Communiqué par l’Observatoire de la Santé du Hainaut
L’Organisation Mondiale de la Santé préconise l’allaitement maternel. Les bénéfices sont indubitables tant pour la santé des enfants que pour celle des mères. Selon les chiffres de l’Office de la Naissance et de l’Enfance, en Hainaut, 70 % des enfants sont allaités à la sortie de la maternité (contre 80 % en Fédération Wallonie-Bruxelles), mais le chiffre tombe à 35 % douze semaines après la naissance, contre 60 % en Fédération Wallonie-Bruxelles.
«En matière d’allaitement, les disparités sont importantes», commente le Dr Liliane Gilbert, présidente du Collège des pédiatres de l’ONE. «Un enfant aura d’autant plus de chances d’être allaité que sa mère sera diplômée, aura un statut socioprofessionnel élevé et qu’il sera né chez un couple marié.»
L’OMS recommande un allaitement exclusif pendant six mois quand c’est possible, dans des conditions favorables tant pour l’enfant que pour la maman. Où en est-on ? On estime qu’environ 10 % des bébés hainuyers sont allaités jusqu’au sixième mois de leur vie, contre 30 % en moyenne en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Les enfants allaités pendant six mois courent moins de risque d’allergies, d’infections, de souffrir de la maladie de Crohn… Les mères aussi sont mieux protégées d’infections post-partum, du cancer du sein, du cancer des ovaires, du diabète…
«Devenu adolescent, un enfant nourri au sein est davantage protégé contre l’obésité (25 % de risque en moins)», précise le Dr Liliane Gilbert. «C’est un gain qu’aucun programme de santé publique ne peut égaler.»
Quel mécanisme est-il en œuvre ? «Un enfant qui tète produit un effort que ne doit pas faire un enfant allaité au biberon. Celui-ci risque de continuer à boire plus longtemps que l’enfant tétant le sein, qui, une fois parvenu à satiété ne va pas prolonger l’effort. C’est une partie de l’explication. La qualité du lait maternel doit aussi être prise en compte.»
Pour rappel, les Hôpitaux Amis des Bébés sont au nombre de trois en Hainaut (Ath-RHMS, Maternité des Dix lunes, Baudour –RHMS et Tivoli). Un Hôpital Ami des Bébés s’engage à avoir un taux d’allaitement de 75 % à la sortie de la maternité.
Des pistes pour soutenir l’allaitement des jeunes mères ? «Plus l’allaitement sera répandu, plus il entrera dans la culture, plus on verra des mères allaiter et plus l’allaitement sera jugé naturel», commente le Dr Liliane Gilbert. «Il est aussi important de motiver les jeunes pères à soutenir les mères qui allaitent.» Il revient aux professionnels d’aborder la question avec les futurs parents, de recueillir leurs avis, de répondre aux questions, de percevoir leurs craintes éventuelles et de les soutenir.
Il est aussi important de prévenir les mamans que les bébés allaités ont généralement un plus petit poids que les bébés nourris au biberon. L’important est que la courbe de croissance de l’enfant soit régulière (attention, les courbes utilisées ne sont pas toujours adaptées aux bébés allaités au sein).Sensibiliser les médias aussi est important. Récemment encore, une émission présentait l’allaitement comme un parcours du combattant. La question est bien sûre plus nuancée que ça, et bien des choses peuvent être mises en place pour soutenir les mamans et les bébés, depuis le noyau familial jusqu’au monde du travail et bien sûr la société tout entière.»