Octobre 2005 Par Christian DE BOCK Initiatives

La lutte contre le tabagisme est une priorité majeure de l’Union européenne en matière de santé publique. Le tabac représente la deuxième cause évitable de décès dans le monde (environ 5 millions de morts par an), mais la première cause en Europe: on comptabilise aujourd’hui plus de 650.000 décès annuels liés au tabac dans les vingt-cinq Etats membres de l’ Union européenne , soit un décès sur sept.
Le tabac tue un de ses consommateurs sur deux, mais il met également en grave danger la vie des non-fumeurs. Une étude parue en avril 2004 dans le British Medical Journal pointe les effets dévastateurs du tabagisme passif: selon ses auteurs, le risque de mortalité serait de 15% plus élevé chez les adultes qui partagent leur quotidien avec un fumeur/une fumeuse, même sans avoir jamais fumé eux-mêmes.
Si les adultes semblent aujourd’hui relativement bien informés sur les méfaits du tabagisme, les jeunes et en particulier les jeunes filles restent le principal groupe à risque sur lequel doivent se concentrer tous nos efforts. Conscient de cette situation, le Commissaire européen Markos Kyprianou a lancé à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac une ambitieuse campagne d’information et de sensibilisation aux méfaits du tabagisme dans les vingt-cinq Etats membres de l’Union européenne. La campagne, intitulée «Help – Pour une vie sans tabac» s’adresse en particulier aux jeunes et aux jeunes adultes. Le budget de ce programme est à la mesure du problème abordé: 72 millions d’euros, provenant des fonds de soutien à la culture du tabac.

Objectifs de la campagne

La campagne se veut d’abord au service des jeunes et de ceux qui sont en contact direct avec les réalités rencontrées par les jeunes, fumeurs ou non-fumeurs. Lors des enquêtes préliminaires au lancement de la campagne, les citoyens européens accordaient une légitimité forte à l’Union européenne dans la lutte contre le tabagisme. «Il est normal que l’Europe s’en préoccupe, après tout c’est le même problème partout» déclaraient d’une même voix des citoyens européens des quatre coins de l’Union. Cette campagne est également volontairement placée sous le signe d’un réel partenariat avec le monde de la lutte anti-tabac en Europe.
Cet esprit est développé en coordination avec le Réseau européen de prévention du tabagisme (ENSP). Il s’agit du réseau le plus important en Europe puisqu’il ne regroupe pas moins de 530 organisations. Celles-ci apportent une expertise et une connaissance irremplaçable des problématiques liées à la prévention du tabagisme.

Dispositif de campagne

Consciente de la difficulté du chemin à parcourir par le fumeur, la campagne «Help» et sa signature «Pour une vie sans tabac» n’énoncent en aucune manière un discours moral ou un jugement de valeur. Il est en effet plus réaliste, étant donné l’importance de l’effort personnel à fournir, de soutenir le jeune dans sa démarche de ne pas commencer à fumer ou d’arrêter en véhiculant un message non culpabilisant et non moralisateur. Dans cette perspective, la campagne présente une offre intégrée d’outils multiples, au service d’une mobilisation collective et positive.
Le «road show»
Il s’agit de la phase inaugurale de la campagne. L’animation prévue était composée d’une série d’éléments de grande dimension symbolisant la campagne européenne. Elle a parcouru chacune des 25 capitales européennes de mars à fin juin 2005.
La forte visibilité d’une telle présentation permet d’établir un premier contact avec les citoyens qui ont reçu, à cette occasion, des informations et des objets promotionnels. Une façon spectaculaire d’amorcer une mobilisation au service d’une grande cause. Chacune des escales du «road show» a été couplée à une conférence de presse nationale. Ainsi, à Bruxelles, nous avons eu droit aux interventions de pas moins de quatre ministres belges concernés par cette problématique: Rudy Demotte , Inge Vervotte , Catherine Fonck et Bernd Gentges .
Les spots TV
Trois spots, déclinés chacun sur un des trois thèmes (la prévention, la cessation, les dangers du tabagisme passif), sont diffusés dans les 25 Etats membres depuis le mois de juin. Afin d’évaluer le bon fonctionnement, l’agrément, l’adhésion et l’impact potentiel de cette campagne publicitaire dans les différents pays européens, un dispositif de tests qualitatifs particulièrement élaboré a été réalisé (voir ci-dessous).
La diffusion d’articles de presse
Des communiqués de presse diffusés à un rythme mensuel, permettent de fournir des informations de santé et de suivre les diverses actions menées en matière de prévention du tabagisme. La conception et la diffusion de cette information ‘made in Europe’ dans les médias européens auront un effet accompagnateur, prolongateur et multiplicateur des actions de la campagne «Help». Cette phase, mise sur pied en coopération avec la structure de l’ENSP, est rendue possible grâce à l’implantation d’un réseau européen de correspondants médias dans les 25 Etats membres.
Le site Internet
Le portail d’information http://www.help-eu.com a pour but de délivrer une information objective et factuelle et dans leur propre langue à tous les citoyens de l’Union européenne. Ce site constitue une plate-forme d’accès vers les organisations susceptibles d’aider à arrêter de fumer ou à ne pas commencer. Il renvoie également aux actualités, dossiers, newsletters, ainsi qu’aux expériences réalisées dans d’autres pays. Le site deviendra également un lieu de rencontre pour les plus jeunes où des contenus spécifiques à leur intention seront développés pour eux, mais aussi et surtout, par eux.
Les événements européens
Tout au long de la campagne, des événements seront organisés. En 2005, les promoteurs envisagent la création d’un organe de consultation des jeunes européens. Cette initiative réunira une délégation de jeunes provenant de chacun des Etats membres. Son fonctionnement sera celui d’un véritable forum où les thèmes (prévention et cessation du tabagisme) seront abordés et débattus en présence d’experts et de responsables politiques européens. Le vote de résolutions ou de recommandations sera également à l’ordre du jour.
Un dispositif de pré-test très évolué
Il s’agit d’un dispositif d’une ampleur considérable sans doute sans précédent dans le domaine de la recherche sociale en matière de tabagisme. Développé par la firme Ipsos Santé, pas moins de 38 réunions de groupes focalisés réunissant environ 10 personnes, ont été réalisées dans 20 pays de l’Union représentant à la fois les différentes zones géographiques, les statuts tabagiques, les classes d’âges et la diversité sociale. Près de 400 personnes ont ainsi été interrogées de façon approfondie.
Cette étude constitue une base de données d’une grande richesse à partir de laquelle des analyses pourront être menées sur les attitudes et les comportements à l’égard du tabac. Le premier enseignement de l’étude réside dans la possibilité de mettre en place une campagne de communication potentiellement efficace sur le thème du tabac dans l’ensemble de la zone européenne, même si, répétons-le, des adaptations linguistiques et culturelles, décidées avec les partenaires nationaux, sont possibles.
Christian De Bock , d’après le dossier de presse de la campagne