Après le Rapport sur la maladie ischémique du cœur (1), le Centre de recherche opérationnelle en santé publique a produit un nouveau rapport qui propose un ‘état des connaissances et données disponibles pour le développement d’une politique de santé en Belgique’ à propos de la dépression.
Il est assurément pertinent de disposer d’informations fiables sur cette affection extrêmement médiatisée, et dont l’incidence semble en forte augmentation depuis quelques années dans les pays développés.
Les auteurs abordent le sujet sous 10 aspects: définitions, classifications et diagnostic; mécanismes physiopathologiques; facteurs de risque; évolution; comorbidité; conséquences; données épidémiologiques; traitements; aspects économiques; prévention.
Dans leurs conclusions, les auteurs rappellent que ‘la prévention primaire qui permettrait d’éviter la survenue de dépression s’inscrit plutôt dans une attitude de promotion de la santé mentale et d’amélioration de la qualité de vie. Ces notions sont souvent évoquées en Belgique et se traduisent la plupart du temps par des actions ponctuelles, alors qu’elles devraient s’inscrire dans la continuité’. Kristina BAYINGANA, Jean TAFFOREAU, La dépression, état des connaissances et données disponibles pour le développement d’une politique de santé en Belgique, ISSP-Service d’épidémiologie, Centre de recherche opérationnelle en santé publique, 2002, 106 pages. Sur le même sujet, on lira avec curiosité un ouvrage assez corrosif de Philippe Pignarre , ‘Comment la dépression est devenue une maladie’, dans lequel l’auteur n’hésite pas à désigner ceux à qui profite en premier l’extraordinaire progression du nombre de personnes souffrant de dépression: les firmes pharmaceutiques, qui n’ont pas leur pareil pour mettre le nom de dépression sur le mal-être bien réel de millions de personnes et se créer ainsi une clientèle aussi vaste que fidèle. ‘Elle (l’industrie du médicament) a mobilisé d’énormes moyens financiers alors qu’aucun test biologique ne permet de diagnostiquer la dépression: les industriels du médicament testent au hasard les substances et élargissent les définitions des différentes formes de dépression (toujours plus nombreuses) chaque fois qu’ils trouvent un médicament ‘efficace’. Chacun se voit désormais offrir la possibilité de traduire sous forme de ‘dépression’ son mal-être: la cause déclenchante – deuil d’un proche, problèmes familiaux, harcèlement moral…- serait secondaire, le problème viendrait des gènes ou de la biologie du cerveau. Et les antidépresseurs sont là pour redonner l’énergie qui semble manquer…’
Stimulant. Philippe PIGNARRE, Comment la dépression est devenue une épidémie, Editions La Découverte, 2001, 160 pages. (1) Voir ‘Mieux prévenir les maladies coronariennes’, Education Santé n° 167, mars 2002.