Juillet 2010 Par F. LAANAN Initiatives

La Ministre de la Santé Fadila Laanan le rappelait encore récemment dans nos colonnes, elle poursuivra dans le futur la politique de promotion des attitudes saines lancée sous la précédente législature, en collaboration avec sa collègue responsable de l’Enseignement, Marie Dominique Simonet .
Vous trouverez ci-dessous de larges extraits de son allocution à l’occasion de la remise des labels MangerBouger 2010 , qui encouragent les écoles mettant en œuvre des projets poursuivant les mêmes objectifs.

La promotion des attitudes saines au menu des prochaines années

Pour ne parler que de l’obésité, le Belge est, en moyenne, trop gros. Presque la moitié de la population présente une surcharge pondérale et un jeune de 2 à 17 ans sur cinq se trouve déjà en surcharge pondérale.
D’après l’«Enquête de santé par interview» de 2008 qui vient de publier son premier rapport, l’indice de masse corporelle moyen et le pourcentage de surpoids chez les adultes ont augmenté linéairement depuis 1997.
Comme vous le savez, l’obésité est fortement liée au mode de vie. Les régimes alimentaires déséquilibrés et le manque d’activité physique sont des facteurs de risque sur lesquels nous pouvons et nous devons agir en tant que pouvoirs et services publics.
Mais ce n’est pas tout.
Il faut savoir que ce qui permet le mieux à nos concitoyens de préserver une bonne santé, c’est:
-de disposer de revenus suffisants pour avoir accès à un logement adapté aux besoins de la famille;
-de pouvoir se nourrir correctement (fruits et légumes, meilleurs pour la santé, remplissent cependant moins bien un estomac que graisses et féculents);
-d’avoir le sentiment d’être «maître de sa vie et de ses choix»;
-de pouvoir offrir un réel avenir à ses enfants;
-d’avoir accès à des loisirs diversifiés…
Une fois ces réalités identifiées, il devient évident qu’une stratégie intersectorielle est primordiale en promotion de la santé, ceci afin de mettre en place des actions efficaces à long terme.

Le rôle essentiel de l’école

Il est reconnu internationalement que le gradient le plus important en matière de santé, c’est le niveau scolaire. Plus une personne sera scolarisée, plus elle aura de «chances» d’être en bonne santé.
L’école constitue un milieu de vie privilégié pour favoriser l’apprentissage, pour mettre en place un processus de réflexion et une dynamique sur la santé, ainsi que pour offrir des outils utiles.
Les labels MangerBouger de la Communauté française constituent un bel exemple concret de sensibilisation à l’alimentation saine et équilibrée et à l’activité physique en milieu scolaire. Les actions et les dynamiques mises en place dans de nombreuses écoles ont impliqué les enfants, les parents, les enseignants, les éducateurs, mais aussi les différents partenaires que sont les services de promotion de la santé des écoles concernées (PSE), les centres psycho-médico-sociaux (CPMS), ainsi que des acteurs du secteur non-marchand.
Je tiens, ici, à souligner le rôle essentiel des PSE et CPMS dans la mise en œuvre de tels projets relatifs aux attitudes saines dans les écoles. Ce sont des services de première ligne indispensables, qui connaissent bien leur population scolaire, qui bénéficient de contacts privilégiés avec les écoles et qui disposent d’une longue expérience en promotion de la santé à l’école. Parmi leurs missions figurent, d’ailleurs, la réalisation d’un «projet de Service de promotion de la santé à l’école» et l’accomplissement des bilans de santé.
Je voudrais aussi relever l’effort réalisé, en matière d’attitudes saines, pour impliquer tous ces intervenants. Cette démarche de concertation et d’implication est essentielle.

L’action de la Communauté française

Sous la précédente législature, la Communauté française a développé un plan «attitudes saines». Il se déclinait en plusieurs axes, dont la promotion des attitudes saines dans les écoles, avec notamment les labels «alimentation saine».
En outre, le Programme quinquennal de promotion de la santé et son Plan communautaire opérationnel comptent la promotion des attitudes saines en matière d’alimentation et d’exercice physique parmi leurs thématiques prioritaires.

Les labels mangerbouger 2010

Le 19 mars 2010, un label MangerBouger a récompensé pour la troisième année consécutive les écoles actives dans le développement de projets d’alimentation saine et d’activité physique.
Ce qui motive les écoles c’est une reconnaissance des efforts fournis par l’équipe mais aussi un fleuron pour l’établissement à l’heure où les parents sont de plus en plus soucieux de l’offre alimentaire proposée par l’école et de sa cohérence avec des objectifs pédagogique, éthique et écologique.
Septante implantations scolaires ont remis un dossier de candidature, et cinquante-deux ont reçu le label. Les lauréats ne sont pas répartis dans les mêmes proportions que les populations desservies selon les provinces. Par exemple, seulement deux écoles bruxelloises ont été retenues. La palme revient aux établissements scolaires du Hainaut, qui représentent une petite moitié des écoles labellisées!
Le dossier de candidature les invitait à détailler les actions entreprises, comment elles s’intégraient dans le projet d’établissement mais aussi à réaliser un cadastre complet de l’offre alimentaire proposée par l’école et de préciser le cadre dans lequel sont pris les repas. Une attention toute particulière a été apportée à l’accès à l’eau de distribution et à la présence (ou de préférence l’absence!) de distributeurs de snacks sucrés et salés.
La deuxième partie du dossier portait sur l’activité physique: quelles sont les actions menées pendant les cours et durant le temps libre et l’accès à celles-ci ainsi que l’équipement de la cour de récréation.
Le dossier interrogeait aussi l’établissement sur les partenariats qu’il avait pu tisser afin d’améliorer l’alimentation et/ou l’activité physique. Les partenaires suggérés sont un service PSE, un centre PMS, un CLPS, une école de devoir, une association de parents, le conseil de participation etc.
Un autre aspect développé est le respect de l’article 41 du Pacte scolaire («Toute activité et propagande politique ainsi que toute activité commerciale sont interdites dans les établissements organisés par les personnes publiques et dans les établissements d’enseignement libre subventionnés»). Ce sont les activités commerciales qui sont ici visées.
Le label est accordé pour une année, renouvelable lors du prochain appel à candidatures.
Vous trouverez la liste des lauréats à l’adresse http://www.mangerbouger.be/Label-mangerbouger-2010

C’est dans ce cadre que sont subventionnés des projets de promotion de la santé, tels que les outils «Carnets de voyage» ou encore «En rang d’oignons», réalisés pour les enseignants des classes maternelles et primaires. Ils proposent une multitude d’idées pour aborder l’alimentation saine de manière ludique.
De manière plus générale, la Communauté française contribue au Plan national nutrition santé, qui a pour objectif de lutter contre les désordres physiologiques liés à une alimentation inappropriée et à un manque d’activité physique.
Enfin, le dispositif de promotion de la santé en Communauté française permet aux organismes qui le souhaitent d’obtenir de l’aide gratuitement pour concevoir et mettre en place leurs projets de promotion de la santé.

Perspectives

Les actions mises en place pour favoriser les attitudes saines dans les établissements scolaires sont nécessaires et utiles.
Citons, notamment:
-la création d’ateliers de discussion avec les enfants, les parents et le personnel scolaire;
-les cours pratiques de cuisine adaptés aux habitudes alimentaires;
-l’augmentation du nombre d’heures d’éducation physique;
-l’instauration d’une collation soupe ou fruit à 10 heures.
L’école constitue un modèle important dans ce qu’elle propose comme boissons et aliments à nos jeunes, que ce soit via les distributeurs installés dans ses murs ou via les cantines scolaires.
Pour ces dernières, améliorer la qualité des repas passe par une sélection des produits, une attention à la technique culinaire, un respect de l’équilibre alimentaire. Mais il faut également y être attentif au coût des repas, qui doivent rester accessibles à tout le monde.
Il faut par ailleurs améliorer la formation du personnel; restaurer l’image des cantines pour optimaliser leur fréquentation; rendre le cadre convivial et attrayant; faire participer les enfants à l’élaboration des repas; promouvoir l’éducation au goût.
Il faut, enfin, veiller à ce que la cantine soit un lieu calme, confortable, de détente, avec un temps de repas suffisant.
C’est dans cette logique que je m’inscris et que s’inscrit le gouvernement de la Communauté française.
La Déclaration de politique communautaire prévoit d’ailleurs, pour ces matières:
-de poursuivre la politique de promotion des attitudes saines en matière d’alimentation et d’activité physique, en tenant compte de l’évaluation réalisée, en cohérence avec le Plan National Nutrition Santé;
-de construire un programme relatif au contexte et au contenu alimentaire des collectivités (cahier des charges, type de produits, qualité du lieu…).
Tous ces éléments montrent combien il est important de continuer à soutenir une approche coordonnée et concertée entre tous les acteurs du milieu scolaire et tous les secteurs concernés: l’enseignement, la santé, sans oublier les parents et les enfants.
De nombreuses actions de promotion de l’alimentation saine sont déjà en cours dans les établissements scolaires grâce à la prise de conscience et au dynamisme des équipes éducatives et à leur partenariat avec les équipes PSE/PMS.
J’entends valoriser ces actions et j’entends renforcer le dispositif «facilitateur», ceci afin d’appuyer positivement ces démarches et de donner un support opérationnel et didactique aux équipes éducatives, pour travailler dans une optique participative et partenariale au sein des écoles.
Fadila Laanan