Novembre 2013 Par Christian DE BOCK Editorial

Depuis maintenant plus de deux ans, notre secteur vit une (trop) longue période de turbulences.

Cela a commencé par l’annonce en mai 2011 d’une profonde réforme de la législation relative aux compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le domaine de la santé. Cette réforme impliquait aussi la modification du dispositif mis en place par le décret de 1997 organisant la promotion de la santé au sein de notre Communauté. Le calendrier élaboré par la Ministre Laanan prévoyait un aboutissement de ce chantier courant 2012. Un projet de ‘code de la santé’ a été rédigé, qui déclinait concrètement la nouvelle direction que la Fédération allait emprunter.

Au moment où ce projet était sur le point d’aboutir, voici déjà plus d’un an, arrêt complet du processus. La 6e réforme de l’État belge est passée par là. En effet, les accords de réforme institutionnelle si difficilement négociés concernent pour partie la prévention sanitaire, et il fallait en tenir compte (1). La Fédération Wallonie-Bruxelles ne pouvait pas se permettre une refonte en profondeur de ses compétences ‘santé’ qui aurait probablement été dépassée avant même d’être mise en application !

Cela dit, cette situation compliquée charrie son lot d’inconvénients : un programme de promotion de la santé, censé baliser le travail du secteur pendant cinq ans, qui de quinquennal au départ est devenu plus que décennal par la force des choses et à coup de prolongations successives; des équipes du dispositif permanent (centres locaux et services communautaires de promotion de la santé) dont l’agrément a dû être renouvelé en catastrophe; des collaborateurs en préavis ou quittant un secteur qu’ils jugent trop instable pour aller exercer leurs talents ailleurs; un Conseil supérieur de promotion de la santé tout aussi démobilisé; des programmes d’action prolongés au coup par coup; bref une impression de gâchis, de retour en arrière, un sentiment quasi unanime que cela aurait pu, que cela aurait dû se passer autrement.

Bien malin en tout cas qui pourrait dire aujourd’hui de quoi demain sera fait pour la prévention francophone belge. Une certitude néanmoins: une partie des compétences communautaires en prévention sera régionalisée. Quels en seront les modes d’organisation, avec quelles structures permanentes, quel modèle de gestion, quelle implication des parties prenantes, en laissant quelle place pour la promotion de la santé à côté des programmes de vaccination et de médecine préventive, avec quels moyens pour les acteurs du socioéducatif et de l’éducation permanente, etc.?

(1) Voir l’article d’Olivier Gillis, Naïma Regueras et Christian De Bock ‘Quel impact de la 6e réforme institutionnelle sur la prévention ?’ dans le numéro précédent, http://www.educationsante.be/es/article.php?id=1616.