Mai 2008 Par Christian DE BOCK Editorial

Plus de 600 personnes se sont donné rendez-vous à Mons pendant les vacances de Pâques pour échanger quatre jours durant sur le thème de la santé locale et régionale. Cette manifestation était à la fois francophone (1) et très internationale, puisque deux tiers des participants venaient de France, de Suisse, du Québec, et, en grand nombre, d’Afrique.
L’incontestable succès du 3e colloque des programmes locaux et régionaux de santé est le fruit d’une mobilisation exemplaire de réseaux de santé publique et de promotion de la santé depuis de nombreux mois. Le spectacle du grand amphithéâtre de la Faculté polytechnique de Mons presque plein durant les séances plénières ne manquait pas d’impressionner, comme le volume des communications orales faites au fil des 15 ateliers et des 7 séminaires, sans oublier les dizaines de présentations d’affiches. Et quelles que fussent les circonstances, on pouvait constater une excellente interaction avec les participants (2).
Il y eut beaucoup de discours attendus sur les vertus de l’intersectorialité et de la transversalité, et sur le caractère relatif de l’efficacité du modèle bio-médical quand on s’interroge de façon globale sur les déterminants de la santé. Cela semblera un peu ‘bateau’ à ceux qui oeuvrent en santé publique, mais cette lucidité nous semble très pertinente aujourd’hui plus que jamais.
Autre constatation frappante, le progrès ces dernières années d’une belle idée dans la gestion de la chose publique, le ‘health impact assessment’, à savoir la règle qui voudrait qu’avant de prendre une mesure législative dans quelque domaine que ce soit, un gouvernement s’inquiète de son influence sur la santé des populations. Le Québec nous donne le ton depuis 2002, le canton de Genève lui emboîte partiellement le pas depuis 2006. Une piste (c’est le cas de l’écrire!) féconde que les autorités belges auraient sans doute dû suivre dans la gestion du développement de l’aéroport de Bruxelles national!
La question des inégalités de santé est à l’agenda un peu partout, et c’est tant mieux. En entendant les témoignages dramatiques des collègues d’Afrique subsaharienne sur la question, les états d’âme sincères des représentants du ‘Nord’ sur les difficultés vécues par les populations défavorisées dans nos régions et l’insuffisance des ressources humaines et financières pour y faire face avaient quand même quelque chose de gênant. Les participants du colloque en étaient bien conscients à en juger par les applaudissements nourris qui saluèrent l’intervention plénière d’ Assomption Hounsa (Bénin), qui, après avoir brossé un tableau réaliste de la situation sanitaire de son pays, en parlant de ‘courage’ et de ‘cœur’ toucha celui du public.
Bref, ce genre de confrontation offre une chance exceptionnelle de prendre un peu de recul par rapport à nos pratiques, d’ébranler bien des certitudes, en somme Mons 2008 nous a offert une excellente leçon de santé mentale.
Pour en savoir plus, voir le site http://www.mons2008.info , qui sera enrichi prochainement des contenus du colloque. La Belgique, pays riche s’il en est, est parfois considérée comme parente pauvre en matière de données sanitaires, avec un silence assourdissant sur les statistiques de naissance et mortalité depuis une dizaine d’années. Bonne nouvelle, le vide est en passe d’être comblé, et je suis heureux de vous en fournir une première manifestation tangible au centre de ce numéro. Vous y trouverez la nouvelle lettre d’information de la DG Santé, qui vous présente en primeur les chiffres 2004 des naissances en Communauté française. D’autres suivront rapidement, c’est promis!
Christian De Bock , rédacteur en chef (1) Fait remarquable: l’unique plaidoyer en séance plénière en faveur du français comme langue de communication mais aussi de formation vint du Dr Boupha , du Laos…
(2) La seule réserve que nous ferons en termes d’organisation porte sur l’espace réservé aux organisations (dont les trois principales mutualités belges) désireuses d’animer un stand pour présenter leurs réalisations. Il était situé sous chapiteau à quelques dizaines de mètres du lieu principal du colloque, et cela suffit malheureusement à en écarter beaucoup de participants.