La carie dentaire fait partie des maladies les plus répandues dans le monde. Mais depuis le début des années 70, on observe une diminution importante de la maladie parmi les enfants et les adolescents dans la plupart des pays industrialisés. Professeur à l’Ecole de Médecine dentaire et Stomatologie de l’UCL, Jean-Pierre Van Nieuwenhuysen voit dans cet important recul de la carie, deux raisons principales: l’utilisation régulière des fluorures sous leurs différentes formes et… le développement d’une politique de santé publique dans différents pays.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini en matière de santé dentaire, trois principaux objectifs pour l’an 2010:
– 90% des enfants de 5 et 6 ans indemnes de caries;
– l’indice CAOD, c’est-à-dire le nombre moyen de dents permanentes cariées, absentes ou obturées, des enfants de 12 ans plus petit ou égal à 1;
– 100% des jeunes de 18 ans possédant toutes leurs dents.
Plus de 60% des pays européens ont atteint en partie l’objectif de l’OMS concernant le deuxième objectif, à savoir un indice CAOD inférieur à 3.
En Belgique, selon Jean-Pierre Van Nieuwenhuyse, 50% des enfants de 5 et 6 ans sont aujourd’hui indemnes de caries et l’indice CAOD atteint pour les enfants de 12 ans est de 1,6. Nous ne disposons d’aucune donnée concernant les jeunes de 18 ans.
Réduction effective
La Belgique dispose de peu de données épidémiologiques concernant la prévalence de la carie dentaire parmi les enfants et les adolescents. Cependant, une étude menée entre 1983 et 1998 concernant une population d’écoliers âgés de 12 ans à Bruxelles, établit clairement une tendance vers la réduction de la carie dentaire et l’augmentation du pourcentage d’enfants indemnes de carie à 12 ans. Selon ses résultats, le nombre moyen de dents affectées par la carie est passé de 4 à 2 en 15 ans.
Une réduction étroitement liée à une plus grande fréquence de brossage des dents (de 1 fois par jour à 2 fois par jour) mais à mettre également en relation avec l’amélioration de l’accès aux soins dentaires. Le nombre d’enfants consultant pour un examen de bouche augmente, tandis que diminuent les consultations pour douleur dentaire.
Mais polarisation évidente
A l’analyse des résultats de l’étude bruxelloise, il ressort cependant que l’importante réduction de la carie dentaire est significativement plus élevée parmi les enfants issus de milieux privilégiés. Le Prof Van Nieuwenhuysen parle d’un phénomène de polarisation de la maladie, la carie se concentrant dans des petits groupes d’individus ‘à risque’, tels que les classes socio-économiques défavorisées, les enfants handicapés et les enfants issus de l’immigration.
Une politique à adapter
« Il faut appliquer une politique de prévention spécifique à deux niveaux », explique-t-il en conséquence: « l’éducation et l’incitation aux soins dentaires des populations défavorisées ». Notamment.
« Une bouche pleine de soins n’est pas une bouche pleine de santé », souligne Michel Devriese, coordinateur de la Fondation pour la Santé dentaire. « Investir dans la prévention primaire et secondaire vers ces populations nous a semblé capital à côté des soins curatifs prodigués .» D’autant que le recours individuel aux soins et consultations préventives n’est pas intégré dans la logique des familles socio-économiquement les plus faibles. L’école s’est ainsi tout naturellement présentée comme le lieu idéal pour permettre l’accès de ces populations à la prévention primaire.
M.M.