Avril 2013 Par Christian DE BOCK Données

Comme tous les 4 à 5 ans depuis 1997, l’Institut scientifique de santé publique (WIV-ISP) lance une nouvelle enquête de santé au sein de la population belge. Durant toute l’année 2013, les enquêteurs interrogeront plus de 10.000 personnes à travers le pays. L’enquête vise à apporter un éclairage sur l’état de santé des citoyens et à mieux connaître leurs besoins en la matière. Les résultats devraient permettre aux autorités de piloter une politique de santé plus proche des besoins et des attentes des citoyens.

6.000 ménages tirés au sort en Belgique

L’enquête, commanditée par le gouvernement fédéral, les Communautés et les Régions, vise à interroger 10.750 personnes à travers le pays. Elle a commencé en janvier 2013 et se poursuivra durant toute l’année. Environ 6.000 ménages (d’une ou plusieurs personnes) ont été tirés au sort dans 158 communes belges.

Cette enquête de grande envergure s’adresse à tous les citoyens, sans distinction d’âge, de nationalité ou d’état de santé. Tout ménage inscrit au Registre national est donc susceptible d’être sollicité pour participer à l’enquête.
Toutes les précautions d’usage ont été prises en matière de respect de la vie privée des personnes interrogées, la Commission pour la protection et le respect de la vie privée ayant d’ailleurs émis pas moins de 18 autorisations et recommandations avant le démarrage de l’enquête via ses comités sectoriels ‘Registre national’ et ‘Sécurité sociale – santé’.

Un baromètre de l’état de santé en Belgique

L’enquête, organisée tous les 4-5 ans, apporte un éclairage sur l’état de santé de la population en général et permet d’en savoir plus sur des thématiques spécifiques comme la consommation de médicaments, les habitudes en matière d’activité physique, l’influence du contexte socio-économique sur la santé, l’état de santé des seniors, etc.

Des résultats qui favorisent une politique de santé proche des citoyens

Les résultats permettent d’identifier les besoins de la population. Ils permettent aussi d’orienter les décisions en matière de politique de santé et d’en évaluer les effets. Les données obtenues peuvent conduire par exemple à mener des campagnes d’information, à adopter des mesures de prévention collective pour certaines maladies, à faciliter l’accès à certains traitements, à investir dans des secteurs d’aide et de soins à la population.

Concrètement, à quoi peut servir cette enquête ?

L’Enquête de santé 2008 a montré que de plus en plus de citoyens belges souffrent d’une maladie chronique (progression de 23,8 % en 2004 à 27,2 % en 2008). À l’initiative du gouvernement fédéral, un statut spécifique pour les personnes atteintes d’une affection chronique a été créé. Ce statut permettra notamment aux patients de bénéficier du tiers payant (ils ne devront plus avancer l’argent pour les soins de santé remboursés par la mutuelle).
L’Enquête de santé 2008 a montré aussi que les habitudes nutritionnelles ne sont pas idéales en Belgique (par exemple, seulement un tiers de la population mange les quantités de fruits recommandées par jour). À l’initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles, un cahier spécial des charges de référence sur l’alimentation saine et durable a été mis à disposition des écoles maternelles, primaires et secondaires ainsi que des centres de vacances afin de les inciter à proposer des repas de midi plus équilibrés. La Flandre suit également ces objectifs ‘santé’ puisqu’elle a lancé un plan d’action pour inciter les gens à manger plus sainement et à bouger davantage, la campagne ‘Goed in je vel, dat voelt beter’ ( http://www.datvoeltbeter.be ).

Grâce à un long travail de standardisation, auquel la Belgique a participé activement, les méthodes utilisées dans le cadre de ce genre d’enquête ont été harmonisées au niveau européen. Les résultats de l’enquête belge de 2013 pourront donc être mis en perspective avec d’autres pays membres de l’Union européenne.

Dans la pratique…

Si un ménage est tiré au sort, il reçoit une invitation officielle expliquant les objectifs et le déroulement de l’enquête. Ensuite, un enquêteur ou une enquêtrice agréé(e) prendra contact avec le ménage afin de convenir d’un rendez-vous pour une interview à domicile. Pour effectuer ces interviews, le WIV-ISP fait appel à la Direction générale statistique et information économique (DGSIE) du SPF Économie.

Les informations sont recueillies de deux manières, en face à face et au moyen d’un questionnaire auto-administré.
L’entretien en face à face assisté par ordinateur auprès de chaque personne sélectionnée dans le ménage comprend des questions relatives à l’état de santé, à la consultation auprès des prestataires de soins, à la consommation de médicaments, et aux caractéristiques socio-économiques du répondant. Certaines questions qui se rapportent au ménage comme la taille du ménage ou les revenus globaux sont adressées uniquement à la personne de référence ou son partenaire. Si certaines personnes ne peuvent répondre elles-mêmes aux questions, par exemple des enfants ou des personnes trop affaiblies, une autre personne du ménage répond à leur place, par procuration.

Le questionnaire auto-administré est rempli directement par les participants âgés de quinze ans et plus. Ce questionnaire n’est pas validé pour les individus plus jeunes. Il comprend des thématiques plus sensibles ou privées, comme par exemple les problèmes de santé mentale, la consommation d’alcool, de tabac ou de drogues, les connaissances en matière de protection contre le virus du sida, etc.

À la fin de l’interview, les enquêteurs demandent aux répondants s’ils veulent être recontactés pour participer à une enquête supplémentaire organisée par une cellule interuniversitaire regroupant les facultés de médecine dentaire belges. Cette enquête vise à évaluer la santé bucco-dentaire de la population belge pour proposer des recommandations en matière de politique de santé dentaire.

Une participation volontaire

Tout à fait volontaire, la participation des ménages à cette enquête est très importante: pas seulement pour la production de résultats pertinents mais aussi pour chaque ménage participant. Ces données permettront le développement de politiques de santé proches des besoins réels des gens.

Résultats

Attention, comme toute enquête de population, les données recueillies sont déclaratives, c’est-à-dire basées sur le questionnement direct des personnes. Elles sont à ce titre empreintes d’une certaine incertitude (oubli, erreur, interprétation, exagération, désirabilité sociale, etc.). Il existe d’ailleurs des projets pour compléter ces données collectées via des interviews par des examens objectifs comme la mesure de la tension artérielle, du poids et de la taille, une prise de sang pour vérifier le taux de cholestérol…

De plus, l’échantillon final n’est pas une réplique exacte de la population générale dans son entièreté. Les personnes institutionnalisées ou vivant en grandes communautés ne sont pas représentées, de même que les SDF, les clandestins, les réfugiés et autres personnes qui ne figurent pas dans le Registre national. Par ailleurs, parmi les individus invités à participer à l’enquête, les plus malades, les plus âgés, les plus occupés ou les plus démunis ont souvent tendance à refuser l’enquête. Il faut donc rester prudent dans l’interprétation des résultats.
Une fois récoltées, les données seront analysées par le WIV-ISP qui en fera rapport aux autorités fédérales, régionales et communautaires. Les premiers résultats de l’Enquête 2013 seront disponibles à la fin de l’année 2014.

Vous pouvez trouver des informations supplémentaires et les résultats des enquêtes précédentes sur le site web du WIV-ISP à l’adresse: http://www.enquetesante.be.

(1) Voir C. De Bock, ‘Que mange-t-on ce midi à la cantine scolaire?’, Éducation Santé n° 285 , janvier 2013, p. 10 et 11.