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Jeunes et alcool: un colloque pour une nouvelle dynamique préventive

Le 30 Déc 20

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Le comportement des jeunes face à l’alcool se modifie, il se rajeunit, il se féminise. Les stratégies commerciales mises en œuvre pour cibler les jeunes deviennent de plus en plus variées et pointues. Comment faut-il réagir? En observant, en dénonçant, en éduquant? Plusieurs partenaires du monde éducatif et de la santé (1) se sont associés afin de mettre ces questions du rapport entre le jeune et l’alcool sur la place publique. Leur objectif: observer le comportement des jeunes, connaître et comprendre les stratégies commerciales, faire connaître des actions de prévention. Le colloque «Les jeunes et l’alcool», qui s’est tenu le 18 mai dernier à Louvain-la-Neuve, et qui bénéficiait de l’appui de la Ministre de l’Aide à la jeunesse et de la Santé en Communauté française, constitue une première phase visible de ce travail qui devrait se poursuivre par différents acteurs, sous différentes formes.

Dès le biberon?

Les parents sont souvent à la base du premier verre, les jeunes s’initieront «grâce» à la famille. Très souvent, l’enfant, à l’occasion d’une cérémonie familiale, est invité à tester du vin, de la bière, aujourd’hui un «breezer». Une tierce personne, ou les amis inciteront le jeune dans 22,5% des situations. Dans l’enquête de l’Unité de Promotion Education Santé (PROMES) de l’ULB (2) sur la santé et le bien-être des jeunes d’âge scolaire, il apparaît en 2002 que 81% des jeunes déclarent avoir déjà goûté, c’est-à-dire avoir consommé au moins un verre d’alcool. Environ un jeune sur quatre, parmi ceux qui ont déjà bu de l’alcool déclare consommer de l’alcool une fois ou plus par semaine. Les garçons sont deux fois plus nombreux que les filles à consommer de l’alcool chaque semaine. Le nombre de grands buveurs (au moins 7 verres par semaine ou 2 verres par jour) est relativement stable depuis 1988. La tendance à l’augmentation du pourcentage (27% en 2002) des jeunes qui ont déjà bu jusqu’à l’ivresse est inquiétante.
Le CRIOC (3) s’est également penché sur la question. Il apparaît que les jeunes de 11 à 12 ans ont déjà testé plusieurs types de boissons alcoolisées. Le vin et la bière sont les boissons les plus consommées, mais les «breezers», malgré leur apparition récente, rencontrent un succès certain auprès de ces jeunes (30% en ont déjà consommé). Succès largement renforcé chez les jeunes de 15 à 18 ans (76%).
Pourquoi les jeunes boivent-ils? D’abord pour goûter, «voir l’effet que cela fait», répondent près de 70% d’entre eux. Une minorité fera le pas par mimétisme social (13,8% ) ou pour se décoincer (8% ). Côté plaisir, plus de la moitié des jeunes déclarent rechercher la détente ou le bien-être lorsqu’ils consomment de l’alcool. Mais près d’un jeune sur cinq y recourt pour lutter contre une certaine forme de mal-être.

Une préoccupation mondiale

L’Organisation mondiale de la santé a déjà identifié ces faits et a invité l’ensemble des nations à prendre en considération cette évolution des comportements de consommation dans la définition de leurs politiques de prévention. L’OMS tire quelque peu la sonnette d’alarme au regard de l’impact que peuvent avoir ces pratiques de consommation en matière de santé publique. Il s’agit donc d’une thématique prioritaire. En effet, la déclaration de l’OMS sur les jeunes et l’alcool a été adoptée à la Conférence ministérielle européenne de l’OMS à Stockholm en février 2001. Elle vise à protéger les enfants et les jeunes contre les pressions qui s’exercent sur eux pour les inciter à boire, et à limiter les dommages qu’ils subissent directement ou indirectement du fait de la consommation d’alcool.

Quels problèmes résoudre?

Toutes ces données ont poussé plusieurs associations à se mettre autour de la table afin d’observer tant les comportements des jeunes que les stratégies des commerciaux. Leur but : mettre cette question à l’ordre du jour de toutes les instances qui se sentent concernées par l’évolution de ces comportements. Quelques idées-force inspirent leur réflexion:
– il existe des risques liés à la consommation excessive d’alcool chez les jeunes. Il s’agit donc de s’inscrire dans une stratégie d’éducation à la consommation responsable et de réduction des risques;
– les jeunes consomment de plus en plus jeunes. Les stratégies commerciales abondent dans le sens de la normalisation. Il s’agit donc de s’inscrire dans une perspective de «dénormalisation» à l’instar de ce qui se fait depuis peu en matière de tabagisme;
– il existe un ensemble d’initiatives de prévention de la consommation d’alcool chez les jeunes, mais cela se fait en ordre dispersé. Il s’agit donc de créer une concertation et d’affiner des politiques communes ou cohérentes d’actions en concordance avec d’autres actions de prévention des assuétudes. Il s’agit aussi d’améliorer la visibilité des actions;
– plus globalement, en terme de santé publique, l’alcool mal géré pose des problèmes sanitaires et sociaux: morbidité, accidents de la route, violences publiques et domestiques. De plus l’alcool est également à l’origine d’un surcoût pour la société par perte de productivité, surcharge pour les services de santé, d’assistance sociale et pour le système pénal.

Le colloque

Un état des lieux

Il a réuni plus de 300 personnes autour de cette problématique: éducateurs, professionnels de la santé et de la promotion de la santé, acteurs politiques, analystes. La matinée fut consacrée à l’analyse, à la fois par des experts et par les participants:
– allocutions inaugurales de Nicole Maréchal , Ministre de la santé en Communauté française et de Xavier Renders , Vice-recteur de l’UCL;
– une approche globale de promotion de la santé, par Patrick Ceusters (Prospective Jeunesse);
– une approche longitudinale et transversale de la consommation d’alcool chez les jeunes: quelques résultats de l’étude sur la santé et le bien-être des jeunes, par Charlotte Lonfils (PROMES ULB);
– les stratégies communicationnelles, ou comment les pubs influencent-elles les jeunes, sur quels leviers agissent les messages des industriels du secteur ? par Philippe Marion (COMU UCL);
– les stratégies commerciales à l’œuvre, de la consommation familiale du vin à la consommation tribale des «alcopops», par Marc Vandercammen (CRIOC), pas avare d’échantillons (non consommés sur place, je vous rassure tout de suite!);
– enfin une approche juridique et politique : quelle est la législation en la matière? L’arsenal juridique est-il adapté, respecté? Faut-il mieux légiférer? par Jean-François Servais (asbl Le Droit des Jeunes).
Les très nombreux participants ont également pu témoigner de leurs constats et pratiques dans 5 ateliers: quelle prévention, pour qui, pourquoi?
quel rôle social de la consommation d’alcool?
quelles réactions face aux stratégies communicationnelles?
quelles pistes juridiques?
en quoi y a-t-il lieu de différencier les politiques de prévention pour les drogues légales et illégales?
Formule originale: la synthèse des ateliers a été présentée en fin de journée sous forme d’un film vidéo reprenant pour chaque atelier une brève intervention face caméra des rapporteurs. Une bonne idée, qui oblige à concentrer le message, et qui évite les tunnels interminables de fin de colloque, mais un exercice périlleux pour les intéressés (j’en étais!). Chapeau aux réalisateurs en tout cas.

Du concret

L’après-midi, plusieurs récits d’actions de prévention étaient au menu:
– la campagne Bob, dont le succès est incontestable depuis son lancement fin 1995, par Amély Gérard (Institut belge pour la sécurité routière);
– des actions de prévention de l’abus d’alcool à l’UCL, par Marie Welsch (Service d’aide), Damien Bioul et Virginie Verton , responsables de collectifs étudiants;
– le Kottabos , un outil français de travail sur les représentations de consommation, par Frank Vanbeselaere (Comité départemental de prévention de l’alcoolisme du Nord, Lille);
Accro moi non plus un outil interactif destiné aux adolescents, par Pierre Baldewyns et Caroline Huart (Mutualités socialistes);
Je bois , je fume , j’anime , un outil de formation des animateurs en mouvement de jeunesse, par Mélanie Dupriez et Anne Marione (Guides catholiques de Belgique).
En permanence, un Forum-exposition était proposé en collaboration avec le CLPS de Wavre, permettant de découvrir ces outils et d’autres.
Pour ceux qui ont raté le colloque, des actes sont annoncés à la rentrée (ils seront produits avec l’aide de Prospective Jeunesse et des Mutualités chrétiennes), et Education Santé aura aussi l’occasion de publier l’une ou l’autre intervention intéressante.
Le projet ne s’arrête pas là, puisque dans la foulée de cette journée très réussie, les partenaires ont l’intention d’attaquer quelques chantiers prioritaires mis en exergue le 18 mai et d’étendre leur réseau qui s’assigne trois objectifs généraux: faire circuler l’information, observer les comportements des jeunes et l’évolution des stratégies commerciales, promouvoir en concertation la consommation responsable.
Univers Santé, Place Galilée 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 28 28. Courriel: univers-sante@univers-sante.ucl.ac.be

Un forum

Quelques jours après le colloque de Louvain-la-Neuve, la Société scientifique de médecine générale et son pendant flamand la Wetenschappelijke Vereniging van de Vlaamse Huisartsen organisaient un forum consacré au mésusage de l’alcool dans la population générale, dont l’objectif est aussi de cerner de façon large le problème sans se limiter à proposer à la première ligne des méthodes d’intervention par rapport aux consommateurs alcoolo-dépendants.
Leur ambition légitime est de convaincre les politiques, les professionnels de santé et de promotion santé de mettre en place une gestion spécifique en la matière.
On y a entendu notamment le Prof . Pacolet (KUL), qui a réalisé sur demande du groupe Arnoldus une estimation de la balance coûts-bénéfices de l’alcool dans notre pays, dont le bilan négatif (4,5 milliards d’euros par an) a selon ses dires surpris ses commanditaires…
Marijs Geirnaert (VAD, Vereniging voor Alcohol- en andere Drugproblemen), en présentant une série d’initiatives prises en Communauté flamande, y a souligné l’intérêt d’une gestion locale et visible du problème, et développé les initiatives spécifiques à l’égard du public jeune. La convergence avec le travail en Communauté française est certaine sur plusieurs points.
SSMG, Danielle Pianet, rue de Suisse 8, 1060 Bruxelles. Tél.: 02 533 09 82. Courriel: danielle.pianet@ssmg.be
Christian De Bock , d’après le communiqué de presse du colloque et sur base d’impressions personnelles.
(1) Il s’agit au départ de la Fédération des centres de jeunes en milieu populaire (Anthony Agneessens), de la Fédération des étudiants francophones (Willy Van Hoef), d’Infor-Drogues (Philippe Bastin et Azadeh Banaï), de Jeunesse et Santé pour le Conseil de la Jeunesse catholique (Muriel Van Der Heyden), de la Ligue des familles (Patrick Govers), de Prospective Jeunesse (Patrick Ceusters) et d’Univers Santé (Florence Vanderstichelen et Martin de Duve).
(2) PIETTE D. (dir). La santé et le bien-être des jeunes d’âge scolaire . Quoi de neuf depuis 1994? , ULB, Promes, 2003. Lire la présentation détaillée de cette enquête dans ‘La santé et le bien-être des jeunes d’âges scolaires. Quoi de neuf depuis 1994?’ de PIETTE D., DE SMET P., FAVRESSE D. et al, n°189.
(3) VANDERCAMMEN M., Jeunes et assuétudes, CRIOC, Bruxelles, 2004.

Un meilleur accès à la contraception pour les jeunes

Le 30 Déc 20

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Lutter contre les grossesses non désirées chez les jeunes, tout en les sensibilisant à la prévention des MST

En Belgique, chaque année, près de 15.000 femmes recourent à une interruption volontaire de grossesse (IVG) (1). Parmi ces femmes, près de 3.000 sont des jeunes filles de 13 à 20 ans, et ces chiffres ne diminuent pas au fil des années.
Si on considère les avortements chez les femmes de 15-19 ans, près de la moitié d’entre elles n’avait utilisé aucun moyen de contraception, aucune protection. Pour les moins de 15 ans, cette proportion atteint presque les deux tiers.
Partant de ce constat, la Conférence interministérielle des ministres de la Santé du 11 décembre 2001 – qui s’est penchée sur la problématique de la contraception chez les jeunes de moins de 20 ans afin de diminuer le nombre d’IVG -, a identifié diverses pistes en matière de contraception.
Parmi ces pistes, on trouve notamment que « le prix de la pilule constitue un frein à son utilisation ». Le groupe de travail adhoc recommande en conséquence « d’établir un système de remboursement pour tous les moyens de contraception fiables ». Il formule également des recommandations en terme d’accessibilité pour la pilule du lendemain, et engage à « stimuler les médecins à prescrire des pilules meilleur marché conformes à des recommandations de bonne pratique ».
C’est donc un effort collectif, à tous les niveaux de responsabilité, qui doit être entrepris si l’on veut encore limiter les cas de recours à l’IVG.
C’est pourquoi, Rudy Demotte , le ministre fédéral des Affaires sociales, a décidé d’améliorer l’accessibilité des moyens contraceptifs, spécifiquement pour les jeunes. Concrètement, il propose une réduction d’une valeur de trois euros par mois sur la contraception pour les jeunes, ce qui représente la totalité du coût d’un mois de pilule de la deuxième génération.

Intervention spécifique sur la contraception

Depuis le 1er mai 2004, toute jeune fille de moins de 21 ans qui se rendra chez son pharmacien avec une prescription pour un contraceptif paiera approximativement 3 euros de moins par mois de contraception.
La mesure concerne tous les moyens de contraception prescrits : toutes les pilules, qu’elles soient remboursées ou non actuellement, les stérilets, les patchs, les anneaux vaginaux, les implants… Les préservatifs ne sont donc pas inclus.
L’intervention pour chaque moyen contraceptif a été calculée sur base d’un pourcentage du montant à charge de la patiente aujourd’hui. Elle vient donc s’ajouter au remboursement éventuellement déjà octroyé dans le régime général (20% pour certaines pilules).
Seuls les pourcentages existants dans le système de remboursement des médicaments ont pu être utilisés, ce qui explique la variation du montant remboursé entre les différents contraceptifs.
Pour les contraceptifs efficaces durant plusieurs années, le remboursement se limite à 12 mois maximum.
La liste des moyens bénéficiant de l’intervention sera adaptée tous les 6 mois pour tenir compte des éventuels nouveaux produits ou des variations de coût pour le patient. Ceci peut être le cas si certaines pilules qui sont remboursées actuellement décident de sortir du remboursement.
Concrètement, la jeune fille décide avec son médecin de la contraception qui lui convient le mieux.
Elle se rend ensuite chez un pharmacien avec sa prescription. Sur simple présentation de sa carte SIS, le pharmacien déduira automatiquement 3 euros par mois de ce que doit payer la patiente.
Grâce à la carte SIS, le pharmacien pourra vérifier que la jeune fille a bien maximum 20 ans et que c’est bien la personne pour qui le médicament a été prescrit.

Contraception d’urgence

Outre la contraception, un autre moyen de réduire le nombre de grossesses non désirées est de rendre la «pilule du lendemain» plus accessible.
Comme indiqué plus haut, la conférence interministérielle de 2001 a également formulé des recommandations dans ce sens.
Si cette pilule ne doit pas être confondue avec des moyens de contraception efficaces, c’est une solution d’urgence qui s’avère nécessaire dans certains cas.
La pilule du lendemain devient donc gratuite pour toutes les jeunes filles de moins de 21 ans.
Si c’est un médecin qui l’a prescrite, elle sera délivrée gratuitement sur simple présentation de la carte SIS. Par contre, ce qui arrive souvent avec cette pilule «d’urgence», si la jeune fille se rend à la pharmacie sans ordonnance, elle recevra bien la pilule mais devra se faire rembourser par sa mutualité.

Communication

Double protection

Comme le suggère la Commission d’évaluation sur l’avortement dans son dernier rapport:
« Les efforts fournis en vue d’améliorer l’information des jeunes , aussi bien au sein qu’en dehors des établissements d’enseignement doivent être intensifiés . Le public doit être mieux informé et d’une manière continue quant aux moyens contraceptifs qui sont performants mais qui , au vu de nos renseignements , paraissent souvent être mal utilisés
Bien que la mission d’information et de prévention relève des Communautés, la mesure fédérale d’amélioration de l’accès à la contraception s’est accompagnée d’une campagne de communication. Cela semble logique: pour convaincre les jeunes d’utiliser plus et mieux la contraception, un meilleur remboursement des moyens contraceptifs fiables ne suffit pas. Il faut informer les jeunes de la mesure, mais aussi rappeler la nécessité d’utiliser un contraceptif non seulement pour éviter une grossesse non désirée, mais aussi pour prévenir les maladies sexuellement transmissibles (MST).
Il a donc été jugé indispensable de rappeler la nécessité d’une double protection: l’utilisation d’un préservatif et d’un autre contraceptif fiable.

Revendications

Le mouvement du planning familial se veut actif dans les domaines qui visent à une vie sexuelle et affective épanouie, respectueuse de soi et des autres, facteur déterminant de l’équilibre individuel et collectif. Le combat du secteur dans différents domaines en lien avec la promotion de ces valeurs a contribué ces dernières décennies à des changements sociaux et politiques notables. Citons la loi sur la dépénalisation de l’avortement et, plus récemment, la prise en charge par l’INAMI de l’IVG et de son accompagnement.
Par contre, ces dernières années, l’accessibilité à la contraception, à l’exception de la nouvelle mesure concernant les jeunes filles de moins de 21 ans, a peu progressé. Même si l’offre de méthodes contraceptives s’est élargie, paradoxalement, l’accessibilité financière, elle, s’est dégradée. En effet, les contraceptifs les plus récents sont chers et ne sont pas remboursés. La contraception reste du domaine du médicament de confort alors que, pour une partie grandissante de la population, le prix est et restera un frein. De plus, l’accès à l’information et à l’éducation à la vie affective et sexuelle reste inégale au sein de la population.
Une accessibilité pour tous à des méthodes contraceptives efficaces est indispensable et doit être un choix de société. Ce choix implique un soutien des pouvoirs publics et des mesures politiques garantissant à chaque citoyen la liberté de choisir de devenir parent ou non dans une démarche responsable.
Dans ce contexte, la Fédération laïque de centres de planning familial et la Fédération de centres de planning familial – FPS ont deux revendications fondamentales.

Une contraception gratuite pour tous

Ou, à tout le moins
– la gratuité pour certaines catégories de la population;
– la distribution gratuite via les centres de planning familial au minimum pour les moins de 26 ans;
– des choix politiques de remboursement sur tous les contraceptifs, ainsi que le refus des demandes de déremboursement introduites par certaines firmes pharmaceutiques;
– la promotion des produits génériques;
– la distribution de préservatifs gratuits pour promouvoir la double protection.

Une éducation affective et sexuelle gratuite et obligatoire pour tous

Un réel accès à la contraception implique aussi d’en connaître l’existence, d’en comprendre le fonctionnement, de pouvoir l’utiliser de façon efficace et pertinente.
L’accessibilité financière doit donc s’accompagner impérativement de mesures visant à promouvoir l’éducation à la vie affective et sexuelle.
Cela implique au minimum
– une vraie politique globale et transversale en matière d’éducation sexuelle et affective avec une concertation entre les différents niveaux de pouvoir concernés, à savoir le fédéral, le communautaire et le régional; actuellement, chaque niveau privilégie les institutions qu’il subsidie sans tenir compte des compétences déjà existantes d’autres acteurs;
– la reconnaissance de la spécificité des centres de planning familial en matière d’éducation sexuelle et affective et que celle-ci soit inscrite dans le décret PSE (promotion de la santé à l’école). En effet, les centres ont des animateurs qualifiés et formés, avec une expertise certaine dans l’enseignement primaire et secondaire, tant ordinaire que spécial;
– l’intégration dans le cursus scolaire des futurs professionnels du secteur de la santé d’une information sur les centres de planning familial et leurs spécificités, de même qu’une formation systématique à la contraception et à l’IVG, tant dans leurs aspects médicaux que relationnels (accueil et écoute).
– un financement spécifique de la formation continuée des travailleurs des centres de planning.
Par ailleurs, dans la perspective d’améliorer les services offerts par les centres, les deux fédérations demandent:
-une évaluation, par le niveau de pouvoir concerné, des mesures mises en place concernant le secteur des centres de planning, telles que la gratuité de la pilule du lendemain dans les centres de la Région wallonne;
– la réalisation d’enquêtes par des organismes indépendants (universités) en vue d’orienter et d’adapter les missions des centres à l’évolution de la société;
– des aménagements directement liés au cadre des missions et du personnel des centres de planning.
d’après un communiqué des deux fédérations de centres de planning

Trop de jeunes ignorent encore que le préservatif est le seul moyen efficace de lutte contre les MST, et particulièrement contre le sida. Or, dans notre pays, comme dans les autres pays européens, on a observé ces dernières année une hausse des infections HIV. L’amélioration des traitements du sida a eu comme effet qu’un faux sentiment de sécurité s’est diffusé auprès de certaines personnes.
Même si, dans l’Enquête de santé de l’Institut scientifique de la santé publique de 2001, deux tiers des jeunes de 15 à 19 ans qui ont eu des relations sexuelles dans l’année déclarent utiliser un préservatif, il reste un tiers à sensibiliser.

Contenu de la campagne

Parallèlement au budget permettant le meilleur remboursement des contraceptifs pour les jeunes, Rudy Demotte a alloué des moyens aux mutuelles et aux pharmaciens pour qu’ils informent leurs affiliés et patients sur la contraception et la protection par les préservatifs.
En outre, un comité d’accompagnement a été mis en place pour encadrer la campagne d’information. A côté des mutuelles et des pharmaciens, les trois communautés et les acteurs de terrain sont représentés dans ce comité.
Une vaste campagne d’information a eu lieu à partir du 8 mai pour que tous les jeunes soient informés que maintenant la contraception est plus accessible.
La campagne s’est déroulée durant une dizaine de semaines, d’abord en TV (sur les chaînes musicales, et non sur les chaînes généralistes) ensuite dans tous les cinémas de Belgique, dont la cible de la campagne constitue la clientèle privilégiée.
Le spot, développé par l’agence de publicité Duval Guillaume, évoque l’univers d’un jeu vidéo, jugé particulièrement percutant pour la cible des moins de 20 ans. On y voit sur un rythme frénétique Laura, une jeune fille mère de famille (‘Teenage Mum’), essayer de concilier péniblement son rôle de mère et ses activités d’adolescentes. Le message est clair: ‘être une mère ado, c’est pas un jeu.’
Le spot a été diffusé en 2 parties durant le même écran publicitaire: la première partie sensibilise à la contraception et annonce la baisse du coût des contraceptifs, et la seconde rappelle qu’une vraie protection passe aussi par l’usage d’un préservatif.
Le spot renvoie vers le centre de l’information de la campagne: le site internet https://www.laura.be , du nom de la mère-ado du spot. Ce site, qui affecte la forme d’un journal intime, rassemble une série d’informations sur la mesure et répond aux questions que les jeunes se posent sur la protection.
Il renvoie également aux sites de divers acteurs dans le domaine de la santé et de la vie sexuelle et affective (les centres de planning familial en Communauté française, Sensoa en Flandre, les mutuelles…).
Une information distincte de celle sur des moyens de contraception concerne la pilule du lendemain. L’intérêt mais aussi les limites de ce type de contraception sont mis en évidence.

Distribution de préservatifs

En tant que rappel de la double protection, un stock de 500.000 préservatifs a été également mis à disposition. La pochette du préservatif sert de vecteur de communication et renseigne le site https://www.laura.be .
Il ne s’agit pas ici de permettre l’accès gratuit aux préservatifs de la même manière qu’aux contraceptifs, mais bien de sensibiliser à la double protection.
Un préservatif est donné en pharmacie, à partir de juin 2004, aux jeunes filles qui viennent acheter un contraceptif, le solde étant utilisé par les acteurs de terrain (centres de planning familial, mutuelles, etc.) pour des actions de sensibilisation à l’attention des jeunes.

Budget

Un budget de 5,259 millions d’euros est prévu pour les années 2004 à 2006, dont 10% seront consacrés annuellement à la campagne d’information.

Quelques commentaires

Les données disponibles sur les femmes devant recourir à l’IVG dans notre pays ont permis de définir une mesure de diminution du seuil d’accessibilité financière à des moyens contraceptifs fiables. C’est bien, mais on peut faire aussi l’hypothèse que le problème se pose également en termes éducatifs et culturels, et qu’un effort parallèle devra être fait en matière d’éducation sexuelle et affective, une matière parfois délaissée dans nos programmes de cours.

Rôle des mutualités

Associées à ce projet, les mutualités en assurent la promotion de manière significative. Par exemple, les Mutualités chrétiennes ont adressé à plusieurs dizaines de milliers de jeunes un courrier expliquant la mesure. Elles en ont profité pour mettre à jour leur brochure d’information sur le sujet, sous le titre ‘Sex appeal pilule &Cie;’.
D’autres informations sont accessibles sur leur site https://www.mc.be .
Spécimen de labrochure disponible sur simple demande à infor.sante@mc.be

Le Ministre nous assure que cette initiative ambitieuse fait l’objet d’une concertation avec les Communautés, compétentes en matière de promotion de la santé. C’est tant mieux, mais cette concertation semble quand même un peu légère. On a parfois l’impression que le découpage des compétences en matière de santé sert d’argument pour ne rien faire quand cela arrange, ou au contraire pour empiéter sur les compétences du voisin quand cela s’inscrit bien dans une stratégie fédérale (cette remarque n’est d’ailleurs pas propre à cette campagne-ci).
On soulignera la brillante qualité technique du spot, tout en s’interrogeant sur l’image forcément négative qu’il véhicule de la maternité, ‘pour la bonne cause’. Laissons les jeunes filles (et aussi les garçons, peu présents et qui doivent être pourtant aussi sensibilisés) juger sur pièce.
Pour faire plus ressemblant par rapport aux classiques du jeu vidéo, les concepteurs ont opté pour la langue anglaise dans la version ‘flamande’ du spot. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, malgré le discours rassurant du représentant de l’agence de publicité quant à la connaissance beaucoup plus répandue de l’anglais au nord qu’au sud…
Christian De Bock
(1) Source: Rapport de la Commission nationale d‘évaluation de la loi du 3 avril 1990 relative à l’interruption de grossesse.

Les animations d’éducation à la vie affective et sexuelle à l’école en Communauté française

Le 30 Déc 20

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Un état des lieux en 2003

Introduction et objectifs

Suite au constat d’un manque en matière de sensibilisation à la vie affective et sexuelle chez les jeunes en Communauté française, un projet d’organisation et d’implantation de séances sur ce thème a été décidé par la Ministre de la Santé, Nicole Maréchal: quatre heures en 4e et 6e primaire ainsi que quatre heures en 2e et 4e secondaire. La Ministre a demandé à l’ULB-PROMES un état des lieux préliminaire de ces activités dans l’enseignement ordinaire et dans l’enseignement spécial. Cet état des lieux comportait 4 volets:
– une enquête qualitative auprès d’équipes actives en éducation à la vie affective et sexuelle (1);
– une enquête quantitative auprès des relais (directeurs d’école et autres équipes actives repérées) (2);
– une estimation du besoin en animations en Communauté française (3);
– une enquête quantitative auprès de jeunes de 2e, 3e et 4e secondaire (4).
Les objectifs des deux premières enquêtes étaient:
– de décrire les activités d’éducation à la vie affective et sexuelle réalisées;
– d’identifier les acteurs;
– d’objectiver les sources de financement;
– d’identifier les relais, les difficultés rencontrées, les refus d’animations, les leviers et le degré de satisfaction des répondants par rapport à ces animations;
– d’identifier d’autres acteurs par un effet «boule de neige».
L’objectif de la troisième enquête fut la réalisation d’une estimation rapide des besoins en activités d’éducation à la vie affective et sexuelle en Communauté française en fonction du projet afin d’identifier l’adéquation de l’offre actuelle avec le projet.
Enfin, les objectifs de l’enquête auprès des jeunes étaient de décrire les activités d’éducation à la vie affective et sexuelle auxquelles ils ont participé et d’identifier leurs attentes dans ce domaine.

Résultats

Enquête qualitative auprès des équipes actives

Une hétérogénéité des pratiques
Actuellement, des animations sont organisées de manière régulière mais peu systématisée. Il existe une diversité importante dans le public-cible, la mixité et la taille des groupes animés, la durée des animations, le matériel utilisé et les objectifs développés. Il en est de même dans la préparation et l’évaluation de l’activité ainsi que dans la mise en place de relais pour les jeunes et les acteurs.
Un consensus sur l’intérêt des jeunes dans ce domaine en fonction de leur âge
Les équipes s’accordent à dire que les jeunes de la fin du primaire et du début du secondaire sont plus intéressés par des informations sur la connaissance du corps, les différences filles/garçons, les nouveautés corporelles, affectives et sexuelles de la puberté ainsi que par des questions sur l’accouchement et le handicap.
Les plus âgés sont plutôt concernés par les relations affectives, amicales, amoureuses et de couple ainsi que par la contraception, les rapports sexuels et tout ce qui concerne la gynécologie.
Une hétérogénéité des formations des animateurs et du financement des animations
Les formations de base des animateurs (psychologues, infirmiers, assistants sociaux, médecins, etc.) et spécifiques à ce type d’animation sont très diversifiées.
Le financement de ces animations varie en fonction de l’intervenant (agents des services de Promotion de la Santé à l’Ecole (PSE) ou des centres psycho-médico-sociaux (PMS), centre de planning familial, bénévole, asbl, entreprise commerciale).
Les freins et les leviers
Parmi les freins, les répondants citent la «délicatesse» du sujet, l’absence de formation spécifique et continue des animateurs, l’absence de relais, des difficultés financières, géographiques ou un manque de ressources humaines et de temps. Des freins liés au public-cible ont été relevés tels que l’hétérogénéité et la dynamique du groupe à animer ou les difficultés de réaliser des animations pour certaines personnes déficientes.
Les leviers sont essentiellement ce qui constitue le ‘cadre’ de l’animation, c’est-à-dire la collaboration des divers acteurs (les animateurs, les centres PSE et PMS, l’école, les élèves et les parents) avec une clarification des rôles lors de la préparation, de l’évaluation de l’animation et la mise en place de relais pour tous les acteurs.
L’influence des médias sur la vie affective et sexuelle des jeunes
Des questions des jeunes au sujet de la pornographie ont été régulièrement signalées. Leurs sources d’informations dans ce domaine semblent être l’environnement audiovisuel et littéraire (magazines, télévision, radio, Internet).

Enquête quantitative auprès des relais

Enquête auprès des directeurs d’écoles
Le pourcentage d’écoles offrant des animations d’éducation à la vie affective et sexuelle est de 55% dans l’enseignement ordinaire fondamental et de 65% dans le spécial. Dans les enseignements secondaires, elle est supérieure à 80%. Toutefois, les résultats obtenus doivent être pris avec réserve car ces données ne tiennent pas compte de la ponctualité ou de la récurrence des activités. Actuellement, la fréquence de telles animations organisées de manière systématique , (toutes les classes /élèves d’un niveau, tous les ans), est peu élevée dans les différents enseignements.

Tableau 1 – Fréquence des animations organisées dans toutes les classes d’un niveau, tous les ans dans les différents enseignements en Communauté française

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Enseignement ordinaire

Toutes les classes, toutes les années Enseignement spécial Toutes les classes, toutes les années
Fondamental (n=65) Fondamental (n=51) < ou = 8 %
1e-4e primaire 8 %
5e primaire 30 %
6e primaire 64 %
Secondaire (n=70) Secondaire
1e secondaire 16 % Forme 1 (n=21) 5 %
2e secondaire 34 % Forme 2 (n=31) 26 %
3e secondaire 26 % Forme 3 (n=42) 24 %
4e–6e secondaire < 15 % Forme 4 (n=9) 33 %

Les résultats concernant l’organisation des animations (lieu, durée, mixité, contenu) et les leviers confirment ceux obtenus lors de l’enquête qualitative auprès des équipes actives dans ce domaine. Des difficultés sont plus fréquemment signalées dans l’enseignement spécial. Elles n’ont pu être identifiées.
Les animateurs sont essentiellement des enseignants, les équipes PSE et PMS et les centres de planning familial. Ces derniers interviennent plus régulièrement dans le secondaire que dans le fondamental. Dans l’enseignement spécial, les équipes éducatives et paramédicales ont aussi été citées comme animateurs par les répondants.
Des coordinateurs et des relais ne sont pas identifiés dans toutes les écoles des différents enseignements (c’est-à-dire dans 50 à 63% des cas). En cas de non-identification, le ‘cadre’ adéquat pour l’animation ne peut être mis en place.
L’affectivité, l’anatomie, les différences filles/garçons et la puberté sont abordés dès l’enseignement fondamental. Les relations amoureuses, la sexualité, la contraception, les maladies sexuellement transmissibles et le rôle des centres de planning familial sont plutôt discutés dans le secondaire.
La majorité des répondants est plutôt satisfaite ou tout à fait satisfaite des animations réalisées dans leur établissement (enseignement ordinaire fondamental (75%), secondaire (92%), enseignement spécial (> 80%)). Ils signalent peu de refus de ce type d’animation.
Enquête auprès des autres équipes actives repérées
Les questionnaires ‘équipes actives’ n’ont pas été traités. En effet, l’effectif (n=19) était trop restreint et les réponses n’apportaient rien de plus que l’enquête qualitative effectuée auprès d’équipes actives dans le domaine. Un descriptif des équipes actives repérées et des projets en cours dans ce domaine en Communauté française a été adressé au Ministère de la Santé sous la forme d’un rapport interne.

Estimation du besoin en animation

Pour effectuer l’estimation du besoin en activités, il était essentiel d’objectiver les heures prestées dans ce domaine par les acteurs en 2002 et de calculer le nombre d’heures d’animation nécessaires pour couvrir l’ensemble des élèves concernés par le projet d’implantation d’activités d’éducation à la vie affective et sexuelle en milieu scolaire sur base du nombre d’élèves concernés en 2001-2002.
Des représentants des différents types d’acteurs (fédérations des centres de planning familial et de centres PSE et PMS, services d’inspection et autres asbl) furent contactés de même que des personnes ressources (Division des Etudes et de l’exploitation des statistiques, Ministère de la Région wallonne) pour permettre d’obtenir ces deux variables et ainsi en déduire le besoin en animations.
Le nombre d’heures prestées par les centres PMS et PSE ainsi que celui requis pour les enfants de l’enseignement spécial de type II n’ont pu être définis.

Tableau 2 – Estimation du besoin en activités

53.224 h/an + les heures nécessaires aux élèves du type II
= les besoins complémentaires estimés

– 22.752 h/an = 30.472 h/an d’animations
nombre d’heures requises (estimé) nombre d’heures prestées (estimé) – les heures prestées par les PSE et PMS

Le besoin en animation calculé est une valeur estimée . En effet, suite à un manque de données, de nombreuses hypothèses ont été émises pour permettre sa réalisation.
Une estimation des heures prestées par les centres PSE/PMS n’a pas été proposée car les données collectées révèlent une diversité importante de pratiques concernant ces animations d’un centre à l’autre. Toutefois, si le besoin estimé en heures d’animation devait être couvert par les centres PSE et PMS, cela impliquerait que chaque centre devrait assurer plus de 120 heures annuelles d’animation dans ce domaine. Ceci ne concerne pas les heures nécessaires à l’enseignement spécial de type II qui devraient être ajoutées.
Cette estimation fut présentée à titre indicatif pour permettre aux décideurs politiques de connaître ce qui est réalisé dans ce domaine, les capacités et les disponibilités des acteurs et les éventuels moyens à dégager.

L’enquête auprès de jeunes

2957 élèves de la deuxième à la quatrième secondaire ont rempli le questionnaire. 78% des jeunes ont bénéficié au moins une fois d’une animation au cours de leur cursus scolaire actuel (4e primaire jusqu’à l’année du secondaire actuelle). Cependant, 44% ont eu une seule animation, seulement 34% des élèves ont eu plusieurs animations et 22% aucune.
25% des jeunes de 2e secondaire n’ont pas encore eu d’animation. Les élèves des enseignements technique et artistique (26%) et professionnel (30%) sont plus nombreux que ceux de l’enseignement général (18%) à ne pas avoir bénéficié d’animation.
Les animateurs cités par les jeunes sont les mêmes que ceux identifiés par l’enquête auprès des relais. Ces animations sont principalement réalisées soit en classe mais pas pendant un cours, soit durant le cours de biologie, de sciences ou de morale/religion. Dans l’enseignement professionnel, ces animations ont aussi lieu durant le cours de français ou durant un autre cours.
Les préférences des jeunes en matière d’animateur sont soit un professeur choisi par les élèves, soit un médecin, soit une infirmière, soit une personne du centre de planning familial.
La moitié des jeunes ne désirent pas que n’importe quel professeur de l’école aborde ce domaine et près de 50% des jeunes (pour tous ou certains thèmes) ne désirent pas en parler avec leurs parents à domicile.
Dans 37% des animations, les filles et les garçons sont séparés. La moitié des garçons estiment que les groupes devraient toujours être mixtes lors des animations, tandis que les filles sont plus nombreuses à penser que cela dépend du sujet abordé.
Actuellement, le contenu des animations est très variable. Dans certains cas, seuls les aspects biologiques ou techniques sont discutés et dans d’autres, les notions affectives sont prises en compte. Quant aux jeunes, ils désirent certes recevoir des informations sur les thèmes biomédicaux mais aussi des informations diversifiées sur la vie affective et sexuelle. En effet, ils estiment très utile qu’on leur parle de l’amour, de la responsabilité, de la maltraitance et de l’identité sexuelle en parallèle au développement physique, aux infections sexuellement transmissibles, au sida et aux méthodes contraceptives.
Les filles sont plus intéressées que les garçons par les méthodes contraceptives et comment les obtenir, par la maltraitance, par un lieu où parler, des centres à contacter et les centres de planning familial.

Conclusion

A la lumière de cet état des lieux, la couverture en animation à la vie affective et sexuelle et la concertation des acteurs pour ces activités apparaissent insuffisantes. Des inégalités subsistent en faveur des élèves de l’enseignement général alors que se sont ceux de l’enseignement professionnel qui n’ont pas de cours de biologie leur permettant d’acquérir les bases sur le fonctionnement de l’appareil reproducteur. C’est ainsi que le projet pilote de la ministre prévoit dans une première phase des heures d’animation dans l’enseignement fondamental et dans l’enseignement professionnel. Toutefois, un minimum d’heures d’animation pour tous les élèves permettrait dans l’avenir d’assurer l’équité dans ce domaine au sein de l’enseignement en Communauté française.
La mission de coordination des programmes de promotion de la santé à l’école confiée aux équipes PSE pourrait faciliter la concertation des acteurs impliqués dans ces animations.
L’accès plus aisé des jeunes à la pornographie par le biais de l’environnement audiovisuel et d’Internet, mériterait que l’on s’interroge sur son influence sur les représentations des jeunes dans le domaine de la vie affective et sexuelle.
En conclusion, nous ne pouvons que souhaiter que ces animations soient réalisées non pas pour les jeunes mais avec tous les jeunes dans un environnement cohérent et favorable à leur épanouissement.
Katty Renard , Danielle Piette , ULB-PROMES
Adresse des auteurs: ULB-PROMES, route de Lennik 808 CP 596, 1070 Bruxelles. Tél.: 02 555 40 81. Courriel: promes@ulb.ac.be
(1) Renard K., Piette D.: «Etat des lieux des activités d’éducation à la vie affective et sexuelle en milieu scolaire en Communauté française de Belgique: Enquête qualitative.» Département d’Epidémiologie et de Promotion de la Santé, Unité de Promotion Education Santé (ULB-PROMES), Université Libre de Bruxelles, Bruxelles; 2003.
(2) Renard K., Senterre C., Piette D.: «Etat des lieux des activités d’éducation à la vie affective et sexuelle en milieu scolaire en Communauté française de Belgique: Enquête quantitative auprès des relais.» Département d’Epidémiologie et de Promotion de la Santé, Unité de Promotion Education Santé (ULB-PROMES), Université Libre de Bruxelles, Bruxelles; 2003.
(3) Renard K., Vandenbussche P., Piette D.: «Etat des lieux des activités d’éducation à la vie affective et sexuelle en milieu scolaire en Communauté française de Belgique: Estimation du besoin en activités.» Département d’Epidémiologie et de Promotion de la Santé, Unité de Promotion Education Santé (ULB-PROMES), Université Libre de Bruxelles, Bruxelles; 2003.
(4) Renard K., Senterre C., de Smet P., Piette D.: «Etat des lieux des activités d’éducation à la vie affective et sexuelle en milieu scolaire en Communauté française de Belgique: Enquête quantitative auprès des jeunes.» Département d’Epidémiologie et de Promotion de la Santé, Unité de Promotion Education Santé (ULB-PROMES), Université Libre de Bruxelles, Bruxelles; 2003.
Ces rapports sont disponibles sur le site: [L]http//www.ulb.ac.be/promes[/L] , dans «recherche-action».

Roulez futés, roulez casqués! Un programme pour promouvoir le port du casque vélo

Le 30 Déc 20

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En 1998, 135 cyclistes ont perdu la vie sur nos routes, 1092 ont été gravement blessés et 5755 ont été blessés légèrement. Ce chiffre ne tient compte que des accidents impliquant un cycliste et un véhicule motorisé. Les accidents de vélo sont en réalité bien plus fréquents: de nombreuses chutes, aux conséquences parfois très graves, ne sont pas répertoriées dans les statistiques officielles.
Les parties les plus touchées des cyclistes en cas de chute ou d’accident sont la tête, puis les genoux et enfin les pieds et les épaules. Une étude réalisée dans notre pays par une société d’assurances a révélé que 2 personnes sur 3 hospitalisées au service des urgences à la suite d’un accident de vélo souffraient de lésions crâniennes ou cérébrales.
Ceux qui disent que les casques ne sont pas utiles car ils ne protègent pas les cyclistes en cas d’accident grave perdent de vue que les accidents de vélo se produisent souvent sans collision. En effet, de nombreux cyclistes perdent tout simplement l’équilibre, butent contre un obstacle ou ont un problème technique, ce qui provoque leur chute.

Le casque vélo protège efficacement en cas de collision ou de chute. Car souvent la tête est la première endommagée. Il réduit significativement (85%) le risque de lésion à la tête en cas d’accident. En cas de chute, le casque répartit la force de l’impact sur l’ensemble de la boîte crânienne et il absorbe les chocs. Le cycliste qui ne porte pas de casque a un risque trois fois plus élevé de blessures à la tête que celui qui en porte un.
En Belgique le port du casque vélo n’est pas obligatoire mais vivement recommandé.

Qui porte un casque vélo?

Selon un sondage fait par l’association Pro-Vélo (1999), le nombre de cyclistes casqués est d’à peine 15 %.
Ce pourcentage varie beaucoup en fonction des régions et de l’âge des cyclistes.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce faible pourcentage:
– le casque reste peu connu;
– les parents ignorent généralement les risques de blessures à la tête liés aux accidents de vélo et ne connaissent pas l’efficacité du casque;
– de nombreux parents considèrent encore le vélo comme un jouet alors qu’il est un moyen de transport routier.

Un programme, des actions

Pour convaincre de l’importance du casque vélo et augmenter le nombre de cyclistes qui le portent , il est nécessaire de développer des actions de sensibilisation et d’éducation qui s’échelonnent sur plusieurs années.
C’est pourquoi, en collaboration avec l’Institut Belge pour la Sécurité Routière et l’association Educa-Santé, la Mutualité chrétienne a lancé un programme de prévention comprenant plusieurs axes et visant plus spécifiquement les enfants de 6 à 12 ans:
– une campagne d’information pour sensibiliser tous les cyclistes et donner une image positive du port du casque vélo (dépliants, affiches, événements, articles et contacts avec les médias, spot TV (1);
– un dossier pédagogique pour les enseignants et une brochure pour les enfants des classes primaires (6-12 ans) diffusés via un courrier à l’ensemble des écoles de la Communauté française;
– de plus, des mutualités régionales ont offert gratuitement un casque vélo aux enfants selon certaines modalités ainsi que des bons de réduction pour l’achat d’un casque pour l’entourage de ces enfants (en accord avec la firme Lazer produisant les casques).

Pré-test de certains outils de la campagne

Une étude qualitative, exploratoire et créatrice d’idées a été réalisée par un organisme extérieur sur base d’une interview de groupe avec 9 enfants. L’étude devait permettre d’obtenir un maximum de réactions et impressions du public cible (enfants de 6-12 ans) à l’égard de:
– la pratique du cyclisme et le port du casque;
– le casque lui-même;
– des propositions de look pour le casque;
– l’attrait des messages.

Synthèse des résultats et effets sur la campagne

– La couleur proposée (jaune) pour le casque a été très peu appréciée par les enfants: le jaune est voyant mais associé aux ouvriers travaillant sur chantier, c’est une couleur instrumentale. Ce résultat nous a amené à refaire une étape de test quant au choix de la couleur du casque.
La proposition de la mascotte Lou Casquou a été appréciée; elle donne une dimension plus sympathique, proche de l’enfant, plus émotionnelle.
– Le slogan proposé ‘Roulez futés, roulez casqués!’ correspond bien à l’univers de la mascotte et de l’enfant.
– L’habillage du casque a également fait l’objet de modifications: il a été simplifié et complété par une pochette d’autocollants permettant à l’enfant de personnaliser son casque.

Evaluation de la campagne 2000

La diffusion

La diffusion a été réalisée par les mutualités régionales avec des modalités et développements variant suivant la région. Voici quelques informations concernant la diffusion et le nombre de personnes (enfants et parents) contactées.

Casques

Liège Tournai Bruxelles Nivelles Charleroi-Centre-Thudinie
Tranches d’âge visées 6 à 8 ans 6 à 11 ans 6 à 8 ans 6 à 8 ans 6 ans
Nombre d’enfants potentiels 6754 5380 4500 3200 1100
Modalités choisies Réseau Mailing + événements + réseau Concours écoles Mailing + événement + réseau Mailing + événements + réseau
Nombre de casques distribués 3306 2800 550 1000 500

Matériel pédagogique

Quantités diffusées auprès des écoles
Dépliant 22.662
Dossier pédagogique 1012
Brochure enfant 22.702

De multiples événements locaux et régionaux ont eu lieu; de nombreuses collaborations se sont ainsi développées avec Jeunesse et Santé, l’IBSR, la gendarmerie et d’autres asbl telles que l’APPER, Pro-Vélo pour proposer des activités ludiques et pédagogiques.

Evénements

Charleroi-Centre-Thudinie Tournai Bruxelles Nivelles Mouscron Total
Nombre de participants (enfants et leurs familles) 480 1130 600 1000 1000 4210

L’adéquation des outils diffusés

Des commentaires et réactions ont été récoltés lors des réunions du groupe de projet et par un questionnaire aux collaborateurs régionaux. Ils ont permis de confirmer la qualité de la majorité des outils et d’en modifier certains pour la campagne 2001:
– les bons de réduction ont été supprimés: très peu de revendeurs ayant accepté de collaborer à la campagne;
– suite aux échos des enseignants relayés par les responsables régionaux, une nouvelle brochure pour les 5-8 ans a été produite pour la campagne 2001. La brochure existante, trop complexe pour cette tranche d’âge, a été conservée pour les 9-12 ans.

L’impact de l’offre de casque

Une enquête s’est déroulée par voie téléphonique durant le mois de mars 2001 (plus de 6 mois après la distribution des casques). Des familles ayant reçu effectivement le casque, à l’occasion d’un événement ou bien via le réseau des bureaux de permanence ont été interrogées.
Au départ, le nombre de répondants avait été fixé à 300 personnes (150/événement, 150/permanence). Au total, il y a eu effectivement 288 répondants. Ce sont les parents qui ont répondu aux questions de l’enquête.
Les enfants dont les parents ont été contactés et qui ont reçu le casque, se répartissent en fonction de l’âge de la façon suivante.

Age des enfants qui ont reçu un casque

nombre %
De 6 à 8 ans 185 64,2
De 9 à 10 ans 41 14,2
De 11 à 12 ans 62 21,5
Total 288 100

Le niveau de satisfaction, exprimé par une cotation sur une échelle de 1 à 10, par rapport au casque reçu est élevé:

Caractéristiques du casque qui ont été évaluées

Nombre de répondants Satisfaction – Moyenne des points (/10)
Les autocollants fournis qui permettent de personnaliser le casque 266 9.26
Les autocollants réfléchissants qui se trouvent à l’arrière du casque 268 9.18
La mention « Lou Casquou » 258 8.74
Le design, la forme, l’esthétique du casque 283 8.62
La rigidité du casque, le fait qu’il paraît solide, résistant 285 8.58
Le logo de la mutualité 215 8.52
Le nom du fabricant du casque 97 8.46
La couleur du casque 286 8.41
L’adaptabilité du casque 285 8.24

L’élément essentiel de l’évaluation a évidemment trait à l’utilisation effective de ce casque. De ce point de vue, les résultats sont extrêmement favorables:

Utilisation à vélo

Nombre de répondants Pourcentage
Très souvent 151 52.4
Souvent 93 32.3
Peu souvent 30 10.4
Pas du tout 8 2.8
Je ne sais pas 6 2.1
Total 288 100

Si l’enfant utilise «peu souvent» ou «pas du tout» le casque (= 38 enfants) , pour quelles raisons (ici il faut interpréter les chiffres avec prudence, vu le faible nombre de répondants concernés)?

Raisons

Nombre de répondants Pourcentage
Mon enfant oublie de le mettre 14 36.8
Casque trop petit, trop grand, pas adapté 9 23.7
Le casque n’est pas joli 5 13.2
Les camarades de mon enfant n’en portent pas 4 10.5
J’oublie d’imposer à mon enfant de rouler avec le casque 3 7.9
Autres raisons* 14 36.8

* roule à 4 roues, ne va pas beaucoup à vélo, ne le portent pas quand ils roulent sur la pelouse…

Est-ce que votre enfant utilise le casque à d’autres occasions que le vélo?

Autre utilisation

Nombre de répondants Pourcentage
Trottinette 51 17.7
Patins à roulettes 37 12.9
Skateboard 3 1.0
Autre/ ne sait pas 151 52.4
Pas de réponse 46 16.0
Total 288 100

Conclusions

L’investissement dans l’évaluation du programme a été faible (environ 1% du coût de l’ensemble de l’opération). Malgré cela, les actions d’évaluation ont permis d’ajuster différents aspects du programme et de confirmer l’accroissement du taux d’utilisation du casque vélo, qui était le but premier de cette action de promotion de la santé.
Certaines dimensions n’ont pas été évaluées mais mériteraient de l’être:
– des parents ne sont pas venus chercher le casque: pourquoi?
– quel a été l’impact des actions menées dans les écoles: le nombre et le type d’actions menées, l’évolution du nombre d’enfants qui portent un casque (avant et après les actions de sensibilisation),…
Au printemps 2001, le programme a donc été relancé dans les différentes régions et se poursuit encore par des animations en collaboration avec des écoles ou des groupes d’animation locale: activités ludiques, éducatives et distribution de casques vélo se multiplient localement. Et à chaque fois, l’enthousiasme et le plaisir des participants, enfants, parents ou organisateurs, sont au rendez-vous!
Bernadette Taeymans , responsable des projets Infor Santé, Christian Léonard et Hervé Avalosse , Service Recherche et Développement, Alliance nationale des mutualités chrétiennes
Pour tous renseignements, vous pouvez vous adresser au service Infor Santé, ANMC, chaussée de Haecht 579 bte 40, 1031 Bruxelles, Belgique, tél: 02-246 48 52, fax: 02-246 49 88.

(1) Vous ne vous souvenez pas du petit dessin animé mettant en scène Lou Casquou, le cycliste fonceur? C’est normal: bien qu’autorisée par la Ministre de la Santé, la campagne a été censurée par les régies publicitaires, au mépris de la loi régissant l’octroi d’espaces gratuits pour les campagnes de promotion de la santé radiodiffusées. Une ‘première’ dont les promoteurs du spot se seraient bien passés!

A table les cartables’. Evaluation d’un projet autour de l’alimentation des écoliers

Le 30 Déc 20

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Evaluation d’un projet autour de l’alimentation des écoliers

L’opération «A table les cartables» est née à la suite du Forum «Alimentation à l’école et tout au long de la journée» du 2 décembre 2000 à Gembloux (1), réunissant les différentes parties concernées: école, santé, enfance, éducation, restauration scolaire et société civile, à l’initiative de Nicole Maréchal, Ministre de la Santé et de Jean-Marc Nollet, Ministre de l’Enfance. Ce forum, préparé en consultation avec des intervenants actifs en matière d’alimentation des enfants en âge scolaire, a renouvelé l’offensive pour améliorer l’alimentation à l’école maternelle et primaire en l’abordant, cette fois, sous l’angle de l’offre alimentaire.
L’opération «A table les cartables» et les outils qui l’accompagnent ont été développés pour mobiliser davantage les acteurs éducatifs et de santé et poursuivre ainsi la dynamique du forum.
La Coordination Education et Santé (Cordes asbl) a reçu un double mandat dans le cadre de cette opération: d’une part, la réalisation, l’édition et la coordination de la diffusion d’outils (brochure et affiche reproduisant la charte «A l’école d’une alimentation saine») et d’autre part, l’organisation et la coordination de visites (2) de personnes ressources de son équipe pour soutenir les écoles adhérentes dans leur démarche de construction d’un plan d’action.
En janvier 2004, à la demande des deux cabinets ministériels, elle a évalué la couverture de l’opération en termes d’écoles touchées, de partenaires impliqués et d’outils diffusés. Au niveau qualitatif, la visite réalisée dans la majorité des écoles adhérentes (79 sur 96) a permis de relever des indicateurs de mobilisation sur des thématiques liées à la charte.
Les nombreux contacts et rencontres avec les acteurs et partenaires des écoles ont permis de relever quelques éléments facilitateurs et quelques obstacles dans l’adhésion des écoles et du développement de leur plan d’action dont il sera question plus loin.
Pour rappel, la brochure très largement diffusée pendant toute la durée de l’opération entre 2001 et 2004 et intitulée elle aussi «A l’école d’une alimentation saine» (nous l’appelons brochure ‘charte’ pour faire plus court) suggérait une série d’étapes marquant la dynamique participative du projet: le point de départ étant d’adhérer après avoir débattu de la charte et des priorités d’action, il était proposé ensuite aux écoles:

  • de faire le point de la situation de l’école à propos de la thématique choisie;
  • de discuter et d’élaborer un plan d’action avec les élèves;
  • de profiter, si nécessaire, de la visite de la personne ressource de la Coordination;
  • de solliciter si besoin l’appui technique gratuit d’une diététicienne (asbl Euralisa) ou méthodologique (CLPS, acteurs provinciaux et locaux…);
  • de développer enfin des actions en s’efforçant de faire des liens entre elles.

L’adhésion des écoles se concrétisait par l’envoi à la Cellule «A table les cartables», mise en place au niveau des deux cabinets, d’un bulletin d’adhésion signé par les membres du Conseil de participation et faisant mention de la thématique choisie, des classes participantes et de la personne de référence pour les contacts ultérieurs. Les Ministres y apposaient leur signature et le renvoyaient ensuite aux écoles avec un courrier encourageant leur initiative.
L’information concernant les écoles adhérentes était ensuite transmise à la Coordination Education et Santé chargée du suivi de l’opération avec l’organisation d’une visite aux écoles adhérentes. Des délais de transmission parfois longs ont creusé les écarts entre la date d’adhésion et la date de la visite: ils ont sans doute freiné quelque peu les écoles dans la concrétisation de leur adhésion ou l’élaboration de leur plan d’action.
Des outils et des ressources locales étaient néanmoins présentés dans la brochure «charte», valorisant ce qui existe déjà en Communauté française. De même, le site atablecartable.be géré par la Cellule ministérielle a mis la liste des écoles adhérentes et leurs coordonnées à la disposition de tout un chacun, intervenant ou partenaire potentiel, leur permettant ainsi de faire valoir leurs outils ou de prendre contact directement avec les écoles adhérentes.
L’opération était destinée à 1800 écoles fondamentales, soit 2 781 implantations, ce qui représente une population totale de près de 465.000 élèves.
Nous détaillons maintenant les dimensions mesurées par l’évaluation, à savoir la diffusion, l’adhésion des écoles, les mobilisations obtenues, les actions, le niveau d’implication des acteurs (essentiel dans une démarche de promotion de la santé digne de ce nom), la cohérence du projet, pour finir par trois recommandations.

La diffusion

La promotion de l’opération s’est déroulée par diverses voies (presse, courriers, sensibilisations, stands…). Les outils produits (brochure et affiche «charte», cahier technique «Pour une alimentation saine à l’école fondamentale», feuillet «parents» ) ont été largement diffusés dans le milieu scolaire, éducatif, dans les secteurs concernés et auprès des acteurs et décideurs locaux. Cette stratégie de diffusion visait à susciter une large concertation autour des principes contenus dans la charte et à inviter les écoles fondamentales et leurs partenaires à les mettre en pratique.

Diffusion systématique des outils de l’opération «A table les cartables»

Ecoles : durant les 3 années scolaires de l’opération (2001 à 2004), 2781 implantations d’écoles fondamentales des différents réseaux d’enseignement ont été sensibilisées à l’opération de manière systématique, que ce soit par voie de circulaires ministérielles, par envoi d’outils de l’opération, ou encore par des documents de promotion de la santé à l’école diffusant les initiatives en cours en matière d’alimentation subsidiées par la Communauté française, notamment les «Midis à l’école».
Acteurs éducatifs : les documents ont été transmis systématiquement à l’attention des membres des Conseils de participation via les Directions des écoles fondamentales car c’est au sein de cette structure participative mise en place officiellement par décret en 1997, que devait être discutée la décision de l’école d’adhérer aux principes de la charte et de le signaler aux Cabinets.
Acteurs santé et partenaires potentiels : susceptibles de jouer un rôle de diffusion de cette opération et de relais auprès des écoles et des membres des Conseils de participation, ces acteurs «santé» et d’autres secteurs ont également reçu les outils de l’opération afin de les sensibiliser aux objectifs ministériels communiqués aux écoles et les inviter à jouer un rôle dans cette démarche de promotion de la santé à l’école. Un courrier spécifique de la Ministre Nicole Maréchal, annexé au feuillet «parents», a renforcé cette information auprès des acteurs «santé». D’autres initiatives locales ou communautaires ont contribué à la diffusion de cette opération.

Sensibilisation à l’opération

Un large effort de communication sur l’opération (démarche proposée, présentation des outils, processus d’adhésion, ressources locales…) a été réalisé par la Coordination Education et Santé.
Pour les mobilisations locales, 5 réunions de coordination ont eu lieu avec l’ensemble des CLPS, permettant de faire le point, d’examiner ensemble comment diffuser l’opération et mobiliser davantage les écoles et leurs partenaires potentiels.
De nombreux acteurs et relais locaux ont été sensibilisés (n = 788) directement lors d’événements divers (stands, formations, colloques). Des journées de sensibilisation ont été organisées avec les CLPS pour faire connaître les outils et la dynamique de l’opération et susciter les liens de cohérence avec les autres programmes en cours. Des présentations de l’opération ont été réalisées dans des revues spécialisées de différents secteurs ou encore en direct, que ce soit dans un cadre institutionnel (Fédération d’associations de parents, diététiciens…), dans un cadre de formation (Hautes Ecoles, Euralisa, Dispositif d’expression collective des élèves, UCL, Cerise, etc.) ou encore dans un cadre communautaire ( 1ère Conférence liégeoise en promotion santé).

Diffusion internationale

Une fiche «Trésors en promotion de la santé» a été réalisée pour le REFIPS (Réseau international de promotion de la santé ), qui présente la dynamique de l’opération, ses atouts et ses défis.
Au niveau européen, l’opération et ses outils ont été brièvement présentés en réunion du groupe «Nutrition en milieu scolaire » du Conseil de l’Europe en mai 2002.
Avec le Conseil de l’Europe, ce groupe a organisé à Strasbourg en novembre 2003 et en partenariat avec l’OMS-Europe et le Réseau Européen des Ecoles en Santé, un colloque sur ce thème réunissant près de 300 représentants de 45 pays. L’asbl Cordes y a participé activement en représentation de la Communauté française. Un point d’orgue lors de ce colloque fut à notre avis la présentation par deux représentants de l’association de parents de l’école «Clair Vivre» à Evere (Bruxelles), d’un brillant exposé en plénière illustrant leur démarche et stratégies pour mobiliser l’école. Après de nombreuses concertations, le groupe «Santé et environnement» de cette école a réalisé une enquête auprès des parents et des enseignants. Elle a mobilisé des partenaires, interpellé les décideurs et acteurs concernés en se revendiquant de l’opération «A table les cartables» sans toutefois concrétiser officiellement la procédure d’adhésion.

Adhésion à la charte «A l’école d’une alimentation saine»

96 bulletins d’adhésion ont été renvoyés à la Cellule «A table les cartables» des deux Cabinets concernés. Ce nombre couvre en fait 120 implantations de l’enseignement fondamental qui ont adhéré à la charte «A l’école d’une alimentation saine».
Au niveau des réseaux, la procédure d’adhésion a été respectée plus fortement dans les écoles du réseau officiel (76 écoles communales et 8 autres (villes, provinces, Communauté française)). Pour le réseau libre, seules 12 écoles ont renvoyé leur bulletin d’adhésion.
Quant on connaît la fréquence relative (minimum 2 fois par an) des réunions des Conseils de participation, on peut mieux apprécier l’effort de mobilisation que représente l’adhésion d’une part, et comprendre, d’autre part, les difficultés éventuelles à respecter cette procédure. Celle-ci a sans doute freiné l’adhésion d’écoles qui ne voyaient pas l’avantage d’adhérer «en monnaies sonnantes et trébuchantes» mais y voyaient plutôt des inconvénients, en termes de «contrôles de ce qui se fait ou sanctions de ce qui ne se fait pas».
Parmi les bulletins d’adhésion transmis, le nombre de signataires de la charte a pu être identifié dans 88 cas soit un total de 899 signataires. Il confirme l’importance de la mobilisation scolaire à laquelle a pu donner naissance la démarche d’adhésion à la charte et en particulier celle des membres des Conseils de participation par qui se formalisait l’adhésion de l’école.
Dans 33 écoles, plusieurs classes se sont mobilisées tandis que pour 56 écoles, il s’agit bien d’un projet d’école ou en tous les cas d’une volonté d’élargir à toutes les classes la mobilisation sur la ou les thématiques prioritaire(s).

Choix de thématiques

Dans son adhésion à la charte, le Conseil de participation précisait le thème prioritaire qui ferait l’objet de son plan d’action avec les classes impliquées. Ce choix de thématique(s) s’est fait soit pour valoriser des actions mobilisant déjà l’école, soit pour lancer un nouveau projet ou encore il est le résultat de négociations au sein du Conseil de participation, entre les représentants des différents groupes, parents, enseignants, pouvoir organisateur. Dans certains cas, la priorité a été définie par les pouvoirs organisateurs pour l’ensemble de leurs écoles. Ce sont souvent alors des écoles «désignées volontaires» qui ont renvoyé leur bulletin d’adhésion, une situation de promotion de la santé peu favorable à la mobilisation des acteurs!

Tableau 1 – Thématiques prioritaires (plusieurs choix possibles)

Sujets

Nombre d’écoles (96) %
Equilibre alimentaire: repas chauds, pique-niques, collations et boissons 63 66
Découverte des saveurs et des goûts 38 40
Respect de l’hygiène 35 36
Lieu et cadre des repas 18 19
Développement durable et choix de consommation 13 14
Restauration de qualité à coûts maîtrisés 11 11
Publicité, marketing et vente 7 7
Autre 6 9
Non précisé 5 5

Le tableau ci-dessus n’indique sans doute pas des besoins réels des élèves et des écoles mais il traduit cependant des priorités aux yeux des acteurs scolaires en matière d’alimentation scolaire. La majorité d’entre eux a pointé l’équilibre alimentaire et a abordé dans son plan d’action un moment de repas en particulier (petit déjeuner, collation, midi, goûter…).
La découverte des goûts et des saveurs permet d’explorer l’aspect sensoriel des repas et les habitudes alimentaires des enfants. Dans près d’une école sur 3, le respect de l’hygiène est prioritaire: hygiène des mains des élèves ou encore hygiène dans la préparation et la conservation des repas. Le lieu et le cadre des repas est pointé comme priorité dans 1 école sur 4. Ce thème englobe des aspects «aménagement» des lieux de repas (réfectoire, classes, salle polyvalente) – comme par exemple des sets de table ou la disposition et le type de mobilier – aussi bien que les règles de vie présidant aux moments de repas.
La diversité des activités réalisées – ou en projet – a été relevée lors de la visite de la personne ressource. Six écoles ont précisé d’autres thématiques relatives notamment à la production et distribution des aliments.
Comme nous l’avons indiqué plus haut, le choix de thématiques fait rarement l’objet d’une analyse de la situation à moins que l’adhésion fasse suite à des projets déjà en cours ou à une concertation avec les centres de santé scolaire.
Le nouveau rôle des PSE était – il est vrai- encore peu connu ou mis en avant dans la majorité des écoles: le partenariat pour l’élaboration de plans d’action avec le PSE, le PMS et le CLPS n’était pas chose acquise au départ de l’adhésion de l’école et s’est vu sans doute développé par la suite.

Mobilisations

Conséquence de la diffusion décrite précédemment, de nombreux contacts avec la Coordination Education et Santé ont eu lieu suite à la promotion de l’opération, que ce soit de la part des écoles, des institutions, des communes, des acteurs locaux et des partenaires potentiels «santé», «éducatifs», restauration, alimentation… Ces démarches actives constituent un indicateur intéressant d’impact car ils reflètent la dynamique engendrée.
Depuis le lancement de l’opération «A table les cartables», le 02/11/01, 380 écoles ont contacté notre asbl Cordes. Parmi elles, 221 écoles prennent contact pour la première fois et 159 écoles étaient des «anciens» contacts du programme «Midis à l’école», qui couvre à la fois la dimension «repas» et la dimension «récréation»: les échanges donnaient alors l’occasion de valoriser les outils, la démarche et les liens pour susciter leur adhésion.
Près de la moitié des contacts avec les «nouvelles écoles» l’ont été par voie téléphonique. Les échanges en direct (37 % de l’ensemble des contacts) à l’occasion de sensibilisations, de stands tenus annuellement au Salon de l’Education de Namur, ou d’événements, représentent à chaque fois l’occasion de soutenir les écoles «nouveaux contacts» tout comme les acteurs mobilisés. Ils permettent aussi de saisir les réalités de terrain et le défi que constitue un lancement de projet dans l’école, que l’on soit enseignant, parent, directeur, surveillant, infirmière PSE ou PMS, cuisinier(e) ou intervenant éducatif ou «santé» du tissu associatif.
Par ailleurs, de nombreux contacts ont été établis pour la première fois par des personnes et des institutions suite à la promotion de l’opération. Un inventaire des nouveaux contacts après le démarrage de l’opération indique que sur 581 contacts-personnes, 226 concernaient «A table les cartables».

Tableau 2 – Type de contacts-personnes

Origine

Nombre de personnes
PSE-PMS-IMS 56
Intervenants en promotion de la santé 40
Acteurs scolaires hors fichier «écoles» 32
Pouvoirs organisateurs et communes hors «fichier écoles» 29
Enseignants et étudiants du supérieur 21
Parents, membres Associations de parents et Conseils de participation 16
Restaurateurs 9
Autres 23
Total 226

La mobilisation des équipes PSE et PMS représente la majorité de ces contacts (56/226) Les nouvelles missions des PSE expliquent sans doute en partie ce phénomène. Quant au nombre important de nouvelles communes et pouvoirs organisateurs ayant pris contact avec la Coordination, il reflète sans doute aussi la dynamique suscitée par le réseau des mandataires pour des communes en santé.
Les parents restent relativement peu nombreux dans les contacts à propos de la charte et de l’opération. Il faut savoir cependant que souvent les premiers contacts ont pour objet des aspects plus généraux de la promotion de la santé et n’apparaissent donc pas dans le tableau spécifique à la mobilisation «A table les cartables».

Tableau 3 – mobilisation locale

Ecoles adhérentes par zone de CLPS

Nombre
Mons 23
Bruxelles 17
Namur 15
Liège 11
Charleroi 10
Huy – Waremme 5
Luxembourg 5
Hainaut Occidental 4
Brabant wallon 4
Verviers 2
Total 96

Les chiffres ci-dessus indiquent bien des procédures d’adhésion abouties mais ne reflètent pas nécessairement la mobilisation locale. En effet, comme l’ont souligné les CLPS lors des réunions de concertation, la procédure d’adhésion a pu sembler lourde et trop institutionnelle pour certains, d’autant plus que les atouts d’une adhésion leur semblaient parfois faibles en regard des engagements auxquels l’école souscrivait.
Des écoles semblent avoir perçu les formalités à accomplir (signatures par le Conseil de participation, renvoi à la cellule «A table» des Cabinets, signatures et courriers des ministres…) comme l’entrée dans un mécanisme de type «audit», ce qui a constitué un frein à l’adhésion. Peu sans doute ont perçu son but principal de permettre le suivi de l’opération et l’organisation de la visite d’une personne-ressource de la Coordination.
La large diffusion de la brochure permettait en effet à chaque école de s’approprier la démarche comme telle sans nécessité de remplir les formalités d’adhésion. Elle a aussi permis aux différents intervenants et structures locales de se proposer comme personnes-ressources sur les thématiques proposées et d’accompagner les écoles dans leur démarche d’élaboration de plan d’action, sans nécessité de renvoi de bulletin.

Les actions: avant ou après l’adhésion?

Un des leviers pour la réalisation d’un plan d’action a sans doute été la visite de la personne ressource et le tissage de liens et de partenariat avec les acteurs et ressources locaux. Dans de nombreux cas, en effet, les écoles adhérentes semblaient attendre cette visite pour conforter leur démarche. Cette visite a permis aux acteurs présents de relever la diversité des préoccupations et l’intensité des mobilisations en cours ou pendant les dernières années sur la thématique de l’alimentation, de la consommation et de l’équilibre alimentaire.

Tableau 4 – Les actions

Nature des actions menées par les écoles

Nombre d’ écoles
Actions sur l’équilibre alimentaire ( plusieurs actions possibles par école ) 76
Collations 54
Petit déjeuner 30
Repas 6
Menu 14
Boissons 9
Actions sur le lieu, le cadre des repas dont notamment: 34
Fontaines d’eau 7
Contenu du distributeur 5
Aménagement réfectoire, cuisine 10
Actions autour de la chaîne alimentaire, concernant par exemple: 46
Le tri ou la réduction des déchets 25
Le circuit de production des aliments 15
La distribution et la commercialisation des produits 3

Pour la plupart des écoles, il semble évident que la dynamique d’action n’est pas neuve. L’alimentation est, en effet, un des sujets les plus fréquemment abordés dans tous les degrés du fondamental: ce thème permet de concrétiser de nombreuses compétences et des savoirs faisant partie intégrante du programme scolaire.
Les nombreux contacts de la Coordination dans le cadre du programme «Midis à l’école» confirment cette situation. Ce qui est plus neuf par contre – et le décret «Missions» y invite les écoles -, c’est la concertation entre acteurs et l’échange entre enseignants sur les actions en cours ou réalisées dans les classes. Cette ouverture a permis sans doute de lancer les prémisses de ce qui pourra ressembler davantage à un projet-santé d’école qu’à une suite d’actions ponctuelles.

Participation: acteurs et partenaires des écoles adhérentes

L’indicateur utilisé pour évaluer la réalité de cette mobilisation est la présence d’acteurs et de partenaires lors de la visite de la personne ressource à laquelle participaient systématiquement direction et enseignants. Dans 48 écoles (sur les 79 visitées entre mai 2002 et juin 2003), un ou plusieurs partenaire(s) participai(en)t à la réunion permettant de dégager des points de vue différents. Le nombre de participants s’élevait parfois à plus de 20 personnes. La personne ressource de Cordes asbl a animé et conduit la discussion en rappelant la démarche de l’opération et les caractéristiques d’une approche en promotion de la santé dans la mise sur pied d’un projet et d’actions favorisant la santé à l’école. D’autres visites ont été réalisées à l’initiative de CLPS ou d’acteurs locaux (province, intervenants locaux…) pour soutenir les écoles selon les priorités de chacun.
La participation de personnes extérieures à l’école, reflète sans doute des appuis qui se sont concrétisés ou renforcés par la suite dans les actions de l’école; c’est le cas sans doute pour les PSE (présents dans 25 écoles sur les 79), les PMS (23 écoles sur 79), pour les parents (présents lors de la réunion dans 16 écoles) ainsi que pour les CLPS (présents lors de la visite dans 11 écoles).
Dans 10 réunions, les responsables de la fabrication de repas (cuisinières, diététiciennes, traiteur) étaient présents. Pour certains PMS et PSE, la visite a été l’occasion d’une première rencontre de concertation en tant que partenaires pour le projet-santé de l’école dans le cadre des nouvelles missions PSE.
Quelques écoles adhérentes n’ont pas souhaité de visites de personnes ressources car leur plan d’action était en cours ou la visite était jugée superflue. Par ailleurs, une offre d’aide technique gratuite d’une diététicienne de l’asbl Euralisa a été faite à deux occasions début 2003 et en octobre 2003. Douze écoles seulement avaient répondu favorablement en juin 2003. A chaque contact avec l’école, les différentes possibilités existantes et les missions des PSE, PMS et CLPS ont été rappelées aux écoles. Chaque partenaire a pu, par ailleurs, développer des stratégies spécifiques pour appuyer les écoles adhérentes. Il leur appartient d’évaluer les répercussions de ces propositions.

Tableau 5 – Niveau d’implication des acteurs

Implication des élèves…

78
dans l’action (petit déjeuner, collation, petit magasin) 43
dans l’inventaire de besoins, l’état des lieux 21
dans des ateliers – cuisines 23
dans des animations 11
Implication pédagogique des enseignants 78
Implication des personnes en charge des repas (diététiciennes, traiteur, cuisinières, responsable) 43
Implication des parents 18

Si les élèves ont effectivement participé à la dynamique de projet, la nature de cette participation reflète encore un sérieux déficit ne permettant pas de parler véritablement de démarches participatives. Pour la période préalable à la visite, ce tableau indique que dans 21 écoles seulement sur les 79 écoles visitées (soit une école sur quatre), les élèves étaient intervenus dans la réalisation d’un état des lieux sous forme de questionnaires, débats, enquêtes…
Par contre dans 54 % des écoles, leur participation se traduisait dans des actions autour de petits déjeuners, de repas, de collations, de la tenue de petits magasins de collation, l’organisation de l’événement «repas», ou la simple consommation de petits déjeuners équilibrés.
L’implication des enseignants est importante nous l’avons déjà souligné; ils exploitent les thématiques de la charte en classe, dans des activités pédagogiques.
Ce sont donc les adultes qui ont été les principaux concepteurs des actions et les concertations au départ du Conseil de participation ont sans doute freiné quelque peu la participation des élèves dans l’évaluation des besoins. Cette démarche «adulte» est tout aussi essentielle néanmoins, étant donné leur rôle éducatif en matière d’habitudes de consommation saine et l’enjeu de construire de véritables alliances éducatives en matière de santé à l’école notamment.
Si la participation des élèves et des enseignants ainsi que des personnes en charge des repas est signalée, les parents semblent encore «les parents pauvres» de la dynamique sans doute par difficulté tant de l’école que des parents eux mêmes, de se reconnaître comme partenaires dans l’éducation des élèves – enfants à des modes de consommation et de vie saine.

Cohérence, continuité et intersectorialité

La continuité des projets de promotion de la santé est une des priorités du Programme quinquennal de promotion de la santé, du Conseil supérieur de promotion de la santé et des acteurs de terrain.
Comment cela se traduit il dans l’action de terrain? L’opération «A table les cartables» abordant la question des repas, la Coordination a établi des liens de cohérence auprès des acteurs et décideurs concernés: ainsi la farde «Promotion de la santé» diffusée à toutes les écoles et auprès des acteurs concernés, a établi des liens entre les projets «Midis à l’école» et «A table les cartables» (voir la double page couleur). 37 écoles «Midis» sur les 96 écoles adhérentes ont fait ce lien, en adhérant à la charte et en choisissant d’explorer plus spécifiquement l’une ou l’autre thématique.
A noter également que les exemples cités dans la brochure «charte» sont tous tirés des expériences menées dans les écoles mobilisées sur la question des midis dans ses aspects «alimentation», ce qui contribue à la fois à valoriser les actions entreprises auparavant et à susciter des partages d’expériences de terrain.
Les outils et le suivi de l’opération «A table les cartables» ont traduit également cette recherche de cohérence en regard des priorités éducatives et pédagogiques; la Coordination a veillé, notamment, à intégrer dans la démarche de promotion de la santé, les priorités du décret «Missions» comme la participation des acteurs éducatifs (rôle du Conseil de participation dans l’adhésion, implication des parents…) et les objectifs de citoyenneté et de développement des élèves. Un des principes de base de l’accompagnement méthodologique offert aux écoles est d’établir ces liens entre la promotion de la santé et les missions de l’enseignement.
Cette initiative ministérielle conjointe a sans nul doute renforcé les liens intersectoriel «santé – éducation – alimentation», (il est rare d’avoir une circulaire ministérielle adressée aux écoles qui soit co-signée par le Ministre ayant la santé dans ses attributions sauf en cas de compétences cumulées bien entendu !) mais il faut reconnaître que ce principe d’intersectorialité tant prôné par le secteur est sans doute – avec la participation des «publics cible» un défi des plus tenaces en promotion de la santé.
Il exige la patience des tisserands, une vision prospective et un investissement important en temps et en énergie… Le décret PSE positionnant les acteurs de santé scolaire en tant que partenaires dans l’élaboration de projets-santé dans les écoles renforcera ces liens entre éducation et santé et permettra d’établir davantage de cohérence entre les actions préventives de ces acteurs et les actions d’éducation et de promotion de la santé menées au sein de l’école.

Recommandations

Ces éléments d’évaluation portent sur l’impact de l’opération «A table les cartables» en termes de mobilisation sur la question de l’offre alimentaire dans les écoles et par les parties concernées (parents, personnes en charge des repas, élèves, enseignants, partenaires). L’ objectif premier de l’opération, à savoir «améliorer l’alimentation à l’école et tout au long de la journée» ne peut pas être évalué comme tel . L’évaluation de l’opération ne faisait pas partie du mandat attribué à la Coordination et n’a donc pas été planifiée: aucun recueil de données particulier n’a été mis en place. L’évaluation se base donc sur des données recueillies en routine par la Coordination dans le cadre de contacts et d’activités de promotion de la santé à l’école et auprès de partenaires potentiels et d’acteurs éducatifs. Ceci souligne la nécessité d’octroyer les ressources nécessaires à la planification de l’évaluation et à la coordination d’une opération d’une telle envergure et ce dès sa conception.
L’ensemble des outils de l’opération ont été conçus de manière à rendre possible l’implication des acteurs éducatifs, de santé et de la restauration scolaire sans qu’un accompagnement ne soit nécessaire. Les nombreux contacts avec la Coordination permettaient de soutenir la démarche d’appropriation en encourageant les compétences des acteurs par des interrogations plus que par des réponses et des propositions toutes faites. Cette façon de procéder s’inscrit dans le respect des principes de promotion de la santé qui visent à ce que chacun puisse être acteur de sa santé et de la santé collective. Cependant comme pour d’autres projets de promotion de la santé à l’école, la participation des élèves, des parents et des personnes concernées, mérite d’être planifiée davantage en élaborant des stratégies spécifiques pour la rendre effective surtout au niveau de la conception des actions et de l’élaboration du projet. La construction d’une démarche participative des élèves peut par exemple être préparée avec des intervenants éducatifs et les représentants des élèves.
La diversité des enjeux entre les différents acteurs et décideurs concernés complique la tâche tout en lui donnant tout son intérêt car il s’agit de définir des stratégies complémentaires et de mettre sur pied des actions et des projets visant la santé nutritionnelle des élèves. Des représentants de différents niveaux de pouvoir (ministères, villes, communes, provinces, fédérations, associations, particuliers…), de différents secteurs concernés (santé, diététique, industrie alimentaire, éducation, famille, environnement…) et des réseaux divers d’acteurs et de relais (CLPS, PSE, Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel, Union fédérale des associations de parents de l’enseignement catholique, Changement pour l’égalité, Administrations…) se sont impliqués dans l’opération. Cette démarche intersectorielle mérite qu’on y consacre le temps nécessaire et ce, aux différents niveaux de pouvoir et d’action afin d’aboutir à la planification et à la réalisation d’actions et de changements durables.
Cristine Deliens , coordinatrice, et l’équipe de Cordes
Adresse de l’auteur: Coordination Education et Santé, rue de la Rhétorique 19, 1060 Bruxelles. Tél et fax: 02 538 23 73. Courriel: cordes@beon.be .
Nous vous présenterons aussi dans quelques mois une évaluation des acquis du programme ‘Midis à l’école’, cité plusieurs fois dans cet article.
(1) Voir à ce sujet deux articles publiés dans Education Santé: ‘L’alimentation à l’école. Un forum et une charte’ , de Maryse Van Audenhaege et Bernadette Taeymans (n° 155 de janvier 2001) et ‘A table les cartables!’ , de Maryse Van Audenhaege (n° 165, décembre 2001).
(2) Les visites d’écoles ont été réalisées par Christine Lachaussée et Danielle Dohogne, et occasionnellement par Sabine Froment, Cristine Deliens et Claire Berthet.

La santé et le bien-être des jeunes d’âge scolaire. Quoi de neuf depuis 1994?

Le 30 Déc 20

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Introduction

L’étude «Santé et bien-être des jeunes» est réalisée depuis 1985 par l’Unité de Promotion et d’Education Santé (ULB-PROMES) de l’Ecole de Santé Publique de l’Université Libre de Bruxelles.
Sept enquêtes ont été réalisées en Communauté française entre 1986 et 2002.
Elles ont pour but de fournir des données utiles pour la promotion de la santé des jeunes, tant pour la programmation des interventions que pour le développement des politiques, leur évaluation et l’allocation des ressources.
Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’étude internationale patronnée par le Bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé «HBSC», (Health Behaviour of School-aged Children). Cette même étude a été réalisée en 2001-2002 par 33 pays européens, le Canada et les USA.

Méthodologie

Les 7 enquêtes consécutives menées en Communauté française depuis 1986 se conforment au protocole international de la recherche multicentrique «Health Behaviour of School-aged Children».
En plus des thèmes abordés par le protocole international, des modules thématiques complémentaires spécifiques (drogues illicites, connaissances sur les modes de transmission du VIH, vie scolaire, etc.) ont été intégrés dès 1988.
Les enquêtes ont été réalisées en 1986, 1988, 1990, 1992, 1994, 1998 et 2002.
La population couverte est constituée des élèves scolarisés en Communauté française dans l’enseignement de plein exercice entre la cinquième année primaire et la sixième année secondaire (enseignement primaire: en 1990 puis à partir de 1994). L’enseignement spécial est malheureusement exclu de l’étude.
L’échantillon est de type aléatoire stratifié avec allocation proportionnelle à la taille. Il vise la représentativité, au niveau de la Communauté, pour les provinces, réseaux, niveaux et type d’enseignement (général, technique, professionnel).
L’échantillon complet 1986-2002 (tous âges et cycles) comprend 57.675 sujets.
La plupart des résultats présentés pour les enquêtes entre 1986 et 2002 (hors « Photographies actuelles 2002 ») concernent les élèves du cycle secondaire âgés respectivement de 13, 15 et 17 ans, ceci correspondant à un sous-échantillon de plus de 20.000 sujets.
A titre d’exemple, l’échantillon prélevé dans le cycle secondaire (tous âges) en 2002 comprend 10.512 sujets issus de 655 classes provenant de 90 écoles.
Le taux de réponse pour le cycle secondaire est de 68%.
La fraction d’échantillonnage pour 2002 est de 3,50% de la population scolaire concernée.
Le questionnaire validé tant au niveau local qu’au niveau international est auto-administré aux élèves selon une procédure standardisée assurant la confidentialité.
Pour chaque comportement, quatre types de graphiques peuvent être fournis:
évolution dans le temps (1986-2002) après standardisation pour l’âge, le sexe et le type d’enseignement. Ces graphiques présentent des prévalences (proportion de sujets qui adoptent le comportement étudié) communes aux filles et aux garçons pour chaque enquête après élimination des fluctuations potentielles liées à des différences de structure de l’échantillon (liée à la représentation dans les échantillons des sexes, de l’âge et de l’appartenance aux différents types d’enseignement);
analyse multivariée visant à l’identification des «prédicteurs» de ces comportements (y compris éventuellement le temps), et ceci indépendamment de l’effet d’autres facteurs potentiellement influents (comme l’âge, le sexe ou le type d’enseignement);
stratification par sexe , classe et type d’enseignement (2002): elle fournit une image détaillée de la prévalence d’un comportement dans tous les sous-groupes retenus;
– répartition détaillée des proportions de réponses aux différentes modalités de certaines questions (2002): elle fournit une image plus nuancée des réponses par rapport à l’approche dichotomisée (regroupement des réponses en 2 catégories via la définition d’un seuil) qui est utilisée dans les 3 types de présentation précités.

Principaux résultats

Nous avons abordé 6 grands domaines:
– le bien-être et la perception de la santé;
– la nutrition et la sédentarité;
– les conduites à risque;
– la vie affective et sexuelle et la prévention du sida;
– les jeunes et l’école;
– accidents, violence et traumatismes.
Ce qui suit est un résumé des principaux résultats.

Le bien

être et la perception de la santé

Les plaintes subjectives

Dans l’enquête «Santé et bien-être des jeunes» de 2002, 36% des jeunes ont déclaré au cours des 6 derniers mois au moins une plainte en relation avec un état physique de type maux de tête, ventre ou dos. De même, 39% se plaignent de nervosité et/ou d’insomnie témoignant d’un état de stress.
Chez les jeunes, le sexe est un prédicteur des plaintes physiques et de celles relatives au stress, les filles se plaignant plus fréquemment que les garçons.
En ce qui concerne la fatigue matinale, ce sont les jeunes de l’enseignement général qui s’en plaignent le plus, contrairement à la plupart des autres plaintes que l’on observe plus fréquemment chez les élèves de l’enseignement professionnel ou technique.
Les individus caractérisés par un statut socio-économique défavorisé sont plus nombreux que les individus ayant plus de revenus et/ou d’années d’éducation réussies à se plaindre de leur état de santé.

Le sentiment de bonheur

Nous constatons que la majorité des jeunes se perçoivent en bonne santé (93%) et ceci reste stable au cours des années. Si les jeunes eux-mêmes se perçoivent ainsi malgré un contexte souvent difficile, il pourrait sembler peu opportun de focaliser des actions de promotion de la santé sur cette population. Cependant, cette constatation est à mettre en relation avec un nombre important de jeunes qui, même s’ils se perçoivent en bonne santé, déclarent de nombreuses plaintes et ne se définissent pas comme étant heureux.
En effet, plus de 35% des jeunes présentent régulièrement au moins une plainte physique et près de 40% présentent un état de stress. Enfin, entre 15 et 20% des jeunes déclarent ne pas être (très) heureux.
Tout se passe comme si, pour un groupe de jeunes se déclarant en (très) bonne santé, il était normal d’être fatigué, déprimé, nerveux ou de souffrir d’insomnies à l’adolescence.

La confiance en soi

Les résultats montrent que les jeunes filles sont moins nombreuses que les garçons à avoir confiance en elles. Cette différence s’accentue avec l’âge.
Déjà à 11 ans, un jeune sur cinq n’a pas confiance en lui.
D’une manière générale, la situation se dégrade entre 1994 et 2002.

La consommation de médicaments

La proportion de jeunes consommant des médicaments reste élevée. C’est ainsi qu’en 2002, les jeunes déclarent avoir consommé durant le dernier mois un médicament contre le mal de tête (46%), contre le mal de ventre (32%) et contre la toux (30%). À cela, il convient d’ajouter les vitamines (30%), les médicaments contre la grippe ou le mal d’estomac (20%).
Depuis 1986, on observe une tendance à la stabilité et même à la diminution de consommation pour des médicaments «contre la nervosité» et contre l’insomnie (tous deux consommés par 7% des jeunes en 2002).
Le risque d’être grand consommateur est plus élevé chez les filles. On trouve également les grands consommateurs en plus grand nombre parmi les jeunes de l’enseignement technique et professionnel que parmi ceux de l’enseignement général.
Il y a plus de consommation de médicaments que de plaintes déclarées relatives aux mêmes symptômes.

La nutrition et la sédentarité

Les comportements alimentaires

L’étude «Santé et bien-être des jeunes» montre qu’actuellement en Communauté française, les jeunes scolarisés sont moins nombreux qu’en 1986 à manger régulièrement, c’est-à-dire au moins une fois par jour, des fruits et des légumes.
Trop de jeunes consomment très fréquemment des bonbons, des sucreries ou du chocolat, des hamburgers, des frites et du coca ou d’autres limonades sucrées.
Ces choix alimentaires sont associés au sexe, à l’âge ou à la classe et au type d’enseignement, en faveur des élèves de l’enseignement général.
Par ailleurs, 24% des filles et 20% des garçons ne prennent jamais de petit déjeuner les jours d’école.

Le statut pondéral

L’excès pondéral, surcharge et obésité, concerne 15% des jeunes. Près de 5% présentent par ailleurs un déficit pondéral.
On observe un gradient selon le type d’enseignement, en faveur des jeunes de l’enseignement général, et cela tant pour les filles que pour les garçons.

Les régimes amaigrissants

Plus de 15% des jeunes déclarent suivre un régime pour maigrir. Ce sont surtout les filles à partir de la deuxième secondaire qui adoptent ce comportement. En ce qui concerne les garçons, le pourcentage de ceux suivant un régime amaigrissant diminue avec le niveau scolaire et donc avec l’âge.

La sédentarité et le sport

Un jeune sur cinq regarde la télévision ou des vidéos au moins 4 heures par jour les jours d’école. Il n’y a pas de différence entre les filles et les garçons.
Les élèves les plus nombreux à regarder la télévision et les vidéos sont les plus jeunes ainsi que les élèves de l’enseignement technique ou professionnel.

<exergue>
Un nombre important de jeunes déclarent de nombreuses plaintes et ne se définissent pas comme étant heureux, même s’ils se perçoivent en bonne santé.
</exergue> On observe une association entre surcharge pondérale et les indicateurs de sédentarité.
Si la consommation de télévision est indépendante du sexe et diminue avec l’âge, il en est tout autrement pour l’utilisation des consoles de jeux électroniques et de l’ordinateur. En effet, c’est très majoritairement les garçons qui sont friands de ce type de loisir et les résultats montrent une tendance, chez ceux-ci, à utiliser ce type de jeux plus fréquemment avec l’âge. En 2002, 3,4% des filles et 11,4% des garçons peuvent être considérés comme «accros» des jeux ou de l’ordinateur, les élèves du général étant moins nombreux que les autres dans ce groupe.
63% des garçons et 36,5% des filles font du sport au moins trois fois par semaine. Ce sont les filles, les élèves les plus âgés et ceux de l’enseignement technique et professionnel qui sont les plus nombreux à ne jamais pratiquer un sport.

Les conduites à risque

La consommation de tabac

En ce début de siècle, la réduction du tabagisme chez les jeunes demeure toujours un défi de taille pour la santé publique.
Actuellement, les jeunes filles constituent tout autant que les garçons une cible d’intervention prioritaire.
Parmi les fumeurs, on observe une augmentation des «grands» fumeurs (plus de 20 cigarettes par semaine).
Les jeunes des enseignements professionnel et technique sont également une priorité dans un programme ayant des objectifs en matière de réduction des inégalités.
Il faut porter une attention particulière au passage entre le primaire et le secondaire et continuer les programmes de prévention primaire (diminution de la demande) dans le secondaire inférieur.
Enfin, il ne faut pas négliger le désir d’arrêter de fumer. En 4e secondaire par exemple, 76% des fumeurs désirent cesser de fumer!

La consommation d’alcool

La consommation régulière d’alcool est relativement stable au cours du temps. En 2002, 27% de ceux qui ont déjà bu de l’alcool sont considérés comme consommateurs hebdomadaires (soit environ 20% du total des jeunes de 13, 15 et 17 ans).
La tendance à l’augmentation du pourcentage des jeunes qui ont déjà bu jusqu’à l’ivresse est inquiétante. En terme de santé publique, ce n’est pas tant la consommation d’alcool en soi qui occasionne des problèmes que les risques que cette consommation abusive entraîne pour d’autres comportements tels que la conduite d’un véhicule, la violence ou les relations sexuelles non protégées et/ou non désirées. La réduction des risques de l’abus d’alcool doit s’intégrer dans tout contenu de programme de prévention.

Le cannabis

,

l’ecstasy et autres psychotropes

Les fréquences d’essai et de consommation régulière de cannabis de 13 à 17 ans confirment une certaine banalisation du phénomène et dans certains cas une augmentation de celui-ci.
Un quart des jeunes scolarisés ont déjà consommé du cannabis et 3% sont des consommateurs journaliers.
Cette banalisation est particulièrement sensible chez les garçons de l’enseignement professionnel où le niveau d’expérimentation dépasse les 60% et le pourcentage de consommateurs réguliers peut atteindre 20% dans certaines années scolaires.
Dans notre enquête, le taux de consommation de l’ecstasy reste stable et est relativement faible: l’ecstasy a été expérimenté en 2002 par 4% des jeunes enquêtés, 1% se déclarant consommateur régulier.
Plus de la moitié des filles et des garçons ne consomment pas de produits psychotropes licites ou illicites. Ils sont 7,8% des garçons et 3,5% des filles à consommer au moins 3 produits.

La vie affective et sexuelle et la prévention du sida

Les relations sexuelles

Parmi l’ensemble des élèves de 15 à 18 ans en 2002, 44% des jeunes ont déjà eu une relation sexuelle complète. Parmi ces derniers, 12% déclarent une relation sexuelle précoce (avant 14 ans).
Entre 1990 et 2002, les résultats sont restés relativement semblables en ce qui concerne le nombre de jeunes déclarant une relation sexuelle complète. Par contre, le pourcentage de jeunes ayant eu une relation sexuelle précoce a augmenté.
Parmi l’ensemble des élèves de 15 à 18 ans interrogés en 2002, 16% ont eu plus d’un partenaire sexuel.
L’ensemble de ces comportements est généralement observé plus fréquemment chez les jeunes les plus âgés, parmi les garçons et parmi les élèves de l’enseignement professionnel et technique.

L’utilisation du préservatif et de la pilule

,

la prévention du sida

Le nombre d’élèves sexuellement actifs ayant déjà vu et manipulé un préservatif ou utilisant toujours un préservatif lors de leurs relations sexuelles est en augmentation (respectivement de 90 à 96% entre 1990 et 2002 et de 39 à 57% entre 1994 et 2002).
Par contre, parmi les jeunes qui n’ont jamais eu de relations sexuelles, le pourcentage de ceux qui n’ont jamais vu ou manipulé un préservatif est en diminution ces dernières années (de 71 à 64% de 1990 à 2002).
Les connaissances des élèves en matière de transmission du VIH sont loin d’être correctes et pour certains modes de transmission, on observe également que la situation ne s’est pas améliorée ces dernières années (relation sans préservatif avec une personne qui n’a pas l’air malade; transmission par le moustique). La (fausse) croyance que le donneur de sang peut être infecté lors d’un don de sang est encore partagée par 12,4% des élèves de 15 à 18 ans alors que 21,5% d’entre eux ne se prononcent pas à ce sujet.
L’analyse des déterminants montre que l’âge, le sexe et les types d’enseignement sont des facteurs importants. Un effort pédagogique particulier devrait être fait en tenant compte de ces différences entre les populations adolescentes.

Les jeunes et l’école

Aimer l’école et être stressé par le travail scolaire

La moitié des élèves aime l’école et l’autre moitié ne l’aime pas ou pas du tout, alors qu’ils y passent ou sont sensés y passer plus de la moitié de leur temps d’éveil. Les filles sont plus nombreuses que les garçons à aimer l’école.
Si l’enthousiasme pour l’école est plus fréquemment cité parmi les jeunes de l’enseignement professionnel, c’est également parmi ceux-ci que l’on observe le plus de jeunes qui disent brosser les cours. Toutefois, à la fin de l’enseignement secondaire, près d’un jeune sur deux des trois types d’enseignement a brossé au moins une fois les cours durant les deux mois précédant l’enquête de 2002.
Le stress engendré par l’école s’observe plus chez les filles, les élèves plus âgés et ceux de l’enseignement général.

La violence à l’école

La violence telle que nous l’avons mesurée diminue entre 1994 et 2002.
Une majorité de filles (68%) et de garçons (55%) ne subissent pas de provocation de la part des autres élèves. Par contre, 4,1% des filles et 6,1% des garçons sont provoqués plusieurs fois par semaine.
On observe une relation entre le fait de ne pas aimer l’école, d’être victime de violence dans le cadre scolaire et le stress engendré par le travail scolaire.
Le sentiment fréquent de peur d’aller à l’école se retrouve chez 1,7% des filles et 2,3% des garçons.
1,1% des filles et 3,5% des garçons sont «parfois, souvent ou très souvent» victimes de racket.

Les accidents

,

la violence et les traumatismes

Accidents et traumatismes

Durant les douze mois précédant l’enquête de 2002, un tiers des élèves ont souffert d’un traumatisme ayant nécessité des soins.
Ce sont les garçons, les élèves les plus jeunes et ceux de l’enseignement technique et professionnel qui sont les plus touchés.
Les garçons subissent plus fréquemment un traumatisme dans le cadre d’une activité sportive extra-scolaire et les filles présentent la plus haute fréquence d’accidents à l’école.
Parmi les jeunes accidentés, 53% ont dû arrêter leurs activités pendant au moins un jour suite à ce traumatisme.
Le traumatisme le plus fréquemment rencontré est la foulure ou l’entorse. Près de 7% des élèves blessés ont souffert d’une commotion et près de 3% d’une morsure de chien.

Bagarres et armes

Entre 15 et 18 ans, près d’un garçon sur deux et près d’une fille sur quatre se sont battus au moins une fois durant les douze mois précédant l’enquête.
7% des filles et 28% des garçons de 15 à 18 ans déclarent posséder une arme. L’arme plus fréquente est le couteau ou le poignard. 1,5% des garçons du même groupe d’âge ont apporté une arme à feu à l’école le mois précédant l’enquête.

Constats et lignes de force

Différences entre filles et garçons

Comparés aux filles, les garçons s’illustrent plus négativement au niveau de l’adoption des conduites à risque: une alimentation plus déséquilibrée, une consommation plus excessive d’alcool, un usage plus fréquent de drogues illicites, un recours plus habituel à la violence physique et une fréquence d’accidents plus courante, etc.

<exergue>
Une lecture transversale des résultats renforce l’idée qu’il y a de multiples façons de vivre l’adolescence.
</exergue> Les filles, quant à elles, portent un regard plus négatif sur elles-mêmes tant sur un plan physique que sur un plan mental (sentiment d’être à plat, confiance en soi, sentiment de bonheur, maux de tête, maux de ventre, etc.). Cette perception de soi plus négative se reflète aussi dans certains de leurs comportements (régime, prise de médicaments, etc.).

Différences entre enseignements général

,

technique et professionnel

Les jeunes de l’enseignement professionnel présentent globalement un profil de santé et de bien-être plus médiocre que ceux de l’enseignement technique qui, eux-mêmes, partagent une situation moins bonne que les jeunes de l’enseignement général.
Ces différences doivent être rattachées aux disparités socio-économiques entre les jeunes tant au niveau de leur origine familiale que de leur devenir professionnel. La perception d’un avenir plus morose, par exemple, freinerait la possibilité de se projeter positivement dans le futur et provoquerait, par la même occasion, un relatif désintérêt à l’égard de conduites préventives.
Il est à noter tout de même que les jeunes issus de l’enseignement professionnel sont ceux qui apprécient le plus l’école et qui souffrent le moins de fatigue matinale.

Evolution dans le temps

Dans l’ensemble, les problèmes persistent ou ont une légère tendance à s’améliorer par rapport à 1986.
Depuis 1986, sur un plan plus spécifique, il y a une détérioration de la consommation de fruits et légumes, une augmentation des relations sexuelles précoces et une augmentation de la fatigue matinale.
Depuis le milieu des années 90, la confiance en soi et l’appréciation de l’école sont au plus bas, les fausses croyances sur les modes de transmission du sida réapparaissent, le port de la ceinture de sécurité en voiture diminue et l’usage du cannabis se répand.

Evolution à travers les âges

En général, la situation des jeunes se dégrade de la 5e primaire à la 6e secondaire. Habituellement, les résultats des filles et des garçons sont fort semblables à la fin de l’école primaire et divergent progressivement dans le secondaire qui voit l’apparition et l’accentuation des différences entre types d’enseignement. Il est à remarquer que ce sont les plus jeunes qui se déclarent davantage victimes de violences ou d’accidents et que le type d’aliments consommés (hamburgers, frites, boissons gazeuses, etc.) ainsi que l’usage de télévision se développent au début de l’adolescence.
Ces résultats sont à rattacher au fait que notre étude correspond globalement à la période de l’adolescence (autonomie grandissante, construction identitaire, expérimentation de nouvelles conduites, changements corporels, etc.) et nous donnent, au travers notamment des comportements précoces et réguliers, une bonne indication sur les conduites des adultes de demain.

Ecole

,

milieu de vie stratégique

L’école, qui rythme la vie de milliers de jeunes, se trouve de plus en plus dépréciée par les élèves. Il convient d’être vigilant à cette dépréciation en donnant la priorité à une école mieux adaptée aux attentes des jeunes. Cette adaptation passe notamment par une amélioration de la prise en considération des différentes facettes de l’institution scolaire (les méthodes pédagogiques, les relations professeur/élèves, la qualité des infrastructures scolaires, etc.) et par une meilleure participation des différents acteurs qui gravitent au sein et autour de l’école (éducation par les pairs, participation des parents à la vie scolaire, collaborations avec les acteurs de terrain). Enfin, la revalorisation symbolique et financière des enseignants, ainsi que la garantie de leur bien-être professionnel sont une base essentielle d’une école plus heureuse.

Styles de vie

Une lecture transversale des résultats renforce l’idée qu’il y a de multiples façons de vivre l’adolescence. Les garçons se comportent différemment des filles, les élèves de l’enseignement général sont confrontés à d’autres difficultés que ceux du professionnel, etc.
Les modes de vie adoptés par les jeunes sont influencés par une série de déterminants (comme le sexe, le niveau socio-économique, les relations familiales, le réseau amical, les caractéristiques environnementales, etc.) et par une série de caractéristiques individuelles (comme la confiance en soi, la faculté de se projeter dans l’avenir, l’aptitude à rechercher de l’aide, etc.), fondatrices de la liberté de choisir. Il convient de prendre en considération ces facteurs externes et internes à l’individu dans la mise en place des actions de promotion santé.
L’intérêt de l’approche de la santé par les styles de vie réside dans cette appréhension globale des comportements qui prend en considération le fait que les conduites puissent avoir une cohérence entre elles (comme la prise de risques divers par exemple) mais aussi que ces dernières soient déterminées par un ensemble d’éléments dont bien peu dépendent du système de soins.
Le Service communautaire de promotion de la santé SIPES de l’équipe ULB PROMES de l’Ecole de Santé Publique de l’ULB
Danielle Piette, Patrick de Smet, Damien Favresse, Florence Parent, Yves Coppieters, Christine Bazelmans, Charlotte Lonfils, Katty Renard, Laurence Kohn et Nathalie Da Costa Maya.

Les résultats complets sont repris dans une brochure en couleurs de plus de 100 pages qui présente en outre une étude sur les jeunes en décrochage scolaire, et une autre sur la prévention de l’asthme professionnel chez les jeunes. Edité en 5000 exemplaires, ce document est déjà largement diffusé dans le milieu scolaire et associatif. Il peut être obtenu gratuitement grâce au soutien de la Communauté française, au Centre local de promotion de la santé le plus proche de chez vous ou éventuellement auprès de Mme Ladmirant, ULB-PROMES, Route de Lennik 808 CP 596, 1070 Bruxelles, ou par courriel adressé à promes@ulb.ac.be.
La brochure est aussi accessible sur le site de [L=www.ulb.ac.be/esp/promes]PROMES[/L].
Enfin, des comparaisons internationales seront prochainement disponibles.

Utilisation de l’information dans le dévelopement de projets en éducation nutritionnelle chez les jeunes

Le 30 Déc 20

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Enquête qualitative préliminaire auprès d’acteurs de terrain

Contexte et objectif

Comme Service communautaire de promotion de la santé (SCPS), le Service d’information en promotion éducation santé (SIPES) développé par ULB-PROMES, a pour missions de récolter de l’information, de l’analyser et de la mettre à la disposition du terrain (1). En ce sens, un processus d’échange portant sur l’interprétation et l’utilisation d’informations doit être mis en place entre les acteurs de terrain, les Centres locaux de promotion de la santé (CLPS) et notre SCPS. Ce processus devrait ainsi améliorer les réponses aux attentes et besoins du terrain.
Afin de cerner le terme ‘information’, nous nous basons sur la définition que nous donne le Programme quinquennal de promotion de la santé 1998-2003 de la Communauté française (2). En effet, celui-ci retient trois sources d’information:
– la littérature, tant scientifique (épidémiologique, sociale, etc.) que ‘grise’ (rapports, mémoires, etc.), ainsi que les experts;
– les témoins privilégiés, c’est-à-dire toute personne qui, par sa profession, a un contact particulier avec la population ou l’objet d’étude, et pas uniquement les professionnels de la santé;
– la population à travers ses attentes et ses demandes.
L’étude que nous présentons ci-dessous part de deux observations. On constate d’une part que les informations existantes sont sous-utilisées dans le développement de projets et que d’autre part, les résultats des recherches ou d’enquêtes sont, la plupart du temps, insuffisamment diffusés. Or, l’utilisation de l’information devrait intervenir à différentes étapes du développement d’un projet: cerner la problématique, définir les besoins, choisir les priorités, définir les objectifs, établir les alternatives, mettre en place les stratégies, évaluer les résultats, etc. La dissémination des résultats est donc une composante essentielle de toute recherche ou enquête.
La question de l’utilisation de l’information est abordée dans le cadre d’une thématique particulière: l’éducation nutritionnelle chez les jeunes. Cette thématique joue un rôle essentiel en santé publique. En effet, elle contribue de manière active à la santé de la population et constitue, de plus, un sujet privilégié en milieu scolaire. Replacée dans une approche plus globale du bien-être chez les jeunes, cette problématique est définie comme une priorité par le Programme quinquennal.
Les sources d’informations sont variées et leur utilisation peut donc intervenir à différentes étapes du développement d’un projet. Une utilisation effective des informations existantes permet d’enrichir les connaissances, de fournir un soutien aux interventions et de faciliter la construction de stratégies d’intervention.
A ce sujet, l’Organisation mondiale de la santé reconnaît le rôle important de la recherche pour générer de nouvelles informations pour la mise en place effective de la stratégie de Santé pour tous.
L’objectif général de ce travail était d’effectuer un état des lieux de l’utilisation de l’information auprès d’intervenants de terrain de la Communauté française développant un projet en éducation nutritionnelle chez les jeunes. Pour atteindre cet objectif, une enquête qualitative, par le biais d’entretiens individuels, a été réalisée auprès de 12 acteurs appartenant à diverses structures (service PSE (3), mutualité, asbl, observatoire de la santé, etc.).

L’utilisation de l’information

Cette étude a permis de mettre en évidence le manque de diversité concernant les informations utilisées. En effet, la plupart des données utilisées sont relatives à l’obésité chez les jeunes. En outre, on constate une quasi-absence de régularité de l’utilisation d’informations tout au long du développement des projets en éducation nutritionnelle. L’utilisation intervient de manière sporadique et n’est pas systématisée. Néanmoins, il ressort que l’utilisation des données ou d’informations intervient principalement lors de la construction du projet. A ce niveau, l’objectif est alors d’interpeller et de sensibiliser, notamment les directeurs d’école et les enseignants.
Un ensemble d’éléments influençant tant positivement que négativement l’utilisation d’informations a pu être dégagé. La visibilité des informations existantes, le temps disponible, la correspondance entre données scientifiques et réalité de terrain, la capacité à interpréter des données et le travail en partenariat sont définis, par les intervenants rencontrés, comme des déterminants influençant de manière significative l’utilisation d’informations dans le développement de projet.

Les besoins d’informations

Le besoin de données à caractère local – par exemple, pour une commune ou un quartier – a été souligné par plusieurs acteurs de terrain. Ceux-ci semblent trouver les données existantes trop lointaines par rapport à leur population. Cependant, ils n’arrivent pour autant pas à définir des besoins spécifiques en matière d’informations.
Chez les acteurs de terrain, des difficultés ont pu être discernées concernant notamment la formulation de besoins d’informations relatives à des thématiques précises en relation avec l’alimentation. Par exemple, peu d’acteurs de terrain identifient des besoins de données portant sur les caractéristiques de certains groupes à risque ou sur les comportements associés (assuétudes, bien-être, sédentarité, intégration sociale, violence, décrochage, etc.).
Par ailleurs, des besoins concernant l’expérience d’autres acteurs de terrain sont ressentis. Ainsi, plusieurs intervenants émettent la volonté de s’inscrire davantage dans des partenariats avec d’autres acteurs (infirmières PSE, diététiciennes, observatoires de la santé, etc.).

La récolte de données

Le travail de récolte de données et d’informations effectué par les intervenants de terrain s’est révélé être un élément important. En dehors des données issues des visites médicales, relatives principalement à l’obésité, les données collectées sont principalement de type qualitatif. Chez les enfants, celles-ci concernent les comportements alimentaires mais ne peuvent pas être assimilées à de réelles études nutritionnelles. Du côté des enseignants ou des directeurs d’écoles, la récolte de ces données est tout à fait informelle et non organisée mais elle est néanmoins perçue comme une base utile pour ces acteurs.

En conclusion

L’enquête auprès d’acteurs de terrain a permis d’identifier des manquements essentiels.
Ceux-ci se situent d’une part au niveau de la formation des intervenants de terrain à l’interprétation des données et à la définition de besoins en matière d’information. Ceci implique dès lors une difficulté à passer de l’analyse thématique à une approche de promotion de la santé.
D’autre part, du coté des ‘scientifiques’, ces problèmes concernent le peu de vulgarisation des résultats de recherches et la difficulté d’adapter cette vulgarisation au public des intervenants de terrain. Deux raisons peuvent être évoquées pour tenter d’expliquer ce manque: la capacité insuffisante des chercheurs à effectuer cette vulgarisation ainsi que l’absence de valorisation de ce travail au sein du milieu universitaire.
Il y a donc une inadéquation entre le travail des chercheurs et l’appropriation de celui-ci par le terrain. Il faut donc mettre en œuvre des moyens efficaces pour améliorer cette appropriation et favoriser un processus d’échanges entre acteurs de terrain et chercheurs.

Recommandations opérationnelles

Au vu de ces résultats, certaines recommandations peuvent être émises:
– pallier le manque de formation des intervenants de terrain qui a des répercussions à trois niveaux. Premièrement, au niveau de la ‘qualité’ de l’interprétation des données, notamment de type statistique. Ensuite, au niveau de la définition de besoins en matière de données. Enfin, au niveau de l’approche adoptée (thématique vs globale);
– favoriser la mise en place de réseaux et de partenariats en incluant dès le départ – c’est-à-dire lors la création de ceux-ci – tous les acteurs concernés (intervenants de terrain, CLPS, SCPS, universités, etc.);
– adapter la vulgarisation des recherches à ceux à qui elle est destinée. Ceci permettrait d’assurer une diffusion effective et plus accessible des résultats des recherches. Il faut donc former les chercheurs à la vulgarisation de leurs publications et articles scientifiques et valoriser ce travail au sein de l’Université.

Actions en cours

Depuis novembre 2003, notre SCPS organise un groupe de travail avec des intervenants de terrain intéressés par l’alimentation chez les jeunes. Au cours des rencontres, les échanges portent sur les données concernant cette thématique. Ce groupe permet la mise en place d’un travail de collaboration et de concertation entre les acteurs de terrain et notre service.
Un groupe de travail a également été mis en place fin novembre avec les CLPS. Celui-ci porte sur l’interprétation et l’utilisation des résultats d’enquêtes et a pour objectif de renforcer la capacité des CLPS à répondre aux demandes locales.
Charlotte Lonfils, Danielle Piette, Unité de promotion éducation santé (ULB-Promes), Ecole de Santé Publique de l’ULB
(1) Pour plus d’information sur SIPES, consulter le document suivant: Direction Générale de la Santé, Promouvoir la Santé: des structures pour vous aider , Ministère de la Communauté française, décembre 2002 (disponible sur https://www.sante.cfwb.be rubrique Publications).
(2) Direction Générale de la Santé, Programme quinquennal et législation de promotion de la santé en Communauté française 1998-2003 , Ministère de la Communauté française, 1998 (disponible à la même adresse).
(3) Promotion de la Santé à l’Ecole, anciennement Inspection Médicale Scolaire

La santé et le bien-être des jeunes d’âge scolaire. Les commentaires de la ministre

Le 30 Déc 20

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Avant tout, je tiens à remercier l’équipe du Professeur Danielle Piette pour le travail accompli depuis plusieurs années. Il suffit de citer le nombre d’étudiants (près de 15.000 en 2002 et près de 58.000 depuis 1986) qui ont répondu aux questionnaires pour imaginer l’ampleur du dépouillement et de l’analyse des résultats. Cette enquête est menée depuis 1986, tous les deux ans jusqu’en 1994, et tous les quatre ans depuis, avec un nombre de plus en plus important de jeunes.
Ce travail considérable signifie aussi que les statistiques qui s’en dégagent sont particulièrement fiables. J’ai pu, ainsi, en tirer de réelles conclusions qu’il me revient de traduire en décisions politiques en matière de prévention.

Des constats qui interpellent

D’une façon globale, si on note une diminution de certains comportements, comme le tabagisme, on peut aussi retenir que la consommation d’ecstasy, les pratiques alimentaires et la sédentarité sont de plus en plus problématiques. Je ne peux évidemment pas rester indifférente à certains indicateurs qui montrent que les jeunes mettent leur santé en danger. La première cause de mortalité reste, chez nous, les maladies cardiovasculaires générées, précisément, par certains de ces comportements.
Je rappellerai quelques chiffres:
– parmi les jeunes âgés de 13 et 15 ans: près d’un jeune sur dix mange des frites au moins une fois par jour, plus de cinq jeunes sur dix mangent des bonbons et consomment des limonades sucrées quotidiennement.
– parmi les jeunes âgés de 13, 15 et 17 ans: plus de six jeunes sur dix ne mangent pas de fruit chaque jour, un jeune sur dix n’en consomme pas chaque semaine, et près de 5 ne mangent jamais de fruits. Une fille sur quatre et un garçon sur cinq ne prennent jamais de petit-déjeuner. Un jeune sur cinq regarde la télévision ou des vidéos au moins quatre heures par jour, pendant les jours d’école. Près d’un jeune sur dix déclare passer plus de quatre heures par jour devant le petit écran. Trois jeunes sur dix ressentent un sentiment de fatigue matinale de manière très régulière.
De bonnes nuits de sommeil, un peu d’activité physique tous les jours, quatre repas équilibrés par jour (avec légumes et fruits) sont les messages véhiculés par la campagne des Motivés que j’ai mise sur pied en novembre de l’année dernière. Basée sur les «rythmes de vie», cette campagne s’adresse aux enfants de 8 à 10 ans. Le site (et ses liens vers des sites éducatifs spécifiques) et le dossier pédagogique, offrant des repères méthodologiques et un inventaire des ressources disponibles en Communauté française, devraient contribuer à la mise en place de projets dans les écoles.
Il ne s’agit pas de donner des listes de recommandations, c’est inefficace. Les jeunes doivent rester les acteurs principaux mais on se doit, par contre, de leur fournir des outils, des pistes pour les aider à préserver leur santé et à se construire. Cette «aide» doit se concevoir par le prisme du dialogue et de la participation: comprendre par la discussion pourquoi ils ont tel ou tel comportement et les associer aux actions.
Ainsi, les troubles cardiovasculaires sont responsables d’un décès sur trois, à l’âge adulte, mais il faut le rappeler: les bonnes et moins bonnes habitudes se prennent très tôt et s’inspirent souvent des comportements des proches, la famille et les pairs. Le tabagisme en est aussi un exemple (près de deux jeunes sur dix fument tous les jours). C’est dire toute la complexité à agir sur l’ensemble des facteurs de risque, sans parler des déterminants comme les situations socio-économiques, environnementales… On notera que la consommation de frites, de télévision… et leur incidence sur le poids, et donc sur la santé des jeunes, sont plus fréquentes chez les jeunes de l’enseignement professionnel.

Nous ne sommes pas tous égaux devant la santé

Ce sont les inégalités, repérées par cette étude, qui retiennent toute mon attention et que je tiens à combattre. Des disparités apparaissent très clairement entre filles et garçons et entre types d’enseignement, dès le début du secondaire. Il s’agit d’octroyer les mêmes «chances» à tous les enfants et tous les jeunes en accentuant, par exemple, la discrimination positive et, par ailleurs, en donnant accès, à tous, aux mêmes informations.
C’est l’objectif que je poursuis par le biais de mon projet d’animations relatives à la vie affective et sexuelle qui, à terme, je l’espère, pourront être inscrites dans le cursus scolaire. Si je préfère parler d’animations plutôt que d’éducation, c’est tout simplement parce qu’il n’y a pas de «diplôme» en relations amoureuses.
Des projets-pilotes seront lancés pour la rentrée scolaire prochaine, entre autres dans l’enseignement technique et professionnel, là où il apparaît que les jeunes sont:
– les plus nombreux à avoir eu des relations sexuelles avant 14 ans;
– les plus nombreux à avoir plusieurs partenaires;
– les moins nombreux à utiliser les préservatifs;
– les moins nombreux à avoir bénéficié d’une animation en vie affective et sexuelle.
J’ajouterai qu’une autre recherche de l’ULB PROMES démontre l’influence de la pornographie accessible par la télévision et surtout par internet, sur l’évolution de la perception des relations sexuelles.

Viser le bien

être

L’étude porte sur les jeunes de la 5e primaire à la 6e secondaire, plusieurs années durant lesquelles l’enfant et le jeune sont suivis par la médecine scolaire. Vous le savez, ce secteur vit un tournant capital en parallèle avec l’évolution de l’acception de la santé.
Dès 1946, l’Organisation mondiale de la santé proposait déjà une définition qui prenait en compte une notion plus large et bien plus complexe, la recherche du bien-être: la santé est un état complet de bien être physique , mental et social et pas seulement l’absence de maladies . Les questions posées aux jeunes dans l’enquête en tiennent compte (sentiment d’être satisfait, d’être heureux, d’avoir confiance en soi…). Le mal-être, une des caractéristiques de l’adolescence, est ainsi pointé par l’enquête: près d’un jeune sur cinq dit ne pas être heureux. En parallèle, on peut observer une banalisation de la consommation de cannabis (3% des jeunes sont des consommateurs journaliers) et d’XTC (1% en consomme régulièrement).
Jusqu’il y a peu, la médecine scolaire était cantonnée à une vision hygiéniste (visites médicales-bilans de santé). Les relations entre la santé et l’école, véritable milieu de vie des enfants et des jeunes étant très étroites, j’ai tenu à élargir les missions des services à une approche de la promotion de la santé (décret du 20 décembre 2001).
Les services de Promotion de la santé à l’école (PSE) planchent ainsi actuellement à la conception, l’élaboration et la mise en place d’un projet-santé au sein de chaque établissement, en véritable partenariat avec les différents acteurs dans et en dehors de l’école. Ces projets-santé seront centrés sur une problématique propre à une école, un quartier, une région (alimentation, assuétudes…) et ne pourront fonctionner sans la participation de tous, parents y compris. Imaginons un projet-santé basé sur une alimentation saine: comment l’appréhender, la construire avec les jeunes, si à l’intérieur de l’école sont favorisés les sodas et les snacks salés et sucrés et si à la maison, les charcuteries, les frites… font partie du quotidien et que les légumes et les fruits relèvent de l’exceptionnel!
J’ai pleine confiance en l’efficacité de ces «dispositifs actifs» de promotion de la santé: certaines écoles sont entrées dans cette approche depuis plusieurs années et ont un regard très positif sur les effets d’une telle démarche où l’on aide l’enfant et le jeune à se construire progressivement, en adulte responsable, capable de gérer collectivement et personnellement sa santé.
Ces projets-santé répondront aussi à un autre signal d’alarme donné par les jeunes qui déclarent apprécier de moins en moins l’école puisque, je le rappelle, on parle de santé mais aussi de bien-être. Il s’agira, dès lors, de concevoir des projets qui tiennent compte du bien-être des jeunes et des enseignants. Ceci dit, ce désamour pour l’école doit être interprété à sa juste valeur: peu de jeunes aiment l’école comme peu d’adultes aiment leur travail…
Le chapitre consacré à la santé des jeunes en décrochage scolaire est également révélateur: on ressent très clairement un grand manque de confiance en soi qui mène à une fragilité sociale où les comportements à risque trouvent un terreau idéal pour se développer.

La prévention

,

parent pauvre du système

Je tiens à conclure en précisant qu’une politique de prévention, qui porte ses fruits, ne peut se concevoir dans l’immédiateté, dans le court terme, sans prendre en compte une multitude d’éléments. Cette évidence est pourtant trop souvent un frein aux décisions politiques «courageuses». Alors que la prévention reste le principal facteur qui contribue aux gains de santé, lorsqu’on lui consacre 1 € en Communauté française, on en dépense plus de 1000 pour les soins de santé au fédéral. Cette disparité des moyens attribués à la prévention par rapport au curatif (12,5 millions € contre 15,5 milliards €) démontre l’intérêt de construire dans la cohérence une politique de santé et pas seulement de soins de santé afin de récolter, à terme, le bénéfice des actions de prévention sur la consommation des soins.
C’est pourquoi, je prône une augmentation significative des moyens en prévention afin d’une part, de renforcer les campagnes de lutte contre le sida, le tabagisme et les actions menées au sein des établissements scolaires par les services de promotion de la santé à l’école et d’autre part, de mener une véritable politique de discrimination positive de façon à réduire les inégalités sociales, trop souvent à l’origine d’une spirale infernale.
Nicole Maréchal , Ministre de la Santé
Nicole Maréchal revient largement sur ces questions dans l’entretien exclusif qu’elle nous a accordé, et que nous publierons le mois prochain.

Mort subite du nourrisson

Le 30 Déc 20

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Une campagne efficace, à intensifier

«Grande dis’» pour la campagne de prévention de la mort subite du nourrisson: largement diffusée, elle porte des effets positifs. Mais des efforts restent à mener, surtout auprès des publics les plus fragilisés. Et le slogan doit être revu et corrigé.
Dans nos pays, la mort subite du nourrisson (MSN) est responsable de 35 à 40 % des décès d’enfants âgés de 1 à 12 mois. Elle représente la principale cause de décès des tout-petits. Or, de nombreuses recherches ont montré que quelques mesures de précaution simples réduisent considérablement le nombre de décès: ne pas fumer durant la grossesse ou près du bébé, veiller à maintenir une température adéquate (pas plus de 18° ou 20°) dans la pièce où dort le nourrisson, ne pas trop le couvrir et être attentif à la sécurité dans le lit.
Différents pays (les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Norvège, les U.S.A., la France…) ont mené des campagnes de sensibilisation à ces mesures avec un réel succès.
Ce constat a conduit le Centre d’éducation du patient à élaborer une vaste campagne de prévention en Communauté française de Belgique: «C’est si simple de bien commencer la vie» . Cette campagne a été l’objet d’une évaluation auprès des parents et des professionnels de la santé et de la petite enfance. Largement positifs, les résultats de cette évaluation montrent que la sensibilisation à la MSN est prioritaire et doit être renforcée.

Un projet «boule de neige»

Tout a commencé à la Clinique Saint-Vincent de Rocourt qui, dès le début des années ’90, organise différentes actions de prévention de la mort subite du nourrisson. En ’94 et en ’95, le Centre d’éducation du patient participe au projet «Pour la sécurité du sommeil du nourrisson» qui réunit cinq institutions partenaires: les Cliniques Saint-Vincent de Rocourt bien sûr, Saint-Joseph de Liège, de l’Espérance à Montegnée, Notre-Dame de Hermalle-sous-Argenteau et Notre-Dame des Bruyères. Le Centre d’Education au Patient, convaincu de l’opportunité d’étendre la démarche à l’ensemble de la Communauté Wallonie-Bruxelles, met sur pied en ’98 et ’99 la campagne «C’est si simple de bien commencer la vie» . Elle est soutenue par la Communauté française et organisée en collaboration avec Question-Santé, l’Observatoire de la mortalité du nourrisson, l’ONE et Infor-allaitement.
L’objectif du programme est de réduire le nombre de morts subites et d’accidents durant le sommeil (étranglement, étouffement, etc) grâce à la promotion de conseils de prévention. Les promoteurs de la campagne souhaitent que parents et futurs parents soient capables de détecter les situations à risques, qu’ils connaissent les mesures à mettre en place pour y remédier et qu’ils les appliquent.

Une campagne de sensibilisation

Les promoteurs de la campagne entendaient créer un contexte général de sensibilisation à la problématique et mettre l’accent sur la simplicité des conseils à suivre pour prévenir les accidents. Ils voulaient convaincre du rôle actif que chaque personne peut jouer pour lutter contre la mort subite et amener les (futurs) parents à s’informer auprès de professionnels sur la manière d’assurer un sommeil sain à leur bébé.
Parallèlement, ils souhaitaient informer les professionnels de l’importance de leur rôle auprès des parents et les aider à jouer efficacement ce rôle en mettant à leurs dispositions des outils clairs et efficaces et en les mettant au courant de l’évolution des recherches scientifiques en la matière.
Différents outils ont donc été élaborés pour atteindre ces objectifs. A destination des parents et du grand public: des articles dans la presse écrite via une conférence de presse, des spots en radio et en télévision, des affiches, des dépliants informatifs et une cassette vidéo. Affiche, vidéo et dépliants ont également été mis à la disposition des professionnels de la santé. Mais ceux-ci ont bénéficié aussi d’actions plus ciblées: stands d’information dans les hôpitaux, numéro du Bulletin d’Education du Patient distribué aux médecins, au personnel soignant et au personnel des crèches, conférences et actions de promotion plus intenses à partir d’institutions hospitalières.

Evaluation auprès des parents…

En novembre dernier, les promoteurs de la campagne ont mené à bien une évaluation rigoureuse de la campagne et de ses effets. Cette évaluation visait un double objectif: d’une part faire le point sur la situation actuelle en matière de prévention de la MSN et d’autre part mesurer l’impact de la campagne.
Plusieurs évaluations ont donc été réalisées. Pour estimer globalement la situation actuelle en Communauté française Wallonie-Bruxelles, une enquête a été réalisée auprès de 1130 parents d’un bébé né entre le 1er mars et le 31 août 1999. Trente-quatre communes ont été sélectionnées de manière aléatoire dans la région de Bruxelles-Capitale et les provinces du Brabant wallon, de Namur, Liège, du Hainaut et du Luxembourg. Les communes ont été tirées au sort jusqu’à l’obtention de 200 parents environ par province. Grâce à l’autorisation des bourgmestres des communes concernées, les enquêteurs ont pu obtenir de l’Etat civil les coordonnées des mamans d’un enfant né durant la période déterminée.
Les 1130 parents concernés ont reçu un questionnaire par la poste et un rappel trois semaines plus tard. 438 questionnaires (soit 39 %) ont été renvoyés. Cette méthode est intéressante, mais elle provoque inévitablement un biais dans le profil des répondants; en effet, on sait par expérience que les personnes qui répondent à ce type d’enquête sont généralement plus instruites que la moyenne de la population.
Les résultats engrangés auprès des parents sont donc difficilement utilisables pour découvrir d’éventuels progrès généraux de la population et les comparaisons avec d’autres enquêtes sont à prendre avec beaucoup de précautions. En revanche, ils sont très intéressants pour évaluer les besoins éducatifs encore à rencontrer: en effet, tenant compte du groupe des répondants, on peut estimer que les besoins globaux exprimés dans l’enquête sont encore largement inférieurs aux besoins de l’ensemble de la population.

…et des professionnels de la santé

Les professionnels de la santé, quant à eux, ont été interrogés via une enquête téléphonique. Ils ont été répertoriés en deux groupes: ceux qui ont commandé des outils de campagne et ceux qui ne l’ont pas fait. Tous ont été divisés en diverses catégories: crèches, consultations de nourrissons, services de maternité, services de pédiatrie, gynécologues et pédiatres en consultation privée. Un tirage aléatoire a été réalisé au sein de ces catégories. Dix personnes par catégorie ont été interviewées dans le groupe qui avait commandé des outils et cinq par catégorie dans le groupe qui ne l’avait pas fait. Enfin, deux évaluations plus spécifiques ont été réalisées: une évaluation des conférences et une évaluation des stands en milieu hospitalier.

Des comportements relativement adéquats

L’enquête menée auprès des parents a permis d’envisager leurs comportements en regard des quatre recommandations principales de la campagne.

Coucher le bébé sur le dos

78 % des parents qui ont répondu à l’enquête disent coucher systématiquement leur bébé sur le dos. Mais 10 % disent le coucher systématiquement sur le côté et 6 % sur le ventre. Encore faut-il nuancer tous ces chiffres, car les réponses sont parfois contradictoires: parmi les personnes qui disent coucher «toujours» le bébé sur le dos, 38 % le couchent quand même «parfois» sur le côté. Elles expliquent ce changement par leur souci d’éviter les régurgitations ou tout simplement parce que le bébé dort mieux ainsi.
Malgré tout, 83 % des parents estiment que la position sur le dos est une mesure efficace contre la MSN et 88 % trouvent le conseil facile à appliquer.

Eviter tout tabagisme

D’après l’enquête, 79 % des mères ne fument pas actuellement et 89 % n’ont pas fumé durant leur grossesse. Parmi les 20 % qui ont fumé pendant leur grossesse, 3 % ont arrêté au cours de celle-ci. Des quatre conseils de la campagne, ce sont les mesures relatives au tabac qui sont considérées comme les plus difficiles à respecter par les parents. Pourquoi? Sans doute parce que ce comportement est propre aux parents (et non spécifique au bébé), parce qu’il met en œuvre des comportements physiologiques et psychologiques, et parce qu’il est souvent très difficile de contrôler le comportement de l’entourage.
Logiquement, les personnes qui croient le plus en l’efficacité de protéger le bébé du tabac après sa naissance sont celles qui fument le moins. Et celles qui ignorent (ou nient) cette efficacité ou qui y croient le moins, sont celles qui fument le plus. De plus, ce sont les conseils relatifs au tabac qui sont les plus «coûteux», mais dans la mesure où leur efficacité est reconnue, il semble essentiel d’aider les parents à réduire ce coût au maximum. Et, au-delà du travail d’information, la difficulté rencontrée par les parents pour suivre ce conseil met en évidence la nécessité d’un travail d’accompagnement important.

Ne pas trop chauffer la pièce où dort le bébé

Pour 79 % des parents qui ont répondu à l’enquête, une température de 18° à 20° dans la pièce où dort le bébé est une mesure efficace de prévention de la MSN et 85 % trouvent le conseil facile à appliquer. Toutefois, 90 % des professionnels interviewés par téléphone considèrent que les parents ont encore besoin d’informations sur ce point.

Veiller à la sécurité dans le lit

Le sac de couchage pour bébé est entré dans les mœurs: 75 % des parents couvrent ainsi leur bébé durant son sommeil. Ils expliquent leur choix pour des raisons de sécurité (52 %), parce qu’ainsi l’enfant ne se découvre pas (24 %), par souci de chaleur (15 %). Mais 17 % des parents ne choisissent pas ce moyen, car ils disposent d’autres moyens plus chauds pour couvrir le bébé.

Un sentiment de vulnérabilité

Enfin, la sécurité du sommeil, c’est aussi éviter les risques d’étouffement: absorption de poils, tête recouverte… 91 % des personnes qui ont répondu à l’enquête ne mettent jamais d’oreiller dans le lit du bébé mais 5 % en mettent systématiquement un. 38 % ne mettent jamais de peluches dans le lit de l’enfant mais 31 % en mettent systématiquement. Parmi elles, on trouve essentiellement des parents d’un premier enfant. Et si 69 % des parents utilisent systématiquement un tour de lit, 23 % n’en utilisent jamais.
Qu’est-ce qui fait changer les comportements des parents?
L’enquête permet de constater que le niveau d’information sur la MSN, le sentiment de vulnérabilité par rapport à la mort subite, la représentation des risques et le sentiment de pouvoir agir sur les facteurs de risque sont autant d’éléments qui interviennent dans la prise en compte des conseils de prévention. Ainsi, 99 % des parents pensent pouvoir réduire les risques s’ils mettent en œuvre les quatre conseils qui leur ont été donnés. Et parmi ceux qui ne le pensent pas, on retrouve essentiellement les publics les moins bien informés, donc ceux qui connaissent le moins bien les facteurs d’influence de la MSN. On retrouve aussi tous ceux qui pensent plus que les autres que le destin est un facteur d’influence. Or cette croyance rend évidemment bien difficile toute action de prévention.

Atteindre mieux les publics fragilisés

L’enquête menée sur la campagne, on l’a dit, a touché un public plus favorisé que l’ensemble de la population. Malgré tout, les réponses reçues permettent d’observer un ensemble de comportements et de conditions défavorables liés au faible niveau d’instruction (pas d’études, des études primaires ou les trois premières années du secondaire), à un âge plus jeune (moins de 24 ans) et à la primiparité.
Ainsi, 42 % des parents faiblement scolarisés s’estiment assez informés sur la MSN contre 73 % dans l’échantillon général. La conviction que l’on peut agir sur les facteurs de risque augmente avec le niveau d’instruction: 75 % des personnes faiblement scolarisées seulement ont cette conviction contre 94 % dans l’échantillon général. Par ailleurs, il y a plus de fumeurs chez les personnes faiblement scolarisées que dans les catégories mieux scolarisées: 40 % des femmes faiblement scolarisées fument pour 20 % dans l’échantillon général. Et ce sont aussi les personnes les moins instruites qui continuent à mettre un oreiller à leur bébé.
De nombreux professionnels de la santé (76 %) sont d’ailleurs bien conscients que certains publics demandent une attention particulière. Ils citent majoritairement les personnes issues de milieux défavorisés et tout spécialement celles qui ont un faible niveau d’instruction (64 %), les très jeunes parents (27 %) et les parents primipares (21 %).

Un slogan qui fait mal

L’évaluation de la campagne a également permis de mesurer son image et son impact auprès des personnes interviewées. Les résultats sont globalement très positifs et encourageants tant chez les parents que chez les professionnels. Plus de 99 % des parents qui ont répondu à l’enquête, estiment que l’information des jeunes parents est indispensable et 98 % d’entre eux trouvent la campagne tout à fait utile. 97 % des professionnels interrogés estiment que la prévention de la MSN est une priorité et ils accordent une «grande distinction» à la campagne.
Les professionnels apprécient les stratégies de diffusion actuelles et souhaitent les voir conservées, avec toutefois un bémol pour les stands qui ont souvent touché un autre public que celui qui était visé. 72,5 % d’entre eux ont distribué spontanément les dépliants à tous les (futurs) parents, 30 % les ont mis à leur disposition dans les salles d’attente et 20 % ne les ont donnés qu’aux personnes qui manifestaient leur intérêt pour le sujet. Enfin, 19 % des professionnels insistent sur la complémentarité des différents modes d’intervention: dépliants et brochures, spots radio et télé, et dialogue avec les professionnels.
Si la campagne est convaincante, son slogan doit cependant être modifié. Certes 74 % des parents répondants le jugent globalement positif et 22 % sont d’accord avec son contenu. Mais 7 % l’estiment trop peu explicite vis-à-vis de la MSN. Et, surtout, 5 % le jugent très dur pour les parents qui ont perdu un enfant. Des personnes extérieures à l’enquête ont également insisté sur ce point: le slogan peut blesser et culpabiliser des parents en deuil qui ont le sentiment de n’avoir pas pu mettre en œuvre pour éviter la mort de leur enfant cette «simplicité» dont parle la campagne.

Renforcer la sensibilisation des professionnels


Enfin, l’enquête menée auprès des parents a montré que tous les soignants ne diffusent pas les bons conseils. Ceci s’est particulièrement vérifié pour le conseil relatif à la position corporelle du bébé durant le sommeil. A la sortie de la maternité, 79 % des soignants ont conseillé aux parents de coucher le nourrisson sur le dos, mais 37 % ont conseillé de le coucher sur le côté et 2 % sur le ventre. Si ce total excède 100 %, c’est que certains soignants ont proposé différentes positions aux parents. Ce constat est particulièrement important dans la mesure où la maternité est un moment d’ancrage pour les habitudes.
Qu’en disent les professionnels? La très grande majorité de ceux qui ont été interrogés aux conférences sont convaincus de l’efficacité des différents conseils: 96 à 97 % sont persuadés du bien-fondé des conseils pour l’environnement sans tabac, la température de la pièce et la sécurité dans le lit, mais 84 % seulement du bien fondé du sommeil sur le dos.
Ce nombre constitue pourtant un progrès puisque, selon leur propre dire, la campagne «C’est si simple de bien commencer la vie » a amené 33 % d’entre eux à changer d’opinion à ce propos. Pour les professionnels de la santé, la campagne a représenté une importante source d’information: 50 % ont lu le Bulletin d’éducation du patient, 37 % citent une conférence ou un séminaire, 41 % citent l’affiche et 61 % se sont informés grâce au dépliant.

…et leur proposer des formations

Enfin, l’enquête a mis en évidence l’importance de la relation des parents avec les professionnels de la santé et de la petite enfance en matière de prévention de la MSN. 68 % des personnes interrogées ont discuté des quatre conseils de la campagne avec ces professionnels soit après avoir posé des questions (48 %), soit après avoir été invités à le faire (20 %). Les parents qui n’ont pas eu cette discussion sont aussi ceux qui sont sous-informés en matière de MSN, ne connaissent pas les conseils et leur efficacité, donc les personnes les moins instruites et les moins favorisées. Or, 72 % des personnes qui ont répondu à l’enquête disent avoir discuté des quatre conseils de la campagne avec un professionnel, disent aussi avoir été influencées dans leurs comportements vis-à-vis du bébé.
Pour leur part, 93 % des professionnels interviewés estiment avoir un rôle à jouer auprès des parents en matière de prévention, mais 58,6 % seulement estiment avoir les moyens de remplir ce rôle. Un certain nombre expriment des difficultés ou des freins de divers ordres, dont le fait que les futurs parents ne changent pas facilement leurs comportements (25,7 %) et ne sont pas demandeurs d’informations (9,9 %).Un certain nombre de ces freins sont liés à la gestion de la relation éducative entre parents et professionnels: le rôle de ces derniers est lourd et ils ne savent pas toujours comment s’y prendre pour amener les parents à adapter leurs comportements. Ces compétences mériteraient donc d’être développées grâce à des formations spécifiques.
Anne-Marie Pirard
D’après le Rapport d’évaluation de la campagne de prévention de la mort subite du nourrisson 1998-1999 «C’est si simple de bien commencer la vie», novembre 2000» , Centre d’éducation du patient asbl.. Ce rapport, ainsi que les outils de la campagne sont disponibles au Centre d’éducation du patient, rue Fond de la Biche 4, 5530 Godinne.
Tél. 082-61 46 25. Mél: cep_godinne@skynet.be

La Mort subite du nourrisson dans Education Santé
– Echos du symposium « Succès et limites de la prévention de la mort subite du nourrisson (6/3/99), n° 137, avril 1999, pp. 6 et 7.
– « C’est si simple de bien commencer la vie…. », par J.-L. Collignon, M.M. Leurquin, A. Malice, A. Clément, n° 140, juillet-août 1999, pp. 1 à 4.
– L’information écrite concernant la mort subite du nourrisson passe-t-elle bien ?, par C. Bazelmans, A. Kahn et D. Piette, n° 144, décembre 1999, pp. 9 et 10.

Ajustement sémantique

L’évaluation de la campagne témoigne d’une large adhésion du public au message de prévention qu’elle véhicule. Toutefois, certaines critiques ont été formulées à l’égard du slogan ‘C’est si simple de bien commencer la vie…’, jugé un peu réducteur, et qui risque d’être rejeté par les parents ayant vécu le drame de la perte d’un bébé.
Pour la reprise de la campagne en 2000-2001, le Centre d’éducation du patient a choisi le slogan ‘Ensemble, réduire les risques de mort subite, c’est possible’, qui évite l’écueil de la formule précédente, et témoigne en outre de la volonté du promoteur d’inscrire sa démarche dans une dynamique plus collective.

Quand Dodu et Patagraille nous branchent sur la ‘centrale des poux’

Le 30 Déc 20

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Un spectacle de clowns qui dédramatise la problématique des poux

Eh oui, ces poux qui nous gratouillent, chatouillent en permanence sont bien difficiles à traiter. Tantôt ils se multiplient à une allure galopante, tantôt ils résistent au traitement draconien qu’on leur inflige, tantôt ils disparaissent momentanément pour réapparaître subrepticement alors qu’on s’en croyait débarrassé définitivement.
Outre les désagréments physiques subis par leurs hôtes, ces parasites alimentent pas mal de conversations houleuses au sein des familles et des écoles. Dans ce champ de bataille de première ligne les équipes de médecine scolaire tentent d’implanter des stratégies efficaces visant à préciser le rôle de chacun dans un combat permanent mené à ces habitants indésirables .
Au-delà de ces interventions formelles, les poux peuvent également susciter des approches ludiques et plaisantes. Dodu et Patagraille ( les clowns de la Compagnie Sapiens) ont élaboré un scénario théâtral pour les petits enfants, qui les branche directement sur la ‘centrale des poux’.
C’est un spectacle qui explique en s’amusant ce qu’est un pou, comment les éviter, comment s’en débarrasser, la peur liée aux poux et la culpabilité vécue par les enfants. Il dure environ quarante cinq minutes. Il fait l’objet d’échanges, d’interpellations auprès des enfants.
D’un point de vue pratique, il ne nécessite pas grand chose: uniquement un local qui peut accueillir une quarantaine d’enfants maximum et qui peut être occulté. Les artistes apportent le matériel qui leur est indispensable. Il est destiné à un public de classes maternelles et de première primaire.
Les objectifs du spectacle peuvent se résumer comme suit:
– par le biais des enfants, augmenter l’information sur les poux;
– dédramatiser la problématique;
– montrer qu’il est possible de la prévenir;
– montrer comment la gérer;
– apporter beaucoup de rires, de sons et de détente auprès des enfants dans une démarche didactique et ludique;
– permettre aux enfants d’entrer dans un processus de représentation qui lève les éventuelles craintes et qui ouvre les portes à un statut d’acteur par rapport aux poux.
Comme le précise le Dr Meersseman , les enfants apprécient qu’on leur parle des poux de manière ludique tout en veillant à leur information, à leur éducation, au développement de la solidarité de groupe. Dodu et Patagraille rappellent que ‘l’horreur, c’est pas les poux, mais la peur des grands portée sur les petits’…
Si vous avez envie de partager un moment de plaisir, d’amusement avec votre groupe d’enfants tout en apprenant, n’hésitez pas à contacter la Cie Sapiens, au 061-26 72 76 (téléphone et fax) pour un spectacle à un prix tout à fait accessible de 6000 F (148,74 €).
Annick Moreau , Service promotion santé de l’IPHS de Namur

(1) Voir l’article « Avis de tempête »,du Dr Meersseman, Education Santé n° 155, janvier 2001, pp.8 à 10.

Le Conseil supérieur de promotion de la santé de la Communauté française a rendu voici quelques mois un avis sur cette question. Le voici résumé dans un communiqué de Question Santé, le Service communautaire chargé de la communication en promotion de la santé:

Oui à la chasse aux poux, mais dans le respect de l’élève

Depuis quelques années, les poux envahissent les cheveux des enfants en âge scolaire. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il semble avoir pris de l’ampleur dans la mesure où il existe désormais toute l’année. Les vacances scolaires n’éliminent plus le problème. Sans doute parce qu’un grand nombre d’enfants continuent à vivre en communauté, à l’occasion de stages par exemple.
On le sait, la contamination est très rapide. Le pou vit dans les cheveux, mais également dans tout ce qui retient la chaleur: col de manteau, écharpe, bonnet,…
Il est particulièrement important d’enrayer sa propagation. Car l’enfant infesté en souffre non seulement sur le plan physique (le grattage entraîne des lésions) mais également sur le plan moral – avoir des poux est encore trop souvent et à tort synonyme d’une mauvaise hygiène.
Le pou ne concerne pas seulement l’enfant infesté. Il intéresse au premier plan tous ceux qu’il est amené à fréquenter. Il convient dès lors de mettre en place une stratégie qui englobe l’ensemble des acteurs concernés: l’enfant, sa famille, son professeur mais également les partenaires «santé» (médecins, pharmaciens, IMS-PMS,…) de la communauté scolaire.
Une des conditions favorables à la collaboration efficace des élèves, des parents, des acteurs et partenaires scolaires consiste en un partage commun d’informations fiables, actualisées, scientifiquement correctes, privilégiant la santé de l’élève et du groupe et dénuées d’intérêt commerciaux.
Le Conseil supérieur de promotion de la santé (CSPS) propose l’élaboration d’un document d’information de type consensuel, accessible, simple et utile, respectant une approche de promotion de la santé. Il donnerait une information complète sur la pédiculose: caractéristiques du pou, cycle de reproduction, dépistage, modalités d’application et de répétition des traitements disponibles, coût, efficacité en veillant à privilégier l’information sur les produits et les appareils recommandés en raison de leur non-toxicité avérée.
Ce même document servirait de base à une large campagne médiatique visant à dédramatiser et à sensibiliser le tout public, les écoles et les éducateurs, eux-mêmes relais d’information auprès des élèves et des parents.
Le CSPS préconise que chaque rentrée scolaire soit l’occasion d’aborder le sujet dans une réunion collective avec les adultes éducateurs, spécialement les parents de 1ère maternelle et de classes d’accueil. Le Centre local de promotion de la santé et le personnel des centres IMS-PMS apporteront leur aide à l’organisation de ces actions à l’attention des parents, de l’équipe éducative et des élèves.
Texte élaboré à partir d’un avis remis par le Conseil supérieur de promotion de la santé à Madame Nicole Maréchal, Ministre de l’Aide à la jeunesse et de la Santé du Gouvernement de la Communauté française.

Le roman familial

Le 30 Déc 20

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La santé, c’est aussi la famille

Dans le cadre de la série sur les ‘ Relations enfants/parents ‘, Jacques Borzykowski et Monique Meyfroet proposent un cinquième vidéogramme co-produit par le Centre Vidéo de Bruxelles et les asbl Respect, FRAJE et Question Santé sur le thème ‘ La famille vue par les enfants ‘.
Par le biais d’entretiens, les enfants soulèvent pour nous, parfois pour eux, un coin du voile qui protège leur monde imaginaire, cet espace intime qui intègre réalité de l’histoire vécue et reconstruction mentale.
Ils nous confient la vision de leur famille et nous parlent des liens réels ou imaginaires qu’ils entretiennent avec leurs proches. Certains enfants vivent avec leurs parents biologiques. D’autres connaissent des situations différentes, toutes susceptibles de se modifier au cours du temps.
Les structures familiales sont variables et il est impossible de les répertorier tant elles sont nombreuses. Les auteurs n’ont voulu en privilégier aucune.
Les familles dont il est question dans ce documentaire ne représentent ni des modèles ni des références. Les auteurs ont plutôt choisi de faire partager au public les émotions liées à la parole des enfants quant à leur vécu familial.
Il s’agit par ce travail d’ouvrir et de poursuivre le débat avec les adultes qui entourent les enfants afin que dans les situations familiales, simples ou complexes, les éducateurs restent tous à l’écoute des enfants et de leurs besoins. Il ne s’agit pas de donner des éléments de ‘savoir-faire’ dans l’éducation des enfants, mais bien d’apporter un élément de réflexion autour d’une valeur primordiale, à savoir la ‘bientraitance’ en donnant la parole aux enfants eux-mêmes.

Un outil d’animation

Ce film est un outil d’animation pour tout professionnel de la santé qui souhaite sensibiliser son public aux moments clés de l’établissement de la relation enfants/parents. Il est destiné aux enfants, futurs parents et parents ainsi qu’aux professionnels de la santé, aux éducateurs de l’enfance et de la jeunesse, aux travailleurs sociaux.
Ce documentaire est accompagné d’un cahier d’animation permettant aux professionnels de consulter des éléments théoriques afin d’approfondir le sujet. Il s’accompagne d’une bibliographie et d’adresses utiles.
Comment se le procurer?
Le film est disponible en VHS (durée 63′) au prix de 2.300 F, le cahier d’animation quant à lui coûte 150 F. Il est possible de louer le matériel au prix de 300F/semaine.
Pour tous renseignements, contactez Claudine Van O, Centre Vidéo de Bruxelles, tél.: 02- 216 80 39, mél: clovano@chello.be

La série ‘Relations enfants/parents’

Les chemins de l’autonomie ‘ ( mai 1992 )
Ce film repose sur un ensemble de témoignages de futurs parents et de parents. Son objectif est de faire sentir à chaque spectateur(trice) les émotions que ressentent les futures parents en imaginant leur enfant et celles qu’ils sont amenés à vivre après avoir fait connaissance avec leur bébé.
Au fil des relations ‘ ( mai 1994 )
Ce film repose également sur des témoignages et son objectif est de faire partager par un large public des émotions vécues tant par des parents que par des jeunes. Autour des relations enfants/parents lors de l’adolescence, il montre une approche particulière du développement des liens depuis la petite enfance jusqu’au départ des jeunes adultes de leur famille.
Corps , accords , désaccords ‘ ( mai 1996 )
Autour de 18 mois, l’enfant entre dans une phase d’opposition, la période du ‘ non ‘. Sur base de témoignages de parents, le spectateur(trice) découvre des réponses données à ce qui est souvent perçu comme des provocations ou des manifestations agressives.
Y’a pas honte ‘ ( mai 1998 )
Ce film, construit autour de témoignages d’enfants et d’adultes a pour objectif de faire partager par le plus grand nombre les émotions et les questions liées à l’identité sexuelle chez les enfants.
Chacun de ces vidéogrammes est accompagné d’un cahier d’animation. Le tout peut être soit acheté soit emprunté au Centre Vidéo de Bruxelles.

Votre enfant et sa famille

Nouveau-né également dans une série tout aussi remarquable, voici le nouveau dossier du Journal de votre enfant édité par la Ligue des Familles.
L’enfant, c’est l’aventure. Devenir parent, c’est choisir l’aventure. Une aventure pleine de joies, de fierté, de tendresse, de douceur… un bonheur unique ! Mais dans toute aventure, il y a les doutes, l’épuisement, l’affrontement, l’incompréhension… la panique ! Et souvent, le sentiment de solitude.
Malgré les livres éducatifs qui font crouler les rayons des librairies et des bibliothèques, malgré les conseils des uns et des autres, les méthodes miracles souvent contradictoires, on se sent parfois dépassé.
Le dossier ‘ Votre enfant et sa famille ‘ s’adresse aux parents pour les rassurer, les informer, leur parler d’eux et de leur enfant. De sa naissance au seuil de l’adolescence. Ce dossier est riche de témoignages d’autres parents et de l’avis de spécialistes. Il parle des rêves que chacun porte sur l’enfant, la famille, des fêtes et des scènes de ménage, de solitudes et de solidarités, de générations,… Bref, il parle de la vie !

Ce dossier est disponible au prix de 280 F ( 240 F pour les membres de la Ligue ).
Pour le commander ou en commander d’autres de la série , vous pouvez contacter Claudine Beguin au 02 507 72 46 ou écrire à la Ligue des Familles / DJVE , rue du Trône 127 , 1050 Bruxelles .

Dans cette même collection ‘Les dossiers du Journal de votre enfant’ , voici les titres disponibles: la peur, la jalousie, l’autorité, parler de la mort, l’amour, les autres (lieux) de vie, l’argent, le divorce, la violence, le corps, le jeu, l’école, l’alimentation

Les fruits de la formation

Le 30 Déc 20

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Quatorze ans d’enseignement au CERES dans le domaine de la communication pour la santé et l’environnement

Le CERES, Centre d’enseignement et de recherche en éducation pour la santé de l’Université de Liège, organise depuis 1987 des formations dans le domaine de la communication pour la santé à l’intention des personnes à la recherche d’un emploi. Depuis 2000, ces formations sont également accessibles aux professionnels de la santé et de l’environnement.
Sandra a 37 ans . Secrétaire de formation , elle a exercé son métier dans différents secteurs . Au chômage depuis quelques mois , elle décide de suivre une formation qui l’aidera à se réorienter . Très intéressée et impliquée dans la vie associative , elle souhaiterait travailler sur le terrain , être au contact des gens dans un domaine auquel elle est sensible , la santé .
Motivée , elle s’inscrit à la formation en éducation et communication relatives à la santé organisée par le CERES . Après 2 mois et demi de cours où les modules de communication et les cours spécifiques se succèdent , elle réalise un stage de 5 semaines dans un organisme de promotion de la santé qu’elle a choisi et où elle va mettre ses acquis en pratique . Le stage terminé , convaincue de sa reconversion , elle se lance dans la recherche active d’un emploi . Une proposition parmi d’autres l’attire davantage , elle postule ; la procédure de sélection réussie , elle est engagée comme animatrice à la Ligue des Familles . Son travail consiste à organiser en équipe des modules de formation en éducation pour la santé destinés aux femmes habitant des quartiers urbains socio économiquement défavorisés . Sandra travaille à mi temps . Epanouie , elle déborde d’idées et de projets .

Historique

Sandra figure parmi les quelque 800 personnes ayant suivi une formation du CERES depuis 1987. C’est à cette date que le CERES mit en place, avec l’appui du Fonds social européen et de la Région wallonne, une formation à l’intention des personnes sans emploi. Son nom: CAPS, pour curriculum d’agents de promotion de la santé. Le CERES affirmait ainsi sa volonté d’offrir aux personnes à la recherche d’un emploi la possibilité de se former en promotion de la santé. Ces nouvelles compétences devaient leur permettre de retrouver plus facilement un emploi tout en encourageant la prise en compte de la promotion de la santé dans des secteurs professionnels diversifiés.
En 1994, un tournant s’opérait: ECOCOM voyait le jour, la santé accueillait l’environnement. Les deux formations, CAPS et ECOCOM, s’orientaient résolument vers le développement des compétences en communication.
En 2000, CAPS et ECOCOM sont devenues les ‘ Formations intégrées en communication pour la santé et l’environnement ‘ (FICSE), accessibles non seulement aux personnes sans emploi, mais aussi aux personnes exerçant une activité professionnelle dans les domaines de la santé et de l’environnement.

Finalité

:

la réinsertion professionnelle

Depuis 1987, 27 formations Caps et 14 formations Ecocom de quatre mois ont été réalisées au bénéfice de plus de 800 personnes. L’emploi (re)trouvé de 60% des apprenants dans les 6 mois qui ont suivi la formation témoigne de l’adaptation de ce type de formation au marché de l’emploi dans des domaines aussi variés que l’éducation du patient, la sauvegarde du patrimoine, la promotion de la santé auprès de publics spécifiques, la sensibilisation des enfants à l’environnement à l’école et hors de l’école, l’organisation d’événements dans les domaines de la santé et de l’environnement, la responsabilité de projets dans des organismes s’occupant de prévention, etc.
La réinsertion professionnelle des personnes ayant participé à la formation CAPS montre un bel éventail de possibilités. Certaines sont devenues responsables de la communication au sein d’associations actives dans le domaine de la promotion de la santé. Plusieurs sont responsables de l’accueil et des activités d’éducation pour la santé en maisons médicales. D’autres sont animateurs-santé dans des organismes associatifs. Quelques-uns ont trouvé place au sein d’équipes chargées de l’éducation du patient en milieu hospitalier.
Les parcours de réinsertion des personnes qui ont suivi la formation ECOCOM sont également multiples. L’un ou l’autre est devenu éco-conseiller ou responsable de la cellule environnement d’une commune. Certains sont responsables de la communication au sein d’échevinats de l’environnement, de maisons de l’environnement ou d’autres services actifs dans le domaine de la sensibilisation à l’environnement. D’autres sont devenus animateurs-nature dans des associations de protection de l’environnement. Quelques-uns travaillent dans des organismes spécialisés en environnement et en communication environnementale.

Le curriculum

Pour FICSE, l’entrée dans le troisième millénaire est signe de maturité et d’évolution. L’évaluation des formations a donné lieu à une adaptation du curriculum de formation.
Le tronc des formations, la communication, se décline en 7 modules qui répondent aux besoins, sur le terrain, du communicateur en santé et en environnement.
Celui-ci est amené à inscrire ses actions dans un schéma de planification. Le module ‘ Stratégies et méthodes en communication sociale ‘ l’aidera à planifier une intervention, à réaliser un diagnostic de situation et à construire une évaluation.
Dans sa pratique professionnelle, le communicateur en santé et en environnement évolue au sein de groupes. Le module ‘ Communication en groupe ‘ l’aidera à comprendre le fonctionnement d’un groupe, à rentabiliser le travail en équipe et à gérer les conflits. Il apprendra également à conduire des réunions et s’initiera aux techniques de médiation.
Le communicateur en santé et en environnement est souvent amené à communiquer en face à face. Le module ‘ Communication interpersonnelle ‘ lui permettra d’acquérir des méthodes et des attitudes qui l’aideront à communiquer efficacement avec l’autre.
La maîtrise de la communication écrite est également une exigence du métier. Le module ‘ Conception de supports de communication ‘ apprendra au participant à organiser une stratégie de communication vers la presse et le préparera à la formulation de messages et à la conception de supports (affiches et dépliants).
Pour certains, communiquer dans les domaines de la santé et de l’environnement, c’est animer. Le module ‘ Techniques d’animation ‘ donnera au communicateur en santé et en environnement l’opportunité d’analyser et de tester différentes démarches pédagogiques et de découvrir des outils didactiques appropriés. Il apprendra également à se mettre à l’écoute d’un groupe à travers la méthode du groupe focalisé (‘ focus group ‘).
Le communicateur en santé ou en environnement devra très souvent prendre la parole en public. Le module ‘ Communication orale ‘ lui donnera les compétences nécessaires pour préparer et présenter oralement un contenu et l’entraînera à la réalisation de supports de communication orale.
Last but not least, le module ‘ Clarification des valeurs ‘ l’aidera à construire ses repères éthiques en promotion de la santé.
Des cours spécifiques permettront en outre au futur communicateur de se familiariser avec les thèmes ou problématiques actuels en matière de santé – les assuétudes , le sida , l’éducation nutritionnelle , les soins palliatifs , la santé communautaire , l’interculturalité , etc .- et d’environnement – les déchets , l’eau , l’énergie , l’aménagement du territoire , l’éco consommation , le management environnemental , etc . Organisés en plates-formes de discussions et d’échanges, les cours spécifiques ne feront pas du communicateur en santé ou en environnement un spécialiste des deux domaines considérés, mais ils lui serviront de points de référence par rapport à ces thématiques.

Le lien santé-environnement constitue une des principales préoccupations des organisateurs de la formation. L’actualité nous montre quotidiennement l’intérêt majeur à établir des interactions entre la santé et l’environnement et ce dans une perspective de développement durable. Par ailleurs, des forums de discussion, des travaux pratiques et les cours spécifiques poursuivront cet objectif.
Afin de satisfaire le public en répondant à ses besoins, nos méthodes sont axées sur la participation: cours concrets et pratiques, recherches et travaux, mises en situations, échanges d’expériences. Les bases théoriques serviront à la mise en œuvre de projets sur le terrain et à la réalisation d’activités.
Les participants demandeurs d’emploi bénéficient en outre d’un module ‘ recherche d’emploi ‘ et d’un stage de cinq semaines dans une administration, une entreprise ou une association. Au terme de la formation, chacun se trouve ainsi armé pour la conquête d’un nouvel avenir professionnel.

Le calendrier 2001 des formations

Comme chaque année, deux sessions de formation sont programmées en 2001. La première session a commencé le 28 février et se terminera le 30 juin. La seconde session aura lieu de la fin août à la fin décembre 2001. Les demandeurs d’emploi suivent l’intégralité de la session tandis que les professionnels de la santé et de l’environnement ont la possibilité de choisir ‘ à la carte ‘ parmi les modules proposés.
Les formations ont lieu à l’Université de Liège; elles sont ouvertes à toutes et tous quel que soit le lieu de domicile de la personne .
Ces formations bénéficient du soutien du Fonds social européen, de la Région wallonne et de la Communauté française de Belgique.
Bienvenue au CERES !
Véronique Halbardier , chef de projet au CERES, Michel Andrien , directeur du CERES, Anne Riffon , coordinatrice du Programme FICSE du CERES

Toute information concernant le programme FICSE peut être obtenue auprès d’Anne Riffon, CERES, rue Stévart, 2, bât.C1, 4000 Liège, tél.: 04-366 90 60, fax: 04-366 90 62, mél: Anne.Riffon@ulg.ac.be

Instantané pour un CD

Le 30 Déc 20

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Associer processus créatif et santé

Ce disque ‘Instantané’ a une histoire. Courte mais intense. Il est l’œuvre de jeunes issus de la région de Charleroi qui, sept jours durant – sept jours seulement! -, ont travaillé d’arrache-pied sous la houlette de l’artiste toulousain Bruno Ruiz.
Bruno Ruiz est l’initiateur du concept des Chantiers publics , stages accélérés d’initiation aux pratiques de l’auteur, compositeur, interprète. Ceux-ci permettent à des jeunes sans expérience musicale particulière de s’immerger dans un processus créatif qui favorise l’expression, l’estime de soi et le respect des autres. Aidé dans son entreprise par un musicien et un technicien du son, Bruno Ruiz favorise le ‘jaillissement’ chez les participants de ces possibilités cachées en chacun de nous.
La démarche a séduit Educa-Santé qui, depuis plusieurs années, développe des programmes de promotion de la santé auprès des jeunes. Chez ceux-ci, la santé s’exprime davantage en termes d’attitudes, de ressentis, d’angoisses, d’espérances plutôt qu’en termes de maladies ou de conduites. En ce sens, l’expérience des Chantiers publics a été l’occasion d’intégrer la dimension culturelle et a donné la possibilité aux jeunes de se confronter à leur écriture, à l’expression de leur voix et aussi au regard des autres et du public. En les aidant, autrement dit, à expérimenter une autre réalité, à dépasser leurs inhibitions et surmonter leurs difficultés.
Educa-Santé a donc importé le concept de Bruno Ruiz – et son promoteur par la même occasion -, pour mener une expérience pilote qui s’est tenue du lundi 30 octobre au dimanche 5 novembre 2000 dans les locaux de l’Athénée de Fleurus.
Neuf adolescents âgés de 15 à 19 ans, tous volontaires, ont vécu intensément cette aventure et en sont sortis transformés. Ils ont, en un minimum de temps, deux jours en l’occurrence, écrit une chanson (deux pour certains) et l’ont mise en musique. Ensuite, ils ont préparé activement le spectacle, programmé le vendredi soir, devant les familles et les amis. C’est au cours du week-end, après cinq journées continues et extrêmes, que le disque fut ‘mis en boîte’.
La qualité du spectacle, celle du CD, mais surtout l’enthousiasme des jeunes et des animateurs témoignent de l’intérêt et de la pertinence de l’expérience.
Pour Educa-Santé, l’essentiel était aussi d’observer, d’analyser et de tirer les enseignements du projet. Penser ce stage en terme de ‘promotion de la santé’, c’est considérer que la création artistique permet d’acquérir des capacités mobilisables dans le projet de vie de chacun.
Dans cette perspective, la confrontation des perceptions de l’équipe artistique, des animateurs et des jeunes a permis de mettre en lumière certaines conditions de mise en œuvre et de réussite d’un tel projet.

Une démarche participative et impliquante:

– tous les jeunes participent volontairement;
– stage résidentiel en ‘immersion’;
– formalisation de la participation par le biais d’un contrat qui engage les organisateurs, les jeunes et leurs parents;
– création individuelle et collective…

Des adultes disponibles et compétents:

– rôle important de soutien, d’encouragement, d’encadrement;
– capacités d’écoute, de dialogue et de communication;
– adaptation aux besoins des jeunes;
– concertation et collaboration entre l’équipe artistique et l’équipe d’encadrement;
– complicité et entente totale au sein de l’équipe artistique;
– nécessité de se mettre au service de celui ou celle qui s’exprime, de stimuler son expression, son épanouissement…
Si cette expérience n’est pas à proprement parler un concept ‘clefs en mains’, elle n’en est pas moins reproductible moyennant certaines conditions. Son degré de réussite variera en effet en fonction d’éléments facilement gérables (encadrement, logistique,…) et d’autres qui le sont sans doute moins (le savoir-faire et le savoir-être de chacun…).
L’ambition d’Educa-Santé est de faire vivre ce projet dont les retombées paraissent essentielles pour la promotion de la santé des jeunes. L’intention est de faire partager le réel enthousiasme suscité par cette initiative par la publication d’un document relatant l’expérience et l’organisation de rencontres avec toutes les personnes qui pourraient s’engager dans un tel projet.
d’après le communiqué de presse d’Educa-Santé
Pour aller plus loin, Educa-Santé, avenue Général Michel 1B, 6000 Charleroi, tél. 071-30 14 48.

Ce qu’ils en disent

Il y avait vraiment une bonne ambiance dans tout le groupe , c’est le principal . On se soutenait mutuellement . Faudra recommencer .’ Pascal (16 ans)
On a essayé de nous tester pour qu’on aille vraiment au bout des choses . Je suis très content de cela .’ Rémi (17 ans)

Moi, toi, nous

Le 30 Déc 20

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ou Quand les enfants s’animent

Ce projet découle de nos constatations de terrain lors d’animations santé ponctuelles: les enfants possèdent de nombreuses connaissances en matière de santé mais ne les appliquent pas toujours. Si l’animation de santé ne correspond pas à une réelle demande, exprimée par les enfants, ces derniers resteront imperméables au contenu de l’animation tant au niveau des savoirs, des savoir-faire, que des savoir-être, trois notions menant à l’estime de soi.
Lors d’un séjour au Québec, nous avons également enrichi notre réflexion en rencontrant Germain Duclos , orthopédagogue, qui travaille depuis de nombreuses années dans une approche pour développer l’estime de soi.

Qui sont les acteurs du projet?

… les enfants bien sûr!
Notre programme, constitué de dix animations, a pour objectif principal d’accroître le bien-être des enfants au sein de la classe et s’adresse aux 8 – 10 ans. Cette tranche d’âge constitue une période idéale pour amener l’enfant à réfléchir sur lui-même. En effet, il commence à s’identifier à ses pairs au sein de l’école tout en cherchant à s’affirmer individuellement. Il apprend donc à argumenter ses opinions ainsi qu’à évaluer ses propres actions. Chaque année, le projet est proposé à trois écoles, lieux d’apprentissages qui doivent dans le contexte actuel non plus satisfaire uniquement les besoins intellectuels, mais également les besoins affectifs et physiques des élèves.

Comment s’établit le projet?

… le plus simplement possible.
Ce projet, destiné à favoriser le bien-être dans l’école, fait l’objet d’une nouvelle approche. Il est élaboré uniquement à partir des demandes des élèves en matière de bien-être, notre but étant de faire prendre conscience aux enfants de leurs aptitudes pour ensuite les valoriser et développer par ce fait leur estime d’eux-mêmes.
Notre méthodes est simple: nous invitons les enfants à réfléchir sur les déterminants de bien-être favorisant la notion de santé dans l’école (ex.: avoir une école propre, avoir plus de jeux, s’amuser ensemble, avoir des menus plus équilibrés à la cantine), d’élire un déterminant prioritaire et de voir comment parvenir ensemble à l’objectif fixé.
Grâce à l’échange tout au long des animations, ils construisent ensemble un projet de classe.
Les animations fondées sur des jeux coopératifs, de rôles, psychomoteurs, créatifs, symboliques, de construction et le récit de contes, se réalisent en groupe, permettant ainsi de développer les aptitudes suivantes:
-s’écouter et être à l’écoute de soi;
-s’affirmer mais aussi coopérer;
-développer un esprit critique par rapport à l’environnement;
-développer la créativité.

Pourquoi parfois trouve-t-on que la vie est moche?

Par Soufiane, Tony, Christelle, Providence et Redouan
– parce qu’il y a beaucoup de parents qui se battent (5e)
– parce que Madame donne trop de devoirs (5e)
– parce qu’on a des ennuis (6e)
– parce que les gens rendent la vie moche (5e)
– parce qu’il y a la guerre (6e)
– parce qu’il y a la mort (4e)
– parce qu’il y a la pollution (5e)
– parce que parfois on est triste (6e)
– parce qu’il y a des enfants pauvres (4e)

Existe-t-il une évaluation du projet?

…pas de projet sans évaluation!
A la fin de chaque animation, les enfants remplissent une fiche d’évaluation, cela permet d’identifier les notions intégrées et les thèmes à redévelopper. L’évaluation se fait, d’une part, grâce à des indicateurs de bonne connaissance de soi, tels que la capacité à reconnaître une habilité physique, intellectuelle, créatrice ou encore la capacité à se différencier des autres. D’autre part, elle se fait par des indicateurs d’habiletés à communiquer et à écouter, et enfin par des indicateurs d’habiletés à développer des relations sociales positives telles que la capacité à accepter les différences de l’autre, de respecter les autres. Toutefois, une évaluation finale du projet est fixée dans trois ans, le projet ayant été alors réalisé dans neuf écoles (trois écoles par an).

Vous souhaitez des exemples concrets?

…en voici deux!
La classe de 4e année de Madame Cihan de l’école communale Pierre Lairin (Anderlecht), après toutes les activités de réflexion sur ses besoins, a décidé de monter une pièce de théâtre destinée à informer les autres élèves sur le thème de la violence afin de diminuer ce fléau dans l’école.
La classe de 3e année de Madame De Vleminck à l’école d’enseignement libre Raymond Van Belle (Anderlecht également), a décidé quant à elle d’organiser un tournoi sportif interclasse afin de provoquer la rencontre et l’échange entre les différentes classes, ainsi que vendre des collations-santé pour récolter de l’argent destiné à acquerir des jeux pour la classe.

Et le futur?

Nous le construisons avec l’école.
Dans chaque école, un groupe relais d’instituteurs et autres intervenants sera formé aux outils ainsi qu’à la pédagogie de projet afin de pouvoir pérenniser le projet au sein de l’établissement scolaire.
Le travail en réseau est particulièrement efficace pour ce type de projet, c’est pourquoi nous avons décidé de travailler avec les inspections médicales scolaires (IMS), les centres psycho-médico-sociaux (PMS), les associations de quartier qui sont en contact avec les parents d’élèves, ainsi que la Croix-Rouge et la Fondation contre les Affections respiratoires et pour l’éducation à la santé (FARES). Aux parents, nous envoyons un questionnaire dans le but de déterminer leurs préoccupations de santé et leur désir de participation au projet au sein de l’école.
En conclusion … nous sommes ouvertes à de nouveaux partenariats avec des écoles mais également avec des associations d’autres secteurs tels que l’environnement, le secteur artistique et la participation du citoyen.
Christelle Lauvaux et Bénédicte Gilleman
Intéressés? Vous pouvez nous contacter à l’asbl Cultures et Santé, Chaussée de Mons 130, 1070 Bruxelles, tél.: 02/558.88.10, fax: 02/520.51.04, mél: culturesante.claeys@skynet.be, cdoc.defilippis@skynet.be.
Ce projet bénéficie de l’appui de la Communauté française et de la Commission Communautaire française.

Rendre les élèves acteurs dans des projets d’éducation et de promotion de la santé?

Le 30 Déc 20

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Lors des journées ‘Fenêtres ouvertes sur la santé’ organisées par la Croix-Rouge de Belgique (1), j’ai pu témoigner des démarches et actions concrètes réalisées dans mon école. Afin de faciliter la compréhension et surtout pour illustrer des chemins possibles à ceux qui seraient tentés par l’expérience, voici un résumé de notre démarche.

L’école

La Sainte-Union de Kain est une école d’enseignement secondaire (mais contenant également une implantation maternelle et primaire) d’enseignement général, technique et professionnel. En technique et professionnel, il y a les options ‘Education’ et ‘Hôtellerie’. Elle compte plus de 500 élèves originaires des alentours de la ville de Tournai.

Les projets concrets

Un travail de recherche interdisciplinaire sur l’alimentation des adolescents il y a quelques années a certainement été le point de départ des projets dans l’école (2). Des formations et animations avec le Réseau européen des écoles en santé (REES) ont renforcé les options prises. Depuis lors, des projets concrets organisés avec les élèves de l’école comme l’organisation d’un petit déjeuner pour toute l’école, un bar santé tenu par les élèves, des journées sans tabac, l’organisation de journées nature ou sportives, le cofinancement de fontaines d’eau dans l’école, ont acquis leurs lettres de noblesse. Cette année, un pas de plus a été franchi en obtenant un subside spécifique pour un projet global de prévention des assuétudes dans notre école; il a été baptisé ‘ Mieux vivre à l’école ‘.

Les disciplines concernées

En théorie, toute discipline est concernée par cette problématique. Dans la pratique, c’est autre chose! Un cours de l’option ‘Education’ répond en tout cas pleinement à la philosophie de la promotion de la santé. Ce cours porte l’intitulé ‘Hygiène, premiers soins, éducation à la santé’ en 5e et 6e Education technique de qualification. C’est lui qui est à la source de beaucoup de projets dans l’école pour le moment. Ensuite, d’autres cours peuvent embrayer: la biologie, l’éducation physique (avec un axe santé spécifique) mais aussi le français, la religion, l’éducation artistique, etc…
Dans la pratique, ce seront surtout les relations personnelles et ponctuelles entre la coordination pédagogique de l’école, les professeurs, les élèves qui donneront vie aux projets.

Les outils et démarches

Les formations du REES et de ‘Clés pour la jeunesse’ ont sensibilisé la coordination pédagogique et les enseignants volontaires aux aspects fondamentaux d’une relation pédagogique constructive visant le ‘mieux-être de tous’ à l’école.
Les démarches d’apprentissage obéissent clairement à une vision ‘ constructiviste ‘. En bref, il s’agit de:
Partir des représentations mentales des élèves (considérer l’élève comme une personne intéressante qui connaît des choses et possède déjà des compétences).
2° Tenir compte et susciter la dynamique d’un groupe classe en développant des relations positives à l’intérieur de celui-ci.
Négocier des projets . Le programme des cours, l’école, le professeur ont un projet pédagogique, celui-ci doit être négocié dans des projets concrets qui ont du sens pour les élèves. Des méthodes comme celles de l’APPRET (3) ou celles décrites dans la farde méthodologique de ‘Clés pour l’action’ (4) sont de véritables trésors pour aider l’enseignant et ses élèves à réussir des projets qui donnent du sens aux apprentissages.

Conclusions

Réussir des projets (d’éducation, de promotion de la santé ou autres) avec ses élèves est une grande source (d’auto-)satisfaction. Une première réussite sera très souvent le démarrage ou la relance d’une véritable motivation. Dans ce cas, les élèves deviennent de plus en plus acteurs dans le processus d’apprentissage.
Travailler de la sorte se démarque donc de la façon classique de délivrer un message magistral et suppose la mise en œuvre de ressources et de démarches très diverses avec le groupe classe, vers les collègues et vers le monde hors école. Ces démarches sont lourdes et ‘chronophages’, elles bousculent et dépassent le travail par disciplines et se heurtent parfois à un système scolaire trop rigide.
Cependant cette façon d’aider les élèves à résoudre de vrais problèmes complexes me semble être la plus fructueuse pour rendre les élèves plus compétents. Je formule ainsi l’hypothèse que si, dès l’école secondaire on arrive à rendre nos élèves compétents, par exemple par des actions de mieux vivre à l’école, on augmente leurs chances d’être compétents dans la gestion de leur santé dans leur vie d’adulte.

Paul Dendoncker , professeur d’éducation physique et de biologie à la Sainte-Union de Kain, Conseiller pédagogique en Education physique pour le Diocèse de Tournai, mél: paul_dendoncker@yahoo.fr
Site internet de l’école où vous trouverez un aperçu des projets santé: https://sunion.multimania.com/projets/projetsante9899.htm (1) Voir le dossier ‘La promotion de la santé à l’école’, Education Santé n°158, pp.1-8
(2) ‘Quand interdisciplinarité rime avec santé’, C. Boudailliez-Delory et P. Dendoncker dans Education Santé de mars 1996, pp.7-11
(3) ‘Référentiel d’actions en éducation à la santé’, M. Demarteau, FeSEC, 1993
(4) ‘Clefs pour la jeunesse’ asbl, 63/3 Boulevard Léopold II, 1080 Bruxelles. tél. 02 421 67 26.

Prévention des traumatismes: les défis de l’évaluation

Le 30 Déc 20

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Cet été, un des moments importants en promotion de la santé fut le Séminaire international francophone de prévention des accidents et des traumatismes et de promotion de la sécurité, intitulé «Les défis de l’évaluation: enjeux et outils».
Une bonne centaine de participants se sont ainsi retrouvés à Bruxelles du 8 au 11 juillet. Pas de surprise pour la forme avec succession de séances plénières et d’ateliers, mais l’essentiel résidait dans la qualité du contenu et dans la dimension très conviviale qui a permis de nombreux échanges: quelles sont les priorités des Suisses, Québécois, Libanais, Français, Africains et Belges en matière de prévention des traumatismes? Comment abordent-ils l’évaluation? Quelles sont leurs réalités structurelles et les moyens mis au service de l’évaluation? Quels sont les résultats et les enseignements que l’on peut en tirer?
Il y a évidemment les petites spécialités de chaque pays: par exemple au Québec, la première cause de traumatisme dans la sphère des loisirs et des sports est le hockey. Normal donc que des programmes de prévention s’y attellent. Mais au-delà de ces données factuelles, les questions de fond sont communes: que devons-nous évaluer? Quel en est l’enjeu? Quelle utilisation tirer des résultats de l’évaluation? Quelle est la place de l’expert et de l’expertise dans la prise de décision politique?
Quatre ateliers thématiques (prévention du suicide, prévention des accidents et des traumatismes à domicile, approche communautaire de la sécurité et prévention des accidents et des traumatismes des jeunes) ont permis de débattre de l’évaluation de façon transversale.
Sans vouloir caricaturer les attitudes et réalités de chaque pays, nous avons malgré tout chacun nos particularités: les Québécois avec des objectifs clairs, des structures, des ressources et des moyens adaptés aux objectifs (et qui nous feront toujours rêver), les Français toujours friands de débats et de remises en question, les Belges aux petits moyens mais plein d’inventivité (et, osons le dire, de compétences) pour optimaliser les programmes.
Voici dans ce numéro deux interventions proposées lors de ces journées. Nous espérons vous en faire découvrir d’autres dans un prochain numéro. Bonne découverte!
Bernadette Taeymans

Entraide. Deux outils de référence

Le 30 Déc 20

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L’inventaire des groupes d’entraide en Communauté française

La place que prend le patient, l’usager des services de santé, l’affilié d’une mutualité, le consommateur de soins de santé, tend à se dégager une voie qui lui est propre. Une voie vers la reconnaissance de ses droits, celle d’une prise de parole parmi les professionnels de la santé.
La promotion de la santé en Communauté française favorise l’engagement du citoyen dans la prise en charge de sa santé. Elle soutient les groupes d’entraide dans leur travail quotidien d’information, de prévention, d’entraide et de solidarité, d’actions sociales et collectives,…
Développer un système de santé moderne et accessible à tous, favoriser le travail de prévention et d’information, améliorer le soutien aux patients et à leur famille, reconnaître leurs droits fondamentaux, participer à une démocratie sanitaire sont les atouts majeurs de ces associations.
Depuis plusieurs années, le service Promotion de la santé de l’Union nationale des mutualités socialistes édite l’inventaire des associations d’entraide. Ce document répertorie près de 200 associations sur des thématiques aussi diverses que les acouphènes, allergies, insuffisances rénales, maladies rares, handicaps visuel, moteur, auditif, deuils, suicide,…

Le site https://www.associations-self-help.org

Cette année, la mise en place d’un site internet reprenant à distance l’ensemble de ces informations vient d’aboutir. Il renseigne les coordonnées des groupes d’entraide, leurs objectifs principaux, leurs activités et leurs propres sites. Outre des informations de base, une série de données spécifiques est proposée aux visiteurs telles que conférences, congrès, colloques, ouvrages, actions de prévention, actions de sensibilisation,…
L’avantage indéniable d’un tel site est d’offrir une vision globale des groupes d’entraide et d’assurer une mise à jour régulière et permanente des informations tant vers le grand public que vers les professionnels de la santé.
Une série de mots clés facilite les recherches et renvoie aux données de base, et des sites internet d’expression française sont référencés.
Plus d’infos : Service Promotion de la santé, Union nationale des mutualités socialistes, 32-38 rue Saint-Jean – 1000 Bruxelles, tél. : 02-515 05 85 – 02-515 05 04, mél: promotion.sante@mutsoc.be, site web : https://www.associations-self-help.org

La valeur de la vie humaine et la prise de décision en prévention

Le 30 Déc 20

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En matière de prévention des accidents, le décideur se trouve devant de nombreuses questions quant aux choix à faire: combien investir en prévention? Quel niveau de sécurité (et donc de victimes) est acceptable? La vie n’a pas de prix, dit-on, ne devrait-on pas alors viser ‘zéro victime’? Pour aider à répondre à ces questions, Claude Dussault a évalué différentes méthodes d’estimation de la valeur de la vie humaine (de type économique) et tenté de répondre à la question: ces méthodes peuvent-elle aider à la prise de décision en prévention?

Trois méthodes d’estimation de la vie humaine

Commençons par celle basée sur la valeur privée prenant habituellement comme référence le montant de l’assurance-vie. Pour Claude Dussault, cette valeur privée est d’une utilité quasi nulle en prévention et ce, pour plusieurs raisons: l’assurance-vie est une protection économique pour les proches au moment du décès de la personne et n’a pas grand chose à voir avec la valeur de la vie. En effet, si l’on n’est pas assuré, cela équivaut à n’avoir aucune valeur. Prenons l’exemple d’un enfant: celui-ci n’est pas assuré, s’il décède la perte économique est limitée; cependant quand un enfant est malade, la famille, l’entourage et même la communauté sont prêts à investir financièrement de façon illimitée. Une vie en prévention n’a donc rien à voir avec une vie en indemnisation.
Autre méthode d’estimation: l’approche du coût du capital humain. Celle-ci assimile l’humain à un appareil de production en termes d’années de vie perdues (de production). Mais cette approche est déconnectée de la demande en prévention notamment en ce qui concerne les enfants.
Troisième méthode présentée, celle qui se base sur la disponibilité à payer: «Combien êtes-vous prêt à investir pour réduire un risque?» L’utilité en prévention est là plus directe: la réponse qui en découle est plus représentative de la demande et varie selon les contextes.

En fait, la valeur de la vie humaine dépend de plusieurs paramètres:
– l’âge de la victime;
– le contrôle ou non que l’on peut exercer sur la situation;
– la finalité de l’activité
– la richesse d’une société

Des ceintures de sécurité pour les bus scolaires?

Pour illustrer son propos, Claude Dussault nous a présenté le cas du transport scolaire: au Québec, le transport scolaire en autobus est très développé. Avec seulement un décès par 3 années, c’est aussi le mode de déplacement routier le plus sûr si on le compare au déplacement en voiture.
Suite à un accident, il y eut un décès et des blessés parmi les passagers d’un autobus scolaire. Les parents et l’opinion publique ont fortement réagi: «les transports scolaires sont dangereux, il n’y a pas de ceinture de sécurité dans les autobus, s’il y en avait eu cet enfant ne serait pas mort,…»
Du seul point de vue économique, l’équipement en ceintures de sécurité de tous les autobus scolaires représentait quelque 48 millions de dollars canadiens, pour un décès tous les 3 ans. Selon une estimation économique de la vie humaine, la réponse est claire: non, une vie humaine tous les trois ans ne vaut pas 48 millions de dollars. Ce n’est pas un investissement prioritaire, il ne faut donc pas de ceinture de sécurité dans les autobus scolaires!
Mais cette approche économique ne prend pas en compte les attentes de la population.

Faire révéler les préférences de la population

L’approche préconisée a été de faire révéler les préférences de la population en donnant toutes les informations disponibles et en posant une question via un référendum: «êtes-vous prêt à payer 18 dollars par an pour des ceintures de sécurité dans les autobus scolaires?» Le public a répondu «oui» même si l’on sait qu’il y a très peu d’accidents (et d’accidents mortels) dans ce type de transport, même si l’on sait que le nombre d’accidents est bien plus important quand ce sont les parents qui conduisent individuellement leur enfant, même si l’on sait que les parents n’exigent pas souvent que les enfants mettent leur ceinture dans leur auto, même si l’on sait…
Mais voilà, dans ce cas-ci, le public a exigé une sécurité à 100% lors du transport collectif. Claude Dussault émettait une hypothèse pour expliquer cette «aberration» en termes de choix de priorité de prévention: «Avec moi, quand je conduis, mes enfants ne risquent rien (contrôle interne), et je ne peux pas admettre qu’il puisse leur arriver quelque chose quand ce n’est pas moi qui conduit (contrôle externe)(1).»

Conclusions

L’approche préconisée est une méthode référendaire de démocratie directe. Elle présente plusieurs avantages:
– elle se révèle plus efficace en réglant le problème;
– elle répond le mieux à la demande de la population;
– elle est plus équitable et plus prometteuse pour l’amélioration de la sécurité;
– cette approche débloquerait de nombreux dossiers…
L’utilité de l’approche économique est donc marginale, le point de vue des experts n’est qu’un des points de vue dans la prise de décision. La prise de décision est politique, il est donc normal qu’elle réponde au marché politique c’est-à-dire aux attentes de la population.

D’après l’intervention de Claude Dussault , études et stratégies en sécurité routière, Société de l’assurance automobile du Québec (1) Cette analyse me rappelait l’émotion et les mises en cause des conditions de sécurité du transport ferroviaire suite à l’accident ferroviaire de Pécrot. Cet accident, il est vrai, était spectaculaire et dramatique mais, si on prend un peu distance par rapport à l’événement, quel est le nombre de tués via le transport ferroviaire et quel est le nombre de tués sur les routes chaque année? Nous ne poussons pas (hélàs!) de grands cris chaque fois que quelqu’un se tue en voiture!