Juin 2014 Par Christine DELIENS Stratégies

Tenant compte des échéances électorales et de la volonté de faire comprendre ce qu’est la promotion de la santé auprès des acteurs et décideurs à différents niveaux et ce rapidement, la Plateforme bruxelloise a opté pour un accompagnement par un intervenant extérieur.

Pour financer cet accompagnement, quatre asbl, la Coordination Éducation & Santé, Cultures et Santé, la Fédération Laïque de Centres de Planning Familial et SidAids Migrants/Siréas, appartenant à la commission paritaire 329.02- ont introduit une demande de subsides auprès du Fonds 4 s (Fonds S ocial du S ecteur S ocioculturel et S portif) (1) pour ces échanges en réseau entre acteurs du secteur de la promotion de la santé. L’objectif était comme précisé dans l’article ci-dessus d’identifier d’une part la plus-value de la promotion de la santé au travers du regard des associations actives en la matière et d’autre part, de produire un texte commun compréhensible, lisible et accessible permettant de mieux communiquer sur le sujet et pallier ainsi le manque de visibilité du secteur.

En réponse aux demandes de la plateforme, Éric Debois, formateur au CFIP (Centre pour la Formation et l’Intervention Psychosociologiques) a proposé une méthode structurant le travail sur un jour et demi d’accompagnement.

Pour préparer la première journée, chaque association a été invitée à réfléchir en équipe à cinq questions : en quoi la promotion de la santé est-elle utile pour la société ? Quelle plus-value fournit-elle concrètement ? Dans quels domaines ? Vers quels publics ? De quelles manières ?

Au cours de la première journée, le travail s’est fait en sous-groupes favorisant ainsi les échanges et les rencontres entre les associations actives sur le terrain bruxellois (2). Trois étapes ont scandé la journée : une mise en commun des réponses aux cinq questions; l’identification des acteurs auprès desquels nous voudrions communiquer et une analyse des avantages et des inconvénients qu’ils retirent de nos actions de promotion de la santé (qu’elles se réalisent ou pas). La journée s’est terminée par l’ébauche de messages spécifiques à destination de ces acteurs concernant la plus-value du secteur.

Pour préparer la demi-journée d’accompagnement suivante, un canevas a été fourni par le formateur pour retravailler en trois sous-groupes les productions du premier jour. L’objectif était de faire ressortir les informations clés et les arguments communs mais aussi de relever les apports complémentaires. La Coordination Éducation & Santé – Cordes asbl et l’asbl Repères ont synthétisé en une page les ‘contours’ de la promotion de la santé (réponses aux 5 questions). Les asbl Alias et Infor-Drogues ont fait la synthèse des travaux de la 2e étape en sélectionnant les 5 acteurs prioritaires et en relevant les enjeux majeurs de la promotion de la santé pour chacun de ces acteurs. Et enfin, Question Santé asbl a fait la synthèse des messages proposés par les sous-groupes.

Un travail de consolidation s’en est suivi au cours de la demi-journée suivante, avec un plus petit nombre d’associations. La cohérence entre les différentes synthèses a été analysée pour en extraire les arguments utiles pour des messages. Le formateur a donné quelques balises pour passer ces idées au crible en veillant à leur attractivité et leur crédibilité. Le texte se devant d’être concis (une page) avec des arguments rationnels reflétant ce que nous voulons exprimer et rencontrant également les préoccupations de nos interlocuteurs identifiés.

À cette occasion, l’accompagnateur a évoqué des facteurs de prise de décision irrationnels : la rareté, la force sociale, les mots, symboles, préoccupations perçus comme semblables, le besoin de cohérence par rapport à ce qu’on dit et à ce qu’on a fait précédemment… qui peuvent influencer la réceptivité du message.

Les productions des sous-groupes ont servi de base, dans les journées qui suivirent, au travail d’un groupe ‘rédaction’ (Cultures et Santé, Repères, Coordination Éducation & Santé) qui s’est attelé à l’élaboration d’un texte martyr en passant d’abord par un relevé des arguments partagés et complémentaires et par un mind mapping (3). Ce dernier a permis de visualiser trois pôles d’action liés à des publics spécifiques : les professionnels, les décideurs à différents niveaux, les publics de proximité; il illustre non seulement les multiples relations qui se tissent entre ces pôles mais aussi la diversité des interventions et actions qui constituent le travail de promotion de la santé au quotidien.

Bilan très enrichissant

L’accompagnement du formateur a donc permis cette éclosion rapide d’un texte co-construit par les associations participantes au départ de la confrontation des idées. Cela a permis de constater d’une part que certaines pratiques ciblent davantage la prévention et la réduction des risques en travaillant sur des comportements à risque tandis que d’autres agissent davantage en amont au niveau des facteurs susceptibles d’influencer le maintien ou la dégradation de la santé et notamment la capacité de choix des publics concernés par rapport à leur conditions de vie et d’alimentation, la création de liens sociaux, la participation dans les décisions qui les concernent.

Les échanges ont permis d’entrevoir ce que nous partagions comme valeurs et objectifs mais aussi de se mettre à la place des destinataires pour envisager ce que nous voulons communiquer comme plus-value de la promotion de la santé, ce que nous apportons en tant que secteur et ce que les acteurs identifiés peuvent en attendre. Un travail d’introspection bien utile en somme…

(1) À ce sujet, il est quelque peu surprenant de constater que les associations du secteur dépendent de commissions paritaires différentes (329.02,332, 337…).

(2) Deux tiers d’entre elles sont actives en région wallonne également. Quelques organismes dont le siège social est en Wallonie et qui sont actifs en région bruxelloise (APES-Ulg, Éduca-santé…) n’ont pas été invités vu le critère de localisation géographique du ou des sièges des associations au départ de cette initiative bruxelloise.

(3) Le mind mapping (littéralement cartographie mentale) est une technique de prise de note à l’aide de mots-clés et d’images-clés sous forme arborescente. Elle se compose d’un centre avec des branches et des sous-branches. Elle permet de mettre en évidence les éléments d’un ensemble et les interrelations entre eux.