Cet article reproduit de larges extraits d’un document rédigé dans le cadre des travaux préparatoires du futur «Code de la santé» de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il nous a semblé important de le partager avec nos lecteurs dans la mesure où il propose des éléments de fond à notre réflexion, détachés d’un contexte événementiel par définition transitoire.
Six axes transversaux fondent la philosophie de travail des CLPS : la prise en compte des déterminants de la santé et la mise en œuvre des stratégies pour réduire les inégalités sociales de santé; l’implantation et le renforcement des stratégies de promotion de la santé et plus particulièrement l’intersectorialité, la participation et les partenariats et les milieux de vie; la mobilisation des acteurs et des ressources des territoires pour le développement de dynamiques locales de promotion de la santé; le fait de favoriser un service équitable pour tous les professionnels des différents secteurs sur tout le territoire; le renforcement de l’accessibilité des concepts et stratégies de promotion de la santé par la communication et la valorisation des projets locaux; l’augmentation des compétences et de la capacité d’action des acteurs locaux par la formation et l’éducation permanente.
Prendre en compte les déterminants de la santé et mettre en œuvre des stratégies pour réduire les inégalités sociales de santé
Selon l’Organisation mondiale de la santé, ce sont les déterminants sociaux qui influencent le plus la santé (Déterminants sociaux de la santé. Les faits, OMS, 2004): « On estime à l’heure actuelle que seulement une faible part des problèmes de santé trouve une solution dans le cabinet du médecin. Les autres problèmes sont influencés par ce qu’on appelle les déterminants de la santé. Parmi ceux – ci, on sait maintenant que ce sont les déterminants sociaux qui ont le plus grand impact».
D’autre part, la littérature nous indique que les interventions visant à réduire les inégalités sociales de santé peuvent se répartir en quatre catégories ( Concepts and principles for tackling social inequities in health , Dahlgren G., Witehead M., 2007) :
– renforcer les capacités et les compétences des individus;
– renforcer les communautés;
– améliorer les conditions de vie et de travail;
– promouvoir des mesures politiques favorables à la santé.
C’est dans ce cadre que les CLPS développent des partenariats avec les acteurs locaux dont les activités tendent à agir sur les déterminants sociaux de la santé, ou qui travaillent spécifiquement avec les publics qui subissent le plus les conséquences de ces inégalités (organismes d’insertion socioprofessionnelle auprès de publics spécifiques tels qu’ex-détenus, sans-abri, personnes en grande précarité…).
L’objectif du développement de ces partenariats est de proposer aux acteurs :
– de situer les activités dans une analyse globale du contexte socio-économique permettant de prendre en considération les différents déterminants de la santé;
– d’intégrer des stratégies et des priorités de promotion de la santé dans leurs activités sociales (exemple: stratégie d’actions communautaires, priorité de lutte contre les inégalités sociales).
Le souhait des CLPS est toujours de maintenir les collaborations existantes et de développer de nouveaux contacts. Cette démarche et ces collaborations visent à :
– systématiser la question des publics fragilisés dans les projets locaux de promotion de la santé;
– créer ou renforcer les synergies entre ces acteurs (en fonction de priorités, de publics, de milieux de vie…);
– proposer une approche en promotion de la santé dans les pratiques de ces acteurs;
– faire des liens avec le travail réalisé par d’autres acteurs sur les inégalités sociales de santé. Un exemple, l’outil « lentille ISS » ( http://www.inegalitesdesante.be ) de la Fondation Roi Baudouin;
– accompagner une réflexion sur l’évaluation de l’effet des actions sur les inégalités de santé (définition des indicateurs d’impact, identification des processus qui fonctionnent et de ceux qui ne fonctionnent pas…).
Initier et renforcer les stratégies de promotion de la santé et plus particulièrement l’intersectorialité, la participation et les partenariats et les milieux de vie
En ce qui concerne l’intersectorialité et le partenariat, cette stratégie découle de la conception multifactorielle et donc intersectorielle de la santé, qui caractérise la promotion de la santé. Elle cherche à créer les conditions d’une action plus globale et donc adaptée à la complexité des réalités en créant des modes de concertation réunissant des partenaires provenant de divers secteurs: social, culturel, environnemental et économique.
Les CLPS, dans le cadre de démarches proactives ont l’objectif de favoriser le décloisonnement, l’élargissement du cadre de référence, la mise en commun de ressources diversifiées, la coordination des actions menées au sein des différents secteurs, la diffusion de messages cohérents…
Cette démarche d’intersectorialité est un travail de longue haleine. Intéresser ces secteurs aux questions de promotion de la santé et de qualité de vie prend du temps et passe par des étapes préalables: renforcement de la crédibilité des CLPS, reconnaissance de leur rôle d’interlocuteur privilégié, argumentation autour de la pertinence de l’approche intersectorielle, recherche de points de complémentarité entre les secteurs…
En ce qui concerne les démarches participatives, la définition même du concept de promotion de la santé, fait que leur appropriation par les acteurs locaux est une stratégie prioritaire à laquelle les CLPS tentent de répondre.
Dans l’objectif de les intégrer progressivement dans les actions/projets, les CLPS questionnent systématiquement la participation des usagers, habitants, citoyens (lors de concertations, de suivis méthodologiques…). Ce questionnement permet de soulever :
– les résistances des professionnels à mettre en œuvre des démarches participatives (ainsi que les raisons de ces résistances);
– la méconnaissance du processus participatif par une partie des acteurs de terrain;
– la représentation parfois erronée de l’impact de la participation sur les habitants, sur les projets…
Il met également en lumière les moyens à développer pour soutenir les démarches participatives: formations, sensibilisation/argumentation, présentation d’outils pratiques…
Mobiliser les acteurs et les ressources des territoires pour le développement de dynamiques locales de promotion de la santé en tenant compte de leurs spécificités
Aborder la promotion de la santé au niveau local implique de réfléchir à la notion du territoire pertinent sur lequel agir. Cette dynamique territoriale peut s’envisager à différentes échelles (quartiers, communes, bassins de vie…). Elle va mobiliser les acteurs locaux concernés (acteurs publics, privés, associatifs, citoyens…) sur le développement de projets partagés et élaborés en commun.
Dans ce cadre, l’appui proposé par les CLPS a pour objectif le développement de la qualité et de l’efficacité des interventions mises en œuvre, celles-ci s’appuyant sur les stratégies suivantes :
– intégrer une démarche de promotion de la santé dans un processus de développement local, en prenant en compte l’action communautaire, l’amélioration du milieu de vie, le développement des aptitudes individuelles et sociales, la réorientation des services de santé et l’élaboration d’une politique publique saine (stratégies définies par la charte d’Ottawa);
– reconnaître, porter et animer cette démarche au départ d’un dispositif organisé;
– répondre à des besoins prioritaires locaux, identifiés au travers de diagnostics quantitatifs et qualitatifs;
– encourager et organiser la participation citoyenne;
– veiller au travers des interventions à réduire les inégalités sociales de santé.
La démarche des CLPS est d’apporter un soutien dans le développement des projets locaux. Concrètement, ils proposent un accompagnement méthodologique au fur et à mesure des étapes des interventions; une recherche de partenariats intersectoriels; une mise à disposition de supports et d’outils; un accompagnement à la prise de décision, à l’animation et à l’évaluation des interventions; une réflexion sur les implications et la mise en œuvre de processus participatifs des citoyens.
Les CLPS aident aussi les projets locaux à développer leurs capacités et leurs compétences, par l’offre de réponses collectives aux besoins exprimés; l’organisation d’espaces d’échanges d’expériences; l’organisation de formations en lien avec les attentes formulées.
Enfin, les CLPS appuient également les politiques communales de santé: « L’élu local est en première ligne. Il connaît sa ville et les personnes qui l’habitent. Il connaît les quartiers qui la composent. Dans ses relations entretenues avec les habitants et ses groupes, avec les acteurs des mondes sociaux, sanitaires, économiques, culturels, sportifs… des questions de santé fortement identifiées ou non, apparaissent au quotidien. En réponse aux besoins repérés, – le maire, ses adjoints, les conseillers municipaux – forts de cette connaissance des modes de vie, des équipements et services communaux, des actions de proximité, occupent une place privilégiée et disposent d’atouts pour agir» (L’élu local, un promoteur de santé, Rubrique Repères pour agir en promotion de la santé, n ° 7, page 1, février 2009).
Comme le montre cette citation, le développement de la santé et de la qualité de vie des habitants d’une commune est l’affaire de tous: les citoyens, les associations, les entreprises, les institutions et les élus locaux.
Ces derniers ont en effet en mains les clés pour agir dans les matières dont ils ont la responsabilité : l’environnement, l’éducation, l’urbanisme, la mobilité, le social, la culture, le logement, le sport… ayant toutes une influence positive ou négative sur la santé et la qualité de vie des citoyens.
Favoriser un service équitable pour tous les professionnels des différents secteurs sur tout le territoire
Cela ne peut se faire qu’en tenant compte des difficultés de mobilité et en formulant des offres décentralisées de manière à être attentifs à l’accessibilité de leurs services.
Renforcer l’accessibilité des concepts et stratégies de promotion de la santé par la communication et valoriser les projets locaux
Les CLPS déploient différentes actions de communication permettant de mettre en évidence et de faire connaître leurs services et leurs activités, et de développer ou d’entretenir des contacts (locaux, régionaux et internationaux).
Cette dynamique leur permet de diffuser de manière récurrente des informations scientifiquement fiables et accessibles au grand public; de multiplier les lieux où il est possible de réfléchir et de faire émerger des actions sur les questions liées à la santé et au bien-être des personnes; de renforcer la visibilité et la notoriété de leurs partenaires; de renforcer leur rôle de centralisation et de diffusion de l’information.
Augmenter les compétences et la capacité d’action des acteurs locaux par la formation et l’éducation permanente
Les CLPS mettent en place des formations en promotion de la santé en réponse aux besoins et aux préoccupations des professionnels. Ces formations ont pour finalités d’intégrer la promotion de la santé dans les pratiques quotidiennes par le biais de l’utilisation d’outils; de développer de nouvelles compétences sur le terrain en terme de savoir, savoir-faire et savoir-être; de soutenir le développement de projets et d’initiatives locales.