L’organisation non gouvernementale a déposé le 10 février 2015 une opposition au brevet sur le sofosbuvir auprès de l’Office Européen des Brevets (OEB). Ce médicament contre l’hépatite C est vendu à un prix exorbitant : en Belgique, un traitement de 12 semaines coûte 57.000 euros et n’est pas toujours remboursé.
Selon Médecins du Monde, la molécule n’est pas assez innovante pour mériter un brevet. En cas de succès de ce recours juridique, des versions génériques bien moins coûteuses pourront apparaître sur le marché.
«Même la sécurité sociale d’un pays ‘riche’ comme la Belgique ne pourra satisfaire à toute la demande», s’inquiète Pierre Verbeeren, Directeur Général de Médecins du Monde. «C’est la raison pour laquelle nous avons déposé une opposition au brevet sur le sofosbuvir auprès de l’Office Européen des Brevets. Nous devons veiller à ce que ce traitement soit disponible dans sa forme générique, pour tous les patients.»
Depuis de nombreux mois, avec d’autres associations, Médecins du Monde alerte sur les problèmes posés par le prix des nouveaux traitements contre l’hépatite C et particulièrement du sofosbuvir. Le laboratoire Gilead commercialise 12 semaines de traitement à des prix exorbitants, qui entravent l’accès de nombreux patients à ce médicament: 41 000 euros en France, 44 000 euros au Royaume-Uni et 57 000 euros en Belgique, alors que le coût de production ne revient qu’à une centaine d’euros !
En cas de succès de cette opposition au brevet, la mise en compétition du sofosbuvir avec des versions génériques, bien moins chères, serait ouverte. C’est la première fois en Europe qu’une ONG médicale utilise cette voie pour améliorer l’accès des patients aux médicaments.
Le Dr Jerry Wérenne, expert sur les questions relatives à l’hépatite C, précise : «On sait que 80 % des nouvelles contaminations surviennent au sein de publics multi-fragilisés qui accèdent difficilement aux soins. Malheureusement, la construction des prix par les seuls marchés complique encore l’accès aux soins, en particulier pour ces patients qui devraient pourtant être une cible prioritaire en termes de santé publique.»
L’hépatite C est une maladie infectieuse du foie, lourde et complexe, qui fait chaque année 350.000 morts au niveau mondial. En Belgique, on compte 1500 nouveaux cas par an. Le traitement actuel a une forte toxicité et comporte de lourds effets secondaires. Mais sans traitement, la forme chronique de l’hépatite C entraîne de graves lésions du foie, le cancer et d’autres affections pouvant mettre la vie du patient en danger.
L’hépatite C se guérit. Médecins du Monde appelle donc à la mise en place d’une politique de santé publique audacieuse qui permette la mise sous traitement de tous les porteurs du virus afin d’éliminer cette maladie.