Le décret du 17 juillet 2003 portant sur l’organisation de la promotion de la santé en Communauté française prévoit l’élaboration d’un Programme quinquennal de promotion de la santé et d’un Plan Communautaire opérationnel.
Le Gouvernement de la Communauté française a adopté le premier Plan communautaire opérationnel (PCO) en octobre 2005. L’intention est clairement de concentrer les ressources disponibles sur quelques axes prioritaires.
Le PCO est scindé en deux chapitres: l’approche globale et le développement par problématique . Le premier permet de rappeler les principes de promotion de la santé appliqués depuis 1998; le second définit des champs d’action prioritaires en fonction de considérations de santé publique qui tiennent également compte des contraintes institutionnelles de la Communauté française.
L’approche globale
Le premier chapitre situe la place du PCO dans le dispositif général mis en place par la Communauté française. Il met en évidence l’ approche de promotion de la santé (1) qui reste le fil conducteur et l’âme du PCO, et constitue la méthode privilégiée pour aborder les thèmes prioritaires développés dans le second chapitre.
Le PCO détermine des objectifs opérationnels pour des problématiques de santé prioritaires avec pour finalité d’améliorer la qualité de vie et la santé des personnes:
-en agissant sur les déterminants de la santé et en initiant un processus de santé communautaire. Les déterminants se situent dans 4 catégories:
modes de vie : développement de compétences psychosociales (information, formation, participation communautaire, concertation, développement des relais promotion santé, réorientation des services…);
facteurs biologiques : développement du système de protection (vaccination…);
état de santé (système de soins): dépistage (cancer, tuberculose, risques cardio-vasculaires, HIV…);
environnement physique ou social (qui inclut les environnements administratif et institutionnel): développement de réseaux d’intervenants / de soutien…;
-en s’appuyant sur les structures et acteurs (intervenants directs ou partenaires) existants;
-en veillant à réduire les inégalités devant la santé et en s’appuyant sur les stratégies de promotion de la santé: la participation communautaire; l’action sur le milieu de vie; le développement des aptitudes personnelles et sociales; la réorientation des services; la concertation et l’action intersectorielles; l’information et la formation continue.
(Extrait du PCO, page 3)
Ce chapitre passe en revue également les structures et acteurs susceptibles de concourir aux objectifs du PCO et met en évidence la multiplicité et la complémentarité des acteurs dans une perspective de travail intersectoriel et transversal , ainsi que les ressources disponibles et/ou celles à mettre en action.
Les principes d’action qui servent de base au PCO sont déjà cités dans le Programme quinquennal de promotion de la santé.
Le programme quinquennal de promotion de la santé 2004-2008 détermine des principes d’action qui servent de base au plan communautaire opérationnel:
-adapter les stratégies pour faire face aux inégalités devant la santé;
-intégrer les stratégies de médecine préventive dans une approche de promotion de la santé;
-promouvoir la participation citoyenne, impliquer les populations concernées dans la conception, la réalisation et l’évaluation des actions qui les concernent;
-développer le travail en réseau et le partenariat intersectoriel;
-développer des procédures d’assurance de qualité;
-augmenter les compétences et les capacités d’action en promotion de la santé des relais et de la population par l’éducation permanente et la formation;
-articuler le champ de la promotion de la santé et les autres champs d’action politique.
(Extrait du PCO, page 7)
Des milieux de vie plus spécifiques sont privilégiés pour mener les actions de promotion de la santé. «Les milieux de vie sont les lieux où les projets de promotion de la santé peuvent s’ancrer et d’où ils peuvent émerger. C’est en effet là que les acteurs et les publics entrent en contact et en interaction dans un environnement qui se prête bien à une stratégie de promotion de la santé.» (2)
Ces milieux de vie décrits dans le programme quinquennal de promotion de la santé 2004-2008 sont étroitement associés aux acteurs et constituent la base d’action de ce PCO:
-les milieux d’accueil des différentes catégories d’âge;
-les lieux de soins et d’hébergement des différentes catégories d’âge;
-le milieu scolaire;
-le milieu familial;
-les centres de santé communautaire (par ex, les maisons médicales);
-les lieux d’enfermement;
-les collectivités locales: maisons de quartier, associations féminines, services d’aide à la jeunesse; maisons de jeunes; associations sportives; lieux de loisirs, etc.
-les lieux de rencontre des populations vulnérables, où des relais peuvent entrer en contact avec elles: éducateurs de rue, centres d’accueil, structures d’hébergement, centres pour réfugiés…
(Extrait du PCO, page 8)
Enfin, le PCO liste les moyens nécessaires à sa mise en pratique: structurels, législatifs, institutionnels, budgétaires. Une attention particulière est portée aux structures et acteurs existants et au développement de leurs compétences et moyens, à la collaboration interministérielle et aux partenariats, à la combinaison des ressources locales avec celles de la Communauté française.
Le chapitre évoque également les objectifs opérationnels transversaux à retenir dans l’abord des problématiques prioritaires.
De manière transversale, plusieurs objectifs opérationnels s’imposent:
-respecter une approche globale de la santé même si certaines problématiques sont prioritaires;
-développer la concertation avec les acteurs de terrain et en collaboration avec les CLPS et les Services communautaires: pour établir un processus dynamique et continu de collaboration, de communication, de coopération, d’échange, de recherche de cohérence, de coordination et de participation (en ce compris dans l’évaluation); pour une définition des actions à mettre en place afin de répondre aux besoins et demandes locaux dans le cadre du PCO; pour assurer un processus participatif avec ces acteurs et avec les publics cibles et ainsi permettre une appropriation des projets de promotion de la santé et ou des programmes de médecine préventive;
-avoir recours aux ressources (y compris les outils) existantes;
-valoriser les expériences et les pratiques des acteurs.
(Extrait du PCO, page 11)
L’ évaluation n’est pas oubliée: surveillance, relevé d’indicateurs et développement des outils nécessaires sont prévus. À côté des données relatives à la mortalité et à la morbidité, des indicateurs qualitatifs sont prévus: l’évolution des comportements à risque (par exemple consommation de tabac, alcool, drogues, médicaments) et des facteurs de risque (obésité, diabète…); la perception de la santé; l’utilisation des services de santé et la satisfaction des usagers; ainsi que d’autres déterminants de la santé.
Certains programmes (comme ceux du dépistage du cancer du sein, de vaccination, de prévention de la tuberculose, etc.) ont déjà mis en place des démarches d’évaluation.
Des données sont actuellement disponibles: enquête de santé par interview (HIS), enquête HBSC (Health Behavior in School-aged children) sous l’égide de l’OMS, étude CATI des comportements de santé des adultes, enquête ESPAD sur la consommation de drogues chez les jeunes, données de l’ONE sur la petite enfance, Registres, données des Services PSE et des Observatoires de la santé…
Développement par problématique
Le second chapitre détaille les problématiques sélectionnées parmi les priorités du Programme quinquennal 2004-2008, selon la prévalence des affections et afin de recentrer les actions en fonction des budgets disponibles.
1. La prévention des cancers
2. La promotion de la vaccination
3. La prévention du sida et des MST
4. La lutte contre la tuberculose
5. La prévention des traumatismes et la promotion de la sécurité
6. La promotion de la santé cardio-vasculaire
La problématique des assuétudes sera intégrée dans le cadre d’un plan concerté avec la Région wallonne et la COCOF de la Région de Bruxelles-Capitale.
Par ailleurs, plusieurs des problématiques prioritaires du Programme quinquennal 2004-2008 sont transversales et se retrouvent induites dans les thématiques qui se retrouvent dans les priorités définies par la Ministre.
C’est le cas de «la promotion de l’activité physique» qui joue un rôle dans «la promotion de la santé cardio-vasculaire», de «la promotion du bien-être et de la santé mentale» et de «la promotion d’un environnement sain» qui sont des conditions de base au développement de l’état de santé des individus et se retrouve donc aussi dans des programmes de prévention plus thématiques.
La « promotion de la santé de la petite enfance », si elle ne fait pas l’objet de mesures particulières dans le PCO, est induite dans les différents thèmes abordés puisque les enfants constituent un des publics-cibles en promotion de la santé.
D’autre part, ces choix sont justifiés de manières diverses:
– soit que la prévalence de ces pathologies est telle qu’il devient évident qu’elles deviennent des priorités de santé publique: c’est le cas pour les maladies cardio-vasculaires et la prévention des cancers;
– soit qu’il faille en optimiser le fonctionnement ou encore qu’il faille s’assurer de la bonne adéquation entre le budget consenti et l’efficacité du programme existant.
Un argumentaire situe chaque problématique (contexte mondial, européen et belge, épidémiologie, données disponibles, etc.). Les enjeux et contraintes de l’approche de prévention font l’objet d’une analyse. Enfin, des objectifs plus spécifiques sont déclinés.
Il faut toutefois noter les limites de l’exercice: si les différents niveaux d’objectifs sont bien décrits, les actions spécifiques, les calendriers de mise en place des interventions, les affectations de budgets ne sont pas précisés.
1 – La prévention des cancers
A l’intérieur de cette vaste problématique, le PCO met en évidence le programme de dépistage du cancer du sein chez les femmes âgées de 50 à 69 ans.
L’objectif général du dépistage du cancer du sein est d’augmenter le nombre de cancers du sein détectés, de diminuer la proportion de cancers avancés, de limiter le nombre de cancers in situ. Pour ce faire, il est essentiel de susciter l’adhésion maximale des femmes et des professionnels de la santé à la nécessité d’un dépistage du cancer du sein. D’une manière plus générale, il faut favoriser une culture de la santé en développant les connaissances et la motivation des femmes et des soignants sur l’importance d’un dépistage du cancer du sein.
2 – La promotion et l’implantation de la vaccination
La finalité de ce programme est de réduire la mortalité et la morbidité des maladies infectieuses évitables par la vaccination, en suscitant l’adhésion maximale de la population et des professionnels de la santé aux recommandations vaccinales adoptées par la Communauté française. Celle-ci s’attachera à privilégier les populations fragilisées et migrantes en assurant la gratuité des vaccins de l’enfance, la disponibilité des doses mais aussi en permettant le libre choix du vaccinateur. Un bilan régulier des vaccinations ainsi que l’évaluation scientifique du programme garantira la conduite et la continuité de celui-ci.
3 – La prévention du sida et des MST
L’objectif principal est de maintenir un faible taux de personnes infectées et de réduire l’incidence du VIH et des IST pour les personnes «fragilisées» (migrants, séropositifs, homosexuels, drogués par injection et prostitués). Comment? En mettant à disposition des outils de prévention adaptés, mais aussi en identifiant des personnes et institutions-relais pour des actions préventives, enfin en assurant la promotion de dépistages adéquats.
4 – La lutte contre la tuberculose
La Communauté française par son action de prévention vise à diminuer l’incidence de la maladie. Elle est chargée plus particulièrement des aspects de socioprophylaxie de la tuberculose, de définir les groupes à risque, d’organiser le dépistage et enfin de surveiller l’épidémiologie de la maladie.
5 – La prévention des traumatismes et la promotion de la sécurité
Ce programme vise à diminuer la mortalité et la morbidité liées aux traumatismes. Ce but pourra être atteint:
-en provoquant l’adhésion maximale de la population et des professionnels aux recommandations de prévention des traumatismes et de promotion de la santé en matière de sécurité;
-en développant la connaissance et la motivation des enfants, des jeunes, des personnes âgées et du grand public vis-à-vis des mesures de protection passives, de prévention des accidents et de promotion de la sécurité.
6 – La promotion de la santé cardio-vasculaire
Pour contribuer à prévenir la mortalité et la morbidité liées aux maladies cardio-vasculaires, il est cohérent de promouvoir une alimentation équilibrée, la pratique d’une activité physique, de prévenir le tabagisme et ce, dès le plus jeune âge. Il convient de s’ancrer dans des politiques existantes telle la politique de promotion des habitudes saines sur les plans alimentaire et physique, mais aussi de s’adapter finement à chaque public cible.
Cette problématique doit être à l’ordre du jour pour tous les âges: de la petite enfance avec l’ONE aux adultes par des campagnes médiatiques et par une collaboration transversale des différents intervenants santé, en passant par les enfants et la famille via l’école.
7 – La prévention des assuétudes
Dans une optique de promotion de la santé, la prévention a surtout pour but d’aider les sujets à trouver les ressources pour affronter les problèmes de vie, à comprendre le sens et les enjeux des questions qui se posent à eux, à faire des choix personnels en tenant compte du contexte social. Cette prévention a donc une visée fondamentalement éducative.
Elle n’est pas axée principalement sur la connaissance des produits. Elle privilégie l’analyse des représentations sociales et la compréhension des comportements liés aux produits: abstention, consommation récréative, abus, dépendance… Elle vise à ce que chacun puisse se situer par rapport à la consommation, problématique ou non, de produits illicites ou non. Ce travail se fait en concertation avec la Région wallonne et la COCOF bruxelloise puisque les préventions secondaires et tertiaires leur ont été transférées.
Le Plan communautaire opérationnel en pratique
Vous souhaitez mener un projet d’action dans le cadre des priorités privilégiées par la Communauté française? Vous cherchez des partenariats ou un financement?
Vous pouvez contacter le Centre local de promotion de la santé (CLPS) de votre arrondissement pour plus d’informations ou une aide méthodologique (3).
Vous cherchez des données (documentaires, épidémiologiques…), vous souhaitez communiquer, travailler avec des Services PSE
Vous pouvez contacter un des Services communautaires de promotion de la santé, en fonction de leurs spécificités, pour une aide méthodologique ou logistique.
La Direction de la promotion de la santé de la Direction générale de la Santé peut également répondre à vos questions. Courriel: promotion.sante@cfwb.be. Internet: http://www.sante.cfwb.be . Vous trouverez notamment sur ce site les textes complets du Programme quinquennal 2004 – 2008 (28 pages) et du Plan communautaire opérationnel (47 pages).
Les Services de promotion de la santé à l’école
Une médecine scolaire avec des missions mieux adaptées à l’épanouissement des enfants et aux écoles d’aujourd’hui
Jusqu’en juin 2002, la médecine scolaire était organisée sous le nom d’Inspection Médicale Scolaire (ou IMS). La Communauté française a adopté un décret Promotion de la santé à l’école qui actualise les missions des anciens services d’IMS. Ces équipes s’appellent maintenant “ Services de la promotion de la santé à l’école ” ou “Services PSE”.
Ce décret traduit une approche plus large de la santé. Car être en bonne santé, ce n’est pas seulement ne pas être malade. Le bien-être de l’enfant dépend de la manière dont il vit avec ses amis, ses parents, ses enseignants, dans son quartier et son école. Le décret veut soutenir les approches collectives en faveur d’un environnement scolaire agréable et respectueux de chacun, où l’on peut échanger, communiquer, se sentir bien.
En résumé, le Service PSE peut:
-proposer des bilans de santé et les vaccinations de base recommandées aux élèves;
-gérer les situations liées à l’apparition de maladies infectieuses dans l’école;
-promouvoir des actions en faveur de la santé dans l’école.
Examens médicaux et vaccinations
Des bilans de santé sont proposés à tous les enfants à certains moments de leur scolarité: en 1ère et 3ème maternelle; en 2ème, 4ème et 6ème primaire; tous les 2 ans en secondaire, à partir de la 1ère accueil. Un bilan est également prévu l’année d’entrée dans une Ecole supérieure.
Ces moments de rencontre avec le médecin scolaire permettent de dépister certaines maladies touchant les enfants et les adolescents et de proposer les vaccinations recommandées.
Un rapport est adressé aux parents, à qui il est conseillé, si nécessaire, de consulter le médecin traitant de l’enfant.
Gérer les situations liées à l’apparition de maladies infectieuses dans l’école
Le Service PSE est en charge de la prévention de la transmission des maladies infectieuses au sein de l’école.
En début d’année scolaire, les parents reçoivent de la direction de l’école une liste de maladies transmissibles ainsi qu’un certificat médical type. Le médecin traitant d’un élève, lorsqu’il diagnostique une des maladies de la liste des maladies transmissibles, informera à l’aide de ce document, dans le respect du secret médical, le médecin responsable de l’école. Celui-ci prendra les mesures utiles pour éviter ou réduire le risque d’une épidémie au sein de l’école.
Trois affections exigent que l’on prenne des mesures de protection immédiates: la diphtérie, les infections à méningocoques (dont la méningite) et la poliomyélite. Chacune de ces infections constitue une urgence sanitaire à communiquer dans les 24 heures à la Direction d’école, qui avertira le Service PSE et/ou le Centre PMS de la Communauté française. Pour réagir à ces urgences sanitaires, chaque Centre ou Service PSE s’organise pour prendre les mesures adéquates dans les plus brefs délais.
Promouvoir des actions en faveur de la santé dans l’école
L’enfant, comme l’enseignant, passe beaucoup de son temps à l’école. Le bien-être et la santé de l’enfant passent donc par l’agrément et la qualité de ce milieu de vie. Il est inutile de souligner l’importance d’un bon climat de relations entre les enfants, et entre ceux-ci et leurs enseignants. Une attention doit aussi être portée aux locaux, de la cantine aux toilettes en passant par les classes, la cour de récréation, la salle des professeurs. Il faut veiller à ce que ces lieux soient accueillants, sûrs, propres. Les abords des écoles nécessitent une égale vigilance.
Le Service PSE a reçu pour mission d’inciter à l’amélioration de la qualité de vie et du bien-être à l’école, dans le respect des différences de chacun.
Ce résumé du Plan communautaire opérationnel a été réalisé avec la collaboration d’Anne Boucquiau (Cabinet Ministre de la Santé), Roger Lonfils (DG santé) et Patrick Trefois (Question Santé)
(1) Par promotion de la santé, il faut entendre le processus qui vise à permettre à l’individu et à la collectivité d’agir sur les facteurs déterminants de la santé, et, ce faisant, d’améliorer celle-ci, en privilégiant l’engagement de la population dans une prise en charge collective et solidaire de la vie quotidienne, alliant choix personnel et responsabilité sociale. La promotion de la santé vise à améliorer le bien-être de la population en mobilisant de façon concertée l’ensemble des politiques publiques (décret du 14 juillet 1997).
(2) Dans Promotion de la santé et médecine préventive. Plan Communautaire Opérationnel.
(3) Voir le document encarté dans ce numéro.