Les éditions Mardaga ont lancé cet automne une nouvelle collection de vulgarisation scientifique «légère», dont la double ambition est de rendre accessible à un large public les résultats de recherches scientifiques récentes en psychologie tout en s’instruisant avec le sourire sur des thèmes en résonance avec la vie quotidienne.
Quatre titres sont sortis en même temps:
- 60 questions étonnantes sur les parents, par Jean-Baptiste Dayez et Anne-Sophie Ryckebosch;
- 60 questions étonnantes sur l’alimentation, par Maxime Morsa;
- 60 questions étonnantes sur l’amitié, par Lolita Rubens;
- 60 questions étonnantes sur la musique, par Valentine Vanootighem.
Nous avons posé 6 questions à Jean-Baptiste Dayez et Anne-Sophie Ryckebosch, directeurs de la collection.
Éducation Santé: ‘Comment vous est venue l’idée de ces 60 questions’?
Jean-Baptiste Dayez: L’idée est née d’une réflexion avec Mardaga. Les éditeurs voulaient poursuivre l’élargissement de leur public déjà entamé avec le lancement de la collection Santé en soi et casser l’image un peu – trop – sérieuse qui leur colle à la peau. C’est la raison pour laquelle ils ont voulu travailler avec nous. Nous avons tous deux fait de la recherche en psychologie, et nous adorons la vulgarisation scientifique. L’objectif de cette collection est de se situer à mi-chemin entre le livre de vulgarisation sérieux – mais parfois un peu rébarbatif – et le livre de développement personnel sympa – mais parfois un peu simpliste.
ES: Vous inscrivez-vous dans la mouvance d’un phénomène récent de ‘science décalée et amusante’? Je pense aux chroniques de Pierre Barthélémy dans Le Monde ou encore à l’excellente bande dessinée de Marion Montaigne ‘Tu mourras moins bête’ …
Anne-Sophie Ryckebosch: Dans l’ensemble, on peut dire que nous nous inscrivons dans cette mouvance. Comme eux, nous voulons donner une image plus peps de la science, en dénichant des recherches méconnues et parfois loufoques et en les présentant avec humour. En revanche, nous nous distinguons sur certains plans. Tout d’abord, nous ne parlons que d’une seule discipline – la psychologie –, pour laquelle nous avons été formés. Par ailleurs, le dada de Pierre Barthélémy est l’ ‘improbablologie’, soit les recherches les plus loufoques qui soient (celles qui pourraient gagner des Ig Nobel). De notre côté, nous voulons bien sûr étonner, mais aussi en montrant que la psychologie s’intéresse à beaucoup d’autres choses que Freud ou son divan… et pas forcément sur la base de recherches improbables.
ES: Pouvez-vous nous expliquer la structure des ouvrages?
JBD: Chaque livre aborde 60 questions et y répond à partir des résultats de 60 recherches scientifiques publiées dans des revues sérieuses. Chaque question est présentée en 2 pages, de façon très structurée (introduction, méthode, résultat, conclusion, référence). L’objectif est d’être court et percutant. Les questions peuvent être lues dans n’importe quel ordre. Il est même possible de ne lire que des parties de questions, sans pour autant se perdre en route. Le tout est illustré par des dessinateurs imaginatifs et talentueux.
ES: Et le choix des thèmes?
ASR: Pour pouvoir atteindre notre objectif d’intéresser le grand public à la psychologie scientifique, il est important d’aborder des sujets qui, spontanément, intéressent tout un chacun. Ce n’est que dans un deuxième temps – une fois que le lecteur a pris la peine d’ouvrir le livre – que l’on peut se risquer à lui proposer des choses nouvelles, insoupçonnées, décalées, politiquement incorrectes parfois. Nos thèmes doivent donc avoir une certaine universalité. Les sujets des quatre livres choisis pour le lancement le démontrent: tout le monde s’alimente, tout le monde a des amis, tout le monde a des parents (et beaucoup de monde le devient) et tout le monde ou presque écoute de la musique…
ES: Le marché de la «psycho» grand public n’est-il pas trop encombré?
JBD: Il est clairement fort encombré – il suffit d’ailleurs d’observer le rayon ‘développement personnel’ des librairies pour s’en convaincre. Le concept d’ In psycho veritas est en décalage avec la mouvance habituelle. Même s’il peut certainement apporter un ‘plus’ sur le plan personnel, il n’offre pas de recettes pour aller mieux et ne promet pas le bonheur. Disons qu’il a le mérite d’être honnête. En cela, nous pensons qu’il peut intéresser les lecteurs qui n’ont jamais aimé le développement personnel, qui commencent à s’en lasser… ou qui veulent tout simplement varier les plaisirs.
ES: Pouvez-vous enfin nous dévoiler les sujets des prochaines parutions? Y aura-t-il (exemple au hasard) «60 questions étonnantes sur»… la promotion de la santé’?
ASR: Pour 2016, nous prévoyons de sortir 4 nouveaux titres: «60 questions étonnantes sur» la beauté, l’humour et le rire, l’amour et le paranormal (toujours dans son versant scientifique, bien sûr, pas de pseudoscience au programme!).
Et nous préparons aussi la suite: une douzaine d’autres titres sont d’ores et déjà en réflexion. Par contre, au risque de vous décevoir, la promotion de la santé ne fait pas vraiment partie des priorités. Un tel ouvrage risquerait de n’intéresser que des spécialistes qui, eux, pourraient préférer un ouvrage de référence sur la question. Mais «60 questions étonnantes sur la santé» pourrait bien entendu avoir toute sa pertinence…
Collection In psycho veritas, dirigée par Jean-Baptiste Dayez et Anne-Sophie Ryckebosch, Éd. Mardaga, 144 pages, 14,9 euros le volume.
Voir l’article de C. De Bock ‘Santé en soi, une nouvelle collection ‘santé’ belge’, Éducation Santé n° 293, octobre 2013.
Voir http://tumourrasmoinsbete.blogspot.be/. Le quatrième album, ‘Professeur Moustache étale sa science’, vient de sortir chez Delcourt. Version animée annoncée pour 2016 sur Arte!
Le prix Ig Nobel est un prix parodique décerné chaque année à dix recherches scientifiques qui paraissent insolites ou banales. L’objectif déclaré de ces prix est de «récompenser les réalisations qui font d’abord rire les gens, puis les font réfléchir».