon les catégories de professionnels, d’accompagner les travailleurs avec ces nouveaux savoirs (par exemple par le biais d’intervisions ou de supervisions) et de leur garantir les ressources nécessaires (dont la continuité des financements…) pour exploiter au mieux ces nouveaux savoirs.
Chantal Leva , Présidente du Conseil supérieur de promotion de la santé
Avis rendu le 15 avril 2011 ( accessible en ligne à l’adresse http://www.sante.cfwb.be/index.php?id=3482 )
Pour compléter son information, le lecteur prendra connaissance avec profit du texte ‘La réduction des inégalités sociales de santé – Un défi pour la promotion de la santé’ produit par le Conseil supérieur de promotion de la santé en avril 2011 avec l’appui de son groupe de travail ‘Réduction des inégalités sociales de santé’ animé par Bernadette Taeymans .
Éducation Santé vous en proposera prochainement la version intégrale.
(1) Le Programme quinquennal 2004-2008 est prolongé jusqu’au 31 décembre 2011 (décret du 8/7/2010, publié au Moniteur belge le 16/8/2010).
(2) Le Plan communautaire opérationnel 2008-2009 a quant à lui été prolongé jusqu’au 30 juin 2012 (arrêté du 1/12/2010, publié au Moniteur belge le 8/2/2011).
(3) Réduire les inégalités en matière de santé, recommandations d’un groupe de travail de la Fondation Roi Baudouin, 2007.