Test-Achats vient de publier dans Test Santé les résultats d’une enquête sur le suicide. Il en ressort notamment que l’idée que l’on se fait du phénomène est souvent différente de la réalité. Beaucoup trop de préjugés circulent sur le sujet, alors qu’une conception correcte est importante en vue de la prévention. Par ailleurs, l’enquête démontre que la prévention et le suivi après une tentative de suicide sont nettement insuffisants.
Le suicide dans notre pays: un phénomène sous-estimé?
En Belgique, on compte chaque année plus de morts par suicide que de victimes de la route. Il va de soi qu’un tel drame touche automatiquement une série d’autres personnes, la famille ou des amis. Les chiffres sont en constante augmentation à tel point que le suicide est la première cause de mortalité chez les hommes de 25 à 45 ans et la deuxième chez les jeunes de 15 à 25 ans.
Test Santé a voulu évaluer la perception du phénomène et a voulu savoir dans quelle mesure les personnes interrogées pensaient elles-mêmes au suicide, si elles avaient déjà attenté à leurs jours et à qui elles s’étaient éventuellement adressées afin de surmonter cette crise. L’enquête a été menée dans 4 pays: la Belgique, l’Italie, le Portugal et l’Espagne. Au total, 13.356 personnes ont participé à l’enquête, dont 2.034 Belges.
Idées suicidaires et tentatives
19 % des Belges ont déclaré avoir pensé au suicide au cours de l’année écoulée, souvent même plusieurs fois. Bien sûr, ces idées suicidaires n’aboutissent pas toujours à une tentative de suicide. Dans 42 % des cas, les personnes qui pensaient souvent au suicide n’en ont pas parlé autour d’elles. Aborder le sujet reste manifestement très difficile. Il est clair que le suicide n’a pas encore perdu son statut de sujet tabou. Seules 20 % des personnes interrogées se trouvant dans la situation ont fait appel à un soutien professionnel, la plupart du temps un psychologue, un psychiatre et/ou un médecin généraliste.
Suivi insuffisant
10% des Belges interrogés ont déjà fait au moins une tentative de suicide. Parmi celles-ci, 32 déclarent ne pas avoir fait appel à un professionnel de la santé après leur tentative. C’est inquiétant ! Celui qui essaie de se donner la mort devrait au moins suivre par après un traitement psychologique court et intensif, en vue de désamorcer la situation de crise aiguë. Moins d’un quart des personnes ayant voulu mourir ont suivi ensuite une psychothérapie. On ne prescrit donc pas plus souvent la psychothérapie, en tant que traitement, que la simple intervention physique qu’est le lavage d’estomac (après l’absorption de médicaments). Au bout d’un certain temps, presque 70 des personnes ayant suivi une psychothérapie ont arrêté ce traitement car elles n’avaient plus, d’après elles, d’idées suicidaires. Ce chiffre en soi plaide en faveur de la prévention du suicide.
Trop d’idées fausses
L’enquête révèle également les très nombreuses fausses idées que la population se fait sur le suicide et sur les mécanismes qui peuvent amener une personne à se suicider. Ces idées fausses doivent être combattues car tous, un jour ou l’autre, nous serons amenés à rencontrer une personne qui envisage de mettre fin à ses jours. A titre d’exemple, les idées préconçues erronées suivantes circulent sur le suicide:
Pour 51 % des personnes interrogées, les tentatives de suicide ont principalement pour but d’attirer l’attention . C’est une erreur de considérer une tentative de suicide comme une demande d’attention excessive. Toutes les tentatives de suicide doivent être prises au sérieux. Ces personnes ont besoin d’une oreille attentive et de l’aide d’un professionnel de la santé.
Pour 45 % des personnes interrogées, ceux qui ‘menacent’ de se suicider passent rarement à l’acte . Cette idée ne correspond pas non plus à la réalité. Des études scientifiques ont démontré que sur 10 personnes tentant de se suicider, 8 donnent l’un ou l’autre signal auparavant.
Pour 45 % des personnes interrogées, tout individu qui a eu un jour des idées suicidaires continuera à en avoir toute sa vie . De nombreuses études scientifiques et l’expérience clinique démontrent qu’une bonne partie des personnes qui suivent une psychothérapie après leur tentative de suicide se débarrassent définitivement de leur envie de mourir.
Plus de prévention et de suivi
,
surtout grâce à une aide professionnelle
Avoir un penchant pour les idées suicidaires est un problème complexe, qu’il vaut mieux confier à des personnes qui s’occupent, à titre professionnel, de ces questions. Les amis et la famille ne doivent pas se sentir obligés d’endosser seuls cette lourde responsabilité ni de jouer au sauveur. Les proches d’une personne suicidaire doivent surtout s’efforcer de détecter les signaux d’alerte, d’adopter le bon comportement quand la personne suicidaire exprime son envie de mourir et, probablement le plus important, de faire appel à temps à l’aide de professionnels de la santé.
Test Santé a publié un article plus complet sur la question dans son n° 58 d’octobre/novembre 2003
d’après un communiqué de Test-Achats