En Belgique, durant la période 2004-2005, 56% des femmes âgées de 50 à 69 ans ont réalisé une mammographie: 31% par mammographie diagnostique et 25% par mammotest dans le cadre du programme organisé. Après une forte progression lors du 1er tour du programme national, le nombre de femmes dépistées évolue lentement. Les écarts entre les groupes d’âge et entre les catégories socio-économiques se réduisent.
Le Programme national de dépistage du cancer du sein donne, tous les 2 ans, à toutes les femmes de 50 à 69 ans l’occasion d’être dépistées gratuitement par un mammotest. Celui-ci répond aux normes de qualité de l’Europe contre le cancer : l’équipement est soumis à des contrôles stricts de qualité et le mammotest fait l’objet d’une deuxième lecture par un radiologue indépendant.
L’objectif du programme est d’alléger le traitement des tumeurs diagnostiquées à un stade précoce et, bien sûr, de diminuer la mortalité par cancer du sein.
L’Agence intermutualiste fait, chaque année, une évaluation de ce programme de dépistage (1). Elle vient de publier son cinquième rapport.
Lente amélioration de la couverture
L’étude porte sur les périodes 2002-2003 et 2004-2005, qui représentent les premier et deuxième tours complets en Flandre, où le programme a débuté en juin 2001 et le premier tour complet et le deuxième tour partiel en Wallonie et à Bruxelles, où le programme a débuté en été 2002. La participation au cours de ces deux périodes est également confrontée à la situation belge avant dépistage (2000-2001) où prévalait une pratique de dépistage «spontané» via mammographie diagnostique.
Après une forte progression de 43% à 54% au cours du premier tour du programme, le pourcentage de femmes examinées par mammotest ou par mammographie diagnostique évolue plus lentement lors du second tour et atteint 56% en 2004-2005. A l’issue du second tour, 25% des femmes sont dépistées par mammotest en Belgique. La participation au programme de dépistage par mammotest: est donc encore trop loin de l’objectif de 75% de couverture.
Toutefois, comme le montre le tableau ci-dessous, la situation belge est loin d’être homogène et diffère d’une région à l’autre, au vu de la culture de dépistage spontané préexistante au programme.
A Couverture par mammotest – B Couverture par mammographie diagnostique – C Couverture totale
A 2000 – 2001 | A 2002 – 2003 | A 2004 – 2005 | B 2000 – 2001 | B 2002 – 2003 | B 2004 – 2005 | C 2000 – 2001 | C 2002 – 2003 | C 2004 – 2005 | |
Bruxelles | 0,3% | 3,3% | 6,6% | 48% | 47% | 45% | 48% | 50% | 52% |
Flandre | 7,5% | 33% | 37% | 33% | 22% | 21% | 40% | 54% | 58% |
Wallonie | 0,0% | 6,5% | 8,8% | 47% | 47% | 46% | 47% | 54% | 55% |
Belgique | 4,5% | 22% | 25% | 39% | 32% | 31% | 43% | 54% | 56% |
Source: AIM, septembre 2007
En Flandre, après une implantation rapide du programme au premier tour, la progression est ralentie au second. La participation au programme atteint 37%. La moitié des femmes régulièrement examinées au premier et au second tour le sont grâce au mammotest et sont fidélisées au programme.
En Wallonie et à Bruxelles, la couverture totale reste essentiellement due au dépistage spontané. Le programme connaît une implantation difficile, avec au second tour une participation de 8,8% en Wallonie et 6,6% à Bruxelles.
Ce lent démarrage du programme s’explique entre autres par le fait que près de la moitié des femmes âgées de 50 à 69 ans pratiquaient déjà auparavant le dépistage spontané par mammographie diagnostique. Des problèmes techniques empêchant l’envoi des invitations en Wallonie et à Bruxelles ainsi qu’un manque d’adhésion au programme de certains médecins peuvent également expliquer pour une part cette faible couverture par mammotest.
Bilan en demi-teinte
Au rayon des bonnes nouvelles, un meilleur accès à la mammographie. Le programme de dépistage sensibilise les catégories de femmes qui se soumettaient peu au dépistage spontané avant le programme: les femmes plus âgées et les femmes précarisées.
Le nombre de mises au point complémentaires après mammotest suit les recommandations européennes. Le pourcentage de mammotests suivis d’au moins un examen sénologique complémentaire passe de 7,4% en 2004 à 5,5% en 2005.
Les délais de mise au point du mammotest s’améliorent mais restent trop longs. En 2005, 25% des mammographies diagnostiques complémentaires au mammotest sont effectuées dans le délai acceptable de 20 jours ouvrables. La moitié le sont dans les 37 jours.
Beaucoup trop de mammographies diagnostiques sont suivies d’une échographie. Le pourcentage d’examens mammographiques diagnostiques suivis d’examens d’imagerie médicale reste excessivement élevé: 83%. La question de l’avantage financier dont pourraient bénéficier les médecins en optant pour le bilan sénologique plutôt que pour le dépistage organisé est posée. En effet, il persiste un écart important entre les honoraires pour un bilan sénologique et les honoraires liés au mammotest, écart défavorable à ce dernier.
Du pain sur la planche
Une étude approfondie des freins à la participation au programme est nécessaire. La substitution de la mammographie diagnostique par le mammotest rencontre de nombreux freins. Il en est de même pour la sensibilisation et le recrutement des femmes qui ne sont pas encore examinées. Méconnaissance du programme et de ses avantages, habitudes et réticences des prescripteurs et des femmes, freins organisationnels et pécuniaires n’y sont pas étrangers.
Il faut continuer à améliorer la performance du programme. Cela peut se faire par l’augmentation de la couverture et notamment par la réduction des délais pour les rendez-vous, pour la communication des résultats et des éventuelles mises au point qui s’imposent.
Le défi majeur du programme reste de convaincre l’ensemble des femmes de 50 à 69 ans de l’intérêt de bénéficier du dépistage (2) mais également d’en persuader le corps médical.
D’après un communiqué de l’Agence intermutualiste
Le rapport complet ‘Programme de dépistage du cancer du sein – périodes 2002-2003 et 2004-2005’ (42 pages) est disponible sur le site http://www.cin-aim.be .
(1)Voir Education Santé n° 193 (septembre 2004), 205 (octobre 2005) et 217 (novembre 2006). Articles consultables sur notre site http://www.educationsante.be
(2)La campagne radiodiffusée de promotion du programme repasse en radio et en TV d’octobre 2007 à avril 2008 pour la Communauté française.