Comment faire pour que les enfants et les jeunes âgés de 2 à 17 ans se développent sainement et s’intègrent harmonieusement dans la société? Un ouvrage collectif québécois fait le point sur les principaux facteurs qui déterminent la santé et le bien-être des jeunes.
La relation entre les parents et leurs enfants, les pratiques éducatives des parents, la compétence sociale, le soutien social, l’estime de soi, l’alimentation, l’activité physique et l’environnement scolaire: tels sont les sept facteurs qui concourent à la bonne santé et au bien-être des enfants et des jeunes en âge scolaire. Cinq chercheurs québécois les ont minutieusement analysés dans un ouvrage collectif passionnant: ‘6, 12, 17 Nous serons bien mieux!’.
De saines habitudes de vie
Cette démarche québécoise se voulait résolument positive et inscrite dans une perspective de promotion de la santé. Les auteurs constatent que bien des gens tentent de trouver des solutions aux maux qui affligent les jeunes, mais que l’on se demande trop peu comment faire pour qu’ils se développent harmonieusement. Ils notent aussi que les spécialistes qui travaillent en ce sens restent souvent cantonnés dans leur seule spécialisation et agissent fort peu ensemble. Les auteurs ont donc procédé tout autrement: chacun a développé les moyens à sa portée, dans sa discipline, pour aider les jeunes à se sentir bien. Et tous ont jeté des ponts entre leurs actions afin de les harmoniser pour agir de manière soutenue et cohérente, avec plus d’efficacité.
De saines habitudes de vie sont indéniablement des déterminants importants de la santé et du bien-être immédiats des adolescents. Les auteurs citent les activités physiques de l’enfant qui développent les habiletés motrices de base mais aussi les compétences sociales. Ils pointent aussi la qualité de l’alimentation essentielle dans la croissance et le développement, mais aussi au maintien de leurs capacités d’attention et de concentration. Or celles-ci créent un contexte favorable aux apprentissages, donc au succès scolaire.
L’estime de soi
Les compétences personnelles et sociales des enfants et des adolescents représentent à coup sûr d’autres déterminants essentiels de la santé et du bien-être présents et futurs des jeunes. L’évaluation qu’ils font de leurs propres compétences entre directement en compte dans leur sentiment d’estime de soi. Les auteurs ont particulièrement développé les compétences sociales c’est-à-dire la capacité de transiger harmonieusement avec les autres. Si cette compétence fait défaut, cela compromet l’adaptation sociale et peut conduire à des conduites de délinquance, de consommation d’alcool et de drogues et peut provoquer l’isolement et le retrait social. Bien sûr, cette compétence joue également un rôle dans le processus d’adaptation scolaire des enfants et adolescents.
Les environnements humains où évoluent les enfants sont aussi des déterminants clés. C’est en famille, à l’école, dans leurs groupes de pairs que les enfants et les adolescents établissent les premières relations affectives et sociales qui détermineront, en grande partie, la qualité de leurs échanges avec les autres. C’est dans ces milieux aussi qu’ils construiront les systèmes de soutien social dont ils sauront s’entourer.
Chère et difficile discipline
Les auteurs soulignent que les aspects relatifs à la relation entre parents et enfants et à l’exercice de la discipline affectent de façon particulière l’adaptation sociale des enfants et des adolescents. La façon dont les parents exercent la discipline et l’encadrement est également cruciale: une discipline consistante assurée par des parents chaleureux qui savent établir et faire respecter des limites claires et raisonnables ont plus de chances d’aider les enfants à devenir socialement compétents. Les auteurs notent d’ailleurs la difficulté pour les parents de mettre en oeuvre une telle discipline tout en s’adaptant à l’autonomie grandissante des adolescents. Reste qu’il est indispensable qu’ils encadrent l’enfant et supervisent ses activités jusqu’à l’adolescence.
L’environnement scolaire est capital lui aussi. Les pratiques pédagogiques auxquelles recourent les enseignants, le climat qui prévaut à l’école et l’ouverture manifestée par l’école à l’égard des parents et du reste de la communauté sont autant de caractéristiques susceptibles d’avoir un effet sur les enfants d’âge scolaire.
Encore faut-il considérer l’enfant et l’adolescent dans leur globalité et agir en cohérence dans ces différents domaines d’activités. ‘6, 12, 17 Nous serons mieux!’ est une mine d’informations pour soutenir la réflexion et construire les outils nécessaires à une telle éducation harmonieuse.
Sous la direction de Marthe Hamel, Luc Blanchet et Catherine Martin, ‘6.12.17 Nous serons bien mieux! Les déterminants de la santé et du bien-être des enfants d’âge scolaire’, Les Publications du Québec, Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, 2001.