Le Théâtre Royal du Parc a la bonne idée de reprendre ‘Knock’, la célèbre pièce de Jules Romains , du 28 septembre au 28 octobre. Ce classique créé en 1923, et immortalisé par le formidable Louis Jouvet (1) (il l’a même interprété deux fois au cinéma, en 1933 et peu de temps avant sa mort en 1951) n’a pas pris une ride. Mieux, l’envahissement de nos existences par l’obsession de la ‘bonne santé’, et les dérives marchandes auxquelles il donne lieu, sont bien plus présentes aujourd’hui qu’hier.
Knock ou le Triomphe de la médecine
Pièce de Jules Romains (1885 – 1972), mise en scène par Toni Cecchinato , interprétée par Jean-Claude Frison (Dr Knock) et Michel de Warzée (Dr Parpalaid), décors et costumes de Thierry Bosquet .
Voici ce qu’en dit le metteur en scène: ‘A première vue , la pièce nous parle de notre santé , qui est sans doute la chose qui nous intéresse le plus au monde . Et elle nous met en garde contre les charlatans de toutes sortes qui prétendent nous guérir de maladies parfois imaginaires . A seconde vue , elle nous parle des dérives de la publicité , du marketing . Et elle nous met en garde contre les manipulateurs des médias . Plus loin encore , elle pourrait nous mettre aussi en garde contre les dérives de la foi . Mais finalement sa leçon est surtout politique . L’homme providentiel est celui qui est parvenu à annihiler tout esprit critique chez ses concitoyens’ .
Et tout ça avec le sourire!
Pour un témoignage récent quant à l’actualité de la pièce, citons Gilles Lipovetsky dans son dernier essai, ‘Le bonheur paradoxal’ (voir la recension de l’ouvrage dans ce numéro):
‘Les magazines , les débats , les émissions télévisées consacrés à la santé passionnent un public de masse ; les problèmes de la santé envahissent les conversations ordinaires ; un nombre croissant de domaines de la vie sociale et individuelle ( échec scolaire , difficultés conjugales , sommeil , stress , alimentation , forme ) se trouvent investis par l’expertise médicale et psychologique . Alors que les dépenses de santé obéissent à une courbe exponentielle , les modes de vie et la consommation se médicalisent . Tentaculaire , omniprésent , le processus de médicalisation de la société a transformé les attentes , les priorités , les modes d’existence de tous .’ ( 2 )
En d’autres termes, ‘il ne s’agit plus seulement de guérir mais de prévenir les maux , intervenir en amont de l’apparition des situations critiques’ (p. 218). La recherche obsessionnelle de la minimisation des risques, que notre société a érigée en dogme, Jules Romains n’aurait même pas oser en rêver!
Bref, c’est faire œuvre de bonne santé mentale pour nous les professionnels de la prévention, de nous remettre en question au moins le temps d’un spectacle qui a gardé toute sa force comique au fil du temps, ce qui ne gâte rien.
Serez-vous des nôtres?
Education Santé et Question Santé, le Service communautaire de promotion de la santé chargé de la communication, ont le plaisir d’inviter 50 d’entre vous à venir apprécier la pièce, grâce à l’aide de la Ministre de la Santé Catherine Fonck .
Où: au Théâtre Royal du Parc, rue de la Loi 3, 1000 Bruxelles.
Quand: le vendredi 20 octobre 2006. Une réception est prévue à partir de 19 heures 30, avant la pièce.
Attention, le nombre de places est limité, les premiers à se faire connaître seront les premiers servis (2 places maximum par demande)!
Cette offre est valable jusqu’au 20 septembre. Merci de communiquer votre inscription par courriel adressé à education.sante@mc.be ou en appelant au 02 246 48 52. (1) Malgré son talent considérable, Fabrice Luchini n’est pas parvenu à nous faire oublier son génie lors d’une récente reprise.
(2) Gilles Lipovetsky, Le bonheur paradoxal, Essai sur la société d’hyperconsommation, Gallimard, 2006, p. 217.