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Le 31 Oct 24

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Inactivité physique : les acteurs se mettent en ordre de marche 

Le 31 Oct 24

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Journées d’étude, publications, partenariats locaux, concertations à l’échelon fédéral. Les acteurs de l’activité physique du plat pays ne risquent pas d’avoir des fourmis dans les jambes. Le secteur se structure pour mettre en lumière l’effet protecteur de l’activité physique sur la santé et capitaliser sur des dispositifs innovants. 

Dans le monde, près de 1,8 milliard d’adultes sont exposés à un risque de maladie en raison d’un manque d’activité physique, soit un adulte sur trois selon les dernières estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). La Belgique ne fait pas exception, un.e Belge sur trois bouge suffisamment, selon Sciensano. 

Mais que signifie « bouger suffisamment » ? L’OMS recommande aux adultes de pratiquer chaque semaine 150 minutes d’activité physique modérée et 75 minutes d’activité physique intense, ou a minima d’atteindre 10 000 pas par jour. En Belgique, les hommes (36 %) sont plus nombreux à se conformer à ces recommandations que les femmes (25 %). Les habitants de Flandre (37 %) et les personnes ayant un diplôme de l’enseignement supérieur (38 %) aussi. 

Chez les plus jeunes, les chiffres sont alarmants : seulement un garçon sur cinq (20 %) et une fille sur huit (13 %) âgés de 11 à 18 ans satisfont aux recommandations de l’OMS. Pour un enfant, il est bon de consacrer 60 minutes par jour à une activité physique modérée à vigoureuse – progressivement à partir de l’âge de 7 ans. 

Certaines communes tentent de lever les freins financiers en proposant des chèques-sport revalorisés pour les filles. D’autres mobilisent leur CPAS pour organiser des activités sportives pour des publics éloignés de la pratique sportive. Depuis une dizaine d’années, de plus en plus d’acteurs font la promotion de l’activité physique en Belgique. 

Les initiatives se sont particulièrement structurées en milieu hospitalier dans le cadre des soins de support pour les personnes qui font face au cancer, notamment au sein des maisons de ressourcement. Pour rappel, la Fondation contre le cancer avait mené entre 2007 et 2018 le projet Raviva qui avait permis de remettre 15 000 personnes en mouvement (lire notre article).  

En Flandre, le projet européen (EUPAP) a aussi permis d’expérimenter le modèle suédois de prescription de l’activité physique. Les médecins généralistes peuvent ainsi prescrire à leurs patients un accompagnement avec un coach motivationnel qui va les inciter à reprendre une activité physique (adaptée ou non à une potentielle pathologie) et les amener à changer d’habitudes de vie. Ce projet pilote a convaincu le gouvernement flamand de légiférer en 2018 pour l’implémenter au niveau régional. 

En Wallonie, divers modèles coexistent : suédois, français ou suisse, et les initiatives sont très nombreuses, notamment en activité physique adaptée, sur prescription ou non. Toutes ces initiatives ont un socle commun : elles martèlent que l’inactivité physique et la sédentarité sont des facteurs de risque majeurs pour la santé. Mais qu’ils sont facilement modifiables. (Lire aussi l’interview de Léna Frateur, chargée de promotion de la santé et prévention, référente pour l’alimentation et l’activité physique au sein de l’AViQ Vers une harmonisation des pratiques ?)

Des astuces pour lutter contre la sédentarité 

« Le fait d’être assis plus de huit heures par jour (plus ou moins en continu) est un signe de sédentarité, même si on va faire deux heures de sport le week-end », explique ainsi Frédérique Bernard, kiné et experte en activité physique à la Fondation contre le Cancer. 

En Flandre, l’institut Gezond Leven a ainsi mis au point une pyramide de l’activité physique très didactique pour expliquer comment lutter au mieux contre la sédentarité. 

Le triangle de l'activité physique

  

Activité physique, sédentarité, activité physique adaptée (Selon la ligue cardiologique belge et l’ONAPS) 

La sédentarité : est définie comme étant l’absence de mouvement corporel, d’où une faible dépense énergétique (repos pendant le sommeil, position assise lors de la lecture, devant les écrans, etc.). 

Activité physique modérée  : exercices physiques d’intensité moyenne, praticables par la majorité d’entre nous sans compétence particulière : marche à pied ou marche rapide, natation ou cyclisme de loisirs, gymnastique douce, yoga, etc. 

Activité physique intense  : exercices physiques d’intensité élevée, correspondant à la pratique d’un sport : jogging, natation sportive, sports de balle (tennis, padel, badminton, basketball, volleyball…), aérobic, etc 

L’activité physique adaptée (APA) : joue un rôle crucial dans la promotion de la santé et du bien-être, particulièrement pour les personnes en situation de handicap ou souffrant de maladies chroniques. 

Un effet protecteur contre les maladies chroniques  

L’activité physique a un effet protecteur face à certains cancers (côlon, sein et endomètre) de manière certaine. Il est possible qu’elle réduise aussi le risque d’autres cancers (poumon, œsophage, foie, prostate, etc.), mais des études scientifiques sont encore nécessaires.  

Cet effet protecteur s’explique par plusieurs mécanismes :  

  • De façon directe : l’activité physique réduit le taux de certaines hormones (comme les œstrogènes) et de certains facteurs de croissance (comme l’insuline) qui favorisent le développement des cellules, y compris les cellules cancéreuses.  
  • De façon indirecte : l’activité physique favorise le contrôle du poids corporel. Elle aide à lutter contre l’obésité et le surpoids, qui sont associés à plusieurs types de cancer.  

L’AP a aussi un effet sur les maladies chroniques :   

  • Diabète de type 2 : l’exercice physique améliore la sensibilité à l’insuline et aide à maintenir des niveaux de sucre dans le sang plus stables. Cela peut réduire le risque de développer le diabète de type 2 chez les personnes prédisposées.  
  • Obésité : l’activité physique aide à brûler des calories et à maintenir un poids corporel sain.  
  • Ostéoporose : l’exercice régulier, en particulier les exercices de résistance et les activités de charge, peut stimuler la densité osseuse et réduire le risque d’ostéoporose, une maladie caractérisée par une faible densité osseuse et un risque plus grand de fractures  
  • Dépression et anxiété : l’activité physique libère des endorphines, des hormones de bien-être, qui peuvent améliorer l’humeur et réduire les symptômes de dépression et d’anxiété.  
  • Maladies respiratoires : l’exercice peut améliorer la fonction pulmonaire et renforcer les muscles respiratoires.  
  • Maladies neurodégénératives : des études suggèrent que l’exercice physique peut réduire le risque de maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson ou ralentir leur progression chez certaines personnes.  

Agir en promotion de la santé pour l’activité physique 

L’asbl Cultures & Santé a publié deux documents de référence sur l’Activité physique. Le plus récent est baptisé « Promouvoir l’activité physique et le mouvement : un enjeu pour la santé de toutes et tous » (mars 2024 Focus n°6). 

Ce dossier présente : 

  • des repères théoriques (des définitions, l’explicitation d’enjeux de santé et de société, des recommandations, les déterminants de l’activité physique et du mouvement, un focus sur trois facteurs d’inégalités), 
  • des leviers pour l’action (six balises générales et cinq leviers concrets), 
  • une grille réflexive, 
  • des ressources (organismes, outils, sites et articles) pour aller plus loin. 

Cultures & Santé avait également réalisé une revue de littérature scientifique en décembre 2022. Et elle organise un grand colloque au premier semestre 2025. 

Vers des politiques publiques favorables au développement de l’activité physique en Wallonie  

Depuis 2022, Sciensano anime un groupe d’experts sur l’activité physique sur prescription auquel participent des universitaires, des acteurs de terrain, des coachs et des représentants des pouvoirs publics. « Ce groupe permet de créer un continuum entre ce qui se passe au local, régional et national », explique la chercheuse Shérihane Bensemmane qui anime le réseau et a cartographié les initiatives dans le cadre de son doctorat. « Comme il n’existe pas de directive au niveau national, des programmes co-existent sur le territoire, ils sont parfois similaires, parfois complémentaires. Notre rôle est d’amener un savoir sur ce qui doit être soutenu, pérennisé et étendu pour idéalement : capitaliser ensuite sur l’existant, ça peut être une force ».  

A la demande de l’AVIQ, Sciensano va aussi intervenir comme centre d’expertise sur la thématique. L’institut va mener des études SWOT sur les programmes structurés existant en Wallonie. « On veut être un point d’appui, ajoute Fanny Pandolfi, pour définir les changements nécessaires, améliorer les systèmes, et les harmoniser si c’est pertinent ».  

Charte, appel et mobilisations pour le droit à l’activité physique 

Après l’appel de Toronto en 2010, c’était au tour de l’Unesco de publier en 2015, la Charte internationale de l’éducation physique, de l’activité physique et du sport. 

L’organisme rappelle en préambule que l’éducation physique, l’activité physique et le sport peuvent apporter toutes sortes de bienfaits individuels et sociaux, comme la santé, le développement social et économique, l’autonomisation des jeunes, la réconciliation et la paix. 

Article premier – La pratique de l’éducation physique, de l’activité physique et du sport est un droit fondamental pour tous. 

L’Article 2 rappelle les bienfaits de l’activité physique : 

1/ Développer la maîtrise, le bien-être, la santé, et les aptitudes physiques des participants en améliorant l’endurance, la force, la souplesse, la coordination, l’équilibre et le contrôle. Savoir nager est une compétence vitale pour quiconque est exposé à des risques de noyade. 

2/ Améliorer la santé mentale et le bien-être et les capacités psychologiques : 

– en renforçant l’assurance physique, l’estime de soi et l’efficacité personnelle, en atténuant le stress, l’anxiété et la dépression,  

– en développant les fonctions cognitives et en faisant acquérir un large éventail de compétences et de qualités, comme la coopération, la communication, le leadership, la discipline ou l’esprit d’équipe, qui sont des facteurs de succès dans la participation, l’apprentissage et d’autres aspects de la vie. 

3/ Favoriser les aptitudes et le bien-être sociaux en multipliant et resserrant les liens communautaires et les relations avec la famille, les amis et les pairs, en créant un sentiment d’appartenance et d’acceptation, en faisant acquérir des attitudes et des comportements sociaux positifs et en rapprochant des personnes de milieux culturels, sociaux et économiques différents dans la poursuite d’objectifs et d’intérêts communs.  

4/ Contribuer à la prévention de la toxicomanie, de l’abus d’alcool et de tabac, de la délinquance, de l’exploitation et de la misère, et à la réadaptation des personnes exposées à ces risques.  

Et enfin dans l’article 3 : L’Unesco appelle toutes les parties prenantes à concourir à la définition d’une vision stratégique, en identifiant les options et priorités politiques. 

Lien vers le document : unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000235409_fre 

Structurer la filière sport-santé en oncologie : la Fondation contre le Cancer interpelle les autorités 

Meilleur sommeil, meilleure récupération après les traitements, baisse du niveau de stress et de douleur. La Fondation contre le Cancer appelle à légiférer pour faciliter la pratique d’une activité physique adaptée. Dans un plaidoyer publié en mars dernier, la Fondation demande aux autorités de structurer cette filière d’onco-revalidation. Les bénéfices seraient colossaux pour améliorer la prise en charge et l’espérance de vie de toutes les personnes touchées. 

La Fondation s’est appuyée sur un groupe de travail pour dresser la liste des besoins structurels : 

1. Créer une nomenclature spécifique pour ces prestations de soins, élargissant ainsi l’accès à la revalidation des patients vivant avec ou après un cancer en fonction de leurs besoins physiques, psychologiques et sociaux. Cela implique de trouver un consensus national en revalidation oncologique, reconnue avec critères de qualité et remboursement officiels.   

2. Une coopération étroite dans le cadre de cette revalidation oncologique entre les hôpitaux, les acteurs médicaux et paramédicaux extra-muraux, le secteur sportif traditionnel et les communes devrait être initiée.    

3. Une formation appropriée (avec un label de qualité) et une reconnaissance professionnelle particulière devraient garantir la qualité de ces soins. Ces soins devraient être basés sur une revalidation oncologique s’appuyant sur des preuves scientifiques, comprenant une activité physique et un encadrement psychosocial.   

4. L’évaluation systématique des besoins de revalidation de tous les patients atteints de cancer est indispensable et doit être améliorée. Actuellement elle n’existe pas de manière structurelle en Belgique. Une évaluation systématique des besoins individuels en matière d’onco-revalidation, tant pendant la phase de traitement que pendant la phase de postcure, afin d’aboutir à un programme d’onco-revalidation et à un trajet de soins adaptés aux patients vivant avec ou après un cancer (jusqu’à minimum 6 mois après les traitements oncologiques). Cette évaluation devrait impliquer plusieurs prestataires de soins de santé et spécialités, en premier lieu le médecin et le kinésithérapeute, puis les professionnels du mouvement, avec une formation appropriée.   

5. Les hôpitaux devraient être davantage encouragés à mettre en place des programmes de revalidation oncologique et/ou à augmenter leur capacité. Le personnel hospitalier devrait également soutenir le développement des soins hospitaliers trans- et extra-muros en vue d’un encadrement plus large.   

 

Sources :  

  • 1,8 milliard d’adultes sont exposés à un risque de maladie en raison d’un manque d’activité physique (OMS)
  • L’activité physique sur prescription en Belgique (Sciensano)

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Alcool : des étudiants dézinguent la guindaille 

Le 31 Oct 24

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Une poupée Barbie déguisée en mère Noël se penche pour vomir dans les toilettes. Au-dessus d’elle, se déploie un slogan frappant « Bois ou ne bois pas, c’est toi qui vois ! ». C’est l’affiche d’une exposition immersive sur l’alcool baptisée « Sans pression » réalisée par et pour les étudiants. Après une première édition qui s’est tenue du 7 au 18 octobre à Bruxelles, elle cherche à se prolonger dans de nouveaux lieux. 

affiche expo sans pression 1

L’injonction à boire de l’alcool est inhérente à la vie estudiantine. Cinq étudiants en Master de communication culturelle et sociale (MACCS) à l’Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales (IHECS) ont choisi de démonter cette pression et d’y consacrer une exposition immersive dans le cadre de leurs travaux de fin d’études. Elle s’adresse aux 18-25 ans et aborde de manière ludique les facteurs qui influencent les jeunes et les étudiants à boire de l’alcool.  

La collaboration a débuté en 2023. Dans le cadre de leur mémoire médiatique, Julie Delberghe, Shana Hourez, Clara Lebrun, Arthur Simon, Inès Wéry voulaient travailler ensemble sur l’alcool. « Mais le sujet est vaste, il y a beaucoup d’angles, la santé, la famille, la société… Ce qui nous a le plus parlé ça a été la pression sociale » raconte Clara. 

Ne pas boire et devoir se justifier 

Les étudiant.es ont pensé et mis en commun leurs expériences et leurs vécus. « Je consomme de l’alcool, oui, dit Shana. Mais parfois je n’ai pas envie de boire car je dois prendre le volant, ou j’ai des soucis de santé, ou tout simplement, parce que je n’ai pas envie. Et à chaque fois, on doit se justifier, et c’est « ah bah t’es nulle » et toute des phrases clichées. On voulait vraiment relever qu’on ne peut pas dire qu’on n’a pas envie d’alcool sans être jugé, sans devoir se justifier ».   

Et en effet, la part de la pression sociale à consommer de l’alcool peut peser parfois très lourd, au point d’adopter un comportement non par envie mais par volonté de se conformer et de s’intégrer au groupe de pair. Dans une étude réalisée par l’Agence de Sécurité Routière Wallonne en 2022, 40% des jeunes wallons (18-34 ans) pensent que ne pas boire en soirée est mal perçu. Et cette perception de la pression sociale rejoint les pratiques puisqu’un Wallon sur trois déclare consommer plus qu’il ne le souhaite, et un sur quatre déclare boire de l’alcool alors qu’il ne le souhaite pas parce que les personnes qui l’accompagne l’y ont poussé. (voir l’encadré ci-dessous) 

Pour les étudiant.es, les sorties sont les occasions au cours desquelles il est le plus difficile de résister à la pression de l’entourage et de l’environnement à consommer de l’alcool. Selon l’Observatoire de la vie étudiante, un étudiant sur quatre estime ne pas pouvoir y résister dans ce contexte et plus d’un tiers déclare que leur consommation d’alcool a augmenté depuis leur entrée à l’Université, selon l’Enquête sur les assuétudes publiée en septembre 2023 de l’Observatoire de la vie étudiante. 

Immersion dans la guindaille ordinaire 

De septembre à décembre 2023, les cinq étudiant.es ont d’abord travaillé le cadrage théorique de leur sujet : recueil de données, rencontre avec le médecin et alcoologue Thomas Orban, le chercheur Pierre Maurage et le psychologue et addictologue Maurizio Frisina. Une fois le contenu récolté sur le sujet, ils ont entamé leurs réflexions sur le dispositif à mettre en place. Pour aborder la pression sociale à boire de l’alcool dans le milieu étudiant, ils ont choisi de se concentrer sur les moments où il est le plus difficile d’y résister : les soirées. Appuyés par un crowfunding, et l’obtention d’une Bourse Canon, ils ont imaginé une exposition immersive dans une soirée-type.  

Trois objectifs sous-tendent l’exposition : conscientiser sur les conditionnements sociaux qui poussent à boire de l’alcool, augmenter les connaissances sur les facteurs d’influence, et modifier les comportements de consommation. « Ne pas être barbant ni moralisateur », précise Clara, pour déterminer le contenu et la mise en place de l’exposition. 

L’exposition retrace les six étapes d’une soirée de guindaille ordinaire : l’invitation, l’organisation, la pré-soirée, la soirée, l’after et le lendemain. La narration chronologique permet de développer différents axes comme les pressions sociales des pairs et de l’environnement, en particulier celle des médias et du lobbying alcoolier, à chaque moment-clé du déroulement de la soirée, suivi de conseils et de messages de prévention pour le lendemain. Il s’agit de montrer comment l’influence à consommer est systémique. 

Prendre le contrepied des alcooliers 

Cette narration inclut des supports médiatiques interactifs comme les jeux, quizz, sondage d’opinion, et des supports plus contemplatifs comme les vidéos de témoignages et les panneaux de lecture. Le caractère transmédia de l’exposition a été choisi afin que « la lecture soit entrelacée de jeux, de vidéo, etc. pour permettre une meilleure acquisition de l’information » explique Arthur.  

L’inscription du dispositif dans l’univers de l’alcool festif et de ses rituels permet de « jouer sur les codes de la soirée festive : chaque élément se rapporte au décor de l’univers festif en apportant de l’information sur le support, ou joue sur ces codes de l’alcool, de nos habitudes de consommation » détaille Arthur. L’information est ainsi incrustée sur des bouteilles, dans des cuvettes de toilettes, un abribus reconstitué ou encore dans des jeux de soirée, autant d’éléments appartenant à l’univers de la fête. 

Le jeu sur les codes de la guindaille s’ancre dans une charte graphique qui donne l’impression ludique et humoristique de prendre parfois le contrepied des alcooliers. Le dispositif fonctionne comme une marque qui résiste à la pression dans l’univers festif. Il est pensé pour susciter questionnements et réflexions sur soi et sur son environnement en déconstruisant les mécanismes qui poussent à consommer de l’alcool et ainsi à se réapproprier son consentement mais aussi à respecter celui de l’autre. Son slogan : « Bois ou ne bois pas, c’est toi qui vois ! ». 

En quête de perspectives 

En attendant les résultats de l’évaluation de leur projet, durant les heures d’ouverture de l’exposition, leurs créateurs assurent une permanence où ils rencontrent les visiteurs, des cercles qui viennent en groupe s’informer ou encore des acteurs de la santé. Cette permanence leur a permis de récolter les réactions « à chaud » et de disposer d’un espace de discussion autour de leur projet et des consommations d’alcool.  

Selon les retours des visiteurs, un des points forts du dispositif est d’avoir su choisir les bonnes expressions, de saisir la culture de la guindaille, car d’une région à l’autre, et d’un cercle à l’autre les expressions peuvent différer. L’exposition est visible sur Instagram. Ses créateurs souhaitent que d’autres acteurs s’en saisissent ou l’accueillent. Force est de constater qu’elle rappelle aux acteurs de la santé à quel point associer les publics destinataires est essentiel pour aller à leur rencontre.  

Pour faire venir l’exposition, vous pouvez contacter les auteur.es du projet :  Julie Delberghe, Shana Hourez, Clara Lebrun, Arthur Simon, Inès Wéry sur l’adresse mail : sans.pression.pro@gmail.com

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L’alcool en Belgique : une consommation répandue, problématique et banalisée 

La Belgique se situe au-dessus de la moyenne européenne en termes de consommation d’alcool. Chaque année, les Belges âgés de 15 ans et plus boivent 10,3 litres d’alcool pur, contre 9,2 litres pour les pays européens qui sont les plus gros consommateurs et producteurs au monde.  

Ces statistiques sont le signe que la consommation d’alcool est culturellement et socialement ancrée. Elle occupe une place quasi « naturelle », et surtout impensée, dans nombre d’interactions sociales, et associé à l’univers festif et à la convivialité, selon l’OMS.

La consommation d’alcool y est répandue et banalisée puisque 82% des personnes âgées de 15 ans et plus consomment et 45% des 15-24 ans ont commencé à en consommer avant 16 ans, comme le montrait l’Enquête de santé 2018 de Sciensano. Si la tendance ces 40 dernières années est à une baisse globale des quantités consommées, il n’en reste pas moins que les consommations les plus préjudiciables pour la santé comme le binge drinking (6 unités en 2h pour les hommes, 4h pour les femmes) ou l’hyper-alcoolisation (6 unités ou plus par occasion) n’ont pas baissé et restent à des niveaux élevés. Or, ces types de consommation sont d’abord pratiqués par les jeunes et les hommes.  

Les jeunes (15-24 ans) qui boivent de l’alcool ont en effet tendance à concentrer sa consommation sur un à deux jours par semaine, le plus souvent lors des sorties. A ces occasions, ils boivent des quantités équivalentes à celles que consomment les adultes plus âgés mais réparties sur tous les jours de la semaine ou presque, avec une consommation par occasion plus modérée. Les profils de consommation et des risques pour la santé varient avec l’âge (lire notre article SATRAQ – Pour une réduction de la consommation d’alcool au quotidien).  

D’où l’importance de messages de santé publique différenciés selon les profils de consommation et les publics visés. L’abus d’alcool au cours d’une même occasion est donc plus courant et plus fréquent chez les plus jeunes : 37,5% des 15-24 ans s’hyper-alcoolisent au minimum une fois par mois, 19,7% pratiquent le binge drinking tous les mois voire chaque semaine, et 1 jeune sur 10 présente une consommation problématique d’alcool. 

A lire :

Global status report on alcohol and health and treatment of substance use disorders. Geneva: World Health Organization, 2024