Mai 2014 Par F. LAANAN Vu pour vous

Contexte

‘Surveillez la télé’ est une nouvelle campagne audiovisuelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles diffusée depuis le 3 février 2014 en télé et en radio, dans le cadre de la politique de protection des mineurs contre les contenus audiovisuels susceptibles de nuire à leur épanouissement physique, mental ou moral.

A l’heure des services non linéaires, où le téléspectateur peut décider le moment et la programmation de sa consommation télé, il est important de rappeler que les jeunes – et particulièrement les enfants de moins de trois ans – doivent être protégés des contenus inadaptés à la télévision.

Que cela soit par des scènes de violence ou de sexe, le petit écran est susceptible de nuire à la santé et au bien-être des mineurs. Pour les protéger, des outils de protection sont à la disposition des parents : les signes d’avertissement (-10, -12, -16 et -18) et le code parental.

Quelques chiffres

La télévision résiste bien aux autres modes de consommation de médias et son audience continue de progresser.
Selon le Centre d’information sur les médias (CIM), la télévision touche près de trois quart de la population et sa durée de consommation moyenne atteint 224 minutes par jour (305 minutes par téléspectateur actif). C’est principalement à la maison (95% de la consommation) et en soirée que le Belge passe le plus de temps devant son téléviseur, le plus souvent (dans 63% des cas) en famille ou avec des amis. Par ailleurs, le nombre de chaînes ne cesse d’augmenter : 40 chaînes TV ciblent spécifiquement le public belge francophone.

Quasi tous les jeunes ont un téléviseur à la maison (99%) rapporte le CRIOC (1). Et 4 à 6 enfants sur 10 en possèdent un dans leur chambre. Presque trois quarts des jeunes ne se voient pas imposer de règles relatives à l’utilisation de la télévision par leurs parents. Ces règles concernent le plus souvent la durée d’exposition au petit écran et moins le choix du programme.

Selon une étude de Médiamétrie (2), grâce aux différentes plateformes mises à leur disposition, les enfants n’ont jamais autant consommé de contenus TV. Au premier semestre 2013, les enfants en Europe consommaient en moyenne 2h14 par jour. Parmi les nombreux programmes jeunesse proposés, l’animation reste le genre préféré des enfants.

La télévision sur tous les écrans

Le bilan TV du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) pour l’année 2013 souligne une nouvelle tendance observée chez près de 15% des Belges francophones : nous regardons de plus en plus la télévision sur de nouveaux écrans (tablettes, ordinateurs, smartphones…), alternatives au téléviseur classique.

Ce mode de consommation touche un public important, en particulier les plus jeunes. Actuellement, il reste néanmoins marginal, pas plus d’1% de la consommation TV totale.

Ces nouveaux écrans et les nouvelles plateformes numériques interactives (sur Internet ou via décodeur) offrent en outre de plus en plus de possibilités de ‘délinéariser’ la consommation télévisuelle.

Le danger pour le mineur de pouvoir accéder à du contenu non adapté à son âge est donc de plus en plus présent. Les parents ont un rôle essentiel à jouer dans l’éducation des enfants face aux contenus télévisuels.

La campagne

La campagne se décline en un spot télé (30 secondes), trois spots radios (30 secondes) et un site Internet ‘http://www.surveillezlatele.be’. Elle sera diffusée en plusieurs vagues de deux semaines tout au long de cette année.
Une famille apparemment parfaite prend son petit-déjeuner. Elle est rejointe au fur et à mesure par des personnages incongrus – à caractère érotique, guerrier ou horrifiant – personnifiant les programmes télévisuels susceptibles de heurter la sensibilité des enfants.

On observe l’absence de réaction des parents, comme souvent face aux programmes diffusés par la télévision… (3)
Elle a été conçue et réalisée par l’agence VO Communication, sous la supervision du Service Général de l’Audiovisuel et des Multimédias de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Objectifs

Le but de la campagne est de sensibiliser le grand public – et en particulier les parents – à l’importance d’utiliser les dispositifs de protection des mineurs contre les programmes inadaptés. Elle vise un objectif de santé, qui est de protéger les mineurs à l’égard de contenus audiovisuels qui pourraient porter préjudice à leur épanouissement physique, mental ou moral. Et un objectif éducatif, qui est de sensibiliser les parents à l’importance du respect de la signalétique et du code parental, en leur faisant prendre conscience que leur rôle est essentiel pour protéger correctement leurs enfants.

Elle vise également à rappeler l’existence d’outils de protection tels que les signes d’avertissement (-10, -12, -16 et -18) et le code parental.

Un autre message essentiel qui est adressé aux parents est celui de ne pas divulguer le code parental à leurs enfants, ni même le code d’achat qui peut faire office de code parental.

La campagne ‘Surveillez la télé’ conseille également d’éviter de mettre les enfants de moins de trois ans devant la télévision, celle-ci pouvant freiner leur développement, même lorsqu’il s’agit de programmes qui s’adressent spécifiquement à eux (4).

Les outils de protection

Les signes d’avertissement

La signalétique est un garde-fou et un appel à la responsabilisation des différents intervenants (télévision, entourage familial et éducatif de l’enfant, CSA…) pour assurer la protection des mineurs contre des programmes audiovisuels susceptibles de nuire à leur épanouissement.

Pour garantir son efficacité, la signalétique doit être relayée par les adultes, par exemple en étant attentif au choix de heures auxquelles les mineurs regardent la télévision, aux avertissements des animateurs ou des présentateurs, et à l’utilisation active du code parental.

Ce classement des programmes en catégories s’accompagne de limitations horaires lorsqu’ils sont diffusés en mode linéaire (télévision traditionnelle).

Le signe ‘- 10’ indique que le programme est déconseillé aux moins de 10 ans. Il identifie donc les programmes qui comportent certaines scènes pouvant perturber un enfant de moins de 10 ans, comme par exemple une bagarre ou un meurtre dans un film.

Le signe ‘-12’ indique que le programme est déconseillé aux moins de 12 ans. Il identifie notamment les programmes dont le scénario recourt de façon répétée à la violence physique ou psychologique. Ces programmes sont interdits de diffusion entre 6 heures et 20 heures, sauf la veille de chaque jour de congé de congé scolaire où la diffusion est interdite entre 6 h et 22 h.

Le signe ‘-16’ indique que le programme est déconseillé aux moins de 16 ans. Il identifie les programmes à caractère érotique ou de grande violence. Ces programmes sont interdits de diffusion entre 6 heures et 22 heures.

Le signe ‘-18’ indique que le programme est déconseillé aux moins de 18 ans. Il identifie les programmes à caractère pornographique ou de très grande violence (violence très réaliste notamment). Ces programmes ne peuvent être diffusés qu’entre minuit et 5 heures, en mode crypté.

Ces limitations horaires ne sont pas d’application sur les services diffusés de manière non linéaire (programmes audiovisuels à la demande) ou sur les services linéaires si un dispositif technique permet de conditionner l’accès aux programmes à l’introduction d’un code parental.

Le code parental

Grâce aux décodeurs numériques, il est maintenant possible d’empêcher le visionnement de certains programmes en conditionnant leur accès à l’introduction d’un code secret (code parental). La réglementation exige ainsi que tous les décodeurs mis à disposition du public par les distributeurs de services de télévision (Voo, Belgacom, BeTV, Numéricable, Telenet, etc.) disposent d’un système de protection des mineurs par code d’accès.

Certains décodeurs permettent de paramétrer le système de protection des mineurs. Il est ainsi possible, par exemple, de lever le niveau de protection sur tous les films identifiés par le signe -12, si l’on n’a pas d’enfant de moins de 12 ans. En principe, la configuration par défaut du décodeur bloque tous les programmes identifiés par un -12, -16 et -18 dans le catalogue et le guide électronique des programmes.

Recommandations

Voici les trois messages principaux que la Fédération Wallonie-Bruxelles souhaite communiquer aux parents et tuteurs d’enfants, via la campagne ‘La télé. Un membre de la famille à surveiller’ :
‘La télévision peut, dans certains cas, représenter un risque pour vos enfants. Protégez-les.’
‘Utilisez pour ce faire les outils de protection mis à votre disposition tels que la signalétique et le code parental.’
‘Ne communiquez pas votre code parental et votre code d’achat à vos enfants. Ces codes les protègent contre des contenus qui peuvent leur être préjudiciables.’

Accompagner

Interdire complètement la télévision n’est pas une solution réaliste vu le mode de vie actuel de la plupart des familles.
La Fédération Wallonie-Bruxelles invite les parents/tuteurs, responsables de la consommation de la télévision des mineurs dont ils ont la garde, à instaurer un climat de dialogue. Après avoir vu un contenu télévisé, il est en effet important de laisser l’enfant s’exprimer.

Dans cet espace de communication qui doit être serein et ouvert, le mineur pourra raconter ce qu’il a vu ou poser d’éventuelles questions. Cela limitera l’impact négatif que peuvent avoir ces contenus chez ce public en pleine croissance.

(1) ‘Les jeunes et les médias’, CRIOC, novembre 2011.
(2) ‘Kids TV Report’, Médiamétrie et Eurodata TV Worldwide, septembre 2013.
(3) Visuellement, la campagne semble inspirée de la communication de BNP Paribas Fortis en tant que ‘partenaire actif du cinéma belge’ (ndlr)
(4) Plus d’infos sur le site de Yapaka : http://www.yapaka.be/livre/les-dangers-de-la-tele-pour-les-bebes