Chacun à leur manière mais dans une perspective commune, pas moins de neuf services et associations interviennent en province de Namur en matière d’usages de drogues et d’assuétudes.
Sur l’initiative de la Coordination provinciale sida assuétudes (CSA) de Namur, une plate-forme rassemblant ces intervenants était créée en 1997. Depuis lors, la CSA coordonne le fonctionnement du réseau. Synonyme d’une plus grande proximité avec le public, cette initiative permet également une étroite concertation. Elle a trait non seulement à l’éthique des interventions mais aussi aux choix des stratégies de prévention et d’accompagnement.
« Il convient de souligner que ce réseau s’est mis tout naturellement en place, dans le cadre d’échanges avec les partenaires. C’est après qu’il a été décidé de le formaliser. En aucun cas, il ne s’agit d’une création artificielle », déclare le Dr Monique Vassart , Médecin Directeur de la CSA.
Le 25 octobre 2002, la Coordination et ses partenaires ont convié le public concerné par les assuétudes à un colloque précisément centré sur ce travail en réseau. Organisée avec le SEDS (Service d’études et de documentation sociales), cette journée de réflexion a vu de nombreux interlocuteurs prendre la parole à propos de l’apport du réseau dans la prévention, mais aussi du concept de réduction des risques liés à l’usage de drogues (RDR).
L’intervention d’Alexis Kestermans, du Centre pour la formation et l’intervention socio-psychologiques (CFIP) a permis d’éclairer l’auditoire quant à la nouvelle approche du travail en réseau. Selon ce psychosociologue, les réseaux constitueraient des réponses à des besoins d’efficacité, de professionnalisation ou de soutien. En guise de «ciment», on retrouve bien souvent des pratiques communes ou des valeurs partagées.
1997
,
naissance du réseau
En l’espèce, le réseau namurois a jeté les bases du travail grâce à trois ateliers, constitués à la suite d’une étude d’évaluation des besoins des partenaires. Un atelier «prévention» abordait la question, essentiellement à l’attention de 14 – 20 ans. Le groupe «réduction des risques» s’interrogeait quant à lui au sujet des moyens qui pourraient être mis en œuvre pour limiter les risques liés à la consommation des produits. Enfin, une troisième assemblée «accueil de crise» se penchait sur la question de l’accueil de l’usager de drogues dans les services d’urgence des hôpitaux.
Quatre ans plus tard, en 2001, ces étroites concertations ont permis de formaliser et officialiser un réseau d’intervenants en matière d’assuétudes. Côté prévention, la coordination des projets et autres animations de terrain sont assurées par les services spécialisés. La CSA fut quant à elle chargée d’assumer la coordination à travers plusieurs missions: diffusion d’information, réception et dispatching des demandes d’animations, recherche de nouveaux outils à vocation informative et formation des partenaires.
En mars de la même année, le réseau éditait une plaquette d’information reprenant les coordonnées des partenaires, de même que la composition des équipes et les services offerts. Depuis, chaque service assure la diffusion du document dans sa région, afin de le dynamiser à l’échelle locale.
Un décret wallon en gestation
Présent lors du colloque organisé au Campus provincial, le Ministre wallon des affaires sociales et de la santé Thierry Detienne a profité de l’occasion pour présenter les grands axes d’un avant-projet de décret. Cette nouvelle disposition traitera de «l’agrément et du subventionnement des réseaux d’aide et de soins, et des services spécialisés en assuétudes».
Pour l’heure, il se dégage plusieurs pistes. Tout d’abord, l’ensemble des assuétudes serait pris en compte. Il s’agirait non seulement de traiter la dépendance aux drogues illicites, mais également à l’alcool, au tabac et aux jeux.
Le ministre semble également convaincu du bien-fondé de la mise en réseau. Vu le grand nombre d’initiatives existantes, il s’agira essentiellement de les identifier, mais surtout de s’appuyer sur elles. Ainsi, le réseau, constitué en asbl, définira un projet pour trois ans à partir des ressources et en fonction des besoins. Le but premier de ce futur décret est d’inciter les différents acteurs à se constituer en réseau.
Le concept de réduction des risques
La seconde partie du colloque fut consacrée à la réduction des risques.
Il y a vingt ans, l’abstinence était une condition à l’accès à la prise en charge. D’autres approches se développèrent ensuite, afin de limiter au maximum les risques sanitaires et sociaux liés à l’usage de drogues. Conjointement, c’est le virus du sida qui va notamment forcer pouvoirs publics et intervenants à modifier leurs pratiques, et toucher un public jusque là peu concerné par les structures d’aide. Par la suite, la réduction des risques s’est élargie, pour prendre en compte les dangers sociaux, voire psychologiques.
En outre, avec la politique de réduction de risques, l’usager de drogues a de nouveau la possibilité d’être acteur de sa santé et de celle des autres, mais aussi d’éclairer les intervenants, auxquels il apporte son savoir.
D’autres représentants des services partenaires du réseau ont également pris la parole et ont présenté le projet pilote de réduction des risques, mis en place en partenariat avec plusieurs autres services du réseau. Le projet vise à promouvoir la RDR par des usagers de drogues auprès de professionnels de la santé.
Le public ciblé est composé de médecins généralistes, auprès desquels l’usager apporte ses connaissances, tout en bénéficiant d’une réinsertion professionnelle. Pour l’heure, seule l’étude de faisabilité a été accomplie. Elle a pris la forme de travail en «focus group», à savoir l’interview en groupe de publics concernés. Une réalité s’en dégage: la difficulté d’élaborer une définition commune de la réduction des risques qui soit opérationnelle sur le terrain…
En cours d’après-midi, les saynètes jouées par la Compagnie Maritime ont détendu l’auditoire. Avec humour et réalisme, elles ont mis au jour certaines situations vécues par les partenaires du réseau.
Le réseau s’agrandit
Tout prochainement, le réseau namurois devrait bénéficier de la présence de nouveaux partenaires: les «Plans drogue», en fonction depuis fin 2002. Une convention de partenariat leur sera proposée. Elle définira clairement certaines conditions essentiellement d’ordre éthique auxquelles il faudra adhérer au minimum.
Posé sur des bases solides, le réseau des services de prévention des assuétudes et de réduction des risques se situe seulement à l’aube de son développement, et ne demande qu’à bénéficier de l’apport de tous les partenaires compétents de la province.
Les actes du colloque sont disponibles au prix de 8 € à la Coordination Sida Assuétudes, rue Château des Balances 3/13, 5000 Namur. Tél.: 081-721 621. Fax: 081-721 620. Si vous faites votre demande par courriel à sida.toxicomanie@province.namur.be, ils vous seront envoyés gratuitement comme pièce jointe.