Septembre 2011 Par A. DEVOS Initiatives

«Je ne suis plus bonne à rien» «Ma vie ne vaut plus la peine» «J’attends la fin» … Comment rester de marbre, ne pas se sentir interpellé par le poids de ces mots au travers desquels certaines personnes âgées nous communiquent leur souffrance et leur lassitude de vivre? Que penser? Que dire ou encore que faire?
Pour beaucoup, la dépression et le suicide sont des phénomènes touchant principalement les jeunes… Et pourtant! Ces vécus sont plus fréquents qu’on ne le pense chez les seniors. Ils sont encore trop négligés à l’heure actuelle en raison d’une banalisation notable de ces symptômes, par peur ou manque de connaissance du phénomène.
Or, les études et la recherche suggèrent une tendance à la hausse des suicides des personnes âgées. À ce titre, le Centre de prévention du suicide souligne que ce sont les personnes âgées de plus de 70 ans qui présentent le taux de suicide le plus élevé. En effet, le risque suicidaire augmente avec l’âge: un premier pic se profile vers 45 ans et le deuxième apparaît à partir de 75 ans. En d’autres termes, les jeunes tentent plus fréquemment de mettre fin à leurs jours mais ce sont les aînés y arrivent le plus souvent.
Le suicide des personnes âgées perturbe, questionne car fait entrevoir des souffrances négligées voire occultées… et nous remet en question. Les causes de dépression ou d’idées suicidaires chez les personnes âgées sont complexes mais nous pouvons relever quelques facteurs-clés pouvant être associés à ces vécus: le sentiment de solitude, les pertes au sens large (conjoint, membre de la famille, emploi, changement du lieu de vie…), la détérioration des conditions de santé telles que l’incapacité permanente ou une maladie chronique, conduisant à la baisse d’estime de soi, au sentiment d’inutilité … Comme le souligne Alex Geeraerts , ancien directeur du Centre de prévention du suicide, il arrive qu’à un moment, «la souffrance face à la vie prenne le dessus» (1).

Donner la parole et écouter

Dans nos conceptions utopiques d’éternelle jeunesse, «vieillir» est largement connoté négativement. Avancer vers le grand âge est, pour beaucoup, davantage synonyme de déficit, de déclin plutôt que de bien-être, de bonheur et d’épanouissement… Notre société génère un «apartheid » de la vieillesse. Les plus fragiles sont laissés seuls, avec leurs angoisses, leurs craintes, leur détresse. En outre, on accepte plus aisément la souffrance morale ou le suicide d’une personne âgée que celle d’un jeune. Ces déformations cognitives relèvent l’urgence d’interroger nos conceptions. Travailler nos représentations permettra de favoriser la reconnaissance de ces souffrances en donnant davantage la parole aux aînés et en leur offrant une écoute adéquate, sans jugement, prémisse d’une prévention de qualité.
Aurore Devos , chargée de projet UCP
Pour éclairer le sujet et donner à la fois la parole à des professionnels de terrain et à des aînés, nous vous invitons à une journée d’étude le vendredi 30 septembre 2011 organisée par l’UCP, mouvement social des aînés, dans les locaux du Ministère de la Communauté française, Boulevard Léopold II 44, 1080 Bruxelles. Vous trouverez le programme de la journée dans l’agenda en ligne d’Éducation Santé ( http://www.educationsante.be/es/agenda.php?page=agenda&sel;=0912 ) . Pour informations complémentaires et inscriptions, contactez le secrétariat fédéral UCP au 02 246 46 73, courriel: ucpmc.be
(1) «Tenter de partir plus vite» , article du journal En Marche, 18 septembre 2008 ( http://www.enmarche.be ).