Décembre 2008 Par Christian DE BOCK Initiatives

Le Groupe porteur ‘Jeunes et alcool’ (1) organisait le 5 novembre dernier une Table ronde bruxelloise ‘L’alcool chez les jeunes: qu’en est-il et qu’en faisons-nous?’
Une centaine de personnes ont participé à cette journée, qui s’adressait aux acteurs bruxellois de la prévention des assuétudes, aux professionnels de la santé des jeunes mais aussi aux représentants des milieux de jeunes: c’était un des paris des organisateurs d’élargir un peu les horizons pour être plus proches des réalités bruxelloises. Pari réussi, même si on aurait aimé une participation plus importante, tant du secteur santé que du secteur jeunesse.
Autre défi, celui de donner ‘intelligemment’ la parole aux jeunes eux-mêmes, sans les utiliser comme alibis à une pseudo participation. L’option choisie était une vidéo en micro-trottoir, qui bien qu’un peu trop longue, rendait compte des représentations des jeunes, qu’ils soient ou non consommateurs (les caractéristiques sociologiques de la région font que le nombre de jeunes qui déclarent boire peu ou prou de l’alcool est moins importante à Bruxelles qu’en Flandre ou en Wallonie, étant donné l’importante communauté musulmane dans notre capitale).
Dans son introduction à la journée, le Ministre bruxellois de la Santé Benoît Cerexhe souligna des points d’inquiétude (âge précoce des premières consommations, phénomène de plus en plus médiatisé des ‘bitures express’) mais aussi des choses plus positives, comme la mise en place à Bruxelles du label ‘Quality Nights’ de Modus Fiesta (2), une initiative pour profiter sans remords des sorties avec une bonne gestion des ‘risques’, soutenue largement par le milieu de la fête, et qui commence à faire des petits au-delà des 19 communes.
Après un tour d’horizon de la problématique par Martin de Duve , directeur d’Univers santé, ces mêmes jeunes ont lancé aussi aux participants des questions simples (les réponses ne le sont pas toujours!) qui ont pu servir d’amorce aux quatre ateliers, consacrés respectivement:
aux enjeux éducatifs (animation par Florence Vanderstichelen , directrice du Service d’aide aux étudiants de l’UCL et Fabienne Henry , responsable du Service PSE de la Ville de Bruxelles);
aux enjeux économiques et législatifs (animation par Baptiste Campion , assistant au Département de Communication de l’UCL et Antoine Boucher , responsable communication d’Infor-Drogues);
aux enjeux culturels (animation par Ludovic Henrard , directeur de la FEDITO bruxelloise et Mark Vanderveken , coordinateur de la Concertation Toxicomanies Bruxelles);
aux enjeux de santé publique enfin (animation par Axelle Vermeeren , responsable du centre de santé UCL, service PSE, et Thierry Poucet , journaliste de santé publique).
Chacun a eu l’occasion de participer à deux ateliers, ce qui ne manqua pas d’enrichir les pistes de réflexion et d’action.
De nombreuses associations ont eu également la possibilité de mettre en évidence leurs réalisations lors d’une expo-forum pendant le temps de midi, autour d’un sandwich et d’un verre (d’eau, de jus de fruit, mais aussi de vin): il y a pas mal d’outils disponibles en Communauté française, et ils sont souvent de qualité…
En général, à la fin de ce genre de journée d’échanges, la moitié du public s’est discrètement éclipsée, et les courageux écoutent poliment le rapport souvent ‘imbuvable’ (un comble vu le sujet du jour) des ateliers en prenant leur mal en patience.
Rien de tel ici, les organisateurs ont eu l’excellente idée de demander au Délégué général aux droits de l’enfant de la Communauté française, Bernard De Vos , de mettre la question des consommations dans une plus large perspective, ce qu’il fit de manière remarquable. Il souligna avec des mots justes la grande dureté de notre minuscule capitale (1.100.000 habitants, ce n’est pas grand-chose) à l’égard des jeunes, stigmatisés, vivant des situations d’exclusion permanentes bien éloignées des clichés angéliques sur le caractère multiculturel de notre capitale, accusés de tous les maux alors qu’ils sont objectivement plus victimes de violences (intentionnelles ou non) qu’auteurs. Un superbe plaidoyer pour ceux qui souvent cherchent d’abord à ‘survivre’, et qu’il faut ‘prendre au sérieux plutôt que prendre au mot’.
Décoiffant, vraiment!
Les actes de la journée paraîtront au début 2009. Nous vous en reparlerons.
Christian De Bock
Adresse des organisateurs: Univers santé, Place Galilée 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Courriel: univers-sante@uclouvain.be (1) Il est constitué par la Fédération des centres de jeunes en milieu populaire, de la Fédération des Etudiant(e)s francophones, du Groupe RAPID, d’Infor-Drogues, de Jeunesse et Santé, de Latitude Jeunes, de la Ligue des Familles, de Prospective Jeunesse et d’Univers santé.
(2) Voir à ce sujet http://www.educationsante.be/es/article.php?id=935 . Pour rappel, les adhérents au label s’engagent à respecter 6 critères: eau potable gratuite, préservatifs à prix modique, bouchons d’oreille à prix modique, infos sur la santé, alerte rapide en cas de circulation de produits à hauts risques, personnel sensibilisé. Treize lieux de fête sont parties prenantes après un an, et 150 personnes ont été formées.