Le groupe « Jeunes, alcool & société » est l’un des quatre réseaux subsidié par le Plan de promotion de la santé en région bruxelloise. Education Santé est allé à la rencontre de Anne-Sophie Poncelet (co-pilote du réseau et responsable de projets chez Univers santé) qui revient avec nous sur l’origine, l’évolution et les revendications du groupe.
Il y a une quinzaine d’années déjà, Univers santé, tout comme d’autres acteurs de terrain, observait l’émergence de nouvelles tendances en matière d’alcool : sur les pratiques commerciales d’abord et ensuite sur les consommations dans la société en général. C’est en 2003, à l’initiative d’Univers santé, que les partenaires à l’origine du groupe se rassemblent pour partager leur analyse et tenter d’objectiver leurs constats. Démarre alors une fructueuse collaboration et un travail en réseau, désormais reconnu comme tel.ES : Vous aviez formulé plusieurs constats sur les consommations d’alcool et les pratiques commerciales, il y a de cela 15 ans. A l’origine du groupe « Jeunes, alcool et société », ceux-ci ont-ils changé depuis lors ? ASP : Non, les constats restent principalement les mêmes, c’est-à-dire : un rajeunissement de la consommation, une féminisation grandissante des consommateurs et de nouvelles pratiques commerciales plus agressives et insidieuses pour, justement, atteindre et élargir son spectre de consommateurs. On a vu débarquer par exemple les alcopops, ces sodas alcoolisés, sur le marché.De plus, on constate que la consommation régulière (c’est-à-dire sur la semaine) concerne davantage les adultes, mais la consommation jusqu’à l’ivresse (plutôt pendant le week-end) concerne plus les jeunes. Cette tendance-là aussi se maintient.De manière générale, nous observions également un manque de concertation et de dialogue autour de la consommation d’alcool, que ce soit entre acteurs de terrain mais plus globalement au sein de la société. Boire de l’alcool est très ancré culturellement et fait partie de notre quotidien, mais cela reste paradoxalement tabou. Il y a un manque de dialogue sur le sujet, notamment entre les parents et leurs enfants (« quelles limites poser ? », « comment l’aider à prendre conscience ? »…). Parler de la consommation d’alcool fait aussi appel à toute une série de représentations. De plus, les médias jouent allègrement avec les stéréotypes, qu’ils renforcent malheureusement la plupart du temps.ES : Comment le groupe a-t-il démarré ? ASP : C’est autour de ces constats que nous nous sommes réunis en 2003, et le démarrage du groupe porteur s’est officialisé à l’occasion d’un colloque sur les jeunes et l’alcool en 2004. S’y sont réunis des partenaires qui touchent aux différents milieux de vie du jeune. L’idée était d’avoir une vision enrichie de différents points de vue et de pratiques de terrain.Nous avons décidé de nous réunir plusieurs fois par an afin d’échanger et se concerter, ainsi que poursuivre nos observations et travailler à la sensibilisation des questions liées à la consommation d’alcool chez les jeunes et plus largement de la société.Nous travaillons sur les contextes liés aux consommations, pour promouvoir in fine des modes de consommation plus responsables et moins risqués.ES : De quelle manière la démarche s’inscrit-elle dans une optique de promotion de la santé ? ASP : Notre nom « Jeunes, alcool & société » peut porter à croire que nous stigmatisons le produit ou le public. Or, notre approche reste bien ancrée dans la promotion de la santé, malgré un angle qui cible un produit et un public. L’alcool est un produit qui tient une place particulière dans notre société, est culturellement ancré, légalisé… c’est un produit qui a des spécificités dont il faut tenir compte. Dans ce cas, un ancrage « produit » permet d’aborder ces particularités tout en ayant la volonté d’élargir aux consommations et de tenir compte des nombreuses dimensions qui y sont associées.En veillant à adopter une vision globale et nuancée sur ces questions, notre démarche s’inscrit donc bien dans une optique de promotion de la santé. Nous ne cherchons pas à promouvoir l’abstinence ou la prohibition, mais nous ne souhaitons pas non plus banaliser sa consommation. C’est donc sur les contextes de consommation que nous travaillons pour que celle-ci soit responsable, à moindre risque et qu’elle reste un plaisir.ES : Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour atteindre « une consommation d’alcool plus responsable et moins risquée chez les jeunes » ? ASP : Vu la complexité du sujet et les différents facteurs (culturels, législatifs, individuels…) qui entrent en jeu, nous avons décidé de travailler sur deux niveaux : les représentations et les contextes de consommation.Au préalable et de manière continue, un travail sur les représentations est indispensable pour pouvoir aborder cette problématique très complexe. En effet, plusieurs facteurs individuels et sociaux entrent en jeu : l’acceptation (voire la valorisation) culturelle de la consommation d’alcool, les représentations que les parents ou adultes-relais mais aussi que les jeunes en ont, les représentations véhiculées par les médias, les alcooliers… Par exemple, les parents ou adultes-relais se sentent souvent démunis pour aborder ce sujet avec le jeune.ES : Ces objectifs ont-ils évolué ? ASP : Notre travail s’est progressivement axé de plus en plus sur les contextes de consommation, le deuxième niveau sur lequel le Groupe travaille, et qui reste complémentaire au travail sur les représentations.Quand on parle de contextes de consommation, on fait aussi référence à « & société » dans notre nom. Il nous a semblé important de l’ajouter pour traduire notre volonté de travailler à l’échelle de l’ensemble de la société et souligner que chacun a sa responsabilité face à la question. Pas seulement les jeunes. Pas seulement les parents face au jeune. Mais les décideurs, les acteurs politiques, les médias, l’ensemble des citoyens… Sensibiliser, interpeller sur les politiques publiques, les législations, faire remonter nos préoccupations… Rapidement, nous nous sommes dit au sein du groupe que notre point fort était de construire ensemble un plaidoyer et de mener un travail de lobbying aux niveaux médiatiques, législatifs, politiques pour influencer les environnements liés aux consommations. Ensemble, nous avons un poids et des ressources que nous n’avons pas isolément, chacun de notre côté. A plusieurs et au départ de nos terrains respectifs qui rassemblent différents lieux de vie du jeune, nous pouvons agir plus haut.Il y a un flou artistique en matière de législation sur le sujet (par exemple, la définition des « spiritueux » n’est pas claire et peu connue). Nous sommes régulièrement interpellés par des parents ou des adultes-relais qui se questionnent sur les législations en vigueur et la manière de les interpréter. Toutes ces questions nourrissent et renforcent notre plaidoyer.On attache beaucoup d’importance et le temps nécessaire à trouver un consensus sur la position que l’on porte, c’est un aspect primordial pour faire « front commun ». Cela nous a permis par exemple d’établir 9 revendications (voir encadré), portées intégralement par l’ensemble des partenaires.ES : Qu’en est-il des résultats attendus ? Y a-t-il déjà eu des batailles remportées au niveau du plaidoyer ? ASP : Au niveau du travail sur les représentations, c’est toujours très compliqué à évaluer, les indicateurs sont difficiles à construire. Nous attendons que les médias et la société en général fassent part d’une vision plus fine et plus complexifiée de la thématique. Nous devons nous attacher à construire et élaborer plus d’indicateurs pour évaluer ces éléments.En ce qui concerne la législation et les contextes, les résultats attendus sont plus précis et concrets, en partant de nos 9 revendications (voir ci-après), comme la suppression de la publicité pour l’alcool qui peut être facilement évaluée (« est-on arrivé à cet objectif ou non ? »).Tout ce travail prend du temps mais nous percevons une évolution positive. Depuis quelques années, de plus en plus de politiciens s’adressent à nous pour des questions, des recommandations, des avis, des questions parlementaires… Toute l’expertise du Groupe est reconnue. Nous avons l’impression qu’ils sont beaucoup plus enclins maintenant à débattre du sujet alors qu’il y a quelques années encore, il n’était même pas mis sur la table. L’alcool reste cependant une manne financière de poids, certains partis restent plus frileux que d’autres sur des questions telles que la publicité.ES : Qui sont les membres du réseau ? Y a-t-il eu des nouveaux venus ? ASP : Aujourd’hui, le Groupe se compose de 12 partenaires issus du secteur assuétudes (Infor Drogues, RAPID et La Citadelle), du secteur Jeunesse (les Scouts, le Conseil de la Jeunesse, Jeunesse & Santé, Latitude Jeunes), du secteur santé (Univers Santé et Prospective Jeunesse), du secteur parents avec La Ligue des Familles. Question Santé et Modus Vivendi nous ont rejoint dernièrement. Chaque nouvelle demande de rejoindre le réseau est étudiée pour voir la plus-value par rapport aux membres déjà présents.Pour l’instant, le secteur scolaire, pourtant incontournable dans la vie d’un jeune, n’est pas représenté au sein du Groupe. Certains des membres du réseau sont en contact avec ce secteur mais c’est compliqué de le représenter car il se compose lui-même de différents réseaux. De plus, il faut rester prudent dans le nombre de membres, afin de garder un fonctionnement efficace et optimal.Le milieu sportif par exemple, est un autre secteur concerné par la consommation d’alcool (pensons aux 3èmes mi-temps). Mais nous pouvons également solliciter ces secteurs sans pour autant qu’ils intègrent forcément le groupe. Enfin, nous encourageons toute association à cosigner nos revendications et à soutenir ainsi le réseau.ES : Pouvez-vous nous expliquer concrètement comment « fonctionne » le réseau Jeunes, alcool & société ? ASP : Univers santé est le pilote du groupe porteur depuis le départ. Mais nous remettons régulièrement ce mandat en question pour être certains que cela convient encore à tous les membres.Nous sommes la cheville-ouvrière en quelque sorte. Tous les membres du réseau nous alimentent en continu et travaillent au plaidoyer, mais il y a un travail de veille, de planification des réunions, de rapports à faire. La gestion et la mise à jour du site web – www.jeunesetalcool.be – fait également partie du boulot car il permet un partage d’informations et d’outils, une rubrique de questions fréquentes… Deux nouvelles fonctionnalités sont d’ailleurs apparues cette année : d’une part, les citoyens ont la possibilité de nous envoyer leurs interpellations quant à des publicités ou des pratiques marketing douteuses ; d’autre part, les associations intéressées sont invitées à co-signer nos revendications.Par le passé, nous avons organisé un colloque sur l’alcool en milieu étudiant en 2006. En 2008, c’était une table-ronde bruxelloise sur les spécificités de la consommation d’alcool chez les jeunes à Bruxelles. Ce processus s’est d’ailleurs poursuivi pendant une année encore pour essayer de créer des espaces de discussion entre acteurs du terrain, secteur par secteur (sportif, festif…). Le Groupe est également à l’origine de plusieurs outils « pour en parler » tels que la vidéo « A contre-pied », les « PictosConsos »… ; et des outils « pour décoder » comme le dossier « Les publicitaires savent pourquoi » et « Les jeunes savent pourquoi », en plus des outils conçus par chacun des membres du réseau. Nous nous réunissons 4 fois par an, sur une base régulière. Certains projets comme les outils nécessitent parfois de se voir plus fréquemment. Entre nos réunions, il y a beaucoup d’échanges et de partages d’informations entre les partenaires.ES : En guise de conclusion, quel message le Groupe Jeunes, alcool & société souhaite-t-il adresser aux lecteurs d’Education Santé ? ASP : Une invitation à continuer à se mobiliser et à soutenir le réseau dans ses actions et revendications. Plus on est nombreux, plus on est forts. Et qu’il ne faut pas hésiter à nous faire parvenir les témoignages de ce que chacun observe au sein de sa pratique, ceci peut alimenter notre travail.
Pour plus d’informations : www.jeunesetalcool.be
Les 9 revendications du groupe Jeunes, alcool et société
Nos décideurs politiques ne prennent pas toujours la mesure de la responsabilité de l’État et/ou de leur capacité d’action sur ces questions. Ce document résume les réflexions et propositions du Groupe en matière de législation qui nous semblent essentielles à mettre en œuvre dès que possible.
Supprimer la publicité pour les produits alcoolisés
L’alcool est le psychotrope le plus consommé dans l’ensemble de l’Union européenne et, contrairement à d’autres produits psychoactifs (tabac, cannabis, ecstasy…), c’est aujourd’hui le seul psychotrope pour lequel il est encore autorisé de faire de la publicité ; il n’est pourtant pas dépourvu de conséquences sur la santé, bien au contraire. De nombreuses études prouvent l’effet très important de la publicité sur la consommation d’alcool.Or, la publicité pour les boissons alcoolisées est omniprésente, en particulier en Belgique, et les alcooliers ne cessent de développer des pratiques commerciales douteuses dans le but de favoriser les surconsommations et de toucher de nouveaux publics, dont celui des plus jeunes.Il est donc temps que les pouvoirs publics prennent des mesures plus égalitaires afin de mieux protéger les consommateurs, y compris les plus jeunes, et lèvent le paradoxe qu’ils entretiennent entre protection des consommateurs et incitation à la surconsommation par une règlementation trop permissive pour les grands producteurs de boissons alcoolisées.Le Groupe porteur « Jeunes, alcool & société » demande l’interdiction de la publicité pour l’alcool, à l’instar des autres psychotropes pour lesquels elle a déjà été interdite. En effet, l’Etat, dans le cadre d’une politique « drogues » cohérente, doit permettre aux consommateurs de faire des choix libres et éclairés, dénués de toute influence publicitaire et commerciale.
Clarifier et simplifier la loi
La loi permet de poser un cadre, des limites et, dans le cas de la consommation d’alcool, de protéger les mineurs. Cependant, la législation en vigueur, qui distingue boissons fermentées et boissons spiritueuses, n’est pas encore assez claire, malgré les dernières modifications de décembre 2009. Le terme « spiritueux » est difficilement compréhensible, peu connu du public et aucune information n’est disponible sur les contenants pour rendre compte de cette distinction. En outre, la loi reste peu appliquée (plus de 80% des commerces vendent encore des boissons spiritueuses à des mineurs d’âge alors que la loi le leur interdit) et témoigne de la difficulté à l’intégrer. Le Groupe porteur souhaite l’adoption d’une loi claire pour tous, facilitant ainsi le travail préventif et éducatif des acteurs de terrain. Une loi doit être compréhensible et appliquée pour qu’elle soit efficace.Dès lors, si le législateur veut garder une distinction entre certains types de boissons alcoolisées selon les âges (16-18 ans), il est préférable selon nous de se baser sur le taux d’alcool puisque l’information est accessible sur les bouteilles et donc disponible à tous. Nous proposons ainsi cette clarification :
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En-dessous de 16 ans : aucune boisson alcoolisée
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A partir de 16 ans : toute boisson alcoolisée dont le taux d’alcool ne dépasse pas 16°
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Au-dessus de 18 ans : toute boisson alcoolisée
Cette proposition a le mérite de simplifier la distinction actuelle, bien trop complexe, tout en étant plus proche de la réalité de terrain (interdire tout en dessous de 18 ans serait plus simple mais utopique puisque l’on sait que la plupart des mineurs consomment, que l’âge moyen de la première consommation est de 13 ans et qu’une législation plus stricte nécessiterait des moyens considérables pour la faire appliquer correctement).
Renforcer structurellement l’éducation, la prévention et la réduction des risques
L’évolution des préoccupations politiques témoigne d’une belle avancée en la matière mais cela reste insuffisant. Il est urgent de tendre vers une politique de drogues plus globale, afin de développer des actions et des législations qui font sens, sans démultiplier les énergies et pour atteindre des objectifs communs.Parmi les moyens d’action, la promotion de la santé doit être réellement considérée comme prioritaire, et à soutenir à long terme. Or, en matière de drogues, les dépenses publiques octroyées au secteur « prévention » et « réduction des risques » paraissent encore quasi insignifiantes au regard de celles attribuées aux secteurs « assistance » et « sécurité ». En effet, sur l’ensemble des dépenses publiques consacrées aux assuétudes, tout confondu, seulement 1,2% vont à la prévention et 0,4 % à la réduction des risques contre 68,7% pour l’assistance et 29,6% pour la sécurité2 ! Le budget consacré à la prévention a même reculé de 7 % entre 2004 et 2012 alors que celui consacré à la sécurité a augmenté de plus de 30% ; pourtant toutes les études montrent que la prévention et la réduction des risques sont à renforcer et que les politiques répressives sont partiellement en échec.Il est donc temps de rétablir un juste équilibre pour donner une place plus importante qu’elle ne l’est actuellement aux actions éducatives et de promotion de la santé, investissement utile et efficace puisqu’il permet, in fine, d’agir réellement sur les comportements à risque pour l’individu et pour la société.Agir en amont est dans l’intérêt de tous, tant des populations que des pouvoirs publics, en permettant de limiter les dommages liés aux consommations problématiques, dont les coûts sont très conséquents (1€ investi en prévention permettrait de gagner 4€ sur la sécurité sociale à moyen terme, la prévention serait donc le placement le plus rentable pour l’Etat).
Dépénaliser l’apprentissage parental
Aujourd’hui, la loi pénalise toute personne qui sert de l’alcool à un jeune de moins de 16 ans et concerne ainsi, de facto, les parents. Le Groupe porteur souhaite dépénaliser l’apprentissage parental et permettre ainsi aux parents d’assurer un rôle éducatif en matière de consommation d’alcool, levier d’apprentissage à une consommation cadrée, généralement progressive, socialement adaptée, plus responsable et moins risquée.Conscients que tous les modèles parentaux ne sont pas idéaux, nous estimons cependant que les adultes doivent pouvoir accompagner le jeune et en parler avec lui lorsqu’il commence à témoigner de l’intérêt pour le produit. Ceci afin de l’éduquer au « bien boire », aux plaisirs qualitatifs (et non quantitatifs) mais aussi aux risques qui y sont liés, le dialogue étant la clé de tout travail en prévention et constituant déjà un pas éducatif.Nous souhaitons qu’à la loi actuelle « Il est interdit de vendre, de servir ou d’offrir… » soit ajoutée la mention « à titre commercial ou promotionnel » afin de pallier à ce travers.
Créer un Conseil fédéral de la publicité
Au quotidien, la publicité nous manipule et limite notre liberté de faire un choix éclairé en matière de consommations. Ses dérives sont nombreuses et le marché publicitaire est en pleine mutation depuis quelques années, comme en témoignent le développement de nouveaux produits et des techniques publicitaires toujours plus agressives et plus ciblées. Le secteur de l’alcool en est un illustre exemple. Mais les dérives s’observent également en matière d’alimentation, de développement durable, d’égalité des sexes ou encore de greenwashing. C’est donc l’ensemble de la publicité qui doit être mieux contrôlée.Dès lors, outre les questions liées à la publicité pour l’alcool, la solution proposée serait de légiférer en matière de pratiques commerciales et de réguler l’ensemble de la publicité à travers un Conseil fédéral de la publicité, organe public à créer, indépendant, au pouvoir réellement contraignant et aux missions d’observation élargies.Seul un contrôle public de la publicité permet de garantir au citoyen un niveau de protection élevé et effectif, synonyme d’une publicité éthique et responsable. Le secteur privé ne pourra jamais se substituer au secteur public dans la défense de l’intérêt général.
Rendre l’eau gratuite dans l’Horéca
Les risques encourus par le consommateur sont exacerbés par la déshydratation que l’alcool provoque. Nous devons donc faciliter l’accès à l’eau afin de généraliser le fait d’alterner boisson alcoolisée et boisson « soft » chez les consommateurs d’alcool. Rendre l’accès gratuit à l’eau dans les restaurants, cafés et bars, serait donc une politique publique utile et nécessaire, rendant prioritaire la santé de tous plutôt que l’intérêt économique d’une minorité. Favoriser un environnement responsable tout en laissant le choix des produits consommés, c’est laisser le libre arbitre à chacun et lui permettre d’avoir des alternatives propices à sa santé.Comme c’est déjà le cas en France, en Grèce, en Suède ou encore au Royaume-Uni, le Groupe souhaite donc que l’eau de distribution soit accessible gratuitement dans l’Horeca.
Obliger l’étiquetage nutritionnel sur les boissons alcoolisées
Le consommateur devrait avoir, en toutes circonstances, le droit d’être informé sur ce qu’il consomme. L’UE impose d’ailleurs cela sur tous les produits alimentaires – à tout le moins concernant les apports nutritionnels et la composition du produit. Tous, sauf un : les boissons alcoolisées ! Une consommation d’alcool, comme tout comportement de santé d’ailleurs, devrait pouvoir se faire sur la base d’un choix éclairé.C’est pourquoi nous demandons qu’il n’y ait plus d’exception à la règle et que tous les produits alcoolisés soient étiquetés comme les autres produits alimentaires.A ces informations nutritionnelles pourrait être ajouté le nombre d’unités standards d’alcool que contient le flacon, cela faciliterait l’auto-évaluation de sa consommation (pour rappel : une unité standard d’alcool contient 10gr d’éthanol et sert de référence dans toute la littérature internationale).
Découpler la publicité alcool des espaces de campagnes de prévention sur les médias publics
Un décret sur les services de médias audiovisuels en Fédération Wallonie-Bruxelles prévoit l’octroi d’espaces gratuits pour des campagnes d’éducation pour la santé au prorata des espaces publicitaires pour des boissons alcoolisées.Il est impératif de rompre le lien paradoxal et insensé entre le volume de publicités pour l’alcool diffusé dans les médias belges et les espaces dédiés aux campagnes de prévention dans ces mêmes médias. Le législateur doit fournir des espaces garantis et indépendants tout en renforçant le budget octroyé à la prévention. Dès lors, nous proposons que soit mis en place un quota annuel fixe d’espaces gratuits pour les campagnes de prévention, basé sur la moyenne des espaces qui ont été octroyés pour celles-ci lors des cinq dernières années sur chaque chaîne (budgets de réalisation non compris).
Modifier le slogan actuel sur les publicités pour les produits alcoolisés
Aujourd’hui, le Jury d’Ethique Publicitaire « oblige » (sans réel pouvoir contraignant puisque le JEP est un organe privé) la mention « Notre savoir-faire se déguste avec sagesse » sur toute publicité alcool. Mais celle-ci apparaît plutôt un slogan publicitaire qu’un avertissement sanitaire.Dès lors, pour sortir de cette hypocrisie et tant que la publicité est autorisée (cf. proposition 1), le Groupe propose de remplacer la citation actuelle par une mention plus objective et informative pour que le consommateur puisse faire des choix éclairés, comme c’est le cas par exemple en France, avec la mention obligatoire : « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé ».