Le 14 janvier dernier marquait de manière très concrète le transfert des compétences promotion santé aux régions… et le début d’un cloisonnement inquiétant.Un grand nombre d’acteurs du secteur, wallons et bruxellois, se sont réunis ce jour-là à Namur en ‘inter-plateforme’ afin de voter la création d’une ou plusieurs fédération(s) de promotion de la santé. À la majorité des deux tiers, le vote en quatre tours était sans appel. Le secteur francophone de la promotion de la santé, qui avait déjà pourtant bien du mal à faire corps pour défendre son idéologie, sera représenté, dans les lieux de concertation et instances régionales, par une fédération wallonne et une fédération bruxelloise.Ceux qui s’étaient prononcé pour une seule fédération francophone ont pu s’exprimer sur leur choix. C’est ce qu’a courageusement fait Cristine Deliens, de l’asbl Cordes, soulignant le gaspillage de temps et d’énergie engendrés par la création de deux entités distinctes et l’affaiblissement évident d’un secteur déjà fragile et lourdement touché par la régionalisation.Les plus frileux ne souhaitant pas s’exprimer en séance ont été invités à envoyer leurs commentaires par écrit, afin de rédiger une note de minorité. Autant dire que si la démarche, très ‘promotion santé’ (au sens caricatural du terme), de permettre aux uns et aux autres de s’exprimer est plutôt bonne, cette note de minorité éventuelle restera fort probablement dans les tiroirs du secteur, au même titre que le travail sur le Code de la santé de l’ancienne Ministre Laanan.Si les organisations ont opté pour une scission régionale, la création de liens entre les deux fédérations, largement débattue en séance, a toutefois été plébiscitée.C’est de bonne guerre. Un brin ironiques, certains n’ont pas hésité à proposer la création d’un lieu commun (une troisième fédération francophone de promotion de la santé par exemple) pour examiner cette question plus avant…La localisation des deux sièges sociaux doit quant à elle être votée prochainement dans chaque plateforme (ce texte est rédigé le 27 janvier 2016, ndlr).Enfin, un travail important sur les statuts des deux fédérations doit encore être réalisé, avec l’aide d’une organisation spécialisée dans l’accompagnement juridique de ce type de démarche.Cette réunion, dont je mentirais en disant que le résultat m’a remplie de joie n’en est pas moins un événement historique pour le secteur de la promotion de la santé francophone. Reste à voir s’il restera dans les annales pour de bonnes ou de mauvaises raisons…
Pour rappel, à l’annonce du transfert de compétences, le secteur s’est constitué en deux plateformes, l’une wallonne et l’autre bruxelloise, dans l’espoir (entre autres) d’être mieux entendu avant la mise en place des nouveaux dispositifs de promotion de la santé par les deux régions. Voir l’article ‘Une mobilisation collective dans l’urgence’, Éducation Santé n° 301, juin 2014.
La revue Éducation Santé, qui s’adresse indifféremment à des acteurs wallons, bruxellois, français, québécois ou autres, fait partie des deux plateformes.